GE - Une photo par jour

Genève - 19 heures 25

Tournée des galeries. Rue des Bains. Jeunes branchés habillés comme des curés. Poulettes en goguettes. Vieux beaux en chasse qui secouent leurs mèches platines. Séduction tous azimuts. Racolage comme aux salons des arts ménagers. Vendre. Draguer. Séduire. Ah ! Oh ! Chérie comment tu vas ? Lèvres pincées avec le petit doigt en érection autour d'un verre de vin blanc. Dans un gobelet en plastique. Et l'Art. Et les discours. C'est quoi ce truc. Mais une Å“uvre d'art Madame. Vous vous appelez ? Jean, madame. Jean Bon. On se connaît ? Oui vous avez dû me voir à la télé. Puis ces vieux crabes alcooliques qui font du plat à des gonzesses plus jeunes que leurs filles. Puis cet artiste qui tape sur le même clou depuis vingt ans. Et cet autre qui a exposé à Shanghai, quand même... Et ce galeriste, avec son regard de cocker triste, vieux routard de l'art contemporain qui n'y croit plus... 

 

-Mais pourquoi tu y vas si ça te gonfle ? 

-Pour nourrir mes préjugés. 

-Un peu léger 

-Les nourrir de cacahouètes ! 

 

"Quelques personnes qui observent leur reflet déformé dans les grandes sculptures d'Arik Levy chez Mitterrand + Cramer — ambiance raffinée. Une poignée de fumeurs devant chez Hard Hat, tendance underground. Puis, entre les deux, trois étudiantes plongées dans leurs brochures Nuit des Bains. Comme d'habitude, le vernissage commun de la vingtaine d'espaces du quartier éponyme a rassemblé hier les amateurs d'art, toutes sections confondues. Mais elle attroupait moins que d'habitude, cette première Nuit de l'année, attribut genevois annonciateur du printemps, qui a surtout rappelé qu'il n'était pas encore arrivé. Il n'y aura pas eu de grands discours un verre à la main au crépuscule sur les trottoirs. Mais tout de même, des visiteurs suspendus aux lèvres de Barbara Polla chez Analix Forever, qui parlait exode et front de mer dans le petit espace qui reste de son ancienne galerie. Aux murs, de très beaux dessins noirs avec de larges plages de blanc du français Emmanuel Régent, imprégné, façon urbaine, de Villefranche-sur-Mer où il vit. Ailleurs, beaucoup de peintures, du réalisme avec Dean Monogenis chez Xippas aux monochromes du jeune Chris Succo chez Saks. Chez Ribordy, Mathis Gasser a produit des toiles ensanglantées sorties de son film où une poupée de Christopher Walken se bat, dans un musée, contre des zombies. Et dans le tas, un coup de cÅ“ur, chez Art & Public: les visages sculptés en gomme noire du coréen Ham Jin, qui dévoilent des milliers de mondes cachés." 

 

Sources : Tribune de Genève

[Francis Traunig]

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