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mes copines de ma zone à orties ... font la fête quand je m'éveille enfin le matin ... je me fabrique un café au lait mais pas trop tôt ... puis je viens leur donner le bonjour ... peut-être bien que quand je vais crever finalement, elles vont peut-être même me regretter ... bien qu'on ne cause pas énormément ... nous avons des relations assez silencieuses ... mais la sauterelle est plus intime, elle ne se gêne pas pour venir sur mon lit au petit matin ... mais enfin en gros nos relations s'arrêtent là ... pour le moment ...
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- oui le zombie est celui qui est regardé froidement
- miroir ô miroir dis-moi quelle est la plus belle !
- en tout cas pas toi, répond le miroir prétentieux, c'est mon oeuvre si jamais ton reflet semble le plus beau, toi tu n'es rien !
mais la main, sous la tablette de maquillage, avait caché quelque chose, et le miroir stupide ne comprit pas ce qui se levait soudain, à bout de bras brandi, et se projeta dans l'air moite et confiné: il y eut un mouvement sauvage du bras, puis le pavé poursuivit plus loin la trajectoire si bien commencée ...
"Oh non, fit le miroir paniqué, mais il n'eut que le loisir de regarder la chose grise, cubique et très lourde grossir grossir grossir, puis il se sentit encore éclater en mille morceaux qui s'effondrèrent ...
"Que disais-tu donc cher miroir ?"
Il n'y eut jamais de réponse
Alors les humains surpris de leur nouvelle liberté se prirent à se parler hors du regard, comme ça tout simplement, pour rien, pour le plaisir ... et à la place des miroirs on perça les murs qui devinrent des fenêtres ouvertes sur l'espace
et personne ne savait plus s'il était zombie ou pas
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Pour moi, un zombie c'est quelqu'un qu'on observe. Sans arrêt. Les yeux se braquent tels des lumières qui te mettent patraque. Leur réaction est si violente qu'ils n'ont plus de moyen d'exprimer leur commisération. La curiosité humaine on me dit.
Et le respect? C'est plus qu'une énième débilité dans les livres pour enfants. Alors on me juge. Tel un zombie, a semi-mort. Qui n'est ni a Brugges ni autre part. Dont l'existence n'est que marquée sur une feuille dans une pile de documents poussiéreux. Les seuls qui s'en occupent réellement? Quelques mecs rabougris dans l'assurance dont la cadence est rythmée par cette pile. On ne me voit plus, celle qui je suis. Celle qui a peut-être un jour plu au voisin du palier.
Mon visage du coté gauche montre une faiblesse. Tel les cheveux blancs d'un homme qui témoignent de sa vieillesse. Alors le gêne s'installe. Ont-ils commis une erreur? De toute façon l'erreur est humaine on me dit. Le chuchotement autour de moi persiste tel le bourdonnement d'un moustique la nuit. La pluie de question s'abat sur moi. Et après on me demande pourquoi ai-je le moral si bas. Aux yeux des autres je parait pas sur de moi. Sur de quoi? Que je dois rester enfermée entre quatre murs a cause du soleil? Ou que je dois me "reposer" comme une vieille. Me reposer de quoi? De la stupidité humaine? Qui raconte des imbécilités car pour eux que le physique ne compte.
Et la chimie? Mes pensées, mes idées ? N'est elle pas assez typique? Mon visage est brûlé. Mais ni mes idées ni mes pensées sont blessés. Au contraire de ce que vous pensez. Vous faut-il une radio ou une video de mes pensées pour vous le prouver? Car vous vous arrêtez a mon visage. Pour vous une image est assez pour me décrire, sans me connaitre. Car pour vous, une image dit tout. Elle dit même plus. Pour vous elle, représente aussi mes idées. Car vous me jugez a première vue. Et pas que moi. Mais tout ce qui diffère des mois lugubres et belges.
Lilla F. Gargya, 15 ans.
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la perte de mémoire façonne le zombie.L'image lutterait-elle contre cette tendance?Comme elle peut être détournée et "trafiquée", il faut la prendre avec beaucoup de précaution, ce qui force à remonter dans le passé et à faire revivre de la mémoire.
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[ je t'en supplie ... pas le miroir !!! ]
je ne peux qu'acquiescer à la pensée caustique de mon ami le rat, je lui fais un clin d'oeil
et j'ajoute 'tandis que toi tu ne cherches pas à tricher hein !'
finalement nous défleurons deux cannettes de mauvaise bière et buvons à nos santés réciproques de vieux lascars proches de la mort
(à suivre)
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[ je t'en supplie ... pas le miroir !!! ]
le rat de ma cave, avec qui je cause parfois, me fait remarquer gentiment que la bonté déclarée des bêtes à deux pattes est toujours perverse, et qu'elle sert surtout à construire la légende de l'immoralité des autres bêtes ... ou éventuellement leur amoralité ... mais en tout cas ce qui nous justifie à les enfermer dans un enfer sanglant à notre service
(à suivre)
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[ je t'en supplie ... pas le miroir !!! ]
je songe ensuite que les autres bêtes ne connaissent pas ces comportements publicitaires mensongers
finalement je cesse de songer ... c'est trop dénué d'espoir
(à suivre)
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[ je t'en supplie ... pas le miroir !!! ]
je considère avec étonnement la bête à deux pattes avec artefacts et habillée et je ne peux me retenir de songer qu'elle s'échine bien naïvement à construire sans répit le mensonge continuel de sa bonté et de sa supériorité
(à suivre)
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[ je t'en supplie ... pas le miroir !!! ]
mes yeux foutent le camp ... c'est comme se trouver pris dans un cyclone, tu ne vas pas protester de recevoir l'hommage des éléments qui t'emportent comme fétu de paille ... je deviens quelque chose d'autre ... quelque chose de plus grand, un corps avec plus de réalité ... et un peu plus de difficulté aussi ... et alors !!
(à suivre)
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[ je t'en supplie ... pas le miroir !!! ]
... et je tente de participer avec énergie à ce grand cirque sublime et violent, sans aucun privilège particulier
(à suivre)
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[ je t'en supplie ... pas le miroir !!! ]
moi la bête à forme humaine, ou la chose à deux pattes, ou tout aussi bien la masse des corps habillés se regardant dans un miroir, je ne suis qu'une chose parmi d'autres de la multitude de ces événements, éléments, bêtes, rites, choses sans artefact ...
(à suivre)
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