GE
« Halte au tout fric, stop à la mondialisation sauvage, les criminels c'est pas nous, mais bien plutôt ceux qui mènent le bal à Davos, les privatisations, les restructurations, les délocalisations, sapristi, ça suffit⦠» sont les slogans peints sur les panneaux que brandit la foule en colère pendant que Vaneck hurle dans son gueulophone :
« Assassinsâ¦banque sont des⦠mort au⦠il faut que⦠luttons !
Ziegler s'y met, avec son accent suisse allemand qui lui colle à la glotte, enchaîne :
⦠il faut, il faut natzionaliser l'UBS !!! ».
Et paf ! Une bouteille vole, une autre, suivie d'une grêle de bouteilles. Fumigènes. Qui tire quoi ? Confusion. Une grosse clameur enfle, on se croirait à un match de hockey, et vlan, bing et paf. Les yeux brûlent. Les flics chargent. Les autres détallent. Se font coincer, pris en tenailles par un camion blindé cracheur de flotte glacée. J'ai l'impression de voir mon fils, même âge, même allure, mais me souvient qu'il est au ski, au-dessus de ce merdier, il a fait beau au-dessus de 1200, une autre réalité ! Une jeune femme, la trentaine, cogne sur une voiture : « Connard, casse-toi, fous le camp⦠», le conducteur, un sourire feint, opine du bonnet sans demander son reste. Un flic, au même moment, même endroit, « Monsieur, circulez, s'il vous plaît⦠». La teigneuse se retourne vers le policier : « Connard, fous lui la paix⦠».
Troubles sociaux en Islande, à Madagascar. Manifestations en France !
Frustrations des exclus pendant que les bling-bling-on-vous-en-fout-plein-la vue se pavanent dans les magazines, pendant que les joueurs de tennis se font des 600'000 dollars pour JOUER au tennis. Pendant que les stars du rap s'achètent des châteaux en JOUANT de la musique, pendant que des spéculateurs peu scrupuleux JOUENT à la bourse avec notre fric, et que nous on se fait chier à la plonge, qu'on se fait chier comme magasinier pour gagner un peu de thune pour pouvoir gratter nos guitares. Oui, ça serait cool d'en vivre, parce que je veux pas me faire chier dans un bureau comme mon vieuxâ¦excuse-moi, on m'appelle sur mon portableâ¦.
Explosion ! Je détale, j'en ai marre, fait froidâ¦
[Francis Traunig]