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A fond de train en route vers le futur..
Soleil et convivialité. Audace et flagornerie. Régression joyeuse et hauts talons. Panache et pitreries maîtrisées. Plongeons et police. Gâteau au chocolat et photographie. Eté et puces de canards. Musique et sauna. Jean et Flora. Entre autres et cependant. Gentillesse et cumulo-nimbus. Espagne et Allemagne. Michel et Michel. Sono parfaite, chapeau, montre Chanel au fond de la vase, eaux gazeuse, buffet, beaux sourires, ont été quelques uns des ingrédients qui ont fait des cinquantes ans de Michel une belle fête.
Et bardés de panneaux indicateurs portés en casquette, souvent, rêver de voyages nous suffit.
Peser le pour et le contre ? larguer les amarres ? C'est le mauvais moment. Demain, oui, peut-être.
Alors attendre un peu avant de se mettre en route et rêver de départ jusqu'à en oublier la destination?
Fêtes à ne plus savoir où donner de la tête. Les associations de tout poils organisent festivals et autres regroupements de convivialité. Les voisins se redécouvrent, les accordéons se déroulent, les fanfares exultent et les klaxons beuglent de joie.
Pendant ce temps, avec le plus grand sérieux, Berlusconi veut faire voter une loi lui garantissant l'immunité?
Pendant ce temps la météo nous annonce une journée sans nuage?
Pendant ce temps Poutine place son ex-premier ministre à la tête de gazprom, alors que l'ex-président de gazprom est placé par Poutine à la tête de l'état russe?
Pendant ce temps Justine marche enfin et confond toujours caca avec papa - du moins c'est ce que pense son père?
Et que Mugabe se fiche comme d'une guigne du processus démocratique?
Pendant ce temps on spécule sur la finale de l'Euro, on se prépare pour les jeux olympiques, on oublie le Tibet, le Darfour, merde et moi j'ai oublié que j'avais une soirée chez Guido alors que je voulais me rendre au festival des Cropettes?
?mais l'âme alors, où elle niche ? Chez Micha, ce soir, elle affleure à la surface des yeux - poisson-chat qui fait vibrer l'onde - et clic !
Le nombril, calligramme de notre première séparation.
Une quiche dans la main gauche, je dégaine de la droite, appuie sur power on, vise au jugé, prie que le zigue soit dans le champ, appuie deux fois? et renoue avec le snapshot, activité probablement comparable, au niveau des sensations, avec la pêche à la mouche.
Fauve à quinze ans!
Le groupe rock « Ca va chier » clôt magistralement la fête de la musique en rappelant que sous tout habit de lumière on porte un slip.
Tirs de missiles, soldats au pas de l'oie, villes dévastées, gerbes d'images de destructions balancées sur écran géant à la fête de la musique. Extraordinaire purge des angoisses de l'époque - comme si au doudou, au nounours, ou à la lolette se substituaient la clope, la bière et l'alcopop - catharsis où chacun dans sa solitude cherche la solitude de l'autre pour se sentir plus fort. Sardines en banc qui se rassurent pour échapper aux prédateurs.
La rose s'élance vers le ciel, lui lèche les orteils.
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X : « Je n'ai jamais payé pour l'amour, non jamais. Pour le sexe, oui. Mais pour l'amour, ah non ! Ça jamais? »
Réplique d'Y : « Moi, continuellement. Avec des fleurs, des livres, des repas au resto. Bien sûr, j'ai beaucoup dépensé pour être aimé?. »
?
Groupe d'ados. L'un d'eux parle aux autres, attentifs : « Tu fermes les yeux un soir, tu t'endors, c'est comme la mort, cent millions d'années passent, le matin tu te réveilles, t'as rien senti, tu te rends compte, c'est génial?.qui a du feu ? Ma maman en a mais elle est pas là? » Au-dessus d'eux, une chauve-souris terrorise des moustiques.
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Deux amoureux se glissent sous le feuillage dense d'un arbre au parc et gloussent. Une dame avec un chien en laisse observe, écoute.
?
Demain l'été.
Elle tombe de sa chaise de rire. Dans l'agitation, je dégaine mon appareil, mets mon index qui trempait dans le taboulé sur l'objectif et comprends enfin comment Hamilton, le photographe de charme du siècle passé, produisait ses stupéfiants effets sirupeux.
Dix sept ans, pique-nique, neuf cadeaux, bonne amie et retour du soleil?
Le bonheur d'être père et fille.
Elle semble révolue l'époque où les princesses penchées à la fenêtre du donjon attendaient qu'un charmant prince s'accroche à leur chevelure et viennent les délivrer.
Bien que je doute que cet atavisme dont on biberonne les marmots n'ait plus tout à fait cours dans l'inconscient de certains.
On oublie trop vite qu'il a fallu des millions d'années au trilobite pour devenir monobite?
?pic nique sous la pluie, feu et thé, belle journée malgré le temps maussade. Ascension du Môle, 1863 mètres, à onze, chacun son rythme, chacun son sac et une seule idée pour tous, arriver au sommet de cette montagne pointue qui ressemble à un volcan?
Savoir rire de s'être fait tailler un string dans son drapeau !
Et si tout notre univers - en dehors de toutes mesures concevables par la raison - était contenu dans le c?ur d'une figue que mange un berger assis sur le bord d'un chemin. Berger qui en mâchant systèmes solaires et galaxies se dirait en regardant la voûte étoilée : Mais que peut-il bien y avoir au-delà des étoiles ?
Mercedes en panne en plein milieu de la rue du Rhône, la rue marchande de tous les superlatifs de Genève. Un peu de cambouis et quelques taches d'huile sur ce tapis d'asphalte pour Rolls Royce et autres faire valoir à roulettes redonneront peut-être un peu de noblesse à cette rue dénaturée par le luxe.
?et alors que se passe-t-il dans la tête, dans le c?ur de l'insecte ? Que vaut mon monde au regard du sien ? Son instinct de survie vaut-il le mien ? Je le regarde médusé, comment me voit-il ? Comment dit-on chauve souris en langue d'insecte ? Qu'est ce que ça mange ? Comment ça fornique ? Les fleurs sont-elles son supermarché, le vent son tapis roulant ? La lune son Amérique ? Il reste beaucoup de questions irrésolues en dehors de celles que se pose Bergman sur le couple, et les savants du CERN sur l'origine de la matière?
Panache, doutes et pourriture?
Cramponné au guidon d'un vélo électrique, j'essaye de semer mon fils. Sans succès. Soit la batterie est à plat. Soit c'est moi.
Un homme lit, le Matin, le matin, commande son café, s'installe dans les news du jour, bonnes, mauvaises, question de points de vue, de frustrations, etc? Arrive sa maman, à laquelle l'homme, le fils, n'accorde qu'une molle familiarité. Entre temps la serveuse, amère, il faut que je le dise parce qu'elle en contamine tout le café, amène un café à la mère. Amère on peut le comprendre, pour être privée de la gaudriole hebdomadaire, sport favori des Suisses, le dimanche matin - du moins des agnostiques.
Maman s'incline vers son rejeton mais il la repousse avec une tendre indifférence en se replongeant dans son journal. (Je me rends compte qu'il doit être absorbé par la tragédie de la limace écrasée par le pavot, tragédie que la presse dominicale relate avec force de détails).
La scène m'émeut. L'instinct photographique foudroie mon savoir-vivre qui n'oppose qu'une molle résistance et je dégaine mon appareil que je cache derrière les pages de mon livre. Visée au juger, en déclenchant, le flash crépite, impudique et dit : COUCOU !
J'ai l'air con. Me planque derrière mon livre comme derrière un sac de sable, laisse passer la gêne, laisse mes voisins replonger dans leurs journaux, moi derrière la feuille de vigne de la nonchalance, et recommence.
L'amour des mères, merde c'est fort, l'amour des mères c'est tenace. Quand c'est pas contre les belles-filles qu'elles bataillent, c'est contre le foot, contre toutes ces activités qui les privent de l'amour de leurs rejetons.
L'amour des mères c'est beau, mais vachement dur à photographier?
?alors en balade dans les hauts de Choulex, sans autre intention que de ventiler mes poumons éprouvés, j'entends venir du bas-côté d'un champ de colza, une plainte, comme le sifflement d'un c?ur percé. Je découvre une limace enceinte écrasée par la chute d'un pavot obèse. De toutes ses forces, le compagnon de la limace, essaye de dégager sa femelle agonisante ? mais je fuis cette scène insoutenable. Je n'ai humainement plus aucune force. Ce drame me rappelle trop celui que vient de vivre l'équipe de football Suisse face au pavot tchèque qui vient de s'affaler sur son Destin?
Le chinois n'est pas, comme on le pense trop souvent, une langue compliquée - ça fonctionne par idéogramme.
Les censeurs les plus radicaux se débattent souvent dans la fascination de ce qu'ils combattent.
Noyade dans l'océan argentique déchaîné.
Rayon de soleil tombé à l'eau.
Ondée de juin.
Coulisses du mariage entre raison et passion.