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hhhhhhhhhhhhhSELECT o.*, m.titre_f AS module_titre , m.choix_themes AS module_choix_themes , m.id_module AS auteur_id_adresse , m.id_module AS auteur_id_adresse , m.titre_f AS auteur_titre , m.url_texte_f AS auteur_reference_rec_repertoire FROM netop_global_objet AS o INNER JOIN netop_global_module AS m ON o.objet_auteur_code = m.code_auteur WHERE 1=1 AND objet_auteur_code = 'upj_elisegrandjean' AND objet_date = '2010-09-20' numero=565
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machine temporelle

Cendre

'Certains meurent avant même d'avoir passé la porte 

Du couloir qui comporte cette pression étrange 

Certains meurent avant même de savoir, juste un peu, 

La saveur de ce jeu de n'être plus un ange 

 

Certains meurent dans des ventres 

 

 

Certains meurent juste après, encore mouillés de ça,  

Quand on les pose là au froid de la ruelle,  

Certains meurent juste après, sur le corps essoufflé,  

Dans les bras déchirés de leur maman si belle, 

 

Certains meurent dès qu'ils entrent 

 

 

Certains meurent tout gamins, d'être des riens du tout,  

Des gens nés sans le sou sur qui l'on tire à vue, 

Certains meurent tout gamins, fauchés par le brouillard  

D'un chauffard, d'un soulard qui passait dans la rue 

 

Certains meurent encore tendres 

 

 

Certains meurent en plein feu de leur jeunesse ouverte  

Un képis sur la tête pour un vieux président, 

Certains meurent en plein feu de leur adolescence  

Pris d'un coup de démence, ils se pendent au plafond 

 

Certains crèvent d'apprendre  

 

 

Certains meurent pour que dalle, d'une piqûre de bête,  

D'une pierre sur la tête, le hasard les reprend, 

Certains meurent pour que dalle, d'être allés s'éclater  

Aux vitres des cités en gueulant 'Dieu est grand!' 

 

Certains meurent sans comprendre 

 

 

Certains meurent et reviennent, tout éblouis de là  

D'avoir goûté la joie, mais de l'autre côté  

Certains meurent et reviennent, en riant aux éclats  

A cette peur qu'on a de voir tout s'effacer 

 

Certains meurent sans qu'ils tremblent 

 

 

D'autres meurent de tristesse, tout imbibés d'alcool  

Suivant le protocole qu'on leur a inventé 

D'autres meurent de tristesse, sans se donner le temps  

D'arrêter, un instant, leur vie conditionnée  

 

Certains se croient de cendre 

 

 

Et les larmes me viennent quand je te perds encore,  

Moi qui serrais ton corps que je croyais tenir, 

Oh les larmes me viennent, mais je laisse le marbre  

Et je cours dans les arbres, et je te crois venir,  

 

Souriante descendre 

 

 

Vu qu'on meure tous les jours, qu'on meure à chaque instant  

Quand on crache le vent qu'on a dans nos poitrines, 

Vu qu'on meure tous les jours, qu'on meure et qu'on revit  

Autant laisser la vie être, autant qu'on s'incline 

 

Je veux t'aimer la cendre 

 

 

Certains meurent et reviennent, tout éblouis de là,  

D'avoir goûté la joie, mais de l'autre côté  

Certains meurent et reviennent, en riant aux éclats  

A cette peur qu'on a de voir tout s'effacer, 

 

Certains meurent sans qu'ils tremblent… 

 

 

Et je t'aime la Cendre.' 

 

 

K

[Elise Grandjean]

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