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Il est né dans une guerre.
Il a commencé de se souvenir quand il n'était plus dans son pays.
Pourquoi ?
C'est quand même son passé, sa chair...
Alors l'Ange, dont la veste verte ridicule se nimbait de lumière divine, lança froidement:
"Passque ... tu trouves donc ...que ça t'a réussi d'obéir toute ta vie ?"
L'écrivain sans nom ne répondit pas.
L'Ange était en jeans pré-déchirés fabriqués par des ouvriers-enfants du Bengladesh.
Il s'adressa à l'Homme sans nom, ses mots moqueurs frappaient dur:
"Tu dis que tu ne veux pas déconner ? Même avec seulement ton clavier et ta souris sous tes doigts ?"
"Oui l'Ange, c'est comme ça... Je peux pas, on m'a jamais appris."
C'était une grosse maison bien lourde
avec de grandes pentes de toit.
Sur le devant il y avait des locataires.
Deux familes.
Avec des enfants.
Lecteur , il vaudrait mieux que tu te réveilles de tes songes...
Les Anges ne sont pas tout à fait ce que tu crois.
Tu en es probablement encore un qui a trop sagement écouté son père ...
Moi au moins je n'avais pas le choix.
Sinon ça cognait.
Tu vois lecteur, tu as probablement remarqué qu'il y a parfois un Ange à côté de moi.
Il est peut-être censé me guider et m'aider, je ne sais pas vraiment.
Je trouve qu'il me déroute plutôt ... mais il est quand même un peu mon ami.
Dans mes récits ?
Evidemment ! Je n'y ai pas mis d'émotions.
Puisqu'il n'y en avait pas.
Autrefois.
Ecoute l'Ange, arrête avec tes questions idiotes !
Est-ce que j'arrive à me reposer aujourd'hui ?
Est-ce que je me douche tranquillement ?
Est-ce que je prends mon temps ?
Est-ce que je me laisse le temps ?
Le Grand était toujours bien placé. Il était respecté.
Sponsor de l'équipe de foot locale.
Tous l'admiraient.
Il pouvait humilier, frapper, exploiter.
Oui mais ... au fond ...
tout ça n'est rien d'autre
que la brutalité du Pouvoir.
Alors ça c'est un Substantif !
Impossible de lui enlever sa Majuscule.
L'impossible toujours !
la question c'est...
si t'arrivais à annuler l'impossible, à le flinguer
est-ce qu'il resterait encore quelque chose ?
peut-être qu'alors tout serait mort...
Ce que le grand pensait du père ?
Ah ça !
Tu pouvais pas remettre en cause l'autorité.
Pas question.
Impossible !
Mon père.
Il restait assis.
Il balançait comme ça sa tête.
A droite à gauche.
Il ruminait.
quand une voiture avait un ennui, on lui branchait les feux de détresse
alors les autres s'arrêtaient
moi aussi j'aurais bien branché mes feux de détresse
pour moi pas pour la voiture
Alors ces bons moments ? Il doit bien y en avoir quelques-uns dont il se souvient, non ?
Et ce disque de Michael Jackson alors ?
Ecoute l'Ange ... je t'ai déjà dit tfois fois que c'était une cassette.
Mais on s'en fout ! Ce qui compte c'est l'histoire.
C'est facile pour toi, hein ? Tu fais que poser les questions.
Mais moi je dois replonger dans toute cette violence.
Elle m'a supplié de l'aider. On était proches elle et moi. Elle pouvait plus supporter. Qu'est-ce que ça serait bon de partir avec elle !
Je rêvais.
Alors la Mère
nous disait de disparaître.
On avait tellement peur
qu'on trouvait un coin
et on dormait dehors.
(Tu remarqueras que je mets des majuscules à pas mal de Substantifs. C'était comme ça chez nous, il y avait plein de choses qui avaient toujours une Majuscule. Les Substantifs étaient nos Maîtres.)
Il nous fait peur à nous aussi, même à distance,
ajouta l'Ange, terriblement sérieux.
Est-ce qu'il se foutait de l'homme sans nom ?
Le fils du Grand est unique.
Chair de la chair du Grand.
Cet unique lui donne un pouvoir bien sûr.
"Ah ! si l'homme sans nom avait été unique ..."
Pourtant il est unique !