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Le crocodile ne veut pas bouger, il le taquine alors avec un long tube en aluminium. A la vitesse de l'éclair, le saurien agacé l'attrape dans ses mâchoires et fait une vrille, (en tournant sur eux-mêmes, ces animaux brisent leur proie avant de la tirer au fond de l'eau). Une partie du tube s'est entortillé autour de sa mâchoire, le reste dépasse du fond de l'eau. Le reptile se débat d'un coup sec et fait éclater l'aluminium pour se dégager.
Que se serait-il passé si le crocodile n'avait pas pu s'arracher au piège dans lequel il s'est fourré ? Mais la fondue et la tempête de neige qui fait battre les volets rendent ce récit déjà moins effrayant, presque irréel.
L'éternel féminin ? Dans implant mammaire niche le mot maman.
Si le destin, mon éducation, ma profession avaient fait de moi le président d'une banque centrale je n'aurai probablement jamais vécu la joie d'être illuminé au fond d'un passage souterrain de banlieue, un mardi, juste avant midi.
J'aurais sans doute eu d'autres chats à fouetter et moins d'intérêt pour la vadrouille et les bains de lumières.
-J'ai bien assez d'argent pour pas avoir d'soucis…
L e vieux beau pousse du bas ventre le comptoir derrière lequel la jeune serveuse l'écoute
-…oui vraiment, j'ai de l'argent…
La serveuse s'accoude au comptoir, se penche vers le vieux qui fait froufrouter ses biftons comme un grand tétras qui déploie ses plumes pour séduire sa femelle. Déboule Charly le postier qui beugle, juste à propos, et coupe l'élan du vieil oiseau libidineux :
-Champagne pour tout le monde !
Un Président de Banque centrale qui avoue que s'il avait su le tapage médiatique que sa spéculation (ou celle de la "forte personnalité" qui lui tient d'épouse) sur les devises allait provoquer, il aurait dénoué la dite opération ? Question crédibilité, ça ne vaut pas un clou.
22 ans plus tard, la même tête que 22 ans plus tôt: impressionnant.
Les cyberamazones préparent l'assaut final contre le secret bancaire, ou ce qu'il en reste.
Je suis un cheval de troie pacifique. Je rentre, j'observe, puis j'agis.
Il portait aussi un chapeau, l'homme que j'ai immortalisé à ce même endroit pour upj, le 14 novembre 2006. Plutôt genre cowboy, lui. C'était un drôle de gars qui se promenait en ville, le verbe aussi haut que son port de tête, avec ses médailles, ses grosses lunettes et sa canne pour se défendre de quelques gens louches qui voulaient lui faire sa peau et ... qui y sont parvenus.
Nous avons commencé ensemble à la banque, qu'il lâche aujourd'hui.
En apportant sa lettre de démission au DRH, il a regardé le ciel lourd et s'est demandé s'il ne faisait pas une bêtise.
Les bêtises existent-elles quand on ne croit pas au hasard ?
Bonne route, Jean-Sylvain !
"...il ne faut jamais oublier que le temps ne s'écoule que dans un sens, et que ce qu'on voit en le remontant est trompeur. Le temps n'est pas un palindrome: en partant de la fin et en le parcourant à l'envers dans son entier, il semble prendre d'autres significations, inquiétantes, toujours, et il ne faut pas se laisser impressionner."
Sandro Veronesi, Chaos calme
Et faire défiler les UPJ dans l' "autre sens"...?
J'aurais dû prendre le bouquin dans sa version orginale
[remix upj par DJ whiteshoe]
... une année religieusement passée à bénir le photographe qui abandonne dans le caniveau son rêve d'une machine encore plus performante et se remet à inventer l'image par la puissance de son désir
... où le banquier que je pourrais être, ouvrant les yeux sur tout ce qu'il a commis, s'allonge sur les coussins orientaux de son boudoir et se déboutonne tout en plongeant dans le très beau "crime et châtiment" de dostoïevski, qu'il n'a plus relu depuis la lointaine adolescence
... décideraient de se rassembler à la puerta del sol pour réclamer de pouvoir mourir dans l'arène à la lumière brutale de midi plutôt que sous les halos bleutés des néons froids dans les abattoirs high tech
une année à l'écoute attentive de l'indéchiffrable migrant que frôlent les matraques et les caméras de surveillance et qui plonge plus souvent qu'à son tour dans la mort anonyme
je rêve doucement qu'il puisse, à l'instant fatal, abandonnant son âme calmée au seuil de l'ailleurs, ressentir le souffle léger et doux de l'admiration que nous pourrions finalement avoir l'honnêteté de dédier à son courage silencieux
... le bruissement de bonheur dans les yeux des scientifiques technocrates qui auraient réappris le rire et nous feraient enfin cadeau, gratuitement, de l'irremplaçable prothèse nasale pour rhinocéros
mais surtout j'aurais le coup de foudre pour une année où le politicien, le militaire ou le trafiquant du langage publicitaire ne nommerait plus ses guerres "plomb durci" ou "frappe chirurgicale" ou "tolérance zéro" ...
mais plutôt "pistolet philosophique"
ou "édredon souterrain"
ou "fromage fraise"
ou encore "matraque banane"
et même plutôt "révolution non performante" et "poème en béton"
Arrivée à 3 heures du matin à l'aéroport Indira Ghandi, le taxi m'attend pour me conduire à l'hôtel. Welcome in India pour un voyage de 2 mois qui va m'enmener aux pieds des Himalayas où j'ai décider de passer une partie de l'hiver.