GE
J'aimerais bien être en conférence téléphonique pour de vrai avec le gouverneur de la Banque Centrale Européenne pour lui dire que sa dernière hausse des taux d'intérêt est une hérésie qui risque de nous amener tout droit dans le mur de la stagflation.
La confiance des consommateurs en Europe irait croissante au fur et à mesure que la Banque centrale européenne augmente ses taux d'intérêt ? You must be out of your mind, man. Ou alors dans celle de la BCE.
Fascinantes, ces foules qui regardent, fascinées. Elles ne voient pas le photographe qui se plante devant elles. A quelques exceptions près.
Il s'arrête, se penche comme moi sur le parebrise d'une voiture qui se protège d'un hypothétique soleil. Passant étonné par un photographe qui cherche l'étonnement.
C'est bien la première fois que l'on pense aux aveugles dans un musée de la photo.
Alors voilà, il faut dire la vérité, le matin à la terrasse du café, on considère le monde - celui qui s'offre dans l'instant, celui dont on rêve - sur des critères parfois à la lisière d'un machisme à la Wolinski. A deux, régresser semble moins grave, puis passe le bonheur que l'on touche des mots à défaut de le toucher du bout des doigts ; et on se contente de ça en riant comme des désespérés qui savent que tout est perdu, et que du naufrage dont nous sommes simultanément acteurs et spectateurs, ne resteront plus que les petites cuillères avec lesquelles nous chahutions la caféine au fond de nos tasses. Tout passe donc, accrochons-nous, oui, fort, avec nos ongles de félins sur les carrosseries en pavane. Et là, au milieu de cette overdose de lucidité, après avoir trouvé la clef pour franchir la porte du décor en carton pâte qui nous cache l'horizon, un choc immense, une proclamation de la Tribune de Genève nous pétrifie : Le curé qui bénit les animaux, renverse une chèvre à Peney.
Le bonheur futile de s'ébrouer dans l'inconsistance, à l'ombre du malheur, lui bien concret, nous détend aussi sec les cordes vocales.
Non, on ne peut pas rire de tout.
Se ressaisir, s'élever, s'arracher à ce qui nous entraîne dans les ténèbres, faire face à sa pauvreté émotionnelle, arrêter de se mentir, redresser les épaules, combattre la médiocrité - comment y arriver si même les hommes d'églises écrasent les chèvres ?
Comment tu vas ?
Mal…pas bien
Kes ki y a ?
J'ai peur…peur de mourir
Mais enfin, t'es ridicule, évidemment qu'on va mourir, mais pour l'instant t'es là, bien vivant.
Pour l'instant, ouais, tu peux parler toi, on voit bien que t'es pas à ma place. T'as du bol, toi, du cul, tu te rends pas compte… c'est tout.
Pas compte de quoi.
Mais fais pas chier, tu m'emmerdes !
Calme, calme. Allez, on se met là, à l'ombre, sous la Subaru, près du pneu. Tu vas me dire ce qui va pas…
Tchocc…
C'est quoi ce bruit ?
Rien, tu t'inquiètes d'un rien. Rien, c'est juste une portière qui se ferme. Raconte, allez laisse-toi aller…
Vroummm…
Merde, tirons-nous, vite, merde…
…
Et le pasteur Eugène Burnié s'en alla au volant de sa Subaru Justy sans même se rendre compte qu'il venait d'écraser une créature de Dieu…
…arrêter de laisser l'image mentir impunément, mordre le fruit, Finistère de mes désirs, l'engloutir, absorber l'énergie de son soleil, être fruit, ensuite, et, jouir d'être foudroyé par le réel…
Bref, manger une nectarine.
"Le plaisir d'avoir ne vaut pas la peine d'acquérir".
Les confessions.
Vu :
Une glace fondre avant d'être léchée
Les alpes dérouler leurs friselis de granit sur les fesses de l'horizon
Une hôtesse de l'air enfourner Jésus dans un DC 6
Le sujet s'ébrouer hors cadre
Un bateau de plusieurs centaines de tonnes glisser sur l'eau avec la grâce d'un cygne
Vénus se poser sur la lune
Des genoux vibrer dans l'air comme des glottes de sopranos
Des tombes plus vieilles que Baudelaire et ses préoccupations
L'improbable enlacer le presque rien et en rire
Une godasse bailler comme un crocodile qui a fait un mauvais rêve
Un souvenir enjamber l'enclos
Des mouettes essayer de se concilier le vent
L'œil de Dieu collé au trou de la serrure du ciel
Se pulvériser le paysage couché dans la vitesse
S'aimer le jour et la nuit
Toucher, glisser la main, s'enfiler, accueillir, s'ouvrir : festin amoureux où roucoule le bonheur consenti.
Mon œil ne voit plus que ça, dans la queue qui ondule, et veut s'inviter sans pouvoir.
Je fais une image, pauvre communion, qui glisse, se faufile, cherche le chemin de la main.
Image volée, image honteuse, je le confesse.
Et pourtant, si ton cerveau était encore alerte, tu saurais que ces technologies orwelliennes contiennent ta mort: ce qu'ils te montrent n'est rien à côté de ce qu'EUX ils voient. Ils ont le pouvoir intégral de te surveiller et ils te tueront à l'instant où tu deviendras désagréable pour eux. Furieusement similaire au système soviétique !
En attendant cet instant, comme si ça ne suffisait pas, tu votes pour toutes les caméras de surveillance qui te paraissent gentilles et rassurantes: "mais moi, je n'ai rien à cacher, je ne suis pas un méchant, moi ! Je ne suis ni un terroriste ni un gamin turbulent ni un rom désagréable ni un manifestant dans la rue ni un chômeur glandeur ni un infirme profiteur ni un squatter sale ni un regardeur d'images pornographiques ni… Je ne suis NI-NI, NI-NI !"
Effectivement tu n'es rien.
Manhattan, au panorama atrophié depuis bientôt sept ans, est prise dans un inextricable filet…
Au coeur de "little Italy", le vieux bandit surveille la rue. Toujours accompagné de son image pieuse…
A-t-on déja vu un noir occuper le fauteuil d'un blanc ? On peut rêver…
J'aime le bleu du ciel, le blanc des nuages et le rouge de la façade. Pour un 14 juillet, cette photo s'imposait…
Encore une chaussure perdue, ou abandonnée par un unijambiste d'Harlem…
est la présence d'une absence,
ou l'absence d'une présence.
L'homme serait le terme de l'évolution, son chef-d' oeuvre. Après quoi, ne pouvant faire mieux, elle en serait restée là. Mais l'homme bravement a pris le relais, il a continué tout seul et réussi cet exploit: à présent, il peut se détruire et la Terre avec lui. J.B.
Comme le remarque un évolutionniste conséquent Stephen Jay Clould :
" La Terre et ses bactéries vont bientôt sourire de nous comme d'une folie passagère de l'évolution."
…est l'exécution d'une partition que nous ne découvrons qu'en la déchiffrant. Nous sommes l'instrument et celui qui en joue. Mais qui est le compositeur?" J.B.
"la montagne bleue en bordure de mer ne bouge pas mais l'esprit de l'oiseau sur les vagues s'échappe et suit le courant du fleuve. " Maître Daishi
mais pour une fois, l'allemand est plus précis et plus poétique: "Craque de nuages"
Oui, l'aimabilité naturelle éxiste encore dans la gastronomie suisse