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Symi – Mercouri, le patron de la taverne « To Steno » est certainement le tavernier le plus sympa de toutes les îles de la mer Egée.

Sur la petite île de Symi, la découverte la plus surprenante c'est sans doute la taverne « To Steno ». Mercouri, le patron, est sans conteste le plus sympathique tavernier de toutes les îles grecques de la mer Egée. Sa taverne se trouve dans une petite rue étroite jouxtant le port de Symi. On y est accueilli par des airs de Brassens. Dans une charmante cour ombragée, recouverte de feuillages, décorées de peintures et de sculptures issues tout droit de l'art naïf populaire, on ne peut ne pas s'arrêter et s'installer sur de charmantes tables, toutes peintes de thèmes inspirer de la mer et des îles grecques. La cuisine aux saveurs typiquement grecques, provient du potager de la ferme de Mercouri. « Mes tomates puisent leur nourriture dans la terre, mes chèvres bouffent mes tomates, moi je bouffe mes chèvres et la terre me bouffera à ma mort, c'est la vie». 

 

Le touriste de masse boude la taverne To Steno (et c'est tant mieux), la plupart de ces homos touristicus vont s'installer dans les restaurants « traditionnelles » qui bordent le port. Ces Teutons et Teutonnes en short, débordant de graisse, retrouvent d'autres touristes qu'ils lorgnent d'un œil dédaigneux en attendant qu'il se passe quelque chose. Mais comme il ne se passe rien, alors ils sortent leurs smartphones et s'en vont consulter les mondes merveilleux de « Facebook » et des réseaux sociaux. Ils fréquentent plus des lieux où l'on se « mate », où l'on donne l'impression de s'emmerder, avant de trotter à nouveau derrière leur fanion rouge tenu par un guide qui, selon l'agence, leur a promis de l'«authenticité». Ils colonisent les places et les rues pittoresques : dénaturant les lieux qui autrefois étaient authentiques, et qui aujourd'hui, sont parsemées de boutiques vendant tous les mêmes babioles que l'on retrouve partout sur toutes les îles grecques.  

Vers la fin de la journée, le troupeau embarquera sur un bateau qui les ramènera à Rhodes, dans leurs clapiers à touristes. Vade retro touristas ! 

 

Avant même de prendre la commande, Mercouri arrive avec un plateau garni de petits verres de raki, une eau-de-vie parfumée à l'anis, vous souhaitant la bienvenue dans sa taverne et après avoir fait « iamas », on s'enfile d'un trait ce délice alcoolisé. Ensuite il vous décrit chaque plat de sa carte, un vrai poème. On est obligé de lui faire confiance. Ayant goûté une dizaine de plats au cours de notre bref séjour, on n'est pas déçu, un vrai festival pour les papilles gustatives. De la vrai cuisine grecque. Mercouri ne peut s'empêcher de venir s'informer à tout moment si l'assiette vous a convenu, en ajoutant à chaque fois un petit mot avec une pointe d'humour. 

Les soirées à la taverne, c'est un vrai théâtre, on ne s'ennuie pas une minute. Vous êtes accueillis par un ami musicien de Mercouri qui joue de l'orgue et chante des chansons populaires tirées du répertoire de la musique grecque. Entre chaque commande, Mercouri vient accompagner son ami avec sa guitare. Le duo vous transporte dans leur univers, la magie s'opère, l'ouzo, le raki, et le petit rosé réveillent en vous des images de « Zorba le grec », vous êtes aux anges. Les clients de la taverne sont tous branchés sur la même longueur d'onde. On tape dans les mains, on chante, on rit, on est heureux de partager ce joyeux moment de convivialité. Un couple de Suédois passant par hasard s'arrête devant le tableau des mets, les clients de la taverne les interpellent, Mercouri arrête de jouer, les invite à venir s'installer, va chercher le raki et trinque avec les nouveaux venus. La fille à son anniversaire. Les lumières s'éteignent, et soudain une musique grecque résonne dans la nuit, c'est une chanson d'anniversaire, Mercouri sort de sa cuisine avec un minuscule gâteau sur lequel il a allumé une bougie. Tout le monde se met à chanter « joyeux anniversaire ». La fille souffle la bougie, Mercouri va chercher une petite bouteille de raki et l'offre au couple qui visiblement ne s'attendait pas à ce geste de générosité. La soirée se terminera tard dans la nuit, tout le monde s'en va se coucher, des images plein la tête, avec l'impression d'avoir passé une soirée exceptionnelle, mais pour Mercouri, ce n'est pas exceptionnel, c'est normal, c'est tous les jours la fête et ce qui est fabuleux avec lui c'est qu'il ne se force pas, c'est sa nature 

 

Il y a six ans, Mercouri était manager dans une grande société. La crise grecque est passé par là. Il a décidé de quitter Athènes, de plaquer son métier de fou, et de revenir s'installer dans son île pour y ouvrir cette petite taverne. Il ne regrette pas une minute ce choix.  

 

Ce matin, avant de partir pour prendre le bateau pour Rhodes, nous passons à la taverne pour dire au revoir à Mercouri. Nous prenons le petit déjeuner. Au moment de payer, il nous dit que c'est offert, c'est la maison qui paye. Ce mec est unique et incroyable ! 

 

Alors si un jour vous passez à Symi, arrêtez-vous à la taverne « To Steno »....

[Jean-Louis Claude]

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