GE
Elle pourrait s'appeler Tadzia et faire chavirer la gondole. A Venise ou ailleurs
Post-it chiants dans les toilettes de Lucien, petite faim grand vins, ou l'inverse je ne sais plus.
JL parcourt les routes de Suisse romande pour aller donner un peu d'air à ses clients.
Zoé a bien mangé, elle est repue. Elle en a la larme à l'oeil.
Supermarché
Ce qu'on aime le dentiste. Un endroit sécuritaire où ni le bruit, ni l'odeur, ni l'ambiance vous font peur et encore moins ce qu'on va vous faire, qui, au final est quasiment à chaque fois une surprise (bonne ou pas).
Heureusement que le maître d'oeuvre est adorable, empathique et doux, j'aurais déjà pris mes jambes à mon cou!
Strolling home through the center of Amsterdam after having dinner at La Place.
Watching 'Silent City' at Ketelhuis Cinema with a young man eating nachos right in front of us.
All he does is serving wine and sausages, which is why this place is called 'worst'.
an "ode" to isambard khroustaliov
(or was it daniil harms and the so called "oberiu")
je sais pas très bien ce que ce mot valise de beauté laide veut dire
mais il me semble que la beauté laide me plaît
[pour une esthétique prolétaire]
Merci à Christophe Rytz, pilote professionnel d'hélicoptère de Vionnaz.....
Belur, apogée du raffinement de la pierre sculptée. Et les artistes, un millier, alors tout entièrement voués à l'Å“uvre se sont relayés pendant un siècle dans la modestie de l'anonymat, au service de plus grand que soi et des commanditaires. Anonymat aux antipodes des créateurs d'aujourd'hui qui souvent se prennent pour des phares au milieu de leur univers qui font des clins d'Å“il à Dieu (ou lui tire la langue).
La pierre taillée comme si c'était de la broderie.
Vu des visages de chair immortalisés dans la pierre.
Un chien mort sourire.
Pour renouer avec la vraie vie après la visite du palais du Maharadja, je décide d'aller au marché de Devraja. J'y passe l'après-midi et tourne en rond jusqu'à ce que je fasse partie du paysage et que les vendeurs à la sauvette me lâchent les basques. Je me pose alors cette question : comment restituer avec l'appareil photo la vitalité, l'atmosphère de cet endroit unique. Je tente le snapshot, picore ci-et-là une image et une autre, et les entasse sur ma carte mémoire sans grande conviction. Un homme recroquevillé, boxé par la fatalité est en travers d'un passage, trois femmes assises me voyant hésiter, me disent en riant : take photo ! take photo ! ce que je fais, avec l'aval de leur complicité alors que je rechigne à photographier les gens à leur insu et m'en rends compte, cacqueux, après coup. Mais pas loin, en tailleur au milieu de ses oignons, comme s'il me renvoyait aux miens, Sankar, c'est son nom, me réconcilie avec le portrait.
-Amour maternel au galop suivi de son ombre et de la mienne. Un cri aigu retrousse les babines du mâle sur un mur.
-Temple de Sri Chamundeswari, déclaré zone interdite au plastique. Si seulement.
-Dans un restaurant fréquenté, un beau barbu roux et sa femme entièrement recouverte d'un voile noir, se font face. Je fais durer mon plat pour savoir si elle va manger, comment elle va manger. Arrive la commande, elle relève le voile qu'elle tient d'une main pour se protéger des regards. Combien de générations encore pour que cette soumission au patriarcat change de couleur ?
-S'il vous plaît venez voir mes bronzes !
-Non merci.
-Alors comme ça l'Inde ne vous intéresse pas ?
-Pas celle-là.
-Quarante maisons détruites et plusieurs véhicules incendiés cette semaine dans un village du Tamil Nadu pour une querelle religieuse. Le fiancé ne plaît pas au père qui lui refuse sa fille parce qu'il n'est pas un Hindou fervent.
-Mangalore : In a fresh vigilante group attack, a Muslim woman was assaulted at Karmar in Bajpe, near here, allegedly by a fringe mob. Deeba Algani, 23, was attacked because she was travelling in a car with a person from another community. Deeba, who was admitted to Hospital, told she was beaten up by a mob of 20 persons last night.
Source : The Times of India
-Un accident inverse le cours de la circulation et ce sont deux flots de camions, de voitures et de motos qui se retrouvent nez à nez, provoquant une gigantesque constipation autoroutière et un infernal concert de klaxons. Un chauffeur de bus garé sur le bas côté refuse d'avancer, la police intervient l'arrache à son véhicule et le frappe à coups de bâtons. Plus loin, c'est armés de carabines que les forces de l'ordre dirigent les voitures, au pas, dans la nasse du péage.
-Les magnifiques chutes de Thirupathy sont déclarées zone interdite au plastique. Ce qui n'empêche pas des mômes de balancer leurs bouteilles d'eau vides du haut des falaises.
Une rondouillarde Indienne m'aborde à l'entrée du temple de Tirunvannamalai avec un baquet plein de nourriture emballée dans des feuilles de bananier. « C'est pour les pauvres, là, ils ont faim, achetez leur à manger, c'est pas cher, il faut aider... ».
Plus loin dans le temple, un occidental à barbichette, la quarantaine bien entamée, fait le lotus entouré d'une dizaine de ferventes, occidentales elles aussi, et pousse un Mmmmmh interminable repris en chÅ“ur par ses admiratrices. Elles se présentent ensuite une à une devant lui et il les marque au front d'une poudre blanche avec un sourire à décapsuler la foi.
Un aveugle me voit passer près de lui avec mon appareil photo et m'interpelle :
-You can take picture if you give me money.
Il m'a senti, et j'achète mon ahurissement.
La rue comme un fleuve de couleurs sonores.
J'essayais de voir ce qu'on ne pouvait voir. Et le paysage éclata de rire lorsque je lui confiais mon secret.
Imaginez !
Il y a la plage, des centaines de barques de pêcheurs, des filets turquoises noyés dans le sable, des sandales noires, bleues, vertes, délavées, des noix de cocos éventrées, des bouteilles, des tuyaux, des sacs de ciments, un casque de moto, des cahutes recouvertes d'affiches publicitaires en lambeaux, des enfants qui jouent, un rat qui pourrit. il y a la mer qui prend les déchets et les rejette, le vent qui fait trembloter du plastique, des hommes accroupis qui chient, un chien crevé qui gonfle, des corneilles qui fouillent les déchets, et ces deux coquettes qui me courent après pour que je les photographie.
Un peu plus loin.
Il y a des cubes de verre immenses appelés Heaven Tower, Raja Palace, ou Golden Globe, certains couronnés d'héliports. Il y a les résidences des ministres, vastes comme des jardins publics, collées les unes aux autres. Il y a la Jesus Call Tower en marbre noir qui ressemble à une banque. Il y a cet égout à ciel ouvert, immense, huileux et noir, qui a des flatulences. Il y a des femmes superbes, sur des affiches grandes comme des immeubles, qui nous sourient.
Il y a l'Inde, assise sur un volcan.
À toutes celles et tous ceux qui se sont battus et ont, trop souvent, même donné leur vie pour la liberté.
MERCI !