GE - Une photo par jour

Genève - 19 heures 21

La FNAC. Généreux buffet. Vincent verni. Superbes images. Retouchées. Vincent est un magicien qui peut faire faire un triple salto à une souris. La retouche d'ailleurs rôde. Partout. Dans les postures, derrière le mouvement d'une mèche de cheveux, dans le drapé d'un tissu, dans la cambrure d'un mollet, d'un torse qui se bombe. Rhétorique de vernissage, c'est normal. Les images mentent-elles ? Non, pas si elles n'ont rien à dire. Quelqu'un qui n'a rien à dire, on s'en fiche qu'il mente. Vincent, lui, oui, ment, ses images retouchées nous bousculent, brûlent, et nous posent cette question : « Mon mensonge, vous plaît-il ? ».  

 

A moi, oui, en tous les cas. 

 

Puis transhumance vers un bistrot à la parisienne, encore un espace retouché, un joli mensonge bien agencé avec du faux vrai pour faire authentique. Pas d'accordéon dans les baffles mais de l'électro : Its you again - Lee Foos meets Robert - des serveuses aguichantes qui bougent comme sur une scène, tourbillonnent au milieu de confettis de sourires tout en ayant l'air d'être très professionnellement à l'œuvre. Le vrai, le faux se dispute l'entre deux. Avec vigueur. Les people arrivent par équipage de quatre, cinq. « On pourrait déboucher le vin ? » demande mon voisin. « Non, dit la serveuse avec un sourire élastique, le patron souhaiterait qu'on attende que tous soient là ». Le bonheur de Vincent nous rend heureux et étend sa contagion. On annonce : « Le vin est offert par Vincent, le menu lui, concocté par le patron, vous sera facturé 35 francs… ». Et là, tonnerre de Dieu, la salle comme un seul homme, applaudit. 

 

Je m'adresse à moi-même un sourire stupéfait : applaudir quand on vous annonce le prix d'un menu dans un restaurant est pour moi une expérience nouvelle.

[Francis Traunig]

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