GE
Compté 17 grues sur un chantier.
Lorsque nous nous réunissons, petit troupeau de presse-boutons, pour refaire le monde, celui de la photographie, s'entend, lorsque nous débattons ou plutôt nous débattons dans de vaines gloses pour essayer de comprendre la différence entre une image et une photographie, pour essayer aussi de mieux savoir en interrogeant les autres sur leurs motivations parce que nous avons de la peine à formuler les nôtres, lorsque, donc, merde, où j'en étais ?
...lorsque, donc, repus de fromage, de discours et de projets pétillants nous émergeons, hagards de nos réunions, souvent ça dégénère - et quoi de plus doux que de régresser en groupe et de laisser nos indexes (et nos pouces, pour ceux qui photographient avec le pouce) titiller nos déclencheurs pour célébrer le bonheur d'être fucking alive.
Isn't after all the only important matter ?
Question.
Lequel des ces cinq cônes risque de développer un sentiment de paranoïa ?
Réponse :
Celui qui est jeté dans une quête effrénée de reconnaissance et écarte sans ménagement les miroirs qui ne lui renverraient pas une image flatteuse de lui. Celui qui ne peut se définir que par la reddition ou le triomphe dans son rapport aux autres par une maîtrise absolue de ses doutes.
Ce cône, qui ne peut jamais avoir tort, risque de développer la maladie de l'i-cône.
S'indigner contre ceux qui nous prennent pour des cons ? Pas d'indignation, non. L'indignation c'est pour les mous, c'est pour ceux qui veulent faire la révolution avec politesse.
C'est l'insurrection qu'il faut promouvoir.
Café Bakounine.
Si on savait faire rendre gorge aux matelas les secrets qu'on leur a confiés on ne les laisserait plus traîner dans la rue.
C'est le paysage qui me met au monde.
Équipe de photographes professionnels japonais lâchés dans un magasin de chaussures.
-Monsieur, monsieur !!!
-â?¦ ?
-On pose pour vous, vous avez envie ?
Bouche-bée, je ne réponds pas, pivote et m'exécute sidéré que les choses viennent à moi avec une aussi joyeuse spontanéité.
Et m'arrache à la contemplation de ce ciel tourmenté que j'ai essayé en vain de photographier.
Mettre des lunettes de soleil aux fenêtres de l'âme pour voir plus clair à l'intérieur.
â?¦
Trois mômes débordant d'une belle vitalité haranguent les passants dans la rue pour les engager à parrainer un lion.
A quelques mètres de là, une mendiante tend la main.
â?¦
Relire Camus (pour y voir clair).
Journée faste que mille pages d'une écriture serrée ne pourraient retranscrireâ?¦
Pourquoi célébrer si c'est pour souiller ?
Ps : Un peu moral ce commentaire après relecture.
« A chaque instant nous ne formons que la pensée pour laquelle nous avons précisément sous la main les mots capables de l'exprimer approximativement. »
Nietzsche
« L'homme préfère encore vouloir le néant que de ne pas vouloir du tout. »
Nietzsche
Ha ! Ha ! Ha ! ...elle est bien bonne celle-là.
Je ne peux m'empêcher de penser biberon lorsque je vois quelqu'un se raconter ou chanter dans un micro.
Me touchent aussi les moineaux qui tendent leur bec frétillant vers la mère nourricière. Et ceux qui fument - font fumer, serait plus juste - leur cigare, pipe et autre produit.
La bouche c'est quelque chose de super intéressant qui nous dépasse peut-être un peu. Moi en tout cas. Une gare de triage ou déboulent tout à la fois, la nourriture, les baisers, l'oxygène, le désir de laper, les mots, l'éructation, le bâillement, etc...
La bouche c'est le berliner hauptbahnhof !
C'est votre géranium qui m'enchante Monsieur. Vous m'entendez ? Monsieur...ne vous inquiétez pas. Vous m'entendez ? C'est le rouge qui me plaît... je photographie le rouge de votre géranium....MERCI !!!
-J'ai bien assez d'argent pour pas avoir d'soucisâ?¦
L e vieux beau pousse du bas ventre le comptoir derrière lequel la jeune serveuse l'écoute
-â?¦oui vraiment, j'ai de l'argentâ?¦
La serveuse s'accoude au comptoir, se penche vers le vieux qui fait froufrouter ses biftons comme un grand tétras qui déploie ses plumes pour séduire sa femelle. Déboule Charly le postier qui beugle, juste à propos, et coupe l'élan du vieil oiseau libidineux :
-Champagne pour tout le monde !
Si le destin, mon éducation, ma profession avaient fait de moi le président d'une banque centrale je n'aurai probablement jamais vécu la joie d'être illuminé au fond d'un passage souterrain de banlieue, un mardi, juste avant midi.
J'aurais sans doute eu d'autres chats à fouetter et moins d'intérêt pour la vadrouille et les bains de lumières.
L'éternel féminin ? Dans implant mammaire niche le mot maman.
La transgression, ciné porno de l'anarchiste.
Le rêve, adultère de la réalité !
Le réalisme, opium de l'artiste.
Le crocodile ne veut pas bouger, il le taquine alors avec un long tube en aluminium. A la vitesse de l'éclair, le saurien agacé l'attrape dans ses mâchoires et fait une vrille, (en tournant sur eux-mêmes, ces animaux brisent leur proie avant de la tirer au fond de l'eau). Une partie du tube s'est entortillé autour de sa mâchoire, le reste dépasse du fond de l'eau. Le reptile se débat d'un coup sec et fait éclater l'aluminium pour se dégager.
Que se serait-il passé si le crocodile n'avait pas pu s'arracher au piège dans lequel il s'est fourré ? Mais la fondue et la tempête de neige qui fait battre les volets rendent ce récit déjà moins effrayant, presque irréel.
Vu :
Un chien lever
la patte comme pour saluer
me regarder passer
Vu :
Des oiseaux, brassée de confettis secoués par le vent,
se serrer les plumes faute de coudes...
Trois espagnoles, à peine sorties de l'adolescence, gigotent dans d'épais manteaux de fourrures*. Elles rient à tue tête sur la terrasse d'un café. La serveuse, du même âge sans doute, intimidée, encaisse, et remercie en espagnol.
Pas un mot, pas un regard ne lui est adressé. Elle se retire avec un sourire candide, à reculons.
*fourrures : évidente métaphore de la féminité affichée