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12 – L'AUTRE CHEMIN – Hontanas - Sur le Camino Francès, c'est les flèches jaunes qu'il faut suivre, et là aussi, le chemin est bien indiqué, pas besoin de s'emmerder avec des applications élaborées pour des « pupazzos ».

Du Puy jusqu'à Compostelle, j'ai rencontré énormément de croix en pierre et de fontaines qui dans l'ancien temps étaient considérées comme thérapeutiques, donc sacrées.  

Charlemagne, des évêques et certains « saints » ont ordonné la destruction de très nombreuses pierres et interdit les cultes qui étaient rendus aux pierres et aux sources et quand ce n'était pas possible de détruire ces pierres parce qu'elles étaient trop volumineuses ou que les personnes étaient trop attachées à ces lieux, à ce moment-là, l'Eglise a transformé ces pierres et a fait graver des croix. On a alors assisté à la christianisation de certains lieux païens. 

Ce sont ces gens-là qui ont inventé le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle.  

 

La légende officielle a été créée de toutes pièces aux environs de 9e et 10e siècle. D'abord, il y a ce que dit la Bible : après la mort du Christ, selon les Actes des Apôtres, ses disciples se dispersent pour évangéliser le monde. Jacques le Majeur se charge de la péninsule Ibérique, mais il échoue. De retour à Jérusalem, confronté à la persécution des chrétiens, il est condamné à mort et décapité.  

On ne possède avec certitude que fort peu d'information historique sur l'apôtre Jacques. Nous ne savons rien de ses activités après la Crucifixion ; il n'existe en tout cas aucune mention de sa présence à un moment ou à un autre dans la péninsule Ibérique. Plus les témoignages sont maigres, plus les légendes fleurissent. Ce n'est que plus de cinq cent ans après sa mort qu'on trouve la première mention d'une activité supposée de Jacques comme prédicateur en Espagne.  

 

Or donc, on raconte que l'apôtre saint Jacques, connu comme le Majeur, après la décapitation, les disciples enlèvent le corps pendant la nuit, le mettent sur un vaisseau dépourvu de mât, d'avirons et de gouvernail, montent avec lui à bord et se laissent dériver...  

Les voilà qui, sans voile, sans aviron et sans gouvernail, je le répète, abordent sur les côtes atlantiques de la Galice. Quatre mois de dérive dans un bateau sans voile et sans gouvernail et les voilà qui traversent toute la Méditerranée dans sa grande longueur, passent les Colonnes d'Hercule, au pied du djebel Altar, et remonte toute la côte atlantique d'Ibérie, jusqu'au cap qui finit la terre en Galice. Quel voyage ! 

 

Ils ont couvert au moins neuf mille kilomètres en quatre mois sans aviron et sans gouvernail. Les voilà qui débarquent à l'embouchure du rio Ulla, à l'extrême pointe du pays des Basques. On tire la barque au sec, on pose le cadavre du saint, qui doit être dans un état de décomposition avancé après quatre mois de dérive sur la mer, et on le pose sur une grosse pierre. Premier signe du destin, car voilà-t-il pas que cette pierre se creuse d'elle-même, sous lui, ce qui en fait un sarcophage et second signe du destin, la dernière étoile du Chemin des étoiles, la Voie lactée, choit et vient s'installer sur sa tombe. Et c'est vers ce Campo del Estella que l'on va en pèlerinage sur la tombe de l'apôtre Jacques qui, merveille, s'est trouvé transporté miraculeusement de Judée en Galice, en quatre mois, sans voile, sans aviron et sans gouvernail ! Voilà comment des petits malins ont arrangé gentiment la vérité, tout simplement, à leur profit, pour masquer et détourner une réalité qui ne leur convenait pas !

[Jean-Louis Claude]

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