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ceci est l'image initiale d'un projet. Bombay disparaît. C'est vrai, on ne s'en rend pas compte. Le mouvement de modernisation qui uniformise les vitrines avance à pas de loups dans la vieille ville. cependant... c'est vrai, Bombay disparaît. Ses petits métiers, ses mendiants, ses vieilles bagnoles. Bombay se met au goût du global village.... Pour la retenir, je la photographie.
Se retrouver au bord d'un étang pour retranscrire en italien des textes de l'au-delà transmis à une suédoise vivant en Australie, un grand moment de verticalité.
Revenir dans les endroits que l'on aime et trouver une nouvelle inspiration, bonheur du photographe
- ... J'arrive vers la zone piétonne, le flic il m'arrête et me dis que je ne peux pas passer.
- C'est pour une livraison.
- C'est quoi ce truc accroché à votre rétroviseur ?
- Ca ? C'est un attrape cauchemar
- Bon allez, ça va pour cette fois.
un petit signe pour le lointain vers little heart: tu vois il y a pas que bombay qui disparaît, même les éléphants sont pas très sûrs... et prennent des airs de grand mère à fichu
-Faut que j' t'offre encore cette putain de bague dit un grand dégingandé en Adidas à sa copine qui lui la montre sur son Smartphone.
-Ben ouais, tu m'las promise.
Entre-temps, trois loustics, coiffures gominées en éventails, montent dans le tram :
-De Dieu, j'veux m'asseoir , un siège j'veux... dit l'un des trois en bourrant un de ses compères d'un coup de coude qui m'ébranle collatéralement.
Au même moment, au centre le la rame qui démarre :
-Messieurs, Mesdames, je n'ai pas de logement. Je passe mes nuits dans des abris de fortune, parfois dans un sous-sol ou sous une porte cochère. Je cherche une chambre, une sous location. Quelqu'un peut-il m'aider ? J'ai quarante ans et j'en suis réduit à faire l'aumône. Merci Messieurs Mesdames, une petite pièce s'il vous plaît, si vous ne pouvez pas plus.
"If you have meditated for many years and have reached a lofty height in your meditation, as I have, you can meditate while running and cycling and painting" - Sri Chinmoy
"In the end, it's not the years in your life that count. It's the life in your years" - Abraham Lincoln
"It is not the clear-sighted who rule the world. Great achievements are accomplished in a blessed, warm fog" - Joseph Conrad
"In the Spring, I have counted 136 different kinds of weather inside of 24 hours" - Mark Twain
"It is a mistake to try to look too far ahead. The chain of destiny can only be grasped one link at a time" - Winston Churchill
"It is the weight, not numbers of experiments that is to be regarded" - Isaac Newton
Commentaire Photopera: "Illustration d'un découragement? On se demande...
(Seul le fou n'a pas de perspectives)."
Réponse de l'auteur: "Certainement, je suis le fou..."
Le vide n'a pas de mots, d'images, pensées, sentiments. Il est. Et pour certains, parfois il rend fou. Car il n'y a pas des perspectives, pour le bonheur de tous.
AEROPORT DE GENEVE, HÔTEL IBIS.
Ca y est, je suis dans le « sas » de décompression. De ma chambre d'hôtel, je vois les avions qui décollent et s'en vont vers des horizons lointains. Demain matin, je m'envole pour l'Inde, je m'en vais retrouver ce pays qui me fascine tant, je m'en vais à nouveau retrouver les contreforts de l'Himalaya, au froid, dans la neige, dans les vallées que les touristes ont désertés pour des destinations plus chaudes et plus hospitalières. Fuir la Suisse, ce petit pays de 7 millions d'habitants, tip top en ordre, en apparence, pour aller s'isoler dans un pays de 1,25 milliards d'habitants, deuxième pays le plus peuplé au monde après la Chine, c'est un paradoxe.
C'est comme ça ! J'aime l'Inde, depuis que je l'ai découvert en 1986. « Mother India », on l'aime ou on la déteste, en tout cas elle ne vous laisse pas indifférent. On est émerveillé par son exotisme et sa spiritualité, on est dégoûté par ses viols, sa corruption et son système dépassé de castes, qui aujourd'hui encore, n'est pas totalement éradiqué. Mais la dualité n'est-elle pas le propre de l'homme ?
L'Inde est un pays fascinant, à commencer par ses paysages. Vous ne pouvez pas rester insensible face à ses déserts, ses jungles où rodent les tigres, son océan, ses fleuves sacrés, ses majestueuses montagnes himalayennes et son grand plateau central, monotone, virant de l'ocre au vert, recouvert par-ci, par-là, de petites collines arrondies. L'approche de l'Himalaya, sur des centaines de kilomètres, émeut votre regard. Plus vous prenez de la hauteur, plus votre esprit s'enflamme, vous sentez que vous approchez de la « Demeure des dieux », que vous approchez de la demeure de Shiva, « celui qui rend heureux, le bienveillant », le grand ascète, destructeur de l'ignorance, que beaucoup honorent comme dieu tout-puissant.
Mais l'Inde, c'est surtout sa présence humaine qui s'impose partout. Si vous n'aimez pas les êtres humains, n'allez pas en Inde, restez chez vous et continuez à vous prélasser dans votre twittosphère, blogosphère, youtuberie et facebookerie qui donnent l'illusion d'être connectée au monde.
En Inde, l'illusion c'est « Mãyã », c'est l'ignorance qui voile la vision de Dieu et qui vous déconnecte de la Réalité.
ESCALE À ABU DHABI.
Il est 20h16 à Abu Dhabi et 17h16 en Suisse. J'attends dans l'aéroport mon vol pour Delhi. Le Vol Ey 054 Genève – Abu Dhabi, d'Etihad Airways c'est bien passé. J'ai déjà voyagé plusieurs fois avec Etihad et je n'ai jamais été déçu. Le seul regret, c'est qu'il y a 10 ans, je faisais une escale de 24 heures, ce qui me permettait de visiter cette ville surdimensionnée, au frais de la compagnie.
Quand vous arrivez à l'aéroport d'Abu Dhabi, la première chose que vous remarquerez, c'est qu'on ne voit pas beaucoup de cheiks sans provisions, par contre, il y a énormément de cheiks en blanc.
Bon, il est temps que je rejoigne le Gate 03, car mon avion va décoller dans une heure.....
DELHI « CÅ’UR DE L'INDE »
Après une escale de 2 heures à Abu Dhabi, le vol EY 218 de la compagnie Etihad Airways atterrit à 3 heures du matin sur l'aéroport Indira Gandhi International de New Delhi. Après les formalités douanières et la récupération des bagages, je prends le taxi qui m'attendait pour m'emmener au Metropolis Hôtel à Paharganj Bazar.
Se retrouver à nouveau à Delhi, quel bonheur ! Je déteste les villes, je déteste le brouhaha de la circulation, je déteste toute l'agitation urbaine, je déteste ces odeurs de pollution et Delhi c'est tout cela réunis, dans un même paquet surprise. Et pourtant, j'aime me retrouver dans cette ville chaotique et bordélique surtout du côté de Old Delhi, ancienne capitale du prestigieux empire moghol.
Quand vous débarquez la première fois dans cette métropole vous ne pouvez pas comprendre ce chaos où le « klaxon » règne en maître. Delhi vit à 100 à l'heure, et nous, petits suisses, qui avons l'habitude de vivre propre en ordre et où il n'y a pas le feu au lac, sommes dépassés par ce que nous découvrons devant nos yeux hagards. Dans cette ville, chacun fait à peu près ce qui lui plait, chacun marche où bon lui semble, chacun essaye d'avoir la priorité sur l'autre et on se demande si le code de la route existe. La cohabitation entre les voitures, les cars, les camions, les motos, les scooters, les rickways, les rickshaw, les chars à buffles, les dromadaires, les vaches sacrées désacralisées dans cette circulation, et même de temps en temps un éléphant marchant sur le bord de la route, relève du miracle. Bernadette Soubirous, ici, serait passé inaperçue. Alors que votre tête, est prête à exploser dans ce vacarme assourdissant, vous apercevez sur le trottoir, à même le sol, des indiens qui font tranquillement la sieste sans se soucier le moins du monde de ce qui se passe autour. Mais le fin du fin, sans doute l'apothéose d'une journée bien remplie, c'est quand vous voyez à l'arrêt d'un feu rouge, un indien accroupi, le cul à l'air, poser une « pêche bien épicée » dans le caniveau le plus naturellement du monde. J'aime cette anarchie ! Que ça fait du bien ! Un militant UDC ou un mec du Front National, certainement, ne survivrait pas 2 jours à Delhi.
Delhi doit se prononcer Dilli (en ourdou), mot qui signifie « séductrice des cœurs » ou alors le « cœur » lui-même.
Il y a des centaines d'années, les empereurs hindous l'avaient baptisée Hastinpore, ou la « Cité des Eléphants ». C'est ici que se voyaient les plus grands rassemblements d'éléphants de l'Inde : ils affluaient à Delhi, portant sur leur dos des centaines de chefs hindous et tous les vassaux des empereurs, venant rendre hommage à leur souverain. Lorsque plus tard, en 1526, les empereurs moghols y construisirent leur capitale, ils l'appelèrent « Le Cœur ».
En 1857, le vieil empereur moghol, Bahadur Shah Zafar, dont le palais était au Fort Rouge décide de soutenir la révolte des cipayes. La révolte des cipayes, mutinerie de soldats indigènes réprimée dans le sang par les Britanniques, joua un rôle charnière : la violence de la répression laissa des traces indélébiles chez les Indiens et entraîna un durcissement de la politique sociale des Britanniques.
Les mutins venaient pour l'essentiel, des hautes-castes de la vallée du Gange, qui constituaient alors l'essentiel de l'armée britannique. L'incident déclenchant a été la distribution d'un nouveau type de cartouche qu'il fallait déchirer avec les dents, dont la rumeur disait qu'elles étaient enduites de graisse animale, donc taboues pour les hindous.
Après avoir réprimé le soulèvement, la Couronne britannique exila le vieil empereur moghol, devenu la figure de proue des insurgés, et transféra la capitale indienne à Calcutta.
En 1911, l'Empire britannique des Indes déplacera à nouveau sa capitale de Calcutta à Delhi. La décision fut officialisée lors d'une visite du roi Georges V et de la reine Mary, qui venaient d'accéder au trône. Georges V rêvai d'une capitale impériale et moderne, dotée de larges avenues et tout entière construite à la gloire de la puissance colonisatrice. Elle mettra près de deux décennies à sortir de la terre et sera baptisée New Delhi (« la nouvelle Delhi »). Aujourd'hui encore, elle est la capitale de l'Union indienne, indépendante depuis 1947, et le centre névralgique de l'administration et de la politique nationale.
Mais pourquoi je vous parle de Bahadur Sha Zafar, ce vieil empereur moghol, qui vivait au Fort Rouge et qui fut exilé par les Britanniques ?
Et bien ! Si vous passez par Dehli lors d'un voyage en Inde, allez faire un tour au restaurant « Karim » qui se trouve non loin de la grande mosquée Jama Masjid dans le vieux Delhi. Zahooruddin, âgé de 80 ans, est le directeur de ce restaurant emblématique créé par Karimuddin, son grand-père. Le Restaurant « Karim » perpétue les traditions de la cuisine moghole. Les recettes, gardées secrètes, s'y transmettent uniquement de père en fils.
Le père de Karimuddin, Mohamed Aziz aurait été employé dans les cuisines royales de Fort Rouge. Lorsque le dernier empereur moghol fut exilé, Karimuddin partit pour la ville voisine de Gaziabad où, contraint de multiplier les petits boulots, il vécut dans la misère. Cela ne l'empêcha pas d'apprendre la cuisine à ses fils, car il était convaincu que les recettes et le savoir-faire de la gastronomie royale constituaient un héritage précieux. C'est aujourd'hui la même cuisine que mangeait l'empereur Bahadur Sha Zafar que vous pouvez savourer dans ce restaurant où l'on vient de loin pour revivre l'art culinaire moghol. Seul petit bémol, et de taille pour ma personne, ce restaurant est non-végétarien. Dans une autre vie, j'ai certainement dû aimer la cuisine moghole.
" allons enfants de l'obéissance, baisons la nouvelle année avant qu'elle ne nous baise !" (MJ)
(Hommage à J)
En 2014 n'enfile pas de gants parfumés pour dire le réel (MJ)