Le bonheur de courir après le bonheur rend heureux.
Le posséder rend anxieux.
Le perdre, malheureux.
Mieux vaut manger une pomme, avaler ses pépins et être pommier.
Au vernissage du livre de Lutz, TROPICAL GIFT, Roman, occupé à faire sa peau à une sucette m'interpelle :
-Eh! Eh! Tu sais combien ça mesure une autruche?
-??!?
-Deux mètres cinquante?
Quelques conseils pour retrouver la sérénité :
-Bouger.
-Rire beaucoup.
-Aimer sans modération.
-Lire Tom Robbins.
-Ne pas croire tout ce qu'on raconte.
-Se méfier des gens qui veulent votre bien en dispensant des conseils.
-Et se faire de tant à autre une pizza chez Tonino.
C'est moi le plus fort!
La BBV après laquelle on court comme des dératés, la BBV, cataplasme à nos égarements, aspirine de nos migraines existentielles, la BBV qu'on cherche au fond d'un verre de bourbon, dans l'extase de Sainte Thérèse, dans le galbe du mollet d'une femme, le rire d'un homme spirituel au dents blanches. La BBV est le Mont-Blanc de nos aspirations, le programme commun d'au moins une moitié de l'humanité.
Beauté, bonté, vérité, cocktail improbable, qui me donne le hoquet, malgré ma soif.
?.
Vu un écureuil prendre un poteau électrique pour un arbre.
Avoir un coeur ne signifie pas avoir du coeur.
Faire le trottoir ne veut pas forcément dire faire la pute.
Etre inspiré n'a pas toujours quelque chose à voir avec les poumons.
Va te faire foutre peut parfois être agréable.
Parler pour ne rien dire ne veut pas dire qu'on a rien à dire.
Oh yes, it can !
Les forêts de la terre entière n'auraient jamais suffit à fournir le papier pour consigner les détails que nous ignorons de la vie de Jésus - ni d'ailleurs si il eût fallu consigner les détails de celle de Pierre?
Génial, on va vers le printemps !
(Si c'est six et sexe, c'est sexe!)
Parlons d'Artification et de désartification.
De poulet, de tarot, et du hasard.
Du soleil qui nous chauffe les cuisses, des gens qui passent.
De Jean.
Parlons de la lisière entre le rien et le peu.
De Tom Robbins, de Philippe, de son vélo
Parlons, rions, mangeons et puis s'en vont?
Généreux, joyeux et serviables, Andrea et Renato, père et fils, servent la meilleure drogue douce de la vallée d'Aoste sous la forme d'un délicat et onctueux petit café macchiato.
-Ah, on aime l'Italie - proclame l'un de nous - joie de vivre, élégance, blabla, etc?
-En touriste, oui, mais vivre ici - nous dit le père - c'est encore autre chose. Les valdotins n'ont pas le contact facile, ils sont ténébreux.
-Oui mais vous, vous ne l'êtes pas.
-On est calabrais !
COMME LA GRENOUILLE SUR SON NéNUPHAR de Tom Robbins
Décidons avec Alan d'aller manger à l'Aiglon, c'est le jour du poisson : saumon au menu. Sur le chemin nous voyons Charly, le facteur, faire rebondir son verbe sur sa langue - tremplin de ski de son désir - si haut?. qu'il ne nous voit même pas, ni ne nous entend lorsque je crie :
-Charly, de Dieu, au boulot !
Je me rapproche, Alan, fidèle, me suit. Le frémissement du facteur nous éclabousse et je propose (parce que tout le monde sait que : LA VIE PASSE, MAIS LA PHOTO RESTE) de photographier ce moment, avant que, justement, il ne mette les bouts.
Je dégaine, cadre.
-Plus serré !
Me conseille judicieusement Alan. (Nous devons avoir l'air d'un poulpe à deux têtes qui émerge de derrière un tout petit écran).
Après quelques compliments jetés à nos modèles (en guise de papier cadeau de ce bel instant), en route vers le bistrot, silencieux, je regrette presque de ne pas avoir embrassé le métier de facteur, quand je vois toutes les gratifications que récolte le nôtre, aux Pâquis.
Le bonheur de se regarder manger des pâtes avec Lily.
En moins d'une demi-heure ils ont chargé le passage clouté de la rue Michel-Roset dans leur camion à l'insu de tous. Ils ont argué qu'il n'était pas aux normes, que la largeur des bandes jaunes, que l'écartement entre celles-ci et que la distance qui sépare la première bande du trottoir n'étaient plus conformes aux lois en vigueur.
Et j'y ai d'abord cru, mais ai bien vite réalisé que des arguments aussi fallacieux ne tenaient pas la route, avant de me rendre compte - mais il était trop tard - que j'avais affaire à une bande organisée de voleurs de passage cloutés.
Risotto goûteux assaisonné de fanfaronnades, pitreries et autres joutes joyeuses (pendant que dormait l'innocence). Suspendu au lustre, l'orgueil essayait de sortir par la porte ouverte de sa cage à canari, trop petite la porte, heureusement, pour finalement se lasser de nos rires et de nos grimaces et replier ses ailes noires.
-Le médecin m'a prescrit des médicaments inutiles, je ne les prends pas. Faut de toute façon bien mourir un jour.
Me dit ma mère qu'observent trois de ses amies amusées.
-Je ne suis allergique à rien mais je collectionne des escargots?
Me dit une petite fille qui m'observe observer les stratagèmes de l'araignée.
-J'm'appelle Jesse, Jessy, c'est écrit là sur mon épaule, viens j'te montre, c'est du chinois, non du japonais, j'suis venu en vélo du Havre, dormi à Thonon cette nuit dans la gare sur un banc? j'ai un cancer, une leucémie, une petite fille de quinze mois, non dix huit mois, j'veux pas de chimio, perdre mes cheveux, j'veux garder la tête droite, aller en Italie, bouger.
?
-J'veux bouger?
?rencontré François qui promenait son diplôme, le troisième prix, de la plus belle terrasse de Genève.
On va à la Romande avec Alain manger un morceau. Trop heureux de cet exotisme culinaire, papet vaudois et autres cochonnailles, notre joie déborde sur les tables d'à côtés pendant que nous déballons, piqués de curiosité, le livre que chacun offre l'un à l'autre : un Multatuli et un Tom Robbins. On se rabat finalement sur des perches. Nos voisins, père et fils, sans doute, nous lorgnent, nous imaginent fêter un anniversaire, parce que de Dieu, on fait du bruit.
-Je suis dans ma nonante neuvième année, moi, Monsieur !
-Non !!!
-Si
-Non !
-Je suis de 1912
-Mais comment vous faites ? comment vous faites pour avoir une frite pareille?
Et sitôt dit, l'image fût faite.
Que ce soit bien clair : c'est le commerçant qui prend position avec sa pétition contre le trafic des mineurs à des fins sexuelles, tout en étalant des naïades à moitié dévêtues dans ses vitrines pour vanter sa marchandise.
Oxymore de la plus belle espèce!
C'est comme d'écrire en gras sur les paquets de clopes : FUMER TUE !
Ou lorsque BP (avec son logo fleuri) annonce avoir investi quinze millions de dollars pour sauver les espèces menacées.
Don't be a number, be yourself ! Levi's 501
C'est parfois difficile d'y voir clair dans la jungle du profit.
Les mots disparus.
Un platane majestueux recouvre la table o� s'étalent tartes, fromages et toutes sortes de bonnes choses. La route qui traverse le village rase le jardin, derrière une haie. Aux ronrons des voitures succèdent les conversations des cyclistes qui passent : « On pourrait�prends, droite �il, attention, oui� », la vitesse étire et déforme les phrases qui s'éparpillent en mots et disparaissent�
« Au début on notait ce qu'on entendait sur la route dans un carnet, c'était génial. Je sais d'ailleurs plus o� il est ce carnet� », me confie Christophe.
Le vent ourle la peau du lac. Samedi soir. Une souris trotte dans le grenier, cherche probablement quelque chose à se mettre sous la dent. Max fume son cigarillos. Charles-Henri le sien. Il raconte. Les fleurs se dodelinent dans leur vase posé sur un djembé, mêlent leur haleine à la nôtre. Claire amène le tiramisu. L'esprit vif de Marguerite se faufile entre les verres, les fait tinter. On rit, écoute, boit et mange.
Entre les nuages de nos souvenirs et l'instant présent, tout le poids du monde sur les genoux de Philémon.
Le public en transe est emporté par l'énergie phénoménale des Bubble Beatz qui arrachent des sons à des couvercles de poubelles, font couiner des enjoliveurs, hurler des tuyaux de chauffage, chuinter des chaînes sur des tôles?
Youuuuu ! youuu ! Hiiiii ! Hiiiiii ! Youuu ! Hi, hi !
Un théologien et un avocat, débordés par un débat d'idées, font jaillir la fougue de l'adolescence, après s'être mutuellement ébranlés les convictions.