GE - Une photo par jour

Carnet de route d'un UPjiste - Un hiver indien - 41 - L'Inde d'hier dans l'Inde d'aujourd'hui

NE RIEN FAIRE ! 

 

Aujourd'hui le ciel est couvert et brumeux, il pleut sur Rishikesh, un temps excellent pour se consacrer à la lecture. Ne rien faire ! Quel bonheur ! Et dire qu'il y a des gens qui se culpabilisent s'ils ne font rien. C'est justement là le piège, car quand ils courent dans ce monde d'abrutis, stressés par l'inutile, quand ils mènent une vie trop remplie d'occupations, comment peuvent-ils devenir des êtres libérés spirituellement, comment peuvent-ils trouver un peu de Paix intérieure ?  

 

Au fil des siècles, l'homme a élaboré des systèmes politiques et religieux, édicté des lois, conçus des pratiques commerciales, des méthodes d'éducations afin de prendre en charge les enfants dès leur plus jeune âge. Nous avons fait des découvertes scientifiques et technologiques pour enfin compte bâtir une prison faite de préjugés, de credo politiques, de doctrines religieuses, de nationalisme qui ont divisé le monde. Ils ont rendus les hommes esclaves du système matérialiste qui les a aveuglés, les empêchant ainsi de prendre conscience de leur véritable identité et du but que chacun doit atteindre dans son existence. Voilà la raison pour laquelle on culpabilise les gens qui ont envie de rien faire où alors de s'arrêter un moment pour réfléchir à la question : « Mais qu'est-ce que moi, petit poisson, je fous au milieu de ces requins ? »  

 

Qui sort du moule dérange la foule ! 

 

Aujourd'hui, la mondialisation est une sorte de moule qu'une poigné d'individus cupides et malsains ont fabriqué pour y couler hommes et femmes de toutes les nations dans le but d'en faire des marionnettes numérotées, dépendantes d'un système politique, financier et religieux qui travaillent main dans la main, dans le seul but de s'enrichir et de dominer le monde. Le capitalisme est la nouvelle religion de notre planète, avec son temple à Wall Street où l'on vénère le dieu « Dollars ». Plus nous allons de l'avant plus nous sommes étranglés par ce dieu de la finance qui nous étouffe, nous empêchant de vivre une vie saine et libre.  

Malheureusement beaucoup de personnes honnêtes et respectables sont prisonnières de ce système pourri jusqu'à la moelle. Si elles veulent gagner correctement leur vie, elles n'ont d'autre choix dans leur activité professionnelle que de vendre leur âme au diable. Le nazi Adolf Eichmann disait pour se justifier de tous ces crimes qu'il n'y qu'à « obéir aux ordres », ou « faire ce qu'exige le système », comme d'autres l'affirment aujourd'hui, en se pliant aux pratiques barbares de ces crétins de financiers de Wall Street. 

Le slogan favori de tous ces guignols, aidés par ces lèches-cul de politiciens, proclamant que la propriété privée, la libéralisation des marchés, le libre-échange sont des libertés fondamentales, ne font en réalité que traduire la liberté de la classe qu'ils représentent d'exploiter le travail d'autrui, de déposséder les populations de leurs biens communs et de piller l'environnement à leur profit.  

La Liberté ne se trouve pas dans l'obscurité, ni dans les palais brumeux de nos gouvernements, ni dans les gratte-ciels des institutions financières nauséabondes et encore moins dans nos temples et églises dogmatiques dont les enseignements religieux pourraient permettre à l'homme de se libéré, mais qui, au contraire, sont devenus le pire ennemie de cette liberté. Au lieu d'être libéré par une vision de la Vérité et de l'Infini dans la religion, l'imagination craintive, pusillanime et ratatinée des masses est devenue captive de la bigoterie. À n'avoir comme religion que le ventre et comme dieux les plaisirs du système de consommation, ne va pas nous sortir du pétrin dans lequel nous avons plongé.  

 

« Le capitalisme est le racket légitime organisé par la classe dominante » 

Al Capone 

 

Profitant d'un moment d'accalmie, je m'en vais retrouver l'ami Victor pour boire un Chai et manger des petits gâteaux à la noix de coco. À peine arrivé au petit Teashop, le ciel se fait de plus en plus menaçant. Quelques gouttes de pluie commencent à tomber. Avec des pèlerins indiens nous nous abritons sous la bâche tendue entre l'arbre du Teashop et un poteau électrique. Elle est percée de partout, chacun se place d'une manière à éviter les filets d'eau qui suintent formant des flaques qui commencent à rendre le sol boueux. Un vent violent, soufflant par bourrasque, se met à gémir entre les arbres et les buissons qui nous entourent. Soudain un énorme fracas retenti, le tonnerre vient de tomber à une centaine de mètres. Apparemment ça n'a pas l'air d'effrayer les indiens. La bâche se remplie d'eau et menace de s'effondrer. Mais le ciel n'a pas dit son dernier mot, des grêlons plus gros que des petits pois se mettent à tomber provocant un léger vent de panique parmi nos pèlerins. Ils s'emparent des chaises en plastique pour s'abriter et courent se réfugier dans un autre abri qui se trouve vingt mètre plus bas, qui a l'air plus résistant que le précédent. Avec Victor, nous décidons de les rejoindre. Le spectacle de la grêle qui se fracassent tout autour de nous amusent les indiens qui n'ont pas l'habitude de voir ce genre de phénomène. Il n'y a plus qu'à attendre que les éléments de cette nature déchainée se calment, avant de rejoindre Ram Jhula où, sur la terrasse d'un petit restaurant dominant le Gange, nous irons déguster un Thali, plat typiquement indien qui réchauffe l'estomac. Quelle belle journée que ce ciel mouvementé nous a offert, ça change de ces ciels bleus !

[Jean-Louis Claude]

Envoyer un commentaire