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Carnet de route d'un UPjiste - Un hiver indien - 13 - Le grand frisson a la fete foraine de Bageshwar

NEIGE ET VERGLAS SUR ALMORA 

 

Il a neigé durant la nuit sur Almora, une neige lourde qui a causé pas mal de dégâts, notamment aux arbres, cassant leurs branches sous le poids de la neige. S'ajoute à cela, une panne d'électricité qui depuis douze heures, paralyse la ville. Toute la nuit, les génératrices qui alimentent les principaux bâtiments administratifs, dont l'hôpital, nous ont bercés de leurs chants mélodieux.  

Les coupures d'électricité sont très fréquentes en Inde, en tout cas dans la région où je me trouve en ce moment, c'est pratiquement tous les jours, surtout à la tombé du soir, quand la demande énergétique est très forte. L'Inde est un gros consommateur d'énergie électrique, le milliard d'indiens évoluent et devient de plus en plus gourmand. Cette nouvelle société de consommation émergeante, si elle ne se calme pas, risque d'avoir à résoudre des problèmes qui, dans un futur proche, deviendront insolubles. 

 

Ce matin, je quitte à nouveau le Kailas Hotel. Partant pour Bageshwar, je vais saluer Mr. Shah afin de régler les formalités, il me dit de garder la clé de la chambre et pour le paiement on verra dans 4 jours, après mon retour. (J'ai une pensée pour les hôteliers suisses, sourire commerciale, complet veston qu'une flatulence risque de péter les coutures de leurs pantalons). Arriver près de la zone taxi, il y avait du monde qui se pressait autour des véhicules. Ce n'était pas pour prendre le taxi, mais pour recharger leurs téléphones portables sur l'allume-cigare, vu que la coupure d'électricité n'était pas terminée. Mon conducteur avait un branchement pouvant alimenter cinq téléphones portables. 

Autre souci, la route ce matin était partiellement enneigée, voir à certains endroit gelées. Vu l'état des pneus de quelques-uns des véhicules, je me suis posé la question : « À quelle divinité devais-je m'en remettre ? » Sur le tableau de bord de mon taxi, trônait un Ganesha vert fluo devant lequel brûlait un petit bâton d'encens. La cause était entendue, je décide de remettre ma vie entre les mains de Ganesha pour ce voyage de 80 km vers Bageshwar. D'autant plus que Ganesha, le dieu à tête d'éléphant et au corps d'homme est « Celui qui efface les obstacles ». Sa devise est « No problem ». C'est un dieu bienfaisant et très populaire, qui est invoqué par ceux qui se déplacent sur les routes, par les marchands, les caravaniers, mais aussi les voleurs qui sont perpétuellement en danger. 

Quoi qu'il en soit, l'effet Ganesha commençait à porter ses fruits, quelques rayons de soleil perçaient la brume matinale et venaient réchauffer le bitume enneigé. Les premiers dix kilomètres furent épiques car nous devions monter dans une forêt qui avait subi bien des dégâts, le petit col qui mène à Devi Kazar toujours dans l'ombre, n'avait pas encore totalement dégelé. Certaines voitures patinaient, d'autres se mettaient de travers et certains véhicules étaient immobilisés au milieu de la route, leurs chauffeurs tétanisés par la peur. 

Si l'enneigement de la route était le côté négatif de la situation, le côté positif était que tout le long du parcours, les indiens construisaient des bonhommes de neige, dont certains étaient décorés comme des divinités. Une grande partie des indiens sont de grands enfants, un rien les amuse. Cette neige tombée durant la nuit était pour eux un évènement et la joie s'exprimait sur leur visage, malgré toutes les difficultés qu'elle pouvait engendrée. Chez nous c'est le contraire, dès qu'il nous arrive quelque chose qui perturbe notre quotidien, on pousse la gueule, moi en premier. Chaque fois que nous passions devant un bonhomme de neige, notre chauffeur klaxonnait et l'on nous répondait par de grands signes amicaux. 

À partir de 1000 mètres d'altitude, il n'avait pas neigé, la route devint agréable. À part un des passagers à l'arrière du taxi qui a pratiquement vomi tous les 10 km sur fond de musique bollywoodienne, le trajet c'est très bien passé. No problem, merci à Toi Ganesha.

[Jean-Louis Claude]

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