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State of emergency in Romania starting on Monday, March,16, 2020.
AIRPOCALYPSE NOW
Si vous avez les yeux qui piquent, le nez sec, la gorge qui vous gratte et un léger mal de tête, ne vous inquiétez pas ce n'est pas le Covid-19 qui vous a rattrapé mais c'est que vous êtes bien arrivé à New Delhi, ville classée la capitale la plus polluée du monde selon l'OMS. Selon cette organisation, dans toute l'Inde, ce fléau causerait chaque année près de 2 millions de morts prématurés. Cela fait de l'Inde un des pays les plus affectés au monde par la pollution intérieure et extérieure. Il semblerait que le gouvernent du Premier ministre indien Narenda Modi soit plus préoccupé par la « loi de la citoyenneté » discriminant les musulmans, que pour la santé de ces concitoyens qui de plus en plus souffrent de cette grave pollution qui mine ce pays. Chaque année, je constate que la situation empire, et cela, malgré quelques efforts du gouvernement régional pour tenter de réduire les nuisances sur la capitale indienne.
Un petit malin de New Delhi a ouvert un Oxy Pure, un bar d'un genre particulier puisqu'il propose à ses clients d'inhaler de l'oxygène pur à 99 %. Parfum orange, cannelle ou menthe poivrée, la séance dure quinze minutes et coûte 500 roupies – un peu plus de 7 frs – soit, en gros, le salaire minimum journalier. C'est au choix : soit on mange, soit on respire.
ON THE YOGIS' ROAD
Depuis trente ans que je voyage en Inde, c'est la première fois que je prends un taxi pour me rendre de New Delhi à Rishikesh. D'habitude je prends le bus ; mais en ces temps d'épidémie mieux vaut pas prendre de risque. En effet, l'indien à souvent tendance à cracher, à se racler la gorge bruyamment et à recracher, à roter, à péter sans prendre aucune précaution pour la personne qui se trouve à côté de lui. Il ne faut pas jouer avec le feu ! En temps normal, c'est naturel, où il y a de la gêne il n'y a pas de plaisir. Mais aujourd'hui, c'est différent, d'autant plus que l'Inde commence à prendre conscience du danger du Coronavirus.
Donc j'ai pris un taxi. En cinq heures de route, mon chauffeur à utiliser 23 fois son portable et a conversé durant quatre heures au total. Quand on sait qu'on compte en moyenne 80'000 morts sur les routes indiennes par an, la situation n'était pas très rassurante. Dans ces moments-là on se pose alors la question : Vaut-il mieux mourir du Coronavirus ou alors mourir atrocement dans un taxi indien, écrasé par un camion, pendant que votre chauffeur était en train de téléphoner sur son portable ? Un vrai dilemme. Quand on connait le dicton qui dit que les trois choses dont a besoin un taxi en Inde, c'est : « Good horn, good brakes, on good Luck ». (Un bon klaxon, de bons freins et de la chance) vous priez la Trinité hindoue, Brahma, Vishnou, Shiva, pour arriver entier à destination. En plus le chauffeur a ouvert durant le trajet neuf fois la portière pour cracher, qu'on soit sur l'autoroute ou sur une départementale à une vitesse oscillante entre 90 et 100 km/heure. C'est avec un grand soulagement que je suis enfin arrivé sain et sauf à Rishikesh, capitale du Yoga.
AUX PAYS DES SADDHUS
J'ai posé pour quelques jours mes valises à Rishikesh, afin de décompresser. Avec le décalage horaire, j'ai un peu la tête lourde, il faut se remettre dans le bain et s'adapter à la nourriture. Le tonnerre a grondé toute la nuit, les dieux des montagnes himalayennes ne sont pas contents et ils ont raison de le faire savoir. Au bord du Gange, les prières raisonnent dans le vide. Vite se réfugier dans le silence....
Nombreux sont les yogis, mais j'aime ces saddhus errants.
Le corps enduit de poussière, ils mangent peu,
Ne gardent pas un seul grain de riz dans leur bol.
Aucune nourriture dans leur bagage, seulement la faim
Aucune gourmandise chez eux :
Ils s'abreuvent à leur propre soif.
Ces ascètes ont vaincu leurs désirs
Dans leur errance ils ont trouvé la destination
Qu'ils cherchaient depuis si longtemps.
Partis à la poursuite de la vérité,
Ils l'ont trouvée en eux-même
Assis au bord de la route, je les attends,
Au souvenir de ces sanyasis j'ai les larmes aux yeux
Pour moi ils eurent tant d'attention.
Ils irradiaient.
Nombreux sont les yogis, mais j'aime ces saddhus errants,
Latif
LA PORTE DE VISHNOU
La signification de la ville d'Haridwar est « la porte de Vishnou ». L'endroit le plus sacré de Haridwar est le ghat Hari-Ki-Pairi où les dévots viennent adorer l'empreinte du pied de Vishnou, le Hari-Ki-Charan, que l'on conserve dans le temple de Gangadwara. On représente généralement Vishnou, le Créateur, avec quatre bras, tenant outre un lotus, la massue, la conque et le disque solaire, l'arme divine qui anéantit les ennemis comme l'éclair. C'est au Hari-Ki-Pairi que le Gange, affirme la légende, sortit de la montagne pour entrer dans la plaine en se frayant un passage entre les orteils du dieu.
En effet, le Gange, fleuve sacré de l'Inde d'où Ganga la déesse hindoue s'écoule de l'orteil de Vichnou, est l'explication que l'on vous donne afin d'éclairer votre lanterne quand vous venez en pèlerinage à Haridwar. Apparemment ce dieu n'est pas sensible au chatouillement.
Tout près du temple de Gangadwara on peut apercevoir une île artificielle rattachée par un pont à la rive droite où l'on découvre la tour Birla, surmontée d'une pendule à l'aspect plus britannique qu'indien. L'édifice commémore le souvenir de l'immersion à Haridwar d'une partie des cendres du Mahatma Gandhi dont la famille Birla s'était faite la protectrice attitrée. C'est d'ailleurs dans le jardin des Birla à Delhi que le mahatma fut assassiné le 30 janvier 1948.
COMME UN SINGE AGITÉ
Depuis une trentaine d'années je parcours l'Inde, mais surtout je me rends dans les vallées himalayennes à la découverte de ces différentes ethnies qui peuplent ces montagnes. L'ennui c'est que j'ai des points de comparaisons avec mes premiers voyages où je découvrais ce pays qui me fascinait tant et donc, j'ai tendance aujourd'hui, à mettre en parallèle mes voyages actuels avec ceux que j'effectuais jadis. Ce n'est pas évidant de corriger ce mauvais penchant car mon esprit devant ce grand barnum qu'est devenu Rishikesh est comme un singe, il est continuellement turbulent, il saute d'une pensée à l'autre, ce qui me rend agité et confus. Quand je pense à tous ces grands sages orientaux qui nous ont tant apportés sur le plan spirituel et que je vois aujourd'hui le résultat, ça me désole. Le « paraître » est le nouveau maître de l'ignorance et sur les bords du Gange, les occidentaux ont transformé le sacré en une grande foire de l'égocentrisme. Certains occidentaux ignorent que les vrais miracles s'accomplissent d'abord en silence. Comme dirait ce bon vieux sage Lao Tseu du pays du Coronavirus Levant : « Le silence est source d'une grande force ».
Commençons d'abord par appliquer cette règle à soi-même, la pensée négative gaspille l'énergie du corps, alors que la pensée positive vivifie cette énergie.
NEWS OF INDIA : Ce matin 3 médecins sont passés à l'hôtel pour informer les clients sur le Coronavirus. J'ai trouvé l'initiative bonne de la part du Ministry of Health & Family Welfare Government of India de nous donner des conseils en cas de problème. On sait maintenant à qui et où s'adresser. Depuis deux jours les Indiens dans les restaurants et boutiques commencent à mettre des masques, mais l'ambiance ici, est moins anxiogène qu'en Europe.
YOGA SUTRA
Théoriquement, le yoga est une technique de libération de l'esprit. Le principe est de libérer sa conscience en se détachant spirituellement de son propre corps pour le transcender et rejoindre Dieu. Cette libération de l'esprit est formulée dans un texte s'intitulant, les « Yoga Sutra » attribué à un auteur semi-légendaire nommé Patanjali. Qui était Patanjali et quand vivait-il ? Les Indiens n'en savent rien. Les estimations vont du 2ème siècle avant notre ère au 5ème siècle après J.-C. Le sage Patanjali formalisa une série de postures appelées asana. Exécutées en même temps que des exercices de respiration et de méditation (pranayama) elles devaient permettre à l'individu de s'engager sur le chemin de la réalisation de soi.
Mais c'est en Europe qu'on « fait du Yoga », ce n'est pas en Inde. Pour les Occidentaux, il s'agit d'une sorte de gymnastique respiratoire, d'un exercice popularisé depuis longtemps, dont les bienfaits peuvent être sensibles – si on sait se méfier de ces pseudo-professeurs qui aujourd'hui prolifèrent après avoir accomplis 200 heures de yoga dans un ashram, qui à la fin de leur séjour, se font délivre un diplôme leur permettant d'exercer cette profession, activité apparemment très lucrative à Rishikesh.
En Inde, lorsque qu'on aborde le sujet et que l'on disserte sur le mot « yoga » on se trouve en face d'un système de pensée et d'une manière de vivre qui, sauf cas d'exception, pour nous Occidentaux sont impénétrables, et cela d'autant plus que, là comme ailleurs, la tradition indienne est morcelée, fuyante, presque insaisissable. Quelle est la juste école ? Où trouver le bon guru ? Questions aux mille réponses, donc questions sans réponses.
Il y a beaucoup d'écoles de Yoga à Rishikesh, et pour le novice il est très difficile de séparer le bon grain de l'ivraie, mais ici on pense plus au business qu'à l'élévation de l'esprit.
LES ENFANTS TRAVAILLEURS
Il y a 472 millions d'enfants âgés de moins de 18 ans en Inde, ce qui représente 39% de la population globale du pays. Un large pourcentage, 29% de ce chiffre, représente les enfants âgés entre 0 et 6 ans. De plus, 73% des enfants en Inde vivant en zones rurales, ont souvent un accès limité aux besoins fondamentaux tels que la nutrition, les soins de santé, l'éducation et la protection sociale. Ces enfants indiens continuent à faire face aux conditions les plus rudes comparé au reste du monde avec des taux de malnutrition très élevés, du travail et de la mendicité forcée dont je suis confronté tous les jours, et des maladies infantiles telles que la maladie diarrhéique.
Ce qui est problématique, c'est que sur ces 472 millions d'enfants indiens, 60 millions sont obligés de travailler, dont 10 millions en servitude. Selon les Nations Unies, le travail des enfants représente 20 % du produit intérieur brut de l'Inde, ce qui fait le plus grand marché de main d'œuvre enfantine au monde. On comprend pourquoi les politiques ne se pressent pas d'enrayer cette traite enfantine. La pauvreté est la cause principale du travail des enfants, beaucoup cherchent à subvenir à leurs besoins vitaux mais surtout ils représentent une main d'œuvre docile et lucrative. Les enfants pour la plupart travaillent sans vrai salaire, sans contrat, sans droits et effectuent des journées de travail de 15 heures et plus. Ces travailleurs bon marché on les trouve dans l'industrie, l'agriculture, les briqueteries, les manufactures (notamment de tissage) ou encore vendeurs de rue, domestiques, cireur de chaussure, etc...
Il faut rappeler que le travail des enfants est interdit en Inde depuis 1986, mais la loi est peu respectée dans ce pays où les scandales de corruption se suivent et ne se ressemble que par leur ampleur. Nous vivons vraiment dans un monde d'hypocrites où les saligauds règnent en maître.