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HARI ÔM INDIA -54 - 42ème jour de confinement à la Dev Ganga Guest House

LA PARESSE  

 

Il fait chaud, je dirais même plus, l'atmosphère est lourde et humide. Les moindres efforts me font transpirer, cette situation ne se prête pas à réfléchir mais plutôt à paresser. Mais la paresse est-ce un mal ? Je ne le pense pas, la paresse permet le lâcher-prise. En cessant de vouloir tout gérer, nous laissons à la vie la possibilité de nous indiquer un autre chemin, celui auquel on n'aurait pas pensé. 

 

Ce sont les prêtres, les économistes, les moralistes qui sont à l'origine de cet amour absurde du travail. La paresse, dans une société où l'on doit travailler, où l'on doit être actif pour que le système fonctionne serait un vice. Pourquoi le travail serait-il une vertu naturelle et la paresse un vice ? Si la paresse est devenue dans notre civilisation l'ennemie suprême, c'est parce que l'individu qui paresse ne produit ni ne consomme. Alors saoulons-nous à la paresse et méditons sur l'éloge de la paresse avec un petit extrait du cinéaste Jean Renoir qui exhortait le monde à ne rien faire : 

 

« La paresse est une valeur humaine qui est en train de disparaître. C'est fou ce qu'à notre époque les gens peuvent être actifs. Que quelques amis se réunissent le dimanche pour un bon déjeuner, à peine la dernière bouche avalée, il se trouve toujours quelqu'un pour demander : « Alors, qu'est-ce qu'on fait ?» Une espèce d'angoisse bouleverse ses traits tant est grand son désir de faire quelque chose, et il insiste : « Qu'est-ce qu'on fait ? » 

– Mais rien ! ai-je toujours envie de répondre ! Pour l'amour de Dieu, ne faisons rien. Restons un bon après-midi sans rien faire du tout. Ne suffit t'il pas d'être avec de bons amis, de jouer à sentir cet invisible courant qui dans le silence règle les cœurs à la même cadence, de regarder le jour décroître sur les toits, sur la rivière, ou plus simplement sur le coin du trottoir ? 

J'exagère sans doute. C'est que j'aime tant la paresse, mais la vraie paresse, consciente, intégrale, que je voudrais bien lui trouver toutes les bonnes vertus. Bien sûr elle est comme toutes les bonnes choses, comme le vin, comme l'amour, il faut la pratiquer avec modération. Mais croyez-moi, la terre ne tournerait pas moins rond si ses habitants avaient le courage de se forcer chaque semaine à rester quelques heures bien tranquilles, sans occupation apparente, à guetter les signaux invisibles et puissants que vous adresse le monde vaste et généreux. »

[Jean-Louis Claude]

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