GE - Une photo par jour

Maribor - 20 heures 44

Tombouctou, Zanzibar et Maribor m'ont toujours fait rêver. Sur une carte ou sur un menu c'est la musique des mots qui me fait saliver.  

 

Alors je prends la route pour Maribor qui serpente, indolente, dans le paysage slovène. Ce soir, me prévient-on, ne pas manquer un spectacle de cirque en plein air. La fraîcheur du soir pousse les gens vers les intérieurs, mais près de la place où va se tenir le spectacle, il y a un groupe d'une trentaine de personnes qui trépigne bruyamment. Je me rapproche. Ce sont des autrichiens. Les hommes portent des chapeaux de feutre, pareils à ceux, me semble-t-il, des soldats italiens de la fanfare militaire qui claironnaient à Trieste, la JULIA... mais c'est un bus qui vient recueillir le groupe, ils n'iront pas au cirque, mais le font. Certains ont la chope à la main et chantent, un autre aide avec galanterie les femmes à monter dans l'autocar, et dès qu'elles se courbent sur la première marche, le goujat, gras comme un chapon, leur file une tape sur les fesses en riant fort. Un autre s'appuie sur le nez du bus et semble lui parler. Des poches de son pantalon dépassent une bouteille de rouge et un petit fouet de cuir tressé. Maribor n'est pas seulement EUROPEAN CAPITAL OF CULTURE 2012 mais aussi une région viticole renommée. Et abordable (au propre et au figuré) pour les voisins autrichiens. 

 

Vingt heure. Le spectacle commence. Les artistes arrivent sur une petite scène posée à côté d'un splendide monument rococo, au sommet duquel trône la vierge avec son beau visage, paratonnerre des douleurs du monde. 

 

Les artistes se mettent à nettoyer la scène, rangent, nous jouent l'ennui, la maladresse. Un zigue torse-nu, en patin à roulettes, se casse la gueule, mais pour de vrai, en manipulant un diabolo qui fout le camp dans le public et se partage en deux. Il faut improviser et ils improvisent. Arrive un couple, vêtu de noir qui transporte des pastèques, les tranche et cherche à les partager avec le groupe des maladroits... On va probablement vers une rédemption des maladroits lorsqu'ils auront goûté au fruit, un happy-end qui me fait bailler. Je vais au bord du fleuve.  

 

Une déclaration sur l'Art, collée contre un bâtiment moderne se reflète dans l'eau qui tremblote...

[Francis Traunig]

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