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///Ils en sont à la restauration des balcons.
Depuis ma cuisine au petit déjeuner, ou quand je travaille sur ma table, cette présence des travaux me communique une certaine fiction mystérieuse, comme un théâtre - en répétition ou alors le vrai spectacle qui se jouerait pour moi seule.
J'ai beau me concentrer sur ce que je fais, c'est une sorte d'imaginaire en double qui est toujours là, et mène sa vie discrètement mais avec insistance.
Le béton des balustrades a été troué et arraché dans ses parties endommagées, les fers à béton sont à nu, rouillés, il y a des déchets de béton un peu partout ... A chaque fois, hors de mon contrôle, je remarque que je pense à Belgrade en guerre.
Pourquoi Belgrade ? Je me dis que c'était proche de nous, géographiquement, c'était comme si vraiment ça pouvait nous arriver à nous.
Mais ici, le côté dramatique a été supprimé, c'est une fiction. C'est comme un film, ça me donne du plaisir.
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///Je parle à une personne kurde, je réponds
à une personne en turkmène "Gh. Sugar"
et en réponse à une autre personne je dis
à Balochi "gentillesse" ! Mon corps est
rempli d'amour. Un amour à la mesure
de tout l'Iran. Un amour à la mesure
de toutes les bonnes et mauvaises
personnes que j'ai vues en chemin.
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///J'ai enjambé une flaque d'eau, j'ai craché contre le mur avant d'entrer. J'ai serré la cravate, j'ai boutonné le veston.
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///Cloak et Atlas et Diba sont sur nous.
Il n'y a pas de cape pour notre nudité. Nos cheveux sont comme une chaîne courbée.
Ils sont pris dans un noeud, il nous peignent les épaules couleur de l'extrême angoisse.
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