GE
Shoot ! Je me demande si les photographes ferment aussi les yeux à l'instant décisif.
Shoot ! Je me demande si les photographes ferment aussi les yeux à l'instant décisif.
Suite de l'expo de Ria van Dijk, Néerlandaise de 92 ans, qui s'est prise au jeu du tir photographique dès l'âge de 16 ans jusqu'en 2007 à la foire de son village de Tilburg. La série de ses 62 autoportraits est saisissante.
J'essaye de comprendre pourquoi les lingots de 1 kg pèsent en réalité 999,9 grammes. Mine de rien, cet écart minime vaut son pesant d'or quand on traite des quantités de professionnels de l'investissement.
Ca me fait penser à cet informaticien qui avait viré sur son compte les arrondis au centime inférieur des avoirs des clients de sa banque et qui était devenu millionnaire...
J'aime cet intrus qui se lance dans l'eau glacée, clope au bec, au milieu de ces corps qui plongent vers le podium. Il est là mais n'est pas là. Veut participer mais ne pas officialiser sa présence. Se parle sans doute, beaucoup. Ne restera que quelques secondes dans l'eau, avant de retourner à sa solitude.
sauf des non-évènements, genre université d'été, car conçus avant tout pour les médias.
avait ordonné l'ange lors de son apparition dans le cloître
et l'enfant avait obéi
un été voué à ouvrir les écluses intérieures, à laisser les pires émotions inonder la pensée, à les prendre contre la peau et dans les tripes, sans pincettes et au delà de la peur, à s'en remettre à la liturgie douce des paroles, aux serrements entre les bras, au façonnement inlassable des mots, au secouement des pleurs pour finalement passer au travers
finalement déposer "quelque part" quelques images et quelques phrases qu'il soit possible de regarder, pour soi et pour les autres
un de ces "quelque part", c'est uneparjour, épaissi et grandi par votre présence silencieuse, par vos yeux que je sais attentifs derrière le vide insensé du virtuel, parfois frappés d'incompréhension, parfois émus, parfois irrités...
plus loin que mes objections sur la signification de l'art, du beau, de l'intéressant, du réussi, du "à voir absolument", je sais que mes images et vos regards ont servi à quelque chose - et ça c'est pas rien !
la nature est-elle un sublime tableau romantique mis sous nos yeux avec intention par un dieu bienveillant ?
ou peut-être bien...
un réel à l'état brut que mes dieux préférés déchaînent avec de superbes violences, belles ou mortelles, afin de secouer la vivacité de ma pensée ?
[sacrées conneries à propos du sacré]
le regard de Dieu sur une de ses fragiles créatures, aperçue là-bas au loin sur la terre depuis des hauteurs inimaginables, délicatement nuageuses, le tout agrémenté d'un sourire lumineux et plein de bonté
ou
le regard de Zeus sur une belle mortelle trop désirable, au cours d'un survol de reconnaissance pétaradant, le doigt prêt à déclencher le supershow des éclairs et du tonnerre qui frappe de stupeur et paralyse les réactions
être voyou ou ne pas être voyou, c'est bien toute la question
[sacrées conneries à propos du sacré]
-...non, rien ne va, les affaires ? mauvaises ! pas de touristes, notre franc est trop cher, vous avez vu le dollar ? l'euro ? mais dans quel état elle est notre Suisse… squattée par des mendiants… cette rue, la plus belle de Genève autrefois sent la pisse… on nous casse les vitrines pour nous voler nos couteaux… quel désastre… avoir bossé toute une vie pour en arriver là…
-Photo ?
-Attendez, je pose le balai.
-Non gardez le, ça me plaît bien.
Des clients arrivent, les affaires reprennent.
Sourires.
La nouvelle campagne www.stop-au-bruit.ch pour lutter contre :
-le glapissement des chiens qui attendent leur maître devant les boucheries.
-les beuglements des jeunes qui se moquent des ainés.
-Oum Kalsoum à fond de décibels dans la Peugeot 204 d'un immigré algérien qui frime vitre baissée à un feu rouge et ne démarre pas alors que c'est vert.
-les cris d'hirondelles des enfants dans les préaux.
Eviter aussi, sans doute, que le bruit du bulletin de vote dans l'isoloir qui tombe dans l'urne ne réveille ceux qui dorment devant la télé…
A-t-il aimé être aimé ?
Avait-il des idées radicales ? Etait-ce un humaniste ou un con ?
Etait-il sensible aux formes des nuages ?
Savait-il que l'homme s'en irait marcher un jour sur la lune pendant qu'au même moment, d'autres, pieds nus, s'en allaient au puits chercher de l'eau ?
Savait-il jouir du vent qui décoiffe ?
A-t-il eu peur au moment de mourir ?
Pleuvait-il ce jour là ?
Drastiques chutes de prix - mais où sont partis les acheteurs ?
…discussions passionnées sur la photographie, sur sa disparition physique, sur comment la servir, où la montrer, sur comment assouvir notre besoin d'images en dehors des territoires numériques, etc… lorsque apparaît, Ô bonheur, Ô nostalgie, un photographe préhistorique, un dinosaure, avec en sautoir autour du cou, deux boîtiers argentiques.
Ce n'est pas du flaire mais bien plus un préjugé qui me fait lui demander directement en anglais
-Can I take a picture of you ?
-But of course I will take a picture of you three… et se saisit de mon appareil numérique. Aïkido photographique qui nous laisse sans voix et nous fait sourire.
-I am from Delaware, you know, the home state of former president…
Et disparaît. Et nous laisse confus. Bush, c'est le Texas ? De toute manière qu'importe, Bush is over, fuck him !
Image de l'image de l'ami lointain qui me parle comme s'il était assis à côté de moi.
Je suis ébloui par ces prouesses technologiques auxquelles je suis convié, moi, homme-singe descendu de l'arbre il n'y a pas si longtemps.
On se blase si vite de l'ivresse de la nouveauté qu'il serait diététique de parfois encore s'en étonner, (quitte à risquer la ringardise).
Cette image, tu l'as compris, n'a pas d'intérêt comme image, c'est d'ailleurs un polaroïd, cette image ne raconte pas le lac, ne décrit pas la pratique du ski nautique, cette image réactive un moment heureux passé. Elle dit le bonheur, invoque l'enfance. Elle est le clitoris de la mémoire…
- Tu peux me le recopier à l'ordinateur ? Il n'y a que deux pages...
La Crau (Var)
"Ah Summer, what power you have to make us suffer and like it." R Baker