GE
Depuis 1982, il vient jodler tous les vendredis soirs. Anselm a bientôt 85 ans
"Allez Lôôôzanne !" lance le virage sud
"Iciiii c'est Genèèèèève !" répond le virage nord
Et le meneur des supporteurs du Geneve-Servette Hockey Club d'haranguer la foule de ses disciples:
- "Lausanne, Lausanne, on t'encu... "
Aller au Père Lachaise, souffler quelques volutes sur la tombe de Jim Morrison, puis, un peu plus loin, caresser l'énergie crânienne de Allan Kardec - de son vrai nom Hippolyte Léon Denizard -, père du spiritisme français. Et se plaire à imaginer que cette table, comme le bonheur du photographe, peut tourner.
un petit signe pour le lointain vers little heart: tu vois il y a pas que bombay qui disparaît, même les éléphants sont pas très sûrs... et prennent des airs de grand mère à fichu
je te demande une réinterprétation d'un extrait de ton choix parmi cette série d'images d'enfance, à ta pure guise, dans toute direction qui te paraîtrait porteuse de sens ou de non-sens
admettons que l'érotisme soit un désir de se retrouver transformé par l'autre, réinterprété, élevé et trahi, recréé, redétruit, redécouvert ! ... avec renonciation explicite à toute protection ou limitation
sans mièvrerie superflue autour de l'image enfantine, merci !
merci d'avance
et que tout autre qui se sentirait l'envie de répondre à cette commande le fasse à sa guise sur ce site
max
une partie de ces images se trouvent en taille raisonnable sous
http://www.netopera.org/objets/maxjacot/maxjacot731_g3.jpg
et numérios suivants jusqu'à 738
22 Aussitôt après, Jésus pressa ses disciples de remonter dans la barque pour qu'ils le précèdent de l'autre côté du lac, pendant qu'il renverrait la foule.
23 Quand tout le monde se fut dispersé, il gravit une colline pour prier à l'écart. A la tombée de la nuit, il était là, tout seul.
24 Pendant ce temps, à plusieurs centaines de mètres au large, la barque luttait péniblement contre les vagues, car le vent était contraire.
25 Vers la fin de la nuit, Jésus se dirigea vers ses disciples en marchant sur les eaux du lac.
26 Quand ils le virent marcher sur l'eau, ils furent pris de panique :
— C'est un fantôme, dirent-ils.
Et ils se mirent à pousser des cris de frayeur.
27 Mais Jésus leur parla aussitôt :
— Rassurez-vous, leur dit-il, c'est moi, n'ayez pas peur.
28 Alors Pierre lui dit :
— Si c'est bien toi, Seigneur, ordonne-moi de venir te rejoindre sur l'eau.
29 —Viens, lui dit Jésus.
Aussitôt, Pierre descendit de la barque et se mit à marcher sur l'eau, en direction de Jésus.
30 Mais quand il remarqua combien le vent soufflait fort, il prit peur et, comme il commençait à s'enfoncer, il s'écria :
— Au secours ! Seigneur !
31 Immédiatement, Jésus lui tendit la main et le saisit.
— Homme de peu de foi ! lui dit-il, pourquoi as-tu douté ?
32 Puis ils montèrent tous deux dans la barque ; le vent tomba.
33 Les hommes qui se trouvaient dans l'embarcation se prosternèrent devant lui en disant :
— Tu es vraiment le Fils de Dieu.
-Faut que j' t'offre encore cette putain de bague dit un grand dégingandé en Adidas à sa copine qui lui la montre sur son Smartphone.
-Ben ouais, tu m'las promise.
Entre-temps, trois loustics, coiffures gominées en éventails, montent dans le tram :
-De Dieu, j'veux m'asseoir , un siège j'veux... dit l'un des trois en bourrant un de ses compères d'un coup de coude qui m'ébranle collatéralement.
Au même moment, au centre le la rame qui démarre :
-Messieurs, Mesdames, je n'ai pas de logement. Je passe mes nuits dans des abris de fortune, parfois dans un sous-sol ou sous une porte cochère. Je cherche une chambre, une sous location. Quelqu'un peut-il m'aider ? J'ai quarante ans et j'en suis réduit à faire l'aumône. Merci Messieurs Mesdames, une petite pièce s'il vous plaît, si vous ne pouvez pas plus.
ESCALE À ABU DHABI.
Il est 20h16 à Abu Dhabi et 17h16 en Suisse. J'attends dans l'aéroport mon vol pour Delhi. Le Vol Ey 054 Genève – Abu Dhabi, d'Etihad Airways c'est bien passé. J'ai déjà voyagé plusieurs fois avec Etihad et je n'ai jamais été déçu. Le seul regret, c'est qu'il y a 10 ans, je faisais une escale de 24 heures, ce qui me permettait de visiter cette ville surdimensionnée, au frais de la compagnie.
Quand vous arrivez à l'aéroport d'Abu Dhabi, la première chose que vous remarquerez, c'est qu'on ne voit pas beaucoup de cheiks sans provisions, par contre, il y a énormément de cheiks en blanc.
Bon, il est temps que je rejoigne le Gate 03, car mon avion va décoller dans une heure.....
DELHI « CÅ’UR DE L'INDE »
Après une escale de 2 heures à Abu Dhabi, le vol EY 218 de la compagnie Etihad Airways atterrit à 3 heures du matin sur l'aéroport Indira Gandhi International de New Delhi. Après les formalités douanières et la récupération des bagages, je prends le taxi qui m'attendait pour m'emmener au Metropolis Hôtel à Paharganj Bazar.
Se retrouver à nouveau à Delhi, quel bonheur ! Je déteste les villes, je déteste le brouhaha de la circulation, je déteste toute l'agitation urbaine, je déteste ces odeurs de pollution et Delhi c'est tout cela réunis, dans un même paquet surprise. Et pourtant, j'aime me retrouver dans cette ville chaotique et bordélique surtout du côté de Old Delhi, ancienne capitale du prestigieux empire moghol.
Quand vous débarquez la première fois dans cette métropole vous ne pouvez pas comprendre ce chaos où le « klaxon » règne en maître. Delhi vit à 100 à l'heure, et nous, petits suisses, qui avons l'habitude de vivre propre en ordre et où il n'y a pas le feu au lac, sommes dépassés par ce que nous découvrons devant nos yeux hagards. Dans cette ville, chacun fait à peu près ce qui lui plait, chacun marche où bon lui semble, chacun essaye d'avoir la priorité sur l'autre et on se demande si le code de la route existe. La cohabitation entre les voitures, les cars, les camions, les motos, les scooters, les rickways, les rickshaw, les chars à buffles, les dromadaires, les vaches sacrées désacralisées dans cette circulation, et même de temps en temps un éléphant marchant sur le bord de la route, relève du miracle. Bernadette Soubirous, ici, serait passé inaperçue. Alors que votre tête, est prête à exploser dans ce vacarme assourdissant, vous apercevez sur le trottoir, à même le sol, des indiens qui font tranquillement la sieste sans se soucier le moins du monde de ce qui se passe autour. Mais le fin du fin, sans doute l'apothéose d'une journée bien remplie, c'est quand vous voyez à l'arrêt d'un feu rouge, un indien accroupi, le cul à l'air, poser une « pêche bien épicée » dans le caniveau le plus naturellement du monde. J'aime cette anarchie ! Que ça fait du bien ! Un militant UDC ou un mec du Front National, certainement, ne survivrait pas 2 jours à Delhi.
Delhi doit se prononcer Dilli (en ourdou), mot qui signifie « séductrice des cœurs » ou alors le « cœur » lui-même.
Il y a des centaines d'années, les empereurs hindous l'avaient baptisée Hastinpore, ou la « Cité des Eléphants ». C'est ici que se voyaient les plus grands rassemblements d'éléphants de l'Inde : ils affluaient à Delhi, portant sur leur dos des centaines de chefs hindous et tous les vassaux des empereurs, venant rendre hommage à leur souverain. Lorsque plus tard, en 1526, les empereurs moghols y construisirent leur capitale, ils l'appelèrent « Le Cœur ».
En 1857, le vieil empereur moghol, Bahadur Shah Zafar, dont le palais était au Fort Rouge décide de soutenir la révolte des cipayes. La révolte des cipayes, mutinerie de soldats indigènes réprimée dans le sang par les Britanniques, joua un rôle charnière : la violence de la répression laissa des traces indélébiles chez les Indiens et entraîna un durcissement de la politique sociale des Britanniques.
Les mutins venaient pour l'essentiel, des hautes-castes de la vallée du Gange, qui constituaient alors l'essentiel de l'armée britannique. L'incident déclenchant a été la distribution d'un nouveau type de cartouche qu'il fallait déchirer avec les dents, dont la rumeur disait qu'elles étaient enduites de graisse animale, donc taboues pour les hindous.
Après avoir réprimé le soulèvement, la Couronne britannique exila le vieil empereur moghol, devenu la figure de proue des insurgés, et transféra la capitale indienne à Calcutta.
En 1911, l'Empire britannique des Indes déplacera à nouveau sa capitale de Calcutta à Delhi. La décision fut officialisée lors d'une visite du roi Georges V et de la reine Mary, qui venaient d'accéder au trône. Georges V rêvai d'une capitale impériale et moderne, dotée de larges avenues et tout entière construite à la gloire de la puissance colonisatrice. Elle mettra près de deux décennies à sortir de la terre et sera baptisée New Delhi (« la nouvelle Delhi »). Aujourd'hui encore, elle est la capitale de l'Union indienne, indépendante depuis 1947, et le centre névralgique de l'administration et de la politique nationale.
Mais pourquoi je vous parle de Bahadur Sha Zafar, ce vieil empereur moghol, qui vivait au Fort Rouge et qui fut exilé par les Britanniques ?
Et bien ! Si vous passez par Dehli lors d'un voyage en Inde, allez faire un tour au restaurant « Karim » qui se trouve non loin de la grande mosquée Jama Masjid dans le vieux Delhi. Zahooruddin, âgé de 80 ans, est le directeur de ce restaurant emblématique créé par Karimuddin, son grand-père. Le Restaurant « Karim » perpétue les traditions de la cuisine moghole. Les recettes, gardées secrètes, s'y transmettent uniquement de père en fils.
Le père de Karimuddin, Mohamed Aziz aurait été employé dans les cuisines royales de Fort Rouge. Lorsque le dernier empereur moghol fut exilé, Karimuddin partit pour la ville voisine de Gaziabad où, contraint de multiplier les petits boulots, il vécut dans la misère. Cela ne l'empêcha pas d'apprendre la cuisine à ses fils, car il était convaincu que les recettes et le savoir-faire de la gastronomie royale constituaient un héritage précieux. C'est aujourd'hui la même cuisine que mangeait l'empereur Bahadur Sha Zafar que vous pouvez savourer dans ce restaurant où l'on vient de loin pour revivre l'art culinaire moghol. Seul petit bémol, et de taille pour ma personne, ce restaurant est non-végétarien. Dans une autre vie, j'ai certainement dû aimer la cuisine moghole.
LE "RICKSHAW-WALLAH"
Quand vous sortez de votre hôtel, il est là ! Il vous épie, prêt à fondre sur vous. C'est un oiseau de proie sans pitié au regard perçant, un oiseau de proie pour tous les touristes qui visite New Delhi, véritable jungle urbaine. Cette oiseau de proie, c''est le rickshaw-wallah, le conducteur de rickshaw, un véhicule tricycle motorisé destiné au transport de personnes ou de marchandise. La plupart de ces véhicules, équipés d'un moteur de scooter 2-temps, sont pourvus d'une carrosserie sans porte avec pare-brise, protégeant ainsi le conducteur et ses passagers.
- Rickshaw, Monsieur !
Justement ça tombe bien, j'ai décidé d'aller me promener dans le vieux Delhi, non loin du Fort Rouge et de la mosquée JamaMasjid. Etant blanc, fraîchement débarqué, je sais par expérience que tu ne peux que te faire arnaquer par un rikshaw-wallah. Avant de monter dans son engin, il faut absolument négocier le montant de la course sinon tu risques d'avoir de mauvaises surprises. J'ai bien dis négocier ! Car normalement il suffirait de demander de mettre le compteur, qui est obligatoire et qui affiche le prix juste, mais par malchance, soit le compteur est en panne ou soit il est cassé. Je ne m'en souviens plus, mais je crois que le dernier conducteur de rikshaw à avoir mis le compteur, ça doit remonter à 20 ans en arrière.
- How do youask for the Red Fort ? (Combien tu demandes pour le Fort Rouge ?)
- 250 roupies
- Combien ?
- 250 roupies
- Répète
- 250 roupies
À ce moment de la négociation, il faut agir ! Et j'ai un truc imparable, que j'utilise et qui en principe marche bien. Vous fermez l'œil droit, vous ouvrez tout grand l'œil gauche, vous inclinez légèrement la tête et vous le fixez.
- Combien
- 250 roupies
Vous ne dites plus rien, vous faites silence, un long silence, mais toujours en continuant de le fixer et vous attendez. C'est alors que le miracle se produit.
- 120 roupies, monte !
Et voilà vous avez économisé 130 roupies, (1 fr. suisse = 60 roupies) tout en sachant qu'en réalité la course ne vaut que 45 roupies, mais bon ! Rapport qualité prix, pour le même trajet un taxi genevois vous aurait pris 25.- frs et vous vous seriez ennuyé tout le long dela course.
Ce n'est un secret pour personne, il faut toujours se méfier d'un rickshaw-wallah, beaucoup d'entre eux sont les spécialistes de l'arnaque. Quand tu as défini le prix de la course, que tu es monté dans son véhicule, qu'il a démarré et qu'il emprunte la grande avenue, c'est là que tu vas voir si tu es tombé sur un honnête conducteur où un bon arnaqueur ! S'il se retourne, te fais un grand sourire, montrant ses dents rougis par la chique de bethel qu'il vient de cracher juste avant de te demander :
- C'est la première fois que tu viens en Inde ?
Dépêche-toi de répondre négativement, et dis luique tu viens tous les années en Inde, car tu aimes ce pays et que tu y as pleins d'amis. Si tu as le malheur de dire que c'est la première fois, il y a de fort risque que tu n'arrives jamais à destination, car il va t'emmener chez son « frère » qui tiens une boutique de vêtements, chez son « cousin » qui vend des articles de souvenirs, chez son « oncle » qui a une agence de voyage et qui pratique le change « good price » et en dernier ressort, il connait un « ami » qui vend du bon shit provenant de Manali. Beaucoup de conducteurs de taxis et de rickshaws touchent des commissions des hôtels et des boutiques et c'est une des raisons qui fait que beaucoup d'indiens t'accostent dans la rue pour te proposer tous et n'importe quoi ! Ils sont capables de te foutre en l'air ta journée si tu t'embarques dans cette « aventure ».
Mais en fin de compte, quand il voit qu'il ne peut rien tirer de toi, le rickshaw-wallah devient très sympathique et t'emmène sans surprise à destination avec en route quelques émotions et quelques sueurs froides.
On peut résumer la circulation à Delhi de.... bordélique, chaotique, apocalyptique et anarchique. Le marquage au sol, les feux de signalisation, le sens de la circulation, les limitations de vitesses, les ronds-points ne servent à rien, tout se prend à contre sens de la logique occidentale. Une seul loi : le klaxon, et peut-être aussi s'en remettre à « Mister Chance ». Mais, chose étrange, qui ne serait pas possible à Paris ou d'autres villes Européennes, c'est que dans tout ça, on ne ressent aucune agressivité dans leur façon de conduire, de se comporter avec les autres usagés. Le klaxon ne sert pas à réprimander un gars qui fait une connerie, mais juste à signaler aux autres conducteurs qu'il est derrière eux et qu'il va dépasser ou faire une manœuvre quelconque que seule ont le secret cette corporation de chauffeurs.
Inutile de dire, que quand vous croisez dans ce trafic, un rickshaw avec à son bord des touristes, vous lisez la peur sur leurs visages. Certains doivent regretter, de ne plus savoir le « Notre Père » et le « Je Vous salue Marie ».
Dans ce brouhaha infernal, que je rentre le soir à l'hôtel, souffrant déjà d'acouphène, ce n'est plus des sifflements que j'entends, mais les cloches de la cathédrale de Fribourg, les trompettes de Jérichoet la sirène de la protection civile de St Gingolphe réunis, qui bourdonnent dans mes oreilles. Vivement le départ pour les contreforts de l'Himalaya.
CHEZ LES RAJAS DU KUMAON
Je me trouve dans les splendides KumaonHills, montagnes qui se trouvent sur les contreforts de l'Himalaya, qui sont un endroit merveilleux où se sont établies plusieurs stations dont Almora que je tenais à découvrir.
Je suis parti de Delhi en bus de nuit, qui devait partir à 22h00 et qui, finalement, a démarré à 23h45. Faut pas charrier, on est en Inde. Quand vous prenez le bus, on place toujours les étrangers tout à l'arrière, dans les derniers sièges, sous les regards fuyants des indiens. Quand le bus démarre, sur des routes à moitié défoncé, vous comprenez pourquoi ! C'est à l'arrière du bus où vous êtes les plus secoué, et où à chaque nid de poule, vous faites des sauts en l'air à vous taper la tête contre le plafond.
Dans ce bus Deluxe, le plafond était très bas, car il y avait en dessous une rangée de sièges et au-dessus une rangée de couchettes, ce qui fait qu'avec mon 1.89m ma tête c'est coltinée le plafond durant les 10 heures de trajet. Je n'ai pas pu fermer l'oeil de toute la nuit. Le bus n'allait pas plus loin que Nainital, une station balnéaire pourvue d'un petit lac, très prisé des touristes indiens. J'ai pris un taxi pour les 2 dernières heures de route, qui m'a mené jusqu'à Almora.
Almora se trouve à 1646 m d'altitude, (4 m. de plus qu'à Zinal) et c'est un fantastique point de vue sur les montagnes aux neiges éternelles, comme le Trisul ou le NandaDevi. Cette ville a été fondée en 1560 pour servir de résidence d'été aux rajas du Kumaon. En effet, Almora fut choisie par ce qu'elle bénéficie d'un climat frais et de jolies perspectives sur les montagnes himalayennes. La ville abrite aussi des bâtiments de l'époque coloniale et c'est justement dans l'un de ceux-ci que je loge en ce moment.
Si la ville au premier abord ne m'a pas emballé, par contre le Kailas Hôtel vaut le détour. Le « LonelyPlanet » le décrit ainsi : « La plus sympathique guesthouse d'Uttaranchal est tenue par M. Shah, un avenant directeur de banque à la retraite. La chambre Maharaja vaut le coup d'œil : Vous aurez l'impression de dormir dans le grenier d'un musée. L'endroit propose une saine cuisine maison. »
C'est une vieille bâtisse qui a passé 100 ans, et son propriétaire est un charmant vieillard âgé de 96 ans. M. Shah est effectivement un personnage très sympathique et il cadre bien avec l'endroit. L'Hôtel Kailais tombe en décrépitude, mais c'est tout là son charme et moi qui suis un amoureux des vieilles choses, je suis comblé. L'hôtel a même reçu des compliments du « DoctorChakvrarty, physician to President of India » qui le recommande chaleureusement.
Naturellement étant le seul client, il m'a proposé la chambre « Maharaja » pour 450 roupies, c'est-à-dire 7 frs suisse. Même si cette chambre encombrée d'objets hétéroclites n'est plus très fraîche, vivre la vie d'un maharaja d'un soir, ce n'est pas à la portée de tous !
NUIT D'ORAGE
La réussite d'une bonne nuit de sommeil dans une chambre non chauffé des montagnes himalayennes, même dans une « chambre de maharaja », c'est de vous prémunir d'une bouillotte. Une bouillotte au fond de votre sac de couchage, vous garantira une nuit agréable car c'est important de bien dormir en voyage. Sauf que....
Cette nuit, un violent orage a éclaté, faisant entendre le bruit assourdissant du tonnerre se répercutant sur les « Kumaon Hills ». Les nuits d'orages dans les Himalaya, sont impressionnantes et le spectacle des éclairs illuminant le ciel assombri par de gros nuages noirs est magnifique. Le bruit de la pluie sur le toit en tôle de l'hôtel Kailas, ne m'a pas dérangé, c'est une musique que j'aime entendre. Sauf que...
À un moment donné, une goutte s'est aplati sur mon front, puis deux, puis trois..... J'allume la lumière et constate que du plafond de ma « chambre de maharaja » tombaient des gouttes venant terminer leur course sur mon coussin et notamment sur la tête qui était posé sur le dit coussin. Le toit était percé juste au-dessus de mon lit. Afin de ne pas mouiller mon matelas, j'ai dû mettre un seau en plastique, jusqu'à côté de mon visage. A force de compter les goutter qui tombait au fond de mon seau, je me suis endormi. Passer la nuit, à côté d'un récipient en plastique, on pas dire que c'est les « mille et une nuits », mais bon ça fait partie de l'aventure. Sauf que ....
Etant retombé dans les bras de Morphée, des grognements impressionnants me tire de mes songes. Quatre chiens, ont eu l'idée de venir s'abriter de la pluie devant ma « chambre de maharaja ». Supposant qu'un des chiens voulant s'approprier le tapis de porte, se mit à le défendre ardemment, provoquant une bagarre générale occasionnant un boucan d'enfer. Heureusement que je ne viens pas en vacances pour me reposer.
LA FIN D'UNE EPOQUE
Comme je suis le seul client du Kailas Hotel, le repas du soir se passe dans la chambre à coucher de Monsieur Shah, seul pièce de tout l'hôtel chauffé par un petit radiateur électrique. Sa fille, me mijote d'excellent plat typiquement indien, un vrai régal pour les papilles.
Avec Monsieur Shah, je vis les derniers moments d'une époque révolue de l'Histoire indienne. J'ai la chance d'avoir rencontré un des derniers témoins qui a combattu pour l'indépendance de l'Inde au côté du Mahatma Gandhi. Jawaharlal Shah, a joué un rôle politique dans la nouvelle Inde naissante de 1947, notamment dans le domaine bancaire.
Je dois l'avouer, je n'ai pas tout compris son histoire, car visiblement il lui manque passablement de dents et qu'en plus, mon anglais est primaire, ce qui n'arrange rien dans nos conversations au coin du lit.
C'est le 15 août 1947, que l'Inde est devenue indépendante ; jusque-là le pays vivait sous la domination anglaise.
La colonisation britannique a laissé une marque profonde en Inde. S'il est vrai qu'elle a introduit les progrès technologiques et les idées libérales, elle a aussi figé la société dans une tradition brahmanique réinventée. Les Britanniques en effet ont mené une politique qui interdisait toute évolution sociale. Pour cela, ils se sont alliés avec les lettrés de l'époque qui étaient la haute caste des brahmanes, qui ont su faire adopter leur notion de la justice et de l'organisation sociale. En recensant la population, ils ont décidé de dénombrer les castes et de les classer hiérarchiquement, en se référant bien entendu aux critères de leurs petits amis brahmanes. Si aujourd'hui encore, les conflits de castes qui sont une honte pour ce pays démocratique, continus de gangréner l'Inde, c'est la conséquence de ce travail d'ingénierie sociale. En validant la séparation des castes les colons anglais l'ont renforcé créant ainsi des inégalités entre la population indienne. En plus, ces gros benêts d'orientalistes, qui passaient leur vie dans des bouquins, en se déconnectant de la vie réelle, étudiant les anciens textes brahmaniques, ont conforté les colons de sa Gracieuse Majesté dans cette politique honteuse qui ont rendu une grande partie de la population indienne esclave de l'autre partie.
La colonisation de l'Inde par les anglais, n'a pas été motivé par des projets expansionnistes, ni d'une volonté de conquérir le pays pour la grandeur de l'Angleterre, mais tout simplement pour la recherche du profit et la défense de la Compagnie des Indes britanniques, présente depuis 1600 sur cette énorme territoire, qui était composé de capitaux privés détenant le monopole commercial entre l'Angleterre et l'Asie. God save the Queen, God save the business !
Avant la fin du 18ème siècle, le gouvernement britannique n'a pas voulu se mêler des affaires de la Compagnie des Indes, qui relevait pour lui de la sphère privé des affaires. Mais dans ce siècle des Lumières, le Parlement a fini par s'émouvoir devant ces millions d'individus gouvernés par des marchands. La rébellion des Cipayes de 1857-1858 a entraîné l'abolition de la Compagnie des Indes britannique. Mais la politique anglaise est restée pragmatique, faut pas pousser bonbonne la reine dans les orties, l'Inde a été gérée au plus bas coût possible, avec le seul produit des impôts levés sur place.
« Oui mais les anglais, ont apporté à l'Inde sont important réseau de chemin de fer » vous ferait remarquer un lord anglais, grosse moustache, chapeau melon et botte de cuire !
Le chemin de fer a été construit aux frais du contribuable Indien, avec le matériel anglais et selon un tracé conçu pour la circulation des troupes, et l'acheminement des produits d'exportation vers les ports. Sa majesté n'a pas pensé une seconde à ces braves petits indiens !
Si le régime colonial a duré pendant toutes ces années d'occupations, c'est aussi grâce à la collaboration des vastes secteurs des élites indiennes. L'armée des Indes était composée aux deux tiers d'indigènes, les maharajas, les princes sous protectorat, les propriétaires fonciers et, les employés de l'administration ont largement soutenu l'Empire. La colonisation a unifié l'Inde politiquement, l'anglais a permis à l'élite de parler un langage commun et les universités britannique lui ont appris le libéralisme : d'une certaine façon, l'Angleterre a créé elle-même les instruments de son expulsion. L'Indien est très malin et il apprend très vite.
Le centre du projet politique de Gandhi était la doctrine de la non-violence ou ahima. Il s'astreint à une vie simple et discipliné et créa le premier ashram ouvert aux intouchables, c'est-à-dire la plus basse des castes indiennes. Dès la première année de son combat il remporta une grande victoire en défendant les paysans exploités du Bihar. C'est à ce moment qu'il reçut par ses admirateurs le titre de « Mahatma », mot qui signifie « Grande âme ». En 1920, devenu un ténor du Congrès national, il coordonna une campagne national de non-coopération avec la puissance coloniale, ce qui eut un effet de faire naître un fort sentiment de nationaliste et lui valut l'hostilité des Britanniques. Emprisonné, il entama une grève de la faim pour contraindre ses compatriotes à reconnaître le droit des intouchables. En 1942, il participa activement à la campagne « Quit India » qui demandaient aux anglais de quitter l'Inde. Tous ces combats ont eus pour conséquences d'aboutir à l'indépendance de l'Inde en 1947.
Lors de l'indépendance de l'Inde, Gandhi connu la plus poignante des déceptions : la partition de l'Inde. Jusqu'au bout il s'opposa à cette séparation. La décision fut annoncée en 1947 par Lord Mountbatten, au nom de la couronne britannique, et difficilement votée par le parti du Congrès indien ; un nouvel Etat surgirait, le Pakistan, lui-même divisé en deux. Le Pakistan oriental deviendra en 1971, grâce à l'armée indienne qui aidera les insurgés, le Bengladesh.
Gandhi est mort assassiné par un brahmane le 30 janvier 1948. Il reçut trois balles de revolver et sa vie s'acheva là.
En 2012 fut fondée en Inde un nouveau parti à la suite des manifestations anti-corruption, l'AAP, Aam Aadmi Party, « parti de l'homme ordinaire, qui a choisi le balai comme symbole électoral et un registre gandhien de mobilisation. Sur les petits chapeaux à la Gandhi des militants on peut lire : « Je veux l'auto-gouvernance », vieux slogan anticolonial désormais utilisé pour signifier la volonté de se réapproprier la vie politique. Les yeux sont braqués sur cette nouvelle formation car dans 4 mois il y a des élections législatives, et le « parti de l'homme ordinaire » compte bien mettre à mal les deux partis corrompus du Congrès et des nationalistes hindous du BJP, Parti du peuple indien.
La fille de Monsieur Shah vient débarrasser les assiettes du diner et me demande si je veux prendre le petit déjeuner demain matin. Je lui réponds par l'affirmatif. Elle me propose des pancakes à la confiture et du porridge. Du porridge ! A non ! Le porridge c'est pour ces cochons de Roastbeefs ! Même leur bouffe dégueulasse, ils ont réussi à l'imposer aux Indiens.
PITHORAGARH « LITTLE KASHMIR »
Combien de touristes qui viennent en Inde connaissent-ils Pithoragarh ? Et qu'est-ce qui peut bien vous attirer à Pithoragarh ?
Pithoragard, se trouve au cœur d'une vallée surnommé « Little Kashmir », située dans une région reculée qui borde le Tibet et le Népal. Elle se trouve à 120 km d'Almora et c'est de là que partent les pèlerins en route pour le pèlerinage du Mont Kailash. Un responsable de l'urbanisation s'arracherait les cheveux s'il débarquait dans cette vallée. Elle est pratiquement recouverte de maisons d'habitations disposées d'une manière totalement anarchique. On ne comprend pas où la ville commence et où elle finit, les fermes, les magasins, les bâtiments administratifs, les temples, tout est mélangés. Je ne pense pas que c'est ici que je vais trouver l'Illumination !
Peu importe, j'y suis, j'y reste ! Si je suis à Pithoragard, c'est la faute du guide « Lonely Planet », qui décrit cette cité en 3 lignes. C'est le nom « Little Kashmir », « Petit Cachemire », qui m'a attiré ! Mais reconnaître le Cachemire, même petit, dans cette vallée de Pithoragarh, il faut avoir l'imagination débordante. À mon avis les gars du « Lonely Planet » doivent arrêter de fumer des pétards !
Le Cachemire se trouve tout au nord de l'Inde, c'est une région qui est enclavé entre le Pakistan et le Ladakh. Lors de mes deux premiers voyages en Inde, j'y ai séjourné, tant cette région m'a émerveillé. À cette époque on l'appelait « La Vallée Heureuse » ou « La Suisse des Indes ». On raconte que c'est au Cachemire que la « Tribu perdue d'Israël » s'y serait réfugiée lors de l'Exode. Il est vrai, que j'ai visité plusieurs endroits où auraient vécus et où seraient enterrés des personnages bibliques très connus. Mais ça c'est une autre histoire !
Lors de mon dernier séjour en 1988 à Srinagar, ville principale du Cachemire, j'ai vu sauté une bombe à 500 mètres de l'endroit où je me trouvais. Le lendemain, deux autres bombes sautaient dans la zone du marché. Rester devenait risquer, le lendemain, avec Adriana ma compagne, nous décidions de quitter cette vallée. Et depuis je rêve d'y retourner, car il y a des endroits que je voudrais absolument voir. Pour le moment ce n'est pas possible !
Cette région d'une beauté légendaire se retrouve divisée en 1947-1948, lors d'une guerre qui éclate au lendemain de l'Indépendance de l'Inde et de la création du Pakistan. Le Cachemire est en majorité musulman et dirigé par un maharajah. Des cachemiris, aidés du Pakistan, se révoltent contre Hari Singh, maharajah du Jammu-et-Cachemire qui demande l'accession de son Etat à l'Inde afin d'obtenir une aide militaire. New Delhi accepte et envoie ses troupes à Srinagar. C'est le début de la première guerre indo-pakistanaise. En 1989, se développent des mouvements indépendantistes au Cachemire et depuis c'est l'escalade de la violence. Les différents qui opposent le Cachemire aux autorités indiennes demeurent sans solutions encore aujourd'hui. L'Inde assure ce qu'elle appelle de la « sécurité » au Cachemire indien avec le déploiement sur ce territoire de plus de 700 000 soldats, une occupation qu'accepte mal la population cachemirie, d'autant plus que les abus de l'amé sont loin d'être rares.
Le soir tombe sur Pithoragard, je décide d'aller faire un tour en ville afin de repérer des bons petits coins qui peuvent rendre mon séjour agréable. J'y découvre un petit dhaba, restaurant rudimentaire fait de planches et de tôles, fort sympathique, qui sert un excellent Chai, un restaurant qui m'a fait découvert le tikki, un nouveau plat indien que je ne connaissais pas. Le tikki, c'est des galettes de pommes de terre rôties qui baignent dans une sauce épicée et garnie de pois chiche, avec par-dessus des oignons crus coupés en petits morceaux et nappé de yaourt nature. Quand le ventre est bien rempli, l'esprit l'est aussi.
"It is a mistake to try to look too far ahead. The chain of destiny can only be grasped one link at a time" - Winston Churchill
"It is the weight, not numbers of experiments that is to be regarded" - Isaac Newton
"Reading, after a certain age, diverts the mind too much from its creative pursuits. Any man who reads too much and uses his own brain too little falls into lazy habits of thinking" - Albert Einstein
"Anyone who considers protocol unimportant has never dealt with a cat" - Robert A. Heinlein
"A building has integrity just like a man. And just as seldom" - Ayn Rand
"Le temps et mon humeur ne sont pas liés. J'ai mes jours de brouillard et mes beaux jours en moi"- Blaise Pascal
"Imagination is the real and eternal world of which this vegetable universe is but a faint shadow" - William Blake
Le vide n'a pas de mots, d'images, pensées, sentiments. Il est. Et pour certains, parfois il rend fou. Car il n'y a pas des perspectives, pour le bonheur de tous.