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Carnet de route d'un UPjiste - Un hiver indien - 32 - Maman langur et son bébé, singe à face noire et à longue queue

LE REGNE ANIMAL 

 

Je ne me lasse pas d'observer les animaux qui vivent avec les humains aux abords du Gange. Trois groupes cohabitent ensemble est vivent avec des codes bien précis. Il y a d'abord les vaches aux yeux doux, pacifiques, qui déambulent tranquillement aux alentours des temples et qui appartiennent à des ashrams qui les nourrissent et les vénèrent en temps qu'animaux sacrés. Les chiens errants, qui n'ont pas de maîtres et qui vivent en bande, qui ont un chef auquel ils se soumettent. Chaque bande à un territoire précis, qu'ils défendent et qui peut parfois se transformer en une lutte à mort si un chien d'une autre bande essayerait de s'en emparer ou alors de draguer les chiennes du clan. La dernière catégorie, ce sont les singes, les langurs à gueule noir et longue queue et les macaques rhésus à face et derrière rouge. Leurs comportements entre eux me captivent, car je trouve qu'ils sont presque plus humains que certains bipèdes à grande gueule qui se considèrent comme civilisés et qui se croient supérieurs aux lois de la Nature.  

 

Les animaux respectent la nature et en observant leur comportement on peut même dire qu'ils lui rendent hommage. L'adoration du soleil levant et du soleil couchant est un fait commun chez les oiseaux et autres animaux. Le soleil est leur Dieu. Aussi, dès que va paraître le Maître du Jour, les aigles se mettent à tournoyer dans le ciel de l'Orient ; les singes s'immobilisent, silencieux au sommet des arbres ; les écureuils eux-mêmes interrompent leur éternelle chasse aux noix et restent tout tranquille sur leur branche jusqu'à ce que la venue de la lumière soit chose accomplie. Ils observent de la même façon le coucher du soleil. Le sentiment religieux est aussi nécessaire à l'homme qu'à ses frères cadets les animaux, ces âmes privées de la parole, mais dont le silence est plus éloquent que les discours humains. 

 

Les hommes ont beaucoup appris des animaux, observant leur comportement, en constatant combien ceux-ci étaient proches des arbres, des végétaux et des éléments. Les animaux s'éloignent des zones menacées souvent bien avant que le danger n'apparaisse. Ils pressentent aussi les changements climatiques bien avant qu'ils ne deviennent visibles dans le ciel. Ces constatations permettaient à l'homme d'acquérir dans une certaine mesure les facultés de l'animal et d'élargir ainsi son propre champ de conscience. Il accueillait beaucoup d'informations sur les plantes médicinales en observant les animaux soigner leurs blessures ou leurs maladies avec certaines herbes qui s'avéraient tout aussi efficaces chez l'être humain. 

 

« Si un homme essaie de s'élever et de se distinguer en bousculant et en piétinant les autres, s'il essaie de parvenir à un succès dans lequel il s'enorgueillit d'être plus que quiconque, il s'aliène cet Esprit. C'est pourquoi les Upanishads désignent ceux qui sont parvenus au but de la vie humaine comme « paisibles » et « un avec Dieu », entendant par là qu'ils sont en parfaite harmonie avec l'homme et la nature, et par conséquence dans une union avec Dieu que rien ne peut troubler. » 

Rabindranâth Tagore

[Jean-Louis Claude]

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