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Pour renouer avec la vraie vie après la visite du palais du Maharadja, je décide d'aller au marché de Devraja. J'y passe l'après-midi et tourne en rond jusqu'à ce que je fasse partie du paysage et que les vendeurs à la sauvette me lâchent les basques. Je me pose alors cette question : comment restituer avec l'appareil photo la vitalité, l'atmosphère de cet endroit unique. Je tente le snapshot, picore ci-et-là une image et une autre, et les entasse sur ma carte mémoire sans grande conviction. Un homme recroquevillé, boxé par la fatalité est en travers d'un passage, trois femmes assises me voyant hésiter, me disent en riant : take photo ! take photo ! ce que je fais, avec l'aval de leur complicité alors que je rechigne à photographier les gens à leur insu et m'en rends compte, cacqueux, après coup. Mais pas loin, en tailleur au milieu de ses oignons, comme s'il me renvoyait aux miens, Sankar, c'est son nom, me réconcilie avec le portrait.
[Francis Traunig]