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Qu'un serpent soit sacré parce qu'il a deux ailes, je veux encore le croire, mais il y avait une autre raison ! Un Indien m'expliqua que dans la vallée du Kinnaur, il y avait un rocher, qui avait la forme d'un menhir qui changeait de couleur au fil de la journée. Ce rocher était sacré, on y allait en pèlerinage, donc il me dit que comme le serpent changeait aussi de couleur celui-ci ne pouvait être qu'un animal sacré.
Sur le moment je n'ai pas compris l'analogie entre un rocher et ce serpent. Mais pour les Indiens, ils n'en démordaient pas, ce serpent avait été envoyé par les dieux.
J'ai essayé d'être attentif au changement de couleur, mais c'était difficile de voir le phénomène. Du moment que la foule y croyait, c'était ça l'important !
On était loin d'en finir avec cette apparition, d'autant plus que les journaux indiens s'étaient emparés de ce fait divers spirituel...
Je n'étais pas au bout de mes surprises ! Trois jours après l'apparition sur l'arbre du serpent, voilà que les Indiens commençaient à creuser les fondations d'un temple. De plus en plus de monde venait voir l'envoyé du dieu Naga. Sous un parapluie un prêtre officiait, et les Indiens défilaient déposant leur obole avant d'aller se recueillir un court instant sous l'arbre du miracle.
Par contre, il y avait quelque chose qui clochait. Le serpent ne bougeait plus. Plusieurs fois il est tombé de l'arbre, et tout de suite, à l'aide d'une longue perche, on le remettait sur son arbre. On avait accroché dans des branches de la nourriture, mais apparemment le serpent n'y touchait pas.
Et la foule continuait à défiler sous les regards amusés des moines tibétains....
Même les dieux sont mortels !
Ce qui devait arriver arriva, le serpent avait rendu l'âme ! Je l'avais déjà constaté la veille en observant le serpent inerte. Mais la foule continuait à défiler sous l'arbre et ne semblait pas voir que cette pauvre bête était partie rejoindre les dieux de l'Olympe himalayen. Pour les prêtres, il ne fallait pas interrompre les dévotions, ils avaient un temple à ériger...
Durant deux jours on laissa le serpent dans son arbre. Puis finalement, on le descendit et on le mit dans un pot en plastique sur un oratoire improvisé, pendant que des ouvriers lui préparaient son mausolée. Et la foule, à la queue leu leu, défilait devant la dépouille, n'oubliant pas évidemment de verser une obole pour son mausolée.
Il est clair que je n'ai pas tout compris, mais il n'est pas facile de se mettre dans la tête d'un hindou. Quoi qu'il en soit, 35 ans après, un temple et un ashram dédiés au dieu Naga ont été érigés à cet endroit et certainement que dans une cinquantaine d'année on racontera qu'un jour, un dragon ailé, venant des Himalaya, s'est posé sur un arbre, apportant aux hommes un message de paix et d'amour dans un monde qui était au bord de l'Apocalypse....
Il est loin le temps où les moines tibétains se nourrissaient que de tsampa...
Un kora est un pèlerinage circumambulatoire qui se déroule autour d'un lieu naturel (montagne, lac ou grotte) ou d'un lieu construit par la main de l'homme (monastère, temple ou ville).
Le terme kora est souvent associé au concept complet de pèlerinage dans le monde tibétain.
J'ai déposé ma valise en haut d'une montagne couverte de cultures en terrasse, en face d'un endroit sacré pour les tibétains, la grotte de Padmasambhava. Un endroit qui respire la tranquillité, où paysans, bergers et pèlerins se côtoient en toute quiétude. Dans le village, pas de voyageurs, je suis le seul, les touristes viennent visiter l'endroit en taxi puis repartent à Rewalser, 10 km plus loin, retrouver ce brouhaha quotidien indien qui ne cesse jamais et qui fini par vous abrutir.
Padmasambhava, littéralement « né du lotus », est un maître bouddhiste du VIIIe siècle, qui est considéré comme le fondateur du bouddhisme tibétain.
Son premier projet a été la construction, à la demande du roi Trisong Detsen, du premier monastère bouddhiste tibétain à Samyé, alors dans l'empire du Tibet.