GE - Une photo par jour

Max Jacot



un mois d'images

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Décembre 2011

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31.12.2011 - réveillon !

réveillon ! réveillons ! réveillons-nous !
...
de quoi en fait ?

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30.12.2011 - dans le tunnel de l'avenir

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29.12.2011 - montagne ?


29.12.2011 - LIEN VIMEO

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28.12.2011 - là, par contre... mon boucher ne trouve plus rien à dire

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27.12.2011 - comme me le fait remarquer mon boucher pendant qu'il prépare le kilo et demi de boeuf à braiser, j'ai la chance, moi, de voir la fille depuis l'autre côté

je lui fais quand même remarquer la date de l'image: agios nikolaos - septembre 1979 - petite plage bourrée d'anglais, mais ça ne refroidit pas ses ardeurs...

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26.12.2011 - nature morte

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25.12.2011 - autre petit conte de noël en anglais

you could not avoid to say she was beautiful !
she was waiting for me, calm and gentle in my punk apartment, slightly naked but not eager, illuminating like a sweet christmas tree, her profound blue eyes showing generously to the world how happy she was

she had tickets for tonight, a smart theater show
or let's say for the show of a very famous pop star

she would read intelligent books
and take care of my empty bottles

and above all she was loving me so much !

anyone would fall in love with her immediately, she was like a lovely christmas story

in fact, it WAS christmas today
and then, this very day, it came in my mind that i was somehow tired of her

[la lumière fabrique le bien - la lumière fabrique le mal]

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24.12.2011 - petit conte de noël en anglais

the bloody bitch was stiff drunk - once again !
she would have been the whole day harsh naked, as usual
her blind looking eyes probably searching for an uneasy God at the ceiling
she lay just between empty bottles and that bloody screen flashing with youtube pop clips
she would never in her life look very smart

shit ! I had to face reality: I was mad of her

[la lumière fabrique le bien - la lumière fabrique le mal]

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23.12.2011 - attention à ne pas traverser en dehors des clous !

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22.12.2011 - allez ! rendons la mort esthétique !

du coup le tiroir caisse va faire tinter joyeusement sa jolie sonnerie
cette image-ci va assurément plaire mieux que les précédentes
damned ! il faut vraiment que je me reconvertisse !

bon ! d'accord ! j'aurais d'abord dû gommer le plafonnier en bas à gauche et le début de cloison en haut à droite - ainsi aurions-nous eu une image parfaitement pure - adaptée aux canons (??) des galeries et des musées

[la mort est-elle une chose sérieuse ?]

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21.12.2011 - pourquoi tu rigolerais pas au moment de te sentir le caisson qui saute !

je hais la sensiblerie qui envahit les foules de spectateurs avides se scandalisant sur des images qui les font pourtant bander
comme celle prise par Eddie Adams de ce chef de la police tuant un prisonnier vietcong



[la mort est-elle une chose sérieuse ?]

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20.12.2011 - hommage à gab la biche et à ses images autour du 25 novembre

mais je trouve qu'il aurait quand même pu ramener son flingue en carton chez moi et me faire une photo !
bordel gabiche, t'as perdu l' respect des ancêtres !


[la mort est-elle une chose sérieuse ?]

ps: vous inquiétez pas, ce n'est qu'une moitié de flingue en plastic, plein de poussière...

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19.12.2011 - la mort est-elle une chose sérieuse ?

il y avait définitivement trop de morts
trop de morts autour de Casablanca
je décidai de partir plus à l'est

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18.12.2011 - rituel nocturne

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17.12.2011 - l'homme en rouge et ses collègues

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16.12.2011 - voler les images de mes ancêtres !

j'aime ce sentiment religieux et barbare que l'image est une agression contre le plus intime de l'humain
je l'aime quand il s'agit d'une peur profonde, d'une peur primale, d'une peur du ventre

mais quand il s'agit d'une confortable irritation de surface, refuser qu'on me photographie, alors que je rêve de passer à la télévision comme personne célèbre, prétendre à une sorte de petit droit au confort et à la privatisation de mes apparitions publiques, quand on joue au petit jeu du "alors je vais vous demander des droits !" ou "attention je vais vous envoyer mon avocat !"
alors ceux-là ! je pisse sur leurs souliers bien cirés, sur leurs vestes de lycra anti-pluie pour être au chaud l'hiver, sur leurs petits visages crispés, sur leurs avocats à l'américaine, sur leurs caméras de surveillance, sur leurs...

mais la vrai peur, la grande peur, la peur profonde de la pensée, de la pensée qui ne comprend pas, qui fuit la technologie, qui craint d'être diluée, emportée avec l'image, alors celle-là je l'aime

je l'aime et je la recherche dans mon travail de photographe

et pour avoir emporté un morceau de quelqu'un, un morceau vrai, un morceau de quelqu'un de vrai, je veux bien me faire casser la gueule et shooter dans les couilles, recroquevillé sur le goudron mouillé, avec au loin le bruit vague des derniers passants de la nuit, et la mort qui te guette peut-être...

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15.12.2011 - il y a encore le vêtement, la silhouette, la posture... mais le visage s'efface peu à peu

dans cet espace vide, s'infiltre lentement autre chose...

une autre zone de l'histoire...

une autre fiction

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14.12.2011 - "play it again, Sam !"

il y avait du "play it again, Sam !" dans cette histoire
une sorte d'erreur de citation ou de casting
un mélo mensonger à l'américaine

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13.12.2011 - moi aussi je pourrais, vieux et fatigué, revenir et parcourir les ruelles de Zanzibar

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12.12.2011 - ensuite, par certains beaux jours de congé, on ressortait les habits blancs et les souliers bicolores

et puis mon père est tombé brutalement malade lors d'un voyage - resté des semaines prisonnier d'un hôpital perdu quelque part, loin

il a cessé de voyager

alors, par certains beaux jours de congé, on ressortait les habits blancs et les souliers bicolores, on peignait sur de grandes toiles des paysages copiés des petites photos aux bords découpés, on s'installait sur le terrain caillouteux dans la cour, et on recréait le lointain, on réinventait le voyage, on trichait religieusement, et on en faisait des images photographiées

ici, c'est moi à gauche - avec un rideau autour du ventre pour me grossir et du cirage pour la négritude - je jouais le vieux guide égyptien devant une pyramide

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11.12.2011 - le soleil à midi

j'aurais pu avoir passé ma matinée à travailler au champ, à mon rythme calme, et maintenant, un peu à l'avance du repas de midi, dans l'ombre de la cabane, j'aurais laissé mon corps se détendre et le sourire aurait commencé de manger tout mon visage, mon visage et ma pensée, et mon corps aussi
ah ! bienheureuse afrique !

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10.12.2011 - et l'homme blanc sera placé au-dessus des foules sombres, car il sera le plus aimé de dieu !

bordel ! heureusement que mon père était pas croyant !

et encore bienheureux que mon père se soit fait embarquer par les flics quand il fréquentait les salles d'attente réservées aux gens de couleur !

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09.12.2011 - est-ce que ceux qui ont abandonné leurs outils chez moi ?

est-ce qu'ils pourraient revenir et les emporter ?
afin que ces ustensiles de basse cuisine cessent de troubler l'image mythique de mon père ?

vils profanateurs !

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08.12.2011 - si la lumière ne ment pas, où est le photographe ?

les images deviennent de plus en plus floues, imprécises

l'important c'est de ne pas comprendre - tout est fiction

ma vie est une fiction

la vie de mon père est une fiction
elle continue de naître à chaque instant par la banalité et l'irrespect de mes interventions sur ces mythes que sont les images familiales

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07.12.2011 - ah ! les cases africaines...

quelques années plus tard, la posture est moins vaillante, les géométries deviennent envahissantes et te cassent en morceaux, la lumière devient ambiguë et plus intérieure, les cases africaines sont des béances noires et attirantes, ton ombre sur le sol se mêle mieux à celle des arbres, la couleur commence de prendre le pouvoir, l'ensemble donne l'impression d'une comédie musicale bon marché

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06.12.2011 - ces souliers vont me faire pleurer un jour ...

quand ils ont commencé à s'user, je les ai récupérés
âge: quinze ans à tout casser : adolescence
un style imparable, surtout à cause de l'usure bien sûr
ce brun chocolat... et les petites perforations, le blanc doux...

et les pantalons aussi, l'habit le plus érotique que j'aie jamais porté
une soie lourde, lourde et glissante
huileuse au toucher comme une peau de serpent

quarante ans plus tard mes enfants les ont encore portés

et le décalage aussi, brulesque et provoquant:
vêtements de colonialistes ?
vêtements pour ceux qui exploitent ?
vêtements pour ceux qui achètent les âmes et les corps ?

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05.12.2011 - cette vieille garce de lumière !

la lumière, bien sûr, qui te tue et qui te fait vivre !
toujours la lumière ! cette vieille garce de lumière !

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04.12.2011 - moi aussi j'aurais photographié de grandes belles femmes noires immobiles

et mon sexe ne serait pas resté insensible dans mon pantalon colonial blanc
et j'aurais ressenti toute l'ambiguïté de ma présence d'étranger

je n'aurais jamais pu oublier
ou contourner cette supériorité de principe
acceptée et presque demandée
répétée infiniment par la blancheur et l'arrogance
multipliée à perpétuité par la misère et par l'argent
rendue incontournable par l'habillement
et par la conscience calme, calme d'une supériorité

mais je n'aurais pas été calme!
ah non !
j'aurais subi avec rage cette supériorité que les regards me renvoyaient

j'aurais presque rêvé d'être frappé un jour
jeté à terre, insulté et sali

être finalement égal avec eux

une sorte de honte diffuse et insistante
qui n'aurait jamais cessé de me bouffer le ventre

mais qu'est-ce qu'on pouvait y faire ?

et j'aurais continué de photographier les grandes belles femmes noires immobiles ...

bien sûr !

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03.12.2011 - j'aimais l'ombre des palmiers sur la piste d'atterrissage en terre battue

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02.12.2011 - une plage à durban - afrique du sud

là-bas au moment de la photo, tu fais face au pôle sud
là-bas au moment de la photo, les blacks sont des chiens
là-bas au moment de la photo, les commerçants indiens sont des chiens
un peu moins que les blacks mais des chiens
là-bas au moment de la photo, tu peux entrer dans la mer et nager obstinément vers le sud

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01.12.2011 - la lumière et l'ombre

ah ! aaaahhh ! l'ombre ! l'ombre...
l'ombre comme un rire
le soleil ! et l'ombre...
la lumière, blanche ! et l'ombre, noire, noire !
l'ombre comme une fête
et la lumière comme une violence
ahh je bande ...

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