GE
Les troisièmes années du centre horticole de Lullier en fête.
Fin de semaine fanfare?
A la rencontre de l'Autre.
En hommage à Claude Lévi-Strauss qui a cent ans aujourd'hui.
Le désordre, rassurant signe de vie.
Aimé-Raphaël vient me montrer sa nouvelle souffleuse.
Voit-il ce que je vois, sinon ce que j'imagine qu'il ne voit pas sachant qu'il aimerait voir ce que j'imagine voir sans qu'il le sache ?
Regardez-moi dans les yeux, ces skis sont faits pour vous?
Cycle. Personne n'y échappe. Même en pédalant vite!
Pour éviter de m'encastrer dans le pléonasme, j'éviterai le commentaire.
Viande d'homme.
Entrain?
De tout c?ur, à plein gaz dans le Tiramisu, pour nous remettre des exaltantes prouesses du nouvel e-phone de Nicolas.
« Quelle époque ! Faut rester à la page, les mômes captent plus vite que nous, de Dieu, rester à la page? » et Nicolas tape : Jésus, you tube, et voilà le christ qui s'invite au dessert. Notre émerveillement sans retenue réveille le restaurant.
« J'en veux un, ça coûte cher ? »
« J'en sais rien, c'est mon cadeau d'anniversaire? »
L'adulte, vieil enfant ridé, plastronne son innocence pour se réoxygéner.
Hallucinations.
Aphorisme de chez nous (bis) : Faudrait pas me prendre pour la queue d'une poire.
Aphorisme de chez nous : La fondue crée la bonne humeur.
?trente trois, toute la sainte journée, trente trois me trottait dans la tête sans savoir ce que trente trois me voulait. Dès le lever, en me rasant : trente trois. Au café trente trois, au boulot trente trois, à table, en bonne compagnie : re-trente trois? L'âge du Christ ? Oui, tout le monde sait ça, mais quel rapport ? Trente trois tours ? Trente trois jours ? Alors je me suis mis a compter jusqu'à trente trois et espérer une révélation, une rencontre, une illumination. Rien. Ouvert le livre que je lisais à la page trente trois, peut-être y trouver la clef de cette numérologique obsession : « ?fusaient dans une grisaille générale. ». Ah bon ? rien. Je ne vois pas, ça me concerne pas, moi je fuse dans la choucroute et carbure à la moutarde. En tous cas cette obsession a bien meublé ma journée.
Vivement la prochaine !
Il y a autant de sardines au fond des océans qui ignorent l'existence des chanterelles que de questions sans réponses au fond de nos cervelles.
Un des nombreux jardins secrets de Max : sa collection de camions verts.
Je ne supporte pas les images volées, prises au détriment de l'autre - parce que photographier, pour moi, c'est produire de la relation, c'est célébrer la rencontre (a chacun son truc), rendre visible en la fixant dans l'ambre numérique, une émotion qu'on souhaiterait partagée. C'est entre doutes et certitudes que j'ai photographié cet homme affalé dans son malheur. Pour témoigner ? Il y a dix ans je l'aurais aidé à se relever. Sans faire d'images. Je l'aurais écouté. Je me suis contenté de le photographier.
Pourquoi ?
Peut-être parce que mon émotion ne supporte plus d'être titillée à tout va : par les médias, par ces jeunes harangueurs, qui sur fond de catastrophe humanitaire, sollicitent compassion, signatures et pognon. Tous ces professionnels de la taupe qui passent du Darfour, au sauvetage des bébés phoques, au scandale de l'excision.
« Mais enfin, vous ne pouvez pas être indifférents ! ».
Je ne supporte plus la violence de ces prises d'otages. Ca effrite mon engagement.
Image terrible de mon manque de courage.
Tu le vois derrière ?
Ce jet continu de vapeur d'eau qui arrose les nuages.
Baisse la main, chérie !
Tu le vois derrière ?
Baisse la main?
Je me glisse dans la carte postale, pardon Monsieur, photographie moi aussi, sans vergogne, Madame, bébé et tout le tralalala puis pointe mon objectif vers Rousseau assis, nous contemplant, figé dans le bronze qu'un coup de vent enveloppe d'une brassée de feuilles mortes.
En déclenchant, me trompe de bouton, j'éteins l'appareil.
Oui Madame, moi je suis un touriste photographe.
Nichée d'inattendus prêts à l'envol.
"Convoquant nos instincts au milieu des troublements, elle me rappela que le rugissement du tigre est de la même ancestrale origine que le cri de l'homme"
Julio Valfred
La sève qui pousse la feuille vers le ciel. Le ciel qui la nourrit. Photosynthèse. Azote, carbone, oxygène. Ce que nous devons à l'eau, à la lumière, tout ce que sans quoi notre vie ne serait pas et nous est un mystère, je le photographie sans le comprendre.
Je souris au chat qui doute.
En allant à la poste, je me disais : quelle image aujourd'hui pour fêter la fin de règne de la dictature du grand-guignol Bush ? Lever de soleil radieux ? Manchettes de journaux en oriflammes joyeuses célébrant le retour de la raison et des démocrates ? Noir souriant arborant sa négritude en costume du dimanche ? Bref?quand tout à coup, je réalise être l'otage, comme des millions d'autres, d'un monde, d'une culture qui cherche à faire de ses préoccupations, le centre de gravité de l'univers.
C'est ça l'impérialisme !
(Et les russes l'ont bien compris, et boudent en grognant, les réjouissances médiatiques planétaires du monde libre, parce que eux aussi le sont : impérialistes).
Empêtré dans ces digressions, je décide donc de ne pas célébrer par l'image l'avènement de ce politicien sincère, habile et métis mais de m'arrêter net, sortir l'appareil de sa housse et de faire un instantané du lieu où je me trouve : Passage clouté avec Jasmine !
Petite cure de réel qu m'aura fait du bien et remis en route vers l'autre rive du trottoir de ce jour radieux.
Si j'aime tant la compagnie d'Etienne c'est que sa si visible exubérance est un piège a préjugés. C'est avec une certaine élégance, après un moment partagé, qu'il vous amènera à vous dire à vous-même : « Il ne faudrait jamais trop se fier aux apparences ».
Marcel, aujourd'hui, se serait promené avec le pola d'une madeleine dans son portefeuille.
Dignité ? Seul le photographe peut avoir de la dignité - c'est une qualité humaine.
Au moment de la fusion, de l'instant clic, du moment décisif, la photographie est toujours une reproduction d'une parcelle de réel - une communion avec l'instant - et c'est figé dans un présent éternel qu'elle supplie la mort de nous épargner.
Photographier c'est la conscience de la vitesse, de l'irrémédiable.
Chaque photographie commence par : « Il était une fois? »
Marcel, sans doute, avait une vocation de photographe, mais pas l'énergie. Il préférait sa chambre noire au galop de la lumière du jour après laquelle nous courrons avec nos lassos.