GE
... et laisse vivre les choses ...
Liberté pour la nature ! Liberté pour les choses !
[avec nina]
Etrangement silencieuse, cette femme que les autres évangélistes présentent comme une femme passionnée, troublante, excessive en ses gestes, entière en sa contemplation. Si elle ne parle pas, en revanche elle déborde de larmes, de parfums, de caresses, tout son corps est houle et flamme et frisson.
Il demeure que ce silence nous interroge. Tout lecteur attentif et intuitif des évangiles officiels se voit obligé de se poser la question : Si cette femme considérable se tait, est-ce parce qu'elle a trop à dire ? Parce que ses propos voire son enseignement paraissent insupportables aux apôtres masculins et qu'ils choquent les usages contemporains ? Ainsi, on aurait veillé dès la rédaction des évangiles à minutieusement expurger toute parole rebelle, toute voix non conforme...
Cette Marie-Madeleine devient muette en même temps que pécheresse : c'est le sort qui accable, bien avant elle, Myriam la sœur de Moïse devenue soudainement lépreuse pour avoir élevée la voix. Les siècles passent, les hommes continuent de se dire les seuls interprètes de Dieu et les femmes qui osent prétendre à une quelconque connaissance spirituelle sont aussitôt châtiées ou bâillonnées, considérées comme folles ou bien sorcières.
La maison forte de Reignac n'est pas seulement un puissant repaire accroché à flanc de falaise, mais le centre d'un domaine où le seigneur des lieux vit entouré de sa famille et de ses gens de maison. Il exerce son pouvoir et juge sur ses terres les délits mineurs. Le droit de haute et basse justice était exercé par le seigneur de la cité troglodytique de La Roque-Saint-Christophe. Jaquemet de Reignac en sera le seigneur le plus cruel.
Les fortifications sont suffisantes pour résister aux coups de main de bandes de brigands, pillards, preneurs d'otages, écorcheurs, mais ne sauraient tenir tête longtemps à une véritable armée, bien que l'attaque ne puisse être que frontale, de plus sa situation si particulière en hauteur et abritée sous falaise lui assure avec ses douze bouches à feu, sa bretèche et ses assommoirs, une puissance de tir redoutable.
Jaquemet de Reignac aurait une grande part d'ombre, on le surnomme « bouc de Reignac » en raison de sa cruauté. Eugène Le Roy dans son « Jacquou le Croquant » y fait allusion. Le lieu est réputé hanté et attire l'attention des médias ou des enquêteurs du paranormal.
Terrasse panoramique de l'Eglise forteresse des Saintes Maries
Au pied de la Tour, la billetterie tenue par une dame que je soupçonne d'être une brave gitane :
- C'est 4 Euros l'entrée et vous pouvez si vous le voulez ajouter une petite piécette pour la caissière !
C'est si gentiment demandé qu'on ne peut refuser la piécette.
Sara la noire (Sara e Kali en langue romani) est une sainte vénérée par la communauté des Gitans aux Saintes-Maries-de-la-Mer en Camargue. Une légende fait d'elle la servante des Maries honorées en Provence. Une autre légende la tient pour une païenne de haute naissance, convertie à la religion chrétienne.
Sara viendrait de Haute-Égypte épouse répudiée d'un roi s'appelant Hérode et serait la servante noire de Marie Salomé et Marie Jacobé ; après la Crucifixion de Jésus, à la mort de Marie, Marie-Salomé, Marie Jacobé et Marie Madeleine auraient dérivé sur une barque vers la côte provençale, au lieu-dit Oppidum-Râ, ou Notre-Dame-de-Ratis (Râ devenant Ratis, ou barque); le nom passant à Notre-Dame-de-la-Mer, puis aux Saintes-Maries-de-la-Mer en 1838.
La plus ancienne mention connue du site date du 4ème siècle de notre ère. Elle est due au géographe et poète Avienus. Evoquant plusieurs peuplades de la région, il mentionne un oppidum « priscum Ra oppidum » signifiant « l'ancienne forteresse Ra ». Avienus y voyait le nom d'un site consacré à Râ, le DIEU DU SOLEIL et père de tous les dieux égyptiens.
Deux cent ans plus tard, en 513, le pape Symmaque fait de Césaire, l'évêque d'Arles, c'est-à-dire son représentant en Gaule, ce qui lui donne le droit de porter le pallium, lui qui évangélise les campagnes encore fortement imprégnées de cultes païens ou romains en transformant d'anciens lieux cultuels en édifices chrétiens.
À la même époque se développe le culte marial. Dans la foulée, Césaire fonde un monastère de femmes sur le site, ce qui constitue un argument en faveur de la présence d'un temple païen beaucoup plus ancien en ces lieux. On ne dispose pas de la date exacte de la naissance de cette nouvelle appellation, mais l'on sait que saint Césaire d'Arles a légué par testament, à sa mort en 542, Sancta Maria de Ratis à son monastère. C'est ainsi que le village devint Saintes Maries de la Barque (ou Saintes Maries de Ratis), parfois aussi Notre-Dame de la Barque ou Notre-Dame de Ratis.
Substitution des cultes : Le nom de Ra fut conservé par les premiers chrétiens : ils fondèrent l'église Notre-Dames-des-Ratis. D'après la tradition, les trois saintes, Marie-Salomé, Marie-Jacobé, Marie-Madeleine, seraient venue ici, de la Terre Sainte en compagnie de leur servante Sara. Le nouveau culte des trois Maries s'implanta aisément ; il recouvrait le culte local des trois Mères préchrétiennes, antique culte rendu aux trois Matres, divinités celtiques de la fécondité.
Reliques et tziganes : En 1448, sous l'impulsion du Roi René, furent inventées les reliques des saintes. Le pèlerinage devint considérable. De Sara, les tziganes firent leur patronne dès leur apparition en Provence. Leur tradition prétend que Sara n'est pas venue en Palestine et qu'elle demeurait sur les bords du Rhône avec sa tribu. Dans l'église des Saintes-Maries, elle n'a droit qu'à la crypte. Une tradition juive évoque le rôle de la patronne des tziganes en rattachant son existence à la doctrine d'Isaac l'Aveugle : Sara y désigne « la résidence en exil » et porte le nom de « veuve déchue ».