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10 avril 1998 17 h, le ciel s'obscurcit d'une bande indécise, on signale une dépression au dessus de l'Atlantique
pas l'heure du cuba libre, l'heure et la saloperie de temps pour un chocolat chaud, effluves de cacao dans la boite de métal rouillé
celles écÅ?urantes du lait trop gras, rituel infantilo-magique auquel tu te livres, poétique des gestes culinaires
l'amer extra-noir commençe à attacher dans la casserole, pas de bateau en vue, chez les voisins, les enfants rentrent de l'école, fin de la journée
des journées entières dans ce bordel indestructible, le chocolat a refroidi, la peau envahit la tasse, courrier, cuba libre, téléphone
6- la veuve déglinguée voleuse d'amour, la vieille fille miséricordieuse offreuse de petite culotte d'un film culte de John Huston
pas d'autre issue, mort pas trop naturelle, définitivement orpheline depuis six jours, deux cuba libre
11 avril 1998 16 h, halls de gare, trains régionaux, petites rencontres ont sa préférence le reste du temps
un homme dort, les yeux gris sous le masque, belle figure, entier en lui même, désirable
hiérophanie ambulante, un pigeon unijambiste sur le quai, miettes de panini et de biscuits écrasés, regard insondable autour de lui
qu'est-ce que ce solal pouvait bien aller faire à lourdes, détrompez-vous, personne n'échappe à la loi
11 avril 1998 22 h, peur, jamais vu de cadavre de six jours, ne me souviens même plus de son visage.
j'ai 37 ans je suis veuve, le chat et moi, on a cassé la tasse, mais pas la soucoupe