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Même si l'esprit du Chemin n'a plus rien à voir avec l'esprit des pèlerins d'autrefois, il y a encore aujourd'hui un rituel auquel on ne peut pas échapper : celui de la crédencial, le passeport du pèlerin.
Au Moyen Âge, le pèlerin qui voulait partir sur un Chemin de Compostelle devait demander à l'Eglise, aux seigneurs où aux tribunaux, une lettre de créance. Ainsi, le pèlerin pouvait passer sans encombre les contrôles qui jalonnaient à cette époque les différents chemins.
Aujourd'hui la crédencial permet d'accéder aux gîtes réservés aux pèlerins (elle est obligatoire en Espagne et recommandé en France). Il faut faire tamponner la créanciale à chaque étape. En principe, comme je pars pour un périple de trois mois, et donc que le budget est très élevé, c'est bien d'avoir ce passeport-pèlerin afin de pouvoir être hébergé à moindre frais. La crédencial permet également d'obtenir la Compostela (certificat du pèlerinage) à votre arrivée à Saint-Jacques-de-Compostelle.
Pour ma part, je pense qu'on ne parcours pas le Chemin pour un bout de papier.
Voilà, ce matin j'ai quitté Anacium (Puy-en Velay) c'est-à-dire la ville d'Ana, ce qui n'est pas sans lien avec le culte immémorable de la Vierge Noire. Après mettre recueilli sur la mystérieuse “Pierre des Fièvres” et salué “Maître Jacques”, j'ai entamé mon long périple de 1700 km, vers le soleil couchant, recueillir l'héritage des Grands Hommes Venus de la Mer.
CHEMIN FAISANT : Pour mon premier jour, 23 km, je suis arrivée à Saint-Privat d'Allier à moitié courbaturé. Sans commentaire.
C'est dans les montagnes des alentours et près de Saugues que sévit, à la veille de la Révolution, la fameuse bête du Gévaudan, de sinistre mémoire.
CHEMIN FAISANT : Deuxième jour de marche, une étape difficile. Mon esprit n'est pas encore connecté avec l'Autre Chemin, il doit d'abord s'occuper du corps et attendre que celui-ci cesse de souffrir. Il me reste 1657 km à parcourir, pour le moment je n'ose pas y penser. Hier soir j'ai dormi chez Salem, au Gîte de Saint-Privas. Un mec adorable qui nous a fait une spécialité marocaine. Nous étions cinq et nous avons passé une soirée formidable à refaire le monde autour d'une bonne bouteille de Bergerac. C'est ça le Chemin, rencontrer des gens de différentes nationalités... et partager.
Certains pèlerins partaient pour implorer la fin de la sécheresse ou encore la fin d'un fléau comme par exemple la peste noire.
CHEMIN FAISANT : Je suis parti du Puy et sur les 60 km je n'ai trouvé sur le Chemin qu'un seul bar ouvert où j'ai pu boire une bière. J'implore Jacques la fin de la sécheresse, car le manque de troquets fermés est un véritable fléau.
CHEMIN FAISANT : Malgré les douleurs aux pieds, au dos et aux jambes, je commence de trouver le Chemin vraiment sympa (Saint Pas). Se qui m'enchante se sont les rencontres avec les gens du pays. Ils ne sont pas encore dans le boom touristique et ils ont le temps de parler avec vous et en 4 jours j'ai déjà rencontrer de drôles personnages. Je loge à la Butte aux oiseaux, premier jour d'ouverture du gîte et le patron connais Porrentruy où j'avais mon bar le Pépin. Et en parlant il connait des gens que j'ai fréquenté il y a 40 ans.
Aumont-Aubrac était au carrefour des antiques voies d'Auvergne et de Lyon-Toulouse. On pense qu'Astérix et Obélix ont du passer par-là dans leur tour d'Auvergne.
CHEMIN FAISANT : Au départ de St-Alban on m'a averti qu'il y aurait la tempête et des vents de 100 km/heure. Très encouragent avant le départ de la marche. Durant cette étape du vent il y en a eu, même très violent. Une bonne occasion pour interroger les éléments. Je me suis couché dans une forêt de pins et j'ai attendu.
Le vent m'a expliqué que c'est tout à fait normal que je souffre au début de mon Chemin. Avant de s'occuper de l'Esprit, il faut d'abord s'occuper de son corps... L'écouter... L'analyser... L'engueuler... C'est une des premières étapes que le pèlerin doit emprunter... Le corps, l'esprit quand à la libération c'est pour plus tard.