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///Des files lentes et lourdes dans ce qui devait être une rue - entre les débris des maisons - et la route n'existe plus - juste une piste écrasée - écrasée comme les corps - tracée par les chars d'assaut - ils regardent de leur œil de cyclope - par les paupières de métal - ceux qui de toute façon vont mourir - les enfants marchent aussi - leurs pieds en sang dans leur souliers - depuis une année qu'ils marchent - si tu restes là on te tue si tu te déplaces on te tue - les files de corps sont partout - ça ne sert à rien de se déplacer - il n'y a pas d'endroit où rester - parfois les files sont des rangées - avec la gueule d'un canon de tank qui les regarde froidement - il semble qu'il y ait un plaisir chez les dominateurs - et les colonisateurs - arrêter le temps sur un instant d'horreur et d'humiliation de l'autre - ce temps suspendu, comme disait le poète, il n'en finit jamais sur la terre des oliviers arrachés.
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