GE
Dans le noir de la chambre
Seule la musique de son regard
éclaire la pointe des seins
Et cela repart dans l'hallucination
absente au vivre
et forte d'échecs
Elle tient ses pas
parce qu'ils tiennent le lien,
tiennent les siens, tiennent le monde
ce monde ou des êtres
ouvrent des portes
traversent des espaces
franchissent des seuils
La porte gonflée par ce temps humide
elle doit la claquer
abandonner l'opacité derrière
de l'autre côté la poubelle
l'ouverture sur la digue
les berges
les plis moirés du Rhône
Et maintenant s'attabler pour écrire la lettre-pacte
signée de jouissance
pour et par la mort qui vient
Croise le souffle du déjà plus
Assez haut
Tes pouces sur le cœur drainent
prière bleue
L'escalier/ première marche déjà si haute
Et les autres à te scier le courage
puis
zone de fruits mûrs et d'encre rauque
attrape dans l'air les paroles de celui qui
déjà disparu
Soirée tombante La Unica
J'ai traversé le ciel dans ma lourde chair
j'ai raté le rendez-vous
mais évasé mon horizon
Je n'ai pas pu dire la fermeture
La boutique ferme j'ai fermé ma bouche
L'abatage des livres est pour bientôt
C'est un crime je crois à sa place
Y aura un caveau
De vin
Les sages se réunirent dans la chambre
Ils m'ont dit la gravité de mon oubli
La nécessité de me relier
Avec mon pays
J'ai dit oui
J'irai traiter les déchets au Congo
Leurs corps empruntent
forme et dire
leurs textes dessinent
tissus chamarrés accidents
mes lignes me convainquent:
je dépose les armes
Je refuse que ça arrive,
seulement le Coeur et le Lieu
le corps ne doit pas détourner
alors je me déplace près de la prise
Mes discours éveillent l'écriture en vous
Sa voix tamponne mes pensées
Mes pensées disparaissent
Je me dis, je me dis plus rien
Les mots rubis ficelle couteaux brillants
sautent au corps
une petite dame dodue et rosée
brinqueballe dans sa parole défunte
ficelée dans sa capillarité rougeoyante
est tombée en gouffre noir
cervelle dans la vase
La découpe d'une sous-boutonnière
Images de la soirée
au chaud dans son écharpe
Elle ne raconte ni
ses nuits ni ses craintes
[Anne]
Cet inconnu m'emballe
va les yeux fermés
pour la saint Valentin
célébrer le sacrifice
Sève des pins
sulfate des vignes
la lampe du bureau de papa
ce grain de beauté là
[Charles]
Je m'endors dans l'ombre chaude
encore fait des tâches sur le cahier
Toujours ça coule, toujours de trop
passe la main sur l'encre violette
les mots fondent
La douceur s'est installée
et fait colonne et enveloppe d'air
la douceur âcre de l'encre violette
de la salle de classe
entre deux veines fines
Qu'est-ce que vouloir ?
déchirer la brume fade
arbre brun et seul détaché
pénétrer ce rail que tu dessines
Dans la salle de classe la chaleur
du petit noir soufflant
Et parole détachée lumière d'éveil
Cinglant
laisse l'enfant demi-éteint
martelé
L'é / touffe en moi te prête
A naître Petite
cogne les côtes
cogne l'élan
Tu vas me faire grand-mère
Le chanteur avance sa voix égrillarde
Tenu droit par ses gouffres
et le vin renversé
La porte lourde des grilles mentales
Fond d'espoir au seuil du sacré
Ne laisse pas ton site ouvert aux chants
Le soir tombe sur l'arrière cour
Couvre tes pas d'ouvrants tenaces
Les lucioles feront ta robe de mariée
C'est une maison sans porte
Et tu tournes autour de ses grilles
Au centre les jeunes dents exhibées
shootent au ciel crèvent le jour
C'est presque la même couleur
A droite et à gauche
Mais c'est différent et ton regard
Comme un étau entre orage et douceur
"Prends les bulbes des jacinthes
et met les en pot"
ordre du cabinet Michalov
c'est fait depuis longtemps
mais elles sont devenues stériles
L'enfant posa ses affaires
la mère se tournait les sangs
et les gens dans sa tête
puis elle partit
les côtes défaites criaient intrus
Quincampoix est perdu, stop
...éperdu le prie-dieu, stop
...Ange reparti, stop
...autour de mes reins, stop
...s'éteint le drame
Moi aussi, moi aussi
j'arrive à la ville
pour y verser ma vie
je monte la rue
tel un géant [Lhasa]