GE
« Dormir.
Les sommes nocturnes révèlent
la somme des mystères des hommes.
Je vous somme, sommeils, de
m'étonner
et de tonner. » Robert Desnos
que celle des canaux de Venise…
une tortue tropicale aurait-elle pondu sur le parking pendant la nuit?
maintenant qu'on est "débarrassé" des fêtes!
Sur le dos renversé des montagnes blanches, se côtoient deux armées qui ne savent rien l'une de l'autre. L'une est mécaniquement organisée, arrime les cimes aux vallées avec des multitudes de câbles, s'y transporte en hordes, qui, une fois aux sommets les dévalent pour recommencer inlassablement. Ces soldats conquièrent tout l'espace, le balisent, le colonisent, plantent des antennes sur les plus hauts rochers, qu'ils encerclent avec leurs avions et leurs hélicoptères. Ce sont les soldats-skieurs.
La seconde armée est en route depuis des millénaires. Elle chevauche les vallons, traverse les rivières en courbant l'échine sous les ciseaux géants des éclairs. Avec plus d'obstination que Grace de Monaco à l'assaut de son rocher, avec la volonté du cristal qui concentre en lui le soleil en un seul point, elle chemine silencieuse vers les hauteurs. C'est l'armée des sapins noirs. Lugubres la nuit comme des cormorans mazoutés, les sapins-soldats tendent leurs bras chargés de pives qu'ils jettent alentour quand les tempêtes les ébouriffe. Alors parfois c'est un mètre de pris à la pente sur deux mille pives larguées. Un mètre en cinquante ans.
Alors ? Sapins, skieurs, que savent-ils de leurs parallèles conquêtes ? Aussi peu de choses, peut-être, que la sardine sait du monde des blaireaux !
-Please mon chat, ne traverse pas la voie. Please dont ! Please…
-Tu me fait chier, tu m'emmerdes, en plus devant tout le monde, sur un quai de gare, C'est quoi ça ? C'est quoi ça … ?
Avec une souveraine indifférence, le chat, la trentaine, une bonne centaine de kilos, pose ses deux valises, sort son E-phone et le considère en fumant une cigarette.
Elle, sans doute la belle mère, sèche comme un chips, enveloppée dans une doudoune Montcler, remballe vite son désarroi, et offre un very big smile a tous les gens qui attendent le train… et s'en foutent.
Là, sous les sapins, Polansky, bracelet au poignet, lit peut-être le journal sous l'œil joliment soyeux et attendri de sa femme, probablement dévouée corps et âme. Il lit peut-être le dossier de Charly Hebdo sur : INJURES, savoir-vivre et code pénal. Eclate d'un rire contagieux, peut-être, en apprenant que Christophe Birot a été condamné à un mois de prison ferme pour avoir dit : « Retourne en Chine espèce de Hongrois » à Sarkozy le 31 janvier 2004. Il se dit, alors, peut-être ? : « Un mois de tôle pour si peu ? C'est cher payé, sans même avoir pris son pied.» Mais peut-être qu'il ne se le dit pas. Peut-être qu'il a d'autres soucis. Et que sa femme soyeuse et attendrie lui fait la gueule parce qu'elle est coincée dans son mazot étriqué. Alors, il me semble la voir à la fenêtre qui me regarde. Je lui souris et dévale la pente et écrit dans la poudre avec mes skis : ELLE EST BELLE LA … mais n'arrive pas à finir ma phrase.
Juliette renifle la couverture des œuvres complètes de …éditées à la Pléïade. Considère le titre imprimé sur pleine peau, doré à l'or fin 23 carats.
-Sont nulos. A l'or ! Ben quand t'auras plus de thunes, t'auras qu'à gratter les titres de tes bouquins…
Il décroche le prix Nobel, ses livres se vendent comme des petits pains, son éditeur jubile, cartonne et le tue au volant de sa voiture. Absurde fin pour le philosophe de l'Absurde.
55 francs pour monter, descendre, monter, descendre, monter, descendre : L'absurde naît de la confrontation de l'appel de la pente avec la volupté déraisonnable de s'y laisser glisser, et recommencer… dirait Sisyphe.
Une femme, lisse comme un plan de travail de cuisine Bulthaupt, porte un manteau de fourrure. Elle s'épile pour se recouvrir de poils…
Un homme, Blancpain au poignet, considère l'heure à l'horloge de la gare.
Impossible de s'étendre davantage sur ces galets carrés
Puerto Santiago de La Gomera de las canarias
Aube narquoise sur port de rêve
Soudain, elle se mit à danser face au lac et aux montagnes. Je n'eu plus froid.
Paolo voulait être discret sur son employeur. Mais l'informaticien en charge de produire les badges pour la conférence était formel: on ne pouvait laisser le champ libre. Paolo avait alors opté pour remettre son propre nom dans la case dévolue à l'employeur.
Paolo cherchait à mettre le photographe à l'aise en lui racontant qu'il se sentait un peu comme ces gardes suisses qui jurent loyauté au Souverain Pontife, offrant leur vie pour sa défense, si nécessaire.
Paolo est mort hier, emporté par une avalanche à Bruson en Valais.
Je la prends cette photo?
J'hésite. Tout en la regardant traverser du coin de l'oeil.
Allez … va pour immortaliser la mère Noël.
Puis après je traverse.
Vite, car le feu ne dure pas longtemps.
Mince, il fait quoi l'auto-focus ? Il est gelé ou quoi ?
S'il n'avait pas été aussi lent, je me serais élancé et … j'aurais peut-être réalisé un peu tard que le feu pour Mère Noel était en fait de la même couleur que son bonnet.
Pour continuer la série étymologique initiée le 23 décembre dernier, on pourrait dire que le photobibliographe est celui qui écrit avec la lumière … des livres.
Une chaîne de Télévision qui diffuse des films chinois avec sous-titres en mandarin ? Pas de doute, le canard sera de la meilleure laque.
Une machine à café nommée "Francis Francis! " est forcément (dans le ) rouge.
… dans un quartier arabe, derrière une gare, là où on te dit justement de ne pas aller !
dans les mondes de pauvres, le pain est savoureux, la lumière brillante, le café brûlant, les enfants bruyants, les paroles chaudes…
bien sûr, si tu es habitué à donner des ordres à tes secrétaires, et que tu utilises cette même voix ici, tu te prendras peut-être bien un cran d'arrêt dans le cul - normal, non ?
[… et touchant avec mes mains les paysages, les lieux et les gens …]
je ne sentirais aucune lumière dans la froide disparition du jour - même les visages seraient juste "réels"
Hahaha
C'est vrai que ca fait tout de suite bisarre quand on ne voit pas qu'elles sont en train de faire un jeu vidéo :)
"J'ai travaillé trente-neuf ans comme cantonnier. Je ne déjeunais pas, je prenais un demi que je descendais à 9 heures, il m'a toujours laissé bien.
Les vins importés sont dix fois moins sérieux. J'ai connu des gens qui prenaient des litres de ce vin d'épicerie, ils n'avaient pas de vignes et disaient que le nôtre est trop cher. Ils sont tous morts!" (Louis Besse, Bruson, Bagnes,1993)
Aujourd'hui c'est la Saint Télesphore, ancien pape, d'origine grecque, mort en 136, Patron des doryphores et Saint Protecteur des amphores. (de Samos)
"Â la Saint Télesphore
Débouche une amphore."
Lieu de pèlerinage traditionnel des femmes stériles et des filles en quête d'un mari, l'ermitage de Longeborgne remonte au XVIe siècle.
Pèlerin d'un jour, j'ai emprunté le sentier qui serpente le long d'une falaise menant à l'ermitage, priant Saint Antoine de remplir mon porte-monnaie stéril.
On évoque Saint Antoine spécialement pour retrouver les objets perdus.
- Saint Antoine, j'ai perdu mes actions Madoff à l'UBS, fait que je retrouve mon capital !
Il faut croquer la pomme quand elle est mûre, juteuse et bien en chair.
37 degrés selon les trottoirs, bien plus selon les observateurs, le ciel est blanc de chaleur humide et les ombres collent et la touffeur de la journée est telle que l'histoire ne tient plus d'aucun projet mais de désirs.
Lorsque que par paresse l'eau ne monte plus aux branches des robiniers, les fleurs se laissent tomber vers ce qui reste de source au sol, c'est une chute d'espoir sur le trottoir et c'est un mauve qui s'étale alors qu'il se croyait sauve.
Les phrases toute faites, les formules irréfléchies servies dans les magnifiques introductions ou balancées dans dans le peu des fins, dans la gêne comme dans l'habitude, tous ces mots faciles et ces tics de verbes, mais qui se souvient encore des histoires invraisemblables d'où ils débarquent, de ses moments uniques qu'il aura bien fallu une fois commencer à dire?
Dès le début, il y a moins de deux ans, nous avions élaboré ce projet, et nous sommes partis alors, sans réfléchir à tout, chacun persuadé que l'autre savait, tout, précisément, et puis non, on ne sait jamais tout et alors nous avons traversé, bien sûr, quelques difficultés, et voilà maintenant que tout ce qui devait se faire, alors, était fait, que tout était dit exceptée une petite chose à répéter de l'autre côté.
160 photographies constituent un ligne ininterrompue à travers toutes les chicanes de l'espace, frise et phrase de mon vertige des réserves, suite d'escales où le monde s'ouvre si l'on s'y arrête ou se ferme si on le survol.
Premier épisode, et portègne, de l'année dans ce chant lancé le 6 mars 2009 et murmuré depuis tous les vendredi.
C'est plus loin et un peu plus tard, en sortant du canal pour déboucher véritablement sur le Rio de la Plata, en croisant au loin les cargos de la Grimaldi, ceux du rocher, que je réalise pleinement que l'histoire de l'art n'est qu'une histoire.
Traverse le grand hall froid
Portée par ma musique intérieure,
Chaque note m'élève un peu plus,
Je ne comprends pas comment
Les gens ne voient pas
Que je danse
A chaque pas
Tourne sur moi même
Sur la pointe des pieds
Mes bras me portent
J'ai l'impression de brûler
De voler.
Je vole.
Les gens passent,
Ne m'accordent pas un regard
Ne voient que mes pieds se posant sagement
L'un devant l'autre.
Comment peut-on être
Aussi aveugle?