GE - Une photo par jour

Rangoon - 16 heures 17

Elle est le qui vive 

Le grillon qui stridule 

 

J'ai le goût de son cœur sur le bout de la langue 

 

…  

 

 

« Would you like something to drink Sir ? Sir ? » 

 

 

L'hôtesse m'arrache à ma rêverie, dix mille mètres au-dessus du golfe du Bengale.  

 

Je ne peux me défaire de la troublante gravité d'Amira lorsqu'elle me remit, juste avant mon départ, une enveloppe adressée à une P.O. Box en Suède - me faisant promettre de la poster immédiatement à mon arrivée à Zurich. Me revient notre conversation (dans un Starbucks - moi qui ai juré de n'y jamais mettre les pieds) au sujet de Wikileaks. Je lui fis savoir que je me méfiais des médias, de leurs croisades au nom de la transparence. Que n'importe qui, aujourd'hui pouvait produire de l'information et la diffuser sur le net. Bref que rien, même oblitéré par de vertueux journaux, ne garantissait l'authenticité d'une source. La CIA elle-même, pouvait manipuler Julian Assange, lui fournir des documents tronqués et tous nous rouler dans la farine… 

 

« With ice, the Bitter Lemon ? »  

 

« No thanks ! » la glace m'attend chez moi, me murmure-je à moi-même. 

 

Je replonge alors dans l'édition du New York Times achetée à l'aéroport et relis une seconde fois l'article qui m'a complètement tourneboulé : 

 

« La Birmanie serait en train de construire secrètement, en pleine jungle, une installation destinée à la fabrication d'armes nucléaires, avec l'aide et la collaboration de la Corée du Nord. L'ambassade américaine à Rangoun s'en doute depuis le début des années 2000. C'est ce que révèlent des notes diplomatiques américaines diffusées par WikiLeaks et publiées jeudi à Londres. 

 

Selon les télégrammes, le régime de Pyongyang aurait envoyé ses conseillers aider des ouvriers birmans à bâtir un complexe souterrain en béton armé mesurant 152 mètres de long. Un homme d'affaires étranger cité dans l'une des notes affirme avoir vu une barre d'acier renforcé, trop large pour un usage industriel habituel, chargée dans une barge sur le fleuve Irrawaddy. Il fait état de nombreuses rumeurs relatant la construction d'un réacteur nucléaire. » sources Reuters, NYC T. reprises par le Figaro 

 

Mais le plus bouleversant est l'image qui illustre l'article. Derrière une haie d'officiers supérieurs, de généraux garnis comme des sapins de Noël, se tient, souriant, en civil, Zaven…

[Francis Traunig]

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