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A présent c'est moi qui l'emmène voir les chevreuils, comme il le faisait quand j'étais ado, enfin presque car nous sommes dans une voiture, alors qu'avant nous nous planquions des heures dans les sous-bois.
Nous suivons une mère et ses deux jeunes, ils passent d'un jardin à l'autre pour rejoindre une forêt, (la même petite famille que tu as vu lors de ton passage à Zinal). Toutefois, le paternel a perdu de sa patience datant pour l'observation.
"Nous sommes à Las Vegas" dit la petite. "Non", lui répond Sharon Osbourne de l'émission America got talent (Du talent à revendre titre de l'émissions sur la chaine TVA, en français).
À 7 ans, elle siffle merveilleusement et chante joliment ... et elle ira à Las Vegas ... :)
Pour 20 francs, j'ai posé pour cette image, chaque doigt posé, lui, sur un senseur. Ce que vous voyez là, c'est mon aura. Je vais faire la queue pour la faire décrypter par une médium. Mais j'hésite: dois-je lui dire que la photo est tombée, que quelqu'un a marché dessus, et que j'ai été la passer sous le robinet ?
"Ben... normalement, ce n'est pas nécessaire"
Jeter les cendres d'une personne très chère dans le lac Léman ? J'opterai pour un endroit moins universel.
Bientôt à la télé. Elle s'entraîne à prononcer mon nom de famille, et moi, son prénom: Navjeet. Gros éclats de rire en direct.
Cacher ses émotions derrière l'objectif, maigre bonheur du photographe.
"Tout est provisoire et tout s'achète. L'homme est un produit comme les autres, avec une date limite de vente."
Frédéric Beigbeder, 99 francs
C'était un samedi. Sarah et Pierre-André se sont dit OUI!
Le carnotzet, l'antre de la convivialité et des grandes théories!
Pour moi, le ciel est un des plus grands mystères car il représente l'infini.
"Je voulais changer le monde, mais je n'ai pas trouvé de baby-sitter", lu ce jour dans un journal citant un mouvement féministe.
Pour ce soir ce sera une aspirine et Italo Calvino.
Villach ! Un petit bourg de Carinthie dans le sud de l'Autriche où est né Paul Watzlawick, auteur, entre autres, du célèbre FAITES VOUS-MÊMES VOTRE MALHEUR. Le centre ville est joliment animé, fleuri, achalandé de babioles pour les touristes et constellé de pâtisseries. Si on s'éloigne de cette colonne vertébrale qu'est la grand-rue piétonne, des dizaines d'arcades vides tendent les bras à d'hypothétiques preneurs. Une multitude de slogans politiques sont graffités sur des murs décatis, sur les vitrines vides, et s'interpellent en silence.
Je n'en sais pas plus, sinon que la vitalité urbaine reste cantonnée à cette unique zone piétonne. Que les magasins qui proposent de la téléphonie sont pleins, et que Paracelse, l'alchimiste né ne Suisse a passé son enfance dans le coin. Tout ça me passe dessus comme sur un goretex trois couches. La chose que je n'oublierai pas, ce ne sont ni les faits d'histoires, ni la période romaine de Villach et les épopées passées, mais les élastiques qu'une vendeuse dans une papeterie m'a donnés parce que ça ne faisait pas sens, pour moi, d'en acheter toute une boîte.
Aujourd'hui, mollets dans le vent et pieds dans la neige !
Frioul enchanté !
Au Monte Santo di Lussari, vue somptueuse sur les Dolomites, les Alpes autrichiennes et sur le massif du Mangari.
Accessible à vélo, en télécabine ou à pieds pour se retrouver dans une carte postale grandeur nature. Une dizaine d'échoppes bordent la seule petite rue de ce hameau d'altitude. On peut y boire et manger, acheter des vues de la région, des images pieuses et des cailloux. Près de l'église, un groupe d'hommes mûrs dirigés par une jeune femme chantent à cappella des chants frioulans.
Drissa Fofanna est inquiet. A chaque arrêt du train, il demande à ses voisins si nous arrivons à Trieste. Je l'interpelle en français ce qui le rassure, lui arrache un sourire et le fait se rapprocher de moi. Drissa est en route depuis des mois, a quitté le Mali, traversé le désert par la Lybie et pris la mer pour accoster à Lampedusa.
-Le milieu de la mer est immense, immense. On ne voit même plus la terre...
Le voilà en Italie, embauché par un Tunisien pour un salaire de 300 euros par mois, moins la nourriture. Il vend des vases. Les Italiens sont gentils. Une femme lui a un jour donné une couverture. Mais, si les choses s'arrangent, si les islamistes quittent le Mali, il retournera. Au nom de Dieu. Sa famille lui manque.
-Au Mali, tu sais, si tu as faim on va te dire viens manger... Ici c'est pas pareil.
...au café Tomasseo, un des plus vieux café de la ville qui se dispute avec deux trois pâtisseries du coin la présence, entre autres célébrités, de Giacomo Joyce, qui vécu à Trieste quelques temps. La carte du Tomasseo propose même un menu James Joyce pour 27 euros. Un poil surfait. C'est comme si on payait son billet d'entrée dans un musée, mais avec un repas en prime...
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Trieste : le décati de l'inachevé s'emmêle au passé décati.
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-Je cherche Claudio Magris, l'écrivain !
-Peut-être au café San Marco, via Cesare Batisti.
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Le monde a changé, dit-elle. Les enfants ne respectent plus leurs parents. C'est pour ça que tout va si mal.
Je l'entends parler, mais ne voit pas à qui elle s'adresse.
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Un goéland perché sur une muraille me crache dessus en faisant un bruit d'âne.
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Parlé un long moment avec Allah di Samba, arrivé en Europe par Ténérife. Lui, vend des livres pour enfants et dort à la mission catholique.
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Ici les jeans pour filles, certains magasins les proposent à 9 euros 95, les chaussures à 5 euros.
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Des centaines de méduses dans le port.
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Le passé, partout présent.
...buongiorno dove ce il mercato ? Le supermarché ? Vous cherchez un supermarché ? Non. Je cherche le marché aux poissons, aux légumes. Finito, schluss, fertig ! La halle, derrière vous, c'était ça le marché, ça a été transformé en salle d'exposition. On voit des photographies sur la misère des femmes et des enfants en Afghanistan... Arrivederci !
Un peu plus loin, un homme en slip, pousse triomphant un caddy chargé de bric à brac et fait rire deux vendeurs de colifichets africains. Un couple posé passe, comme si l'homme en slip était transparent. Je m'approche de lui et lance : La vita è bella! Son visage jovial passe au blême instantanément, et il pousse un rugissement féroce. Je me rends compte avoir dit une connerie, m'excuse et m'en vais.
A la gare routière, entre le va-et-vient des bus ronronnants, c'est un bal de sacs à dos et de valises à roulettes. Pina Bausch en aurait fait une pièce. Un petit frisé porte un sac plus gros que lui, sa copine, trois. Des espagnoles sont couchées sur les leurs comme sur des matelas pneumatiques. Des missionnaires américaines partagent bruyamment le bonheur d'avoir rencontré des compatriotes. Un beau black, athlétique, rôde parmi nous. Il observe, écoute, pianote sur le clavier d'un distributeur à billet avec une feinte indifférence...
Le bus va, déjà se dodeline sur les routes de Slovénie et je ne peux m'empêcher de penser à Trieste coincée entre la nostalgie de sa grandeur et l'impossibilité de la faire revivre...
La semaine dernière, alors que nous préparions l'exposition UPJ chez Fotografika
Ane Marie nous visite, Elle nous a dit très enthousiaste qu'elle fait également une photo par jour dans son EMS, Aujourd'hui, elle nous a apporté un échantillon de son travail, un coucher de soleil depuis son balcon. Une image, une rencontre !