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Danseurs, comédiens, musiciens: le talent n'éclipse pas le charme à l'école atelier Rudra-Béjart.
C'était mon témoin de mariage et ... croyez-moi si vous voulez: il est né à Lourdes un 24 décembre.
La réalité se chorégraphie d'elle-même.
Je flirte avec le hasard,
je danse avec, je vais le chercher.
Il est le bienvenu,
il est là et ce n'est pas moi.
Christian Lutz: "Aux dépens du réel"
Superbe ouvrage photographique, avec exposition à la librairie Archigraphie aux Halles de l'Ile
Lyon ... only, ça justifie la prise de vue non ? Me tiens prêt avec mon argument, au cas où...
En France, on ne plaisante avec le droit de l'image: depuis la mort de Lady Diana, les paparazzi du réel ont la vie dure
...lisais dans le Temps un article au sujet du dernier essai de Nancy Huston, Nancy Huston dont La Virevolte, invariablement, me revient à l'esprit à chaque fois qu'elle ou un de ses livres se placent en travers de mon quotidien. Ce livre m'avait marqué, mais j'en garde un souvenir diffus, c'est marrant, je le conseille souvent mais ne sais plus vraiment pourquoi. Mais reste accroché à ma mémoire défaillante le souvenir de cette mère qui doit choisir entre son art et sa famille, et finalement la quitte avec une photo de ses enfants dans son sac à main, j'en étais donc resté, dans le Temps, à une question d'Anna Lietti posée à l'essayiste :
-La beauté des femmes est une agression pour les hommes écrivez-vous.
-Milan Kundera parle très bien de cela dans ses livres de jeunesse, cette rage des hommes contre les femmes. Pourquoi ?...
A ce moment là, un moustique me nargue, virevolte, danse devant mon nez, mais je reprends ma lecture :
-Parce qu'elle mettent en échec leur besoin de maîtrise : elle détiennent en quelque sorte la télécommande de leur sexe.
Le moustique s'est posé sur le papier journal, en plein sur l'interview, juste en dessous du portrait de Huston, d'ailleurs toujours le même depuis des années ( sacrée coquette !) alors, d'un coup sec, je referme le Temps, et prive l'insecte du sien, de son temps terrestre, même si une patte encore frétille, je mets ça sur le compte des nerfs, sans savoir vraiment si un moustique à des nerfs.
Je laisse alors Lietti et Huston s'interroger sur les hommes, pour m'interroger sur l'échec de mon manque de maîtrise face à un insecte, une femelle, c'est sûr, (les moustiques mâles ne piquent pas, elles pompent le sang pour nourrir leurs petits), une femelle qui n'avait d'autre choix pour la survie de son espèce que celui de m'enfoncer son dard dans la chair.
L'instinct ! ne pas le sous-estimer....
Ps: j'ai un doute, est-ce que c'est vraiment un moustique? femelle?
Une Stroumphette vogue sur la voie du bus et nous fait rire, mais sitôt le rire évanoui, je repense à M. croisé une heure auparavant qui me racontait devoir vivre en empruntant de l'argent à qui lui fait encore confiance, parfois n'ayant pas plus de trois cents francs pour passer le mois.
« Quand j'étais petit je voulais rester petit. Maintenant j'ai peur quand les choses changent. Moi, des phobies, non, c'est les autres qui en ont, c'est ça en fait qui me dérange, les phobies des autres. La disparition des valeurs aussi, autour de moi il y a des gens qui crachent par terre, volent dans les magasins, de toutes jeunes filles se prostituent à l'école. Plus personne ne respecte rien. Les villes sont polluées, les glaciers fondent. Il faudrait remettre de l'ordre, que chacun soit à sa place, s'y tienne et, sinon, remis à l'ordre, avec force s'il le faut. Oui, pour le bien de tous, pourquoi ne pas enfermer ceux qui sont contre l'ordre, le bien être général.... »
Pensa-t-il avant de balancer le disque sur le trottoir. Les trente neuf francs qu'il avait dépensé ne valaient vraiment pas ce que le vendeur lui avait tenu comme discours au sujet de ce CD. Il s'était fait avoir une fois de plus...
Quoi dans la tête de chacun ?
Même dans la mienne, des fois, je ne sais pas.
Il est trois heures du matin. Avec sa lampe de poche, il scrute le magasin désert, circule entre les étages. A un peu plus de vingt ans, c'est comme Securitas, en travaillant la nuit, qu'il gagne son argent pour compléter ses études. Pas de portable ni GPS à l'époque. Il doit enfiler une petite clef suspendue derrière un radiateur dans un appareil qu'il porte sur lui pour valider son passage. Il dort parfois une demi-heure, avant de monter à l'étage suivant. Une nuit, pareille aux précédentes, il s'engage sur l'escalator immobilisé, arrive au quatrième quand tout à coup un rugissement déchire le silence. Il se trouve nez à nez avec un lion.
Il ne rêve pas. Le faisceau de sa torche fait briller les yeux du fauve. Il dévale alors l'escalator, terrifié d'être poursuivi par l'animal, se réfugie dans un bureau et téléphone à la centrale. Un lion, un lion se promène au quatrième étage du magasin...
Nous sommes aux Epis d'Or, au centre de Genève.
La voix au téléphone lui demande de retrouver son calme : n'avait-il pas lu la note déposée dans son casier qui annonçait la présence d'un lion en cage dans le grand magasin ?
Il n'avait pas lu la note par insouciance, ni vu la cage par terreur... il n'avait vu que le lion et en parle encore 45 ans plus tard.
....une impulsion subite, qui sait seulement de quelles profondeurs elle a jailli, commande à Niels de s'exposer à la pluie. Se bousculent et s'emmêlent alors au fond de mon crâne, Manaus, la capitale de l'Amazonie et Holbein, le grand peintre de la Renaissance. Manaus parce que ce déferlement diluvien sous lequel s'expose Niels me renvoie dans le souvenir d'une scène identique, inoubliée. Et Holbein à cause de son art subtil du Memento Mori qu'il place dans ses toiles.
Le crâne est là, sur le coton mouillé. Souviens-toi que tu mourras ! nous murmure-t-il en souriant. Et le vase de fleurs, qui symbolise dans la peinture l'instant bourgeonnant, c'est la pluie.
Car bien vite on est sec.
Fin de journée sur le Lavaux, l'air est frais, une odeur de terre mouillée règne dans l'atmosphère, le lac semble infini. Le Lavaux déploie sa magie et sa grandeur.
Après 5 semaines à évoluer au cÅ“ur du monde de l'image, retour à mon activité en col blanc. Plus bureaucratique, plus terne, plus sérieuse. Fin de journée nostalgique, je sors de ma coquille, je rejoins « une par jour ». Comme une piqûre de rappel journalière pour ramener mon esprit à un monde plus créatif, plus coloré, plus imagé.
Rencontre improbable entre mon filleul, sa sœur et deux cousines Danoises tout droit sorties d'un catalogue Svane Køkkenet.
la tristesse est un des trucs les plus douceâtrement brûlant de ta foutue vie
alors arrête de courir après le bonheur comme le lévrier crétin après le lièvre mécanique !