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Rire pour retendre les cordes vocales du coeur...
Prélude de Frédéric Chopin - Lento assai.
Pour démêler tous les évènements d'une journée chargée, et bien voilà, il faut vite courir se cacher dans le noir de la nuit pour semer les cotillons de lumières qui s'accrochent à nous obstinément.
Fermer les paupières, éteindre la lumière des yeux et ne plus du tout penser à faire des images.
If he resuscitates he will be an american citizen, for sure.
Irlande : 1462
Pays-Bas : 1424
Belgique : 1415
France : 1365
Grande-Bretagne : 1139
Grèce : 863
Espagne : 748
Portugal : 566
Pologne : 349
Tchéquie : 319
Hongrie : 281
Roumanie : 157
Bulgarie : 123
Le peuple Suisse, lui, est appelé aux urnes ce week-end pour fixer le salaire minimum à 3'333 euros mensuels.
On a quatorze ans. Lui, grande gueule, moi pitre introverti à faire les phoques pour séduire les filles. Partageons la commune passion des mobylettes. Dans le préau de l'école, le monde de demain, est en éventail replié : l'un de nous sera maire de Genève, un autre souteneur, un autre va faire fortune dans le pétrole au Nigéria, lui sera chasseur, flic, et inspecteur de sureté. On s'est quitté il y a quarante trois ans et le voilà qui resurgit avec son sac plein de blagues graveleuses et un émouvant album de photos qui contient toute sa vie.
Il sautille d'une image à l'autre, traverse le jardin de son souvenir, et s'en va...
Oh sexe quand tu nous tiens par la barbichette
Que sur la carpette on fait la camionnette
Sans chaussettes
Avec des couinements de girouettes
Oh sexe
Cet air unique
Vaut toutes les balades à motocyclette
Oh sexe
Elle est chouette cette historiette
Qui fait de nous des marionnettes
Qui jouent à la trompette
Un air unique
Presque aussi beau que celui de la bergeronnette
Oh sexe
Souffler dans le pipeau pour faire tinter les clochettes
Est vraiment la plus belle des musiques
Le 24 novembre : grève général au Portugal !
Trente huit employés.
Quatre vingts paires produites par jour.
Cinq cents euros de salaire mensuel.
Vingt pour cent de recul à l'export.
Marché intérieur néant.
"J'ai six ans. Mais j'ai pas encore l'habitude d'avoir 6 ans parce que pendant longtemps j'avais 5 ans"
Saignements...
C'était un vendredi, j'avais dix ans, un chat noir me coupe la route, mon père meurt.
Résidus de mots accrochés à la langue qui n'ont pas trouvé assez de force pour s'élancer hors de la bouche.
Essayer, se perdre, contourner, se redresser, essayer encore, jeter son cri dans le vide.
Assaisonner la réalité chaotique d'un peu de bon sens, la cadrer, lui inventer une forme pour ne pas perdre la raison?
Alors OK!
Mais une fois pas plus. Faudrait pas que ça devienne routinier...
Est-ce le bonheur des uns qui nous rend heureux ?
Ou simplement le fait qu'ils nous montrent que le bonheur est à notre portée ?
S'accrocher au bonheur comme un alpiniste dans une falaise en sucre.
Avec la vitesse du TGV, le cosmos traverse parfois tout entier un corps d'artiste, lui fait bouger les hanches, et s'en va comme il est venu : sans crier gare.
La nostalgie de cet ébranlement est peut-être l'?uvre d'art ?
A la galerie NEST, Céleste vernit balles et flingues. Préoccupée par la violence dans le monde, elle met en scène avec une belle maîtrise du détail des douilles d'armes à feux qu'elle dispose en forme de c?ur sur des miroirs soutenus pas des socles en bois laqués coiffés de calottes en plexiglas.
« ?spectatrice de l'urgence du monde, elle entame une nouvelle série de pièces où elle essaie de donner une issue aux angoisses de son époque à l'image d'Antonin Arthaud. (?). Les ?uvres qu'elle présente aujourd'hui produisent une forte ambigüité chez le spectateur ; celle-ci est liée à une esthétique si soignée qu'on pourrait presque en oublier leur contenu, et c'est là que réside toute la force de ce travail. (?) Dès lors une quête infinie de liberté semble devenir l'ultime et seule solution. »
Proclame Céleste.
-Et les prix ? M'enquiers-je.
Sur un papier froissé que l'élégant acolyte de Céleste sort du fond de la poche de son Prince-de-galles, est gribouillé un six virgule huit au stylo qu' il me montre du doigt, sans prononcer un mot, parce que parler fric c'est obscène quand on est investi par « une quête infinie de liberté ».
?
Ne peux m'empêcher de penser à cette prostituée photographiée par mon ami X suspendue aux murs de la galerie Y. Travail engagé, qui décrit le mépris des uns pour les autres, et nous montre de dos, une prostituée qui fait le tapin sur un matelas pourri pour quelques dizaines d'euros. Et la voilà épinglée sur un mur immaculé, revendue à 30 ou 40 fois le prix qu'elle demande pour une passe à des bobos qui branlent leurs verres de champagne en plastique.
?
-Oui, mon frère est retourné en Tunisie, Oh c'est un grand malin, il a le commerce dans le sang lui, pas comme moi?
-Mais vous vous faites quoi ?
-Des machines à sous. J'exploite des machines à sous.
-Génial. Comme dans les salons lavoir, pas de problèmes d'employés ?
-Oh, vous savez, y a toujours des problèmes quoi qu'on fasse.
-Mais votre frère, alors ?
-Regardez mon jeans, regardez l'étiquette?
-?
-Kenzo, Boss, toutes les grandes marques. Ça sort à 18 euros de chez nous. Les gens y sont fous de ça en France. C'est ça que j'aurais dû faire, il roule sur l'or maintenant.
?
Et pour finir pour vous remonter le moral, un conseil de lectures :
L'art d'ignorer les pauvres de John Kenneth Galbraith - suivi de Du bon usage du cannibalisme de Swift
Le squelette de la librairie Descombes fondée en 1797?
On détourne bien les avions, l'attention, les rivières de leurs lits. On détourne les croyances avec la digue des dogmes, on détourne les autoroutes? et si on détournait le Temps pour le faire tourner en rond ?
Faire du business ?
Rallonger une pantoufle en mouton retourné.
Donner l'impression d'avoir réinventé la roue.
S'attaquer aux groupes de consommateurs les plus grégaires.
Savoir raconter une histoire concernant le produit.
Fabriquer le moins cher possible pour se payer les meilleures agences de communications.
Convaincre les distributeurs que l'argent va pleuvoir.
L'intact sex appeal du X100 peut produire des ravages inopinés.
La FNAC. Généreux buffet. Vincent verni. Superbes images. Retouchées. Vincent est un magicien qui peut faire faire un triple salto à une souris. La retouche d'ailleurs rôde. Partout. Dans les postures, derrière le mouvement d'une mèche de cheveux, dans le drapé d'un tissu, dans la cambrure d'un mollet, d'un torse qui se bombe. Rhétorique de vernissage, c'est normal. Les images mentent-elles ? Non, pas si elles n'ont rien à dire. Quelqu'un qui n'a rien à dire, on s'en fiche qu'il mente. Vincent, lui, oui, ment, ses images retouchées nous bousculent, brûlent, et nous posent cette question : « Mon mensonge, vous plaît-il ? ».
A moi, oui, en tous les cas.
Puis transhumance vers un bistrot à la parisienne, encore un espace retouché, un joli mensonge bien agencé avec du faux vrai pour faire authentique. Pas d'accordéon dans les baffles mais de l'électro : Its you again - Lee Foos meets Robert - des serveuses aguichantes qui bougent comme sur une scène, tourbillonnent au milieu de confettis de sourires tout en ayant l'air d'être très professionnellement à l'?uvre. Le vrai, le faux se dispute l'entre deux. Avec vigueur. Les people arrivent par équipage de quatre, cinq. « On pourrait déboucher le vin ? » demande mon voisin. « Non, dit la serveuse avec un sourire élastique, le patron souhaiterait qu'on attende que tous soient là ». Le bonheur de Vincent nous rend heureux et étend sa contagion. On annonce : « Le vin est offert par Vincent, le menu lui, concocté par le patron, vous sera facturé 35 francs? ». Et là, tonnerre de Dieu, la salle comme un seul homme, applaudit.
Je m'adresse à moi-même un sourire stupéfait : applaudir quand on vous annonce le prix d'un menu dans un restaurant est pour moi une expérience nouvelle.
Entre régime autocratique et le besoin d'être bercé, entre reportage et concept, entre pouvoir et sexe, papillonnante sous les spots, l'image se fait belle, farde sa fragilité, se renforce sur des plaques d'alu pour encore mieux se faire désirer, pour qu'on l'achète, simplement.
Aujourd'hui, 2 novembre 2011 :
-Papandréou a le courage de poser une vraie question : Euro ou pas heureux ?
-Personnellement, j'aime l'automne.
-Muleta de papier et piques de crayons, l'équipe de Charlie-Hebdo, en toréadors gais lurons se fait allumer par les intégristes.
-L'été fait les yeux doux à l'automne.
-A un vernissage de sténopés réalisés par des mômes (avec des cartons à chaussures) l'un d'eux proclame : « Sténopé en grec, ça veut dire petit trou. »
-Alexis Jenni, vous connaissez ? Moi non plus?
-Dan pose en s'auto-éclairant avec sa lampe de poche téléphonique.
-On rit, boit et mange.
-C'est tout.
Merde, le tilleul va perdre ses cheveux.