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Carnet de route d'un UPjiste - Un hiver indien - Jean-Louis Claude

Carnet de route d'un UPjiste - Un hiver indien - 1 - Hôtel Ibis, Genève

Carnet de route d'un UPjiste - Un hiver indien - 1 - Hôtel Ibis, Genève

AEROPORT DE GENEVE, HÔTEL IBIS.

Ca y est, je suis dans le « sas » de décompression. De ma chambre d'hôtel, je vois les avions qui décollent et s'en vont vers des horizons lointains. Demain matin, je m'envole pour l'Inde, je m'en vais retrouver ce pays qui me fascine tant, je m'en vais à nouveau retrouver les contreforts de l'Himalaya, au froid, dans la neige, dans les vallées que les touristes ont désertés pour des destinations plus chaudes et plus hospitalières. Fuir la Suisse, ce petit pays de 7 millions d'habitants, tip top en ordre, en apparence, pour aller s'isoler dans un pays de 1,25 milliards d'habitants, deuxième pays le plus peuplé au monde après la Chine, c'est un paradoxe.

C'est comme ça ! J'aime l'Inde, depuis que je l'ai découvert en 1986. « Mother India », on l'aime ou on la déteste, en tout cas elle ne vous laisse pas indifférent. On est émerveillé par son exotisme et sa spiritualité, on est dégoûté par ses viols, sa corruption et son système dépassé de castes, qui aujourd'hui encore, n'est pas totalement éradiqué. Mais la dualité n'est-elle pas le propre de l'homme ?

L'Inde est un pays fascinant, à commencer par ses paysages. Vous ne pouvez pas rester insensible face à ses déserts, ses jungles où rodent les tigres, son océan, ses fleuves sacrés, ses majestueuses montagnes himalayennes et son grand plateau central, monotone, virant de l'ocre au vert, recouvert par-ci, par-là, de petites collines arrondies. L'approche de l'Himalaya, sur des centaines de kilomètres, émeut votre regard. Plus vous prenez de la hauteur, plus votre esprit s'enflamme, vous sentez que vous approchez de la « Demeure des dieux », que vous approchez de la demeure de Shiva, « celui qui rend heureux, le bienveillant », le grand ascète, destructeur de l'ignorance, que beaucoup honorent comme dieu tout-puissant.
Mais l'Inde, c'est surtout sa présence humaine qui s'impose partout. Si vous n'aimez pas les êtres humains, n'allez pas en Inde, restez chez vous et continuez à vous prélasser dans votre twittosphère, blogosphère, youtuberie et facebookerie qui donnent l'illusion d'être connectée au monde.
En Inde, l'illusion c'est « Mãyã », c'est l'ignorance qui voile la vision de Dieu et qui vous déconnecte de la Réalité.

Carnet de route d'un UPjiste - Un hiver indien - 2 - La nuit tombe sur l'Irak

Carnet de route d'un UPjiste - Un hiver indien - 2 - La nuit tombe sur l'Irak

ESCALE À ABU DHABI.

Il est 20h16 à Abu Dhabi et 17h16 en Suisse. J'attends dans l'aéroport mon vol pour Delhi. Le Vol Ey 054 Genève – Abu Dhabi, d'Etihad Airways c'est bien passé. J'ai déjà voyagé plusieurs fois avec Etihad et je n'ai jamais été déçu. Le seul regret, c'est qu'il y a 10 ans, je faisais une escale de 24 heures, ce qui me permettait de visiter cette ville surdimensionnée, au frais de la compagnie.

Quand vous arrivez à l'aéroport d'Abu Dhabi, la première chose que vous remarquerez, c'est qu'on ne voit pas beaucoup de cheiks sans provisions, par contre, il y a énormément de cheiks en blanc.

Bon, il est temps que je rejoigne le Gate 03, car mon avion va décoller dans une heure.....

Carnet de route d'un UPjiste - Un hiver Indien - 3 - Scène de rue au petit matin à Paharganj Bazar.

Carnet de route d'un UPjiste - Un hiver Indien - 3 - Scène de rue au petit matin à Paharganj Bazar.

DELHI « CÅ’UR DE L'INDE »

Après une escale de 2 heures à Abu Dhabi, le vol EY 218 de la compagnie Etihad Airways atterrit à 3 heures du matin sur l'aéroport Indira Gandhi International de New Delhi. Après les formalités douanières et la récupération des bagages, je prends le taxi qui m'attendait pour m'emmener au Metropolis Hôtel à Paharganj Bazar.

Se retrouver à nouveau à Delhi, quel bonheur ! Je déteste les villes, je déteste le brouhaha de la circulation, je déteste toute l'agitation urbaine, je déteste ces odeurs de pollution et Delhi c'est tout cela réunis, dans un même paquet surprise. Et pourtant, j'aime me retrouver dans cette ville chaotique et bordélique surtout du côté de Old Delhi, ancienne capitale du prestigieux empire moghol.
Quand vous débarquez la première fois dans cette métropole vous ne pouvez pas comprendre ce chaos où le « klaxon » règne en maître. Delhi vit à 100 à l'heure, et nous, petits suisses, qui avons l'habitude de vivre propre en ordre et où il n'y a pas le feu au lac, sommes dépassés par ce que nous découvrons devant nos yeux hagards. Dans cette ville, chacun fait à peu près ce qui lui plait, chacun marche où bon lui semble, chacun essaye d'avoir la priorité sur l'autre et on se demande si le code de la route existe. La cohabitation entre les voitures, les cars, les camions, les motos, les scooters, les rickways, les rickshaw, les chars à buffles, les dromadaires, les vaches sacrées désacralisées dans cette circulation, et même de temps en temps un éléphant marchant sur le bord de la route, relève du miracle. Bernadette Soubirous, ici, serait passé inaperçue. Alors que votre tête, est prête à exploser dans ce vacarme assourdissant, vous apercevez sur le trottoir, à même le sol, des indiens qui font tranquillement la sieste sans se soucier le moins du monde de ce qui se passe autour. Mais le fin du fin, sans doute l'apothéose d'une journée bien remplie, c'est quand vous voyez à l'arrêt d'un feu rouge, un indien accroupi, le cul à l'air, poser une « pêche bien épicée » dans le caniveau le plus naturellement du monde. J'aime cette anarchie ! Que ça fait du bien ! Un militant UDC ou un mec du Front National, certainement, ne survivrait pas 2 jours à Delhi.

Delhi doit se prononcer Dilli (en ourdou), mot qui signifie « séductrice des cœurs » ou alors le « cœur » lui-même.
Il y a des centaines d'années, les empereurs hindous l'avaient baptisée Hastinpore, ou la « Cité des Eléphants ». C'est ici que se voyaient les plus grands rassemblements d'éléphants de l'Inde : ils affluaient à Delhi, portant sur leur dos des centaines de chefs hindous et tous les vassaux des empereurs, venant rendre hommage à leur souverain. Lorsque plus tard, en 1526, les empereurs moghols y construisirent leur capitale, ils l'appelèrent « Le Cœur ».
En 1857, le vieil empereur moghol, Bahadur Shah Zafar, dont le palais était au Fort Rouge décide de soutenir la révolte des cipayes. La révolte des cipayes, mutinerie de soldats indigènes réprimée dans le sang par les Britanniques, joua un rôle charnière : la violence de la répression laissa des traces indélébiles chez les Indiens et entraîna un durcissement de la politique sociale des Britanniques.
Les mutins venaient pour l'essentiel, des hautes-castes de la vallée du Gange, qui constituaient alors l'essentiel de l'armée britannique. L'incident déclenchant a été la distribution d'un nouveau type de cartouche qu'il fallait déchirer avec les dents, dont la rumeur disait qu'elles étaient enduites de graisse animale, donc taboues pour les hindous.
Après avoir réprimé le soulèvement, la Couronne britannique exila le vieil empereur moghol, devenu la figure de proue des insurgés, et transféra la capitale indienne à Calcutta.
En 1911, l'Empire britannique des Indes déplacera à nouveau sa capitale de Calcutta à Delhi. La décision fut officialisée lors d'une visite du roi Georges V et de la reine Mary, qui venaient d'accéder au trône. Georges V rêvai d'une capitale impériale et moderne, dotée de larges avenues et tout entière construite à la gloire de la puissance colonisatrice. Elle mettra près de deux décennies à sortir de la terre et sera baptisée New Delhi (« la nouvelle Delhi »). Aujourd'hui encore, elle est la capitale de l'Union indienne, indépendante depuis 1947, et le centre névralgique de l'administration et de la politique nationale.

Mais pourquoi je vous parle de Bahadur Sha Zafar, ce vieil empereur moghol, qui vivait au Fort Rouge et qui fut exilé par les Britanniques ?
Et bien ! Si vous passez par Dehli lors d'un voyage en Inde, allez faire un tour au restaurant « Karim » qui se trouve non loin de la grande mosquée Jama Masjid dans le vieux Delhi. Zahooruddin, âgé de 80 ans, est le directeur de ce restaurant emblématique créé par Karimuddin, son grand-père. Le Restaurant « Karim » perpétue les traditions de la cuisine moghole. Les recettes, gardées secrètes, s'y transmettent uniquement de père en fils.
Le père de Karimuddin, Mohamed Aziz aurait été employé dans les cuisines royales de Fort Rouge. Lorsque le dernier empereur moghol fut exilé, Karimuddin partit pour la ville voisine de Gaziabad où, contraint de multiplier les petits boulots, il vécut dans la misère. Cela ne l'empêcha pas d'apprendre la cuisine à ses fils, car il était convaincu que les recettes et le savoir-faire de la gastronomie royale constituaient un héritage précieux. C'est aujourd'hui la même cuisine que mangeait l'empereur Bahadur Sha Zafar que vous pouvez savourer dans ce restaurant où l'on vient de loin pour revivre l'art culinaire moghol. Seul petit bémol, et de taille pour ma personne, ce restaurant est non-végétarien. Dans une autre vie, j'ai certainement dû aimer la cuisine moghole.

Carnet de route d'un UPjiste - Un hiver indien - 4 - Motard et ses passagers dans le chaos urbain de Delhi

Carnet de route d'un UPjiste - Un hiver indien - 4 - Motard et ses passagers dans le chaos urbain de Delhi

LE "RICKSHAW-WALLAH"

Quand vous sortez de votre hôtel, il est là ! Il vous épie, prêt à fondre sur vous. C'est un oiseau de proie sans pitié au regard perçant, un oiseau de proie pour tous les touristes qui visite New Delhi, véritable jungle urbaine. Cette oiseau de proie, c''est le rickshaw-wallah, le conducteur de rickshaw, un véhicule tricycle motorisé destiné au transport de personnes ou de marchandise. La plupart de ces véhicules, équipés d'un moteur de scooter 2-temps, sont pourvus d'une carrosserie sans porte avec pare-brise, protégeant ainsi le conducteur et ses passagers.
- Rickshaw, Monsieur !
Justement ça tombe bien, j'ai décidé d'aller me promener dans le vieux Delhi, non loin du Fort Rouge et de la mosquée JamaMasjid. Etant blanc, fraîchement débarqué, je sais par expérience que tu ne peux que te faire arnaquer par un rikshaw-wallah. Avant de monter dans son engin, il faut absolument négocier le montant de la course sinon tu risques d'avoir de mauvaises surprises. J'ai bien dis négocier ! Car normalement il suffirait de demander de mettre le compteur, qui est obligatoire et qui affiche le prix juste, mais par malchance, soit le compteur est en panne ou soit il est cassé. Je ne m'en souviens plus, mais je crois que le dernier conducteur de rikshaw à avoir mis le compteur, ça doit remonter à 20 ans en arrière.
- How do youask for the Red Fort ? (Combien tu demandes pour le Fort Rouge ?)
- 250 roupies
- Combien ?
- 250 roupies
- Répète
- 250 roupies
À ce moment de la négociation, il faut agir ! Et j'ai un truc imparable, que j'utilise et qui en principe marche bien. Vous fermez l'œil droit, vous ouvrez tout grand l'œil gauche, vous inclinez légèrement la tête et vous le fixez.
- Combien
- 250 roupies
Vous ne dites plus rien, vous faites silence, un long silence, mais toujours en continuant de le fixer et vous attendez. C'est alors que le miracle se produit.
- 120 roupies, monte !
Et voilà vous avez économisé 130 roupies, (1 fr. suisse = 60 roupies) tout en sachant qu'en réalité la course ne vaut que 45 roupies, mais bon ! Rapport qualité prix, pour le même trajet un taxi genevois vous aurait pris 25.- frs et vous vous seriez ennuyé tout le long dela course.

Ce n'est un secret pour personne, il faut toujours se méfier d'un rickshaw-wallah, beaucoup d'entre eux sont les spécialistes de l'arnaque. Quand tu as défini le prix de la course, que tu es monté dans son véhicule, qu'il a démarré et qu'il emprunte la grande avenue, c'est là que tu vas voir si tu es tombé sur un honnête conducteur où un bon arnaqueur ! S'il se retourne, te fais un grand sourire, montrant ses dents rougis par la chique de bethel qu'il vient de cracher juste avant de te demander :
- C'est la première fois que tu viens en Inde ?
Dépêche-toi de répondre négativement, et dis luique tu viens tous les années en Inde, car tu aimes ce pays et que tu y as pleins d'amis. Si tu as le malheur de dire que c'est la première fois, il y a de fort risque que tu n'arrives jamais à destination, car il va t'emmener chez son « frère » qui tiens une boutique de vêtements, chez son « cousin » qui vend des articles de souvenirs, chez son « oncle » qui a une agence de voyage et qui pratique le change « good price » et en dernier ressort, il connait un « ami » qui vend du bon shit provenant de Manali. Beaucoup de conducteurs de taxis et de rickshaws touchent des commissions des hôtels et des boutiques et c'est une des raisons qui fait que beaucoup d'indiens t'accostent dans la rue pour te proposer tous et n'importe quoi ! Ils sont capables de te foutre en l'air ta journée si tu t'embarques dans cette « aventure ».

Mais en fin de compte, quand il voit qu'il ne peut rien tirer de toi, le rickshaw-wallah devient très sympathique et t'emmène sans surprise à destination avec en route quelques émotions et quelques sueurs froides.
On peut résumer la circulation à Delhi de.... bordélique, chaotique, apocalyptique et anarchique. Le marquage au sol, les feux de signalisation, le sens de la circulation, les limitations de vitesses, les ronds-points ne servent à rien, tout se prend à contre sens de la logique occidentale. Une seul loi : le klaxon, et peut-être aussi s'en remettre à « Mister Chance ». Mais, chose étrange, qui ne serait pas possible à Paris ou d'autres villes Européennes, c'est que dans tout ça, on ne ressent aucune agressivité dans leur façon de conduire, de se comporter avec les autres usagés. Le klaxon ne sert pas à réprimander un gars qui fait une connerie, mais juste à signaler aux autres conducteurs qu'il est derrière eux et qu'il va dépasser ou faire une manœuvre quelconque que seule ont le secret cette corporation de chauffeurs.
Inutile de dire, que quand vous croisez dans ce trafic, un rickshaw avec à son bord des touristes, vous lisez la peur sur leurs visages. Certains doivent regretter, de ne plus savoir le « Notre Père » et le « Je Vous salue Marie ».

Dans ce brouhaha infernal, que je rentre le soir à l'hôtel, souffrant déjà d'acouphène, ce n'est plus des sifflements que j'entends, mais les cloches de la cathédrale de Fribourg, les trompettes de Jérichoet la sirène de la protection civile de St Gingolphe réunis, qui bourdonnent dans mes oreilles. Vivement le départ pour les contreforts de l'Himalaya.

Carnet de route d'un UPjiste - Un hiver Indien - 5 - Il y a ceux qui travaillent, ceux qui regardent et ceux qui meditent sur le travail sur Soi et le regard Interieur

Carnet de route d'un UPjiste - Un hiver Indien - 5 - Il y a ceux qui travaillent, ceux qui regardent et ceux qui meditent sur le travail sur Soi et le regard Interieur

CHEZ LES RAJAS DU KUMAON

Je me trouve dans les splendides KumaonHills, montagnes qui se trouvent sur les contreforts de l'Himalaya, qui sont un endroit merveilleux où se sont établies plusieurs stations dont Almora que je tenais à découvrir.
Je suis parti de Delhi en bus de nuit, qui devait partir à 22h00 et qui, finalement, a démarré à 23h45. Faut pas charrier, on est en Inde. Quand vous prenez le bus, on place toujours les étrangers tout à l'arrière, dans les derniers sièges, sous les regards fuyants des indiens. Quand le bus démarre, sur des routes à moitié défoncé, vous comprenez pourquoi ! C'est à l'arrière du bus où vous êtes les plus secoué, et où à chaque nid de poule, vous faites des sauts en l'air à vous taper la tête contre le plafond.
Dans ce bus Deluxe, le plafond était très bas, car il y avait en dessous une rangée de sièges et au-dessus une rangée de couchettes, ce qui fait qu'avec mon 1.89m ma tête c'est coltinée le plafond durant les 10 heures de trajet. Je n'ai pas pu fermer l'oeil de toute la nuit. Le bus n'allait pas plus loin que Nainital, une station balnéaire pourvue d'un petit lac, très prisé des touristes indiens. J'ai pris un taxi pour les 2 dernières heures de route, qui m'a mené jusqu'à Almora.

Almora se trouve à 1646 m d'altitude, (4 m. de plus qu'à Zinal) et c'est un fantastique point de vue sur les montagnes aux neiges éternelles, comme le Trisul ou le NandaDevi. Cette ville a été fondée en 1560 pour servir de résidence d'été aux rajas du Kumaon. En effet, Almora fut choisie par ce qu'elle bénéficie d'un climat frais et de jolies perspectives sur les montagnes himalayennes. La ville abrite aussi des bâtiments de l'époque coloniale et c'est justement dans l'un de ceux-ci que je loge en ce moment.

Si la ville au premier abord ne m'a pas emballé, par contre le Kailas Hôtel vaut le détour. Le « LonelyPlanet » le décrit ainsi : « La plus sympathique guesthouse d'Uttaranchal est tenue par M. Shah, un avenant directeur de banque à la retraite. La chambre Maharaja vaut le coup d'œil : Vous aurez l'impression de dormir dans le grenier d'un musée. L'endroit propose une saine cuisine maison. »
C'est une vieille bâtisse qui a passé 100 ans, et son propriétaire est un charmant vieillard âgé de 96 ans. M. Shah est effectivement un personnage très sympathique et il cadre bien avec l'endroit. L'Hôtel Kailais tombe en décrépitude, mais c'est tout là son charme et moi qui suis un amoureux des vieilles choses, je suis comblé. L'hôtel a même reçu des compliments du « DoctorChakvrarty, physician to President of India » qui le recommande chaleureusement.
Naturellement étant le seul client, il m'a proposé la chambre « Maharaja » pour 450 roupies, c'est-à-dire 7 frs suisse. Même si cette chambre encombrée d'objets hétéroclites n'est plus très fraîche, vivre la vie d'un maharaja d'un soir, ce n'est pas à la portée de tous !

Carnet de route d'un UPjiste - Un hiver indien - 6 - Meme les vaches ont besoin de se rechauffer a Almora

Carnet de route d'un UPjiste - Un hiver indien - 6 - Meme les vaches ont besoin de se rechauffer a Almora

NUIT D'ORAGE

La réussite d'une bonne nuit de sommeil dans une chambre non chauffé des montagnes himalayennes, même dans une « chambre de maharaja », c'est de vous prémunir d'une bouillotte. Une bouillotte au fond de votre sac de couchage, vous garantira une nuit agréable car c'est important de bien dormir en voyage. Sauf que....
Cette nuit, un violent orage a éclaté, faisant entendre le bruit assourdissant du tonnerre se répercutant sur les « Kumaon Hills ». Les nuits d'orages dans les Himalaya, sont impressionnantes et le spectacle des éclairs illuminant le ciel assombri par de gros nuages noirs est magnifique. Le bruit de la pluie sur le toit en tôle de l'hôtel Kailas, ne m'a pas dérangé, c'est une musique que j'aime entendre. Sauf que...
À un moment donné, une goutte s'est aplati sur mon front, puis deux, puis trois..... J'allume la lumière et constate que du plafond de ma « chambre de maharaja » tombaient des gouttes venant terminer leur course sur mon coussin et notamment sur la tête qui était posé sur le dit coussin. Le toit était percé juste au-dessus de mon lit. Afin de ne pas mouiller mon matelas, j'ai dû mettre un seau en plastique, jusqu'à côté de mon visage. A force de compter les goutter qui tombait au fond de mon seau, je me suis endormi. Passer la nuit, à côté d'un récipient en plastique, on pas dire que c'est les « mille et une nuits », mais bon ça fait partie de l'aventure. Sauf que ....
Etant retombé dans les bras de Morphée, des grognements impressionnants me tire de mes songes. Quatre chiens, ont eu l'idée de venir s'abriter de la pluie devant ma « chambre de maharaja ». Supposant qu'un des chiens voulant s'approprier le tapis de porte, se mit à le défendre ardemment, provoquant une bagarre générale occasionnant un boucan d'enfer. Heureusement que je ne viens pas en vacances pour me reposer.

Carnet de route d'un UPjiste - Un hiver indien - 7 - Shri Jawaharlal Shah, 96 ans, proprietaire du Kailas Hotel, a bien connu le Mahatma Ghandi

Carnet de route d'un UPjiste - Un hiver indien - 7 - Shri Jawaharlal Shah, 96 ans, proprietaire du Kailas Hotel, a bien connu le Mahatma Ghandi

LA FIN D'UNE EPOQUE

Comme je suis le seul client du Kailas Hotel, le repas du soir se passe dans la chambre à coucher de Monsieur Shah, seul pièce de tout l'hôtel chauffé par un petit radiateur électrique. Sa fille, me mijote d'excellent plat typiquement indien, un vrai régal pour les papilles.

Avec Monsieur Shah, je vis les derniers moments d'une époque révolue de l'Histoire indienne. J'ai la chance d'avoir rencontré un des derniers témoins qui a combattu pour l'indépendance de l'Inde au côté du Mahatma Gandhi. Jawaharlal Shah, a joué un rôle politique dans la nouvelle Inde naissante de 1947, notamment dans le domaine bancaire.
Je dois l'avouer, je n'ai pas tout compris son histoire, car visiblement il lui manque passablement de dents et qu'en plus, mon anglais est primaire, ce qui n'arrange rien dans nos conversations au coin du lit.

C'est le 15 août 1947, que l'Inde est devenue indépendante ; jusque-là le pays vivait sous la domination anglaise.
La colonisation britannique a laissé une marque profonde en Inde. S'il est vrai qu'elle a introduit les progrès technologiques et les idées libérales, elle a aussi figé la société dans une tradition brahmanique réinventée. Les Britanniques en effet ont mené une politique qui interdisait toute évolution sociale. Pour cela, ils se sont alliés avec les lettrés de l'époque qui étaient la haute caste des brahmanes, qui ont su faire adopter leur notion de la justice et de l'organisation sociale. En recensant la population, ils ont décidé de dénombrer les castes et de les classer hiérarchiquement, en se référant bien entendu aux critères de leurs petits amis brahmanes. Si aujourd'hui encore, les conflits de castes qui sont une honte pour ce pays démocratique, continus de gangréner l'Inde, c'est la conséquence de ce travail d'ingénierie sociale. En validant la séparation des castes les colons anglais l'ont renforcé créant ainsi des inégalités entre la population indienne. En plus, ces gros benêts d'orientalistes, qui passaient leur vie dans des bouquins, en se déconnectant de la vie réelle, étudiant les anciens textes brahmaniques, ont conforté les colons de sa Gracieuse Majesté dans cette politique honteuse qui ont rendu une grande partie de la population indienne esclave de l'autre partie.
La colonisation de l'Inde par les anglais, n'a pas été motivé par des projets expansionnistes, ni d'une volonté de conquérir le pays pour la grandeur de l'Angleterre, mais tout simplement pour la recherche du profit et la défense de la Compagnie des Indes britanniques, présente depuis 1600 sur cette énorme territoire, qui était composé de capitaux privés détenant le monopole commercial entre l'Angleterre et l'Asie. God save the Queen, God save the business !
Avant la fin du 18ème siècle, le gouvernement britannique n'a pas voulu se mêler des affaires de la Compagnie des Indes, qui relevait pour lui de la sphère privé des affaires. Mais dans ce siècle des Lumières, le Parlement a fini par s'émouvoir devant ces millions d'individus gouvernés par des marchands. La rébellion des Cipayes de 1857-1858 a entraîné l'abolition de la Compagnie des Indes britannique. Mais la politique anglaise est restée pragmatique, faut pas pousser bonbonne la reine dans les orties, l'Inde a été gérée au plus bas coût possible, avec le seul produit des impôts levés sur place.
« Oui mais les anglais, ont apporté à l'Inde sont important réseau de chemin de fer » vous ferait remarquer un lord anglais, grosse moustache, chapeau melon et botte de cuire !
Le chemin de fer a été construit aux frais du contribuable Indien, avec le matériel anglais et selon un tracé conçu pour la circulation des troupes, et l'acheminement des produits d'exportation vers les ports. Sa majesté n'a pas pensé une seconde à ces braves petits indiens !

Si le régime colonial a duré pendant toutes ces années d'occupations, c'est aussi grâce à la collaboration des vastes secteurs des élites indiennes. L'armée des Indes était composée aux deux tiers d'indigènes, les maharajas, les princes sous protectorat, les propriétaires fonciers et, les employés de l'administration ont largement soutenu l'Empire. La colonisation a unifié l'Inde politiquement, l'anglais a permis à l'élite de parler un langage commun et les universités britannique lui ont appris le libéralisme : d'une certaine façon, l'Angleterre a créé elle-même les instruments de son expulsion. L'Indien est très malin et il apprend très vite.

Le centre du projet politique de Gandhi était la doctrine de la non-violence ou ahima. Il s'astreint à une vie simple et discipliné et créa le premier ashram ouvert aux intouchables, c'est-à-dire la plus basse des castes indiennes. Dès la première année de son combat il remporta une grande victoire en défendant les paysans exploités du Bihar. C'est à ce moment qu'il reçut par ses admirateurs le titre de « Mahatma », mot qui signifie « Grande âme ». En 1920, devenu un ténor du Congrès national, il coordonna une campagne national de non-coopération avec la puissance coloniale, ce qui eut un effet de faire naître un fort sentiment de nationaliste et lui valut l'hostilité des Britanniques. Emprisonné, il entama une grève de la faim pour contraindre ses compatriotes à reconnaître le droit des intouchables. En 1942, il participa activement à la campagne « Quit India » qui demandaient aux anglais de quitter l'Inde. Tous ces combats ont eus pour conséquences d'aboutir à l'indépendance de l'Inde en 1947.
Lors de l'indépendance de l'Inde, Gandhi connu la plus poignante des déceptions : la partition de l'Inde. Jusqu'au bout il s'opposa à cette séparation. La décision fut annoncée en 1947 par Lord Mountbatten, au nom de la couronne britannique, et difficilement votée par le parti du Congrès indien ; un nouvel Etat surgirait, le Pakistan, lui-même divisé en deux. Le Pakistan oriental deviendra en 1971, grâce à l'armée indienne qui aidera les insurgés, le Bengladesh.
Gandhi est mort assassiné par un brahmane le 30 janvier 1948. Il reçut trois balles de revolver et sa vie s'acheva là.

En 2012 fut fondée en Inde un nouveau parti à la suite des manifestations anti-corruption, l'AAP, Aam Aadmi Party, « parti de l'homme ordinaire, qui a choisi le balai comme symbole électoral et un registre gandhien de mobilisation. Sur les petits chapeaux à la Gandhi des militants on peut lire : « Je veux l'auto-gouvernance », vieux slogan anticolonial désormais utilisé pour signifier la volonté de se réapproprier la vie politique. Les yeux sont braqués sur cette nouvelle formation car dans 4 mois il y a des élections législatives, et le « parti de l'homme ordinaire » compte bien mettre à mal les deux partis corrompus du Congrès et des nationalistes hindous du BJP, Parti du peuple indien.

La fille de Monsieur Shah vient débarrasser les assiettes du diner et me demande si je veux prendre le petit déjeuner demain matin. Je lui réponds par l'affirmatif. Elle me propose des pancakes à la confiture et du porridge. Du porridge ! A non ! Le porridge c'est pour ces cochons de Roastbeefs ! Même leur bouffe dégueulasse, ils ont réussi à l'imposer aux Indiens.

Carnet de route d'un UPjiste - Un hiver indien - 8 - Dans un dhaba de Pithoragarh

Carnet de route d'un UPjiste - Un hiver indien - 8 - Dans un dhaba de Pithoragarh

PITHORAGARH « LITTLE KASHMIR »

Combien de touristes qui viennent en Inde connaissent-ils Pithoragarh ? Et qu'est-ce qui peut bien vous attirer à Pithoragarh ?
Pithoragard, se trouve au cœur d'une vallée surnommé « Little Kashmir », située dans une région reculée qui borde le Tibet et le Népal. Elle se trouve à 120 km d'Almora et c'est de là que partent les pèlerins en route pour le pèlerinage du Mont Kailash. Un responsable de l'urbanisation s'arracherait les cheveux s'il débarquait dans cette vallée. Elle est pratiquement recouverte de maisons d'habitations disposées d'une manière totalement anarchique. On ne comprend pas où la ville commence et où elle finit, les fermes, les magasins, les bâtiments administratifs, les temples, tout est mélangés. Je ne pense pas que c'est ici que je vais trouver l'Illumination !

Peu importe, j'y suis, j'y reste ! Si je suis à Pithoragard, c'est la faute du guide « Lonely Planet », qui décrit cette cité en 3 lignes. C'est le nom « Little Kashmir », « Petit Cachemire », qui m'a attiré ! Mais reconnaître le Cachemire, même petit, dans cette vallée de Pithoragarh, il faut avoir l'imagination débordante. À mon avis les gars du « Lonely Planet » doivent arrêter de fumer des pétards !

Le Cachemire se trouve tout au nord de l'Inde, c'est une région qui est enclavé entre le Pakistan et le Ladakh. Lors de mes deux premiers voyages en Inde, j'y ai séjourné, tant cette région m'a émerveillé. À cette époque on l'appelait « La Vallée Heureuse » ou « La Suisse des Indes ». On raconte que c'est au Cachemire que la « Tribu perdue d'Israël » s'y serait réfugiée lors de l'Exode. Il est vrai, que j'ai visité plusieurs endroits où auraient vécus et où seraient enterrés des personnages bibliques très connus. Mais ça c'est une autre histoire !
Lors de mon dernier séjour en 1988 à Srinagar, ville principale du Cachemire, j'ai vu sauté une bombe à 500 mètres de l'endroit où je me trouvais. Le lendemain, deux autres bombes sautaient dans la zone du marché. Rester devenait risquer, le lendemain, avec Adriana ma compagne, nous décidions de quitter cette vallée. Et depuis je rêve d'y retourner, car il y a des endroits que je voudrais absolument voir. Pour le moment ce n'est pas possible !

Cette région d'une beauté légendaire se retrouve divisée en 1947-1948, lors d'une guerre qui éclate au lendemain de l'Indépendance de l'Inde et de la création du Pakistan. Le Cachemire est en majorité musulman et dirigé par un maharajah. Des cachemiris, aidés du Pakistan, se révoltent contre Hari Singh, maharajah du Jammu-et-Cachemire qui demande l'accession de son Etat à l'Inde afin d'obtenir une aide militaire. New Delhi accepte et envoie ses troupes à Srinagar. C'est le début de la première guerre indo-pakistanaise. En 1989, se développent des mouvements indépendantistes au Cachemire et depuis c'est l'escalade de la violence. Les différents qui opposent le Cachemire aux autorités indiennes demeurent sans solutions encore aujourd'hui. L'Inde assure ce qu'elle appelle de la « sécurité » au Cachemire indien avec le déploiement sur ce territoire de plus de 700 000 soldats, une occupation qu'accepte mal la population cachemirie, d'autant plus que les abus de l'amé sont loin d'être rares.

Le soir tombe sur Pithoragard, je décide d'aller faire un tour en ville afin de repérer des bons petits coins qui peuvent rendre mon séjour agréable. J'y découvre un petit dhaba, restaurant rudimentaire fait de planches et de tôles, fort sympathique, qui sert un excellent Chai, un restaurant qui m'a fait découvert le tikki, un nouveau plat indien que je ne connaissais pas. Le tikki, c'est des galettes de pommes de terre rôties qui baignent dans une sauce épicée et garnie de pois chiche, avec par-dessus des oignons crus coupés en petits morceaux et nappé de yaourt nature. Quand le ventre est bien rempli, l'esprit l'est aussi.

Carnet de route d-un UPjiste - Un hiver indien - 9 - Un soutien-gorge, un slip, une jupe froissee, un maillot de corps, un pull en laine, des boudeilles d'alcool vides, du sang...... Tous les symboles apparents d'un viol.

Carnet de route d-un UPjiste - Un hiver indien - 9 - Un soutien-gorge, un slip, une jupe froissee, un maillot de corps, un pull en laine, des boudeilles d'alcool vides, du sang...... Tous les symboles apparents d'un viol.

UNE RENCONTRE TROUBLANTE

Ce matin je me suis levé avec une bonne résolution. Cette nuit, je me suis réveillé et mon subconscient m'a suggéré qu'il fallait que je mange des fruits. C'est important d'écouter son subconscient. C'est vrai que depuis que je suis arrivé en Inde, je n'ai pas mangé de fruits. Sachant que l'esprit est le créateur et le contrôleur du corps, quand il vous chuchote un bon conseil et bien on l'obéit. Dans notre vie stressée de tous les jours, on a perdu l'habitude d'écouter cette petite voix intérieure. On ne l'entend plus, et c'est bien malheureux, parce ça nous éviterais bien des traquas et nous pourrions éviter bien des maladies. (Et faire baisser nos assurances maladies).
Donc je suis allé au marché acheter des fruits. Je suis ensuite passé dans le dhaba très sympathique boire un Chai et manger quelques oranges et bananes. Ensuite j'ai décidé d'aller me promener au petit bonheur la chance, mais surtout quitter la ville pour aller dans la forêt qui se trouve sur le coteau de la montagne. En chemin je rencontre des étudiants qui allaient pique-niquer, ils me conseillent de prendre un chemin dans la forêt. Cherchant un peu de calme, je m'empresse de les écouter. En montant le sentier, dans une clairière j'aperçois en haut d'une montagne une énorme croix qui domine la vallée. C'est la première fois que je vois une croix en Inde de cette nature. J'en fais le but de mon excursion. Gravissant un joli petit sentier bordé d'un petit muret de pierres je tombe sur quelque chose qui allait me mette mal à l'aise.
Sur le bord du sentier il y avait des habits éparpillés et en regardant de plus près je vois un soutien-gorge, un slip, une jupe froissée, un maillot de corps, un pull en laine, un bracelet, des bouteilles d'alcool et des tâches de sang. Immédiatement toutes les horreurs que j'ai lu sur les viols en Inde qui se sont passés l'année dernière me viennent à l'esprit. J'aimerais me tromper mais il y a bien eu à cet endroit un viol. L'esprit ne peut être que troublé par cette vision et ce qui me fait penser à des sévices sexuels, ce sont les bouteilles d'alcool qui sont abandonnées tout autour. La majorité des viols qu'il y a eu en Inde étaient perpétrés par des hommes sous l'effet de l'alcool.

Dans un bus, le 16 décembre 2012 à New Dehli, six hommes ivres violentes une jeune indienne devant son compagnon, et l'agressent sexuellement avec une barre de fer rouillé avant de la laisser morte sur le trottoir. Elle a été battue et violée dans une rue peuplée, surveillée par la police dans une banlieue de New Delhi. Malheureuse, cette jeune indienne de 23 ans, devait mourir quelques jours plus tard. Ce viol va horrifier tout le pays et va déclencher une vague de protestation et de colère dans la capital de l'Inde.
Dans ce pays, ou le mot viol ne figure pas dans le vocabulaire hindi, 22 000 viols ont été recensés en 2012. Mais en l'absence de plainte, une agression sexuelle ne figure pas dans les statistiques et on estime que le nombre de cas qui ne sont pas déclarés à la police indienne est nettement supérieur.
Les journaux indiens accusent la police de ne pas faire son travail, car les policiers refusent systématiquement d'enregistrer les plaintes après les viols. Au lieu d'aider ses pauvres femmes victimes de violence, les policiers leur font des remarques humiliantes, comme de leur reprocher de sortir en ville ou de s'habiller de manière voyante. Même si depuis que la presse mondiale a divulguée toutes ces sales affaires et sous la pression de l'opinion la police indienne a changé d'attitude vis-à-vis des victimes, les journalistes indiens doutent que la guerre contre la misogynie soit gagnée.

La Constitution indienne garantit l'égalité de tous devant la loi, mais les femmes demeurent inférieures aux hommes. Comme par hasard, cette infériorité est d'origine religieuse.
« L'épouse unique, totalement confiante, considère son mari comme un dieu et lui est complètement dévoué », dit le Kâma Sûtra, un texte écrit vers le 4ème siècle av. J.-C.
Dans l'imaginaire indien, la femme reste un objet sexuel, et qu'en l'homme s'en sert en la violentant il ne se sent même pas responsable.
Attention, il ne faut pas mettre tous les hommes indiens dans le même panier, car fort heureusement, cette société évolue. Dans les manifestations massives qui ont eu lieu, il n'y avait pas que les femmes qui protestaient, mais également beaucoup d'hommes, preuve que les temps changent.

Juste au-dessus de l'endroit où se trouvaient les habits éparpillés, il y avait un petit temple dédié à Shiva. Je m'y suis arrêté, l'endroit était calme et la vue était magnifique, le lieu idéal pour calmer mon esprit. Ensuite j'ai repris ma marche et je suis monté jusqu'à la croix qui dominait la vallée. Juste en dessous, à environ 500 mètre, il y avait une léproserie qui était administré par une mission chrétienne, ce qui explique l'édification de la croix à cet endroit.

Carnet de route d'un UPjiste - Un hiver indien - 10 - Dans la montee du pelerinage de Sanjeev ki Akassnsha

Carnet de route d'un UPjiste - Un hiver indien - 10 - Dans la montee du pelerinage de Sanjeev ki Akassnsha

PLUS C'EST HAUT, PLUS C'EST BEAU

Ce matin je me suis levé dans l'intention de gravir une montagne qui domine toute la vallée de Pithoragarh. C'est un lieu connu de pèlerinage et comme tout endroit sacré se situant en haut d'une montagne, on est sûr en principe de ne pas être déçu par la vue qui nous attend. Jusqu'à aujourd'hui, je n'ai pas pu profiter de la beauté de la chaîne himalayenne, toujours couverte de nuages, et je compte bien, vu le temps splendide, découvrir ses fameux sommets enneigés que l'on peut admirer sur une centaine de kilomètres.

Le départ du pèlerinage se trouve à 20 kilomètre de la ville, et comme toutes les indications sont en hindi, je me réserve la surprise de découvrir quelle divinité habite en haut de cette montagne. La montée est rude et particulièrement pénible à cause de la chaleur. Moi qui m'attendais à trouver cette année de la neige et du froid, je suis comblé, car j'ai l'impression d'être en été, même si les indiens n'arrête pas de me dire qu'il fait froid. Après une heure et demie de marche en solitaire, j'arrive enfin à destination. Après m'être déchaussé, j'entre dans la cour du temple et je suis pris par la splendeur du panorama et par les bhajans, chants sacrés pleins de ferveurs et de vénérations, qu'une dizaine de jeunes filles ont entonné. Le prêtre m'accueille et me dit que cet endroit s'appelle « Sanjeev Ki Akashsha » et qu'il est dédié à la Mère du Dieu Shiva. Ensuite il m'offre des fleurs, une banane et des sucreries et me présentent le temple. Quand je visite un temple hindou je suis toujours un peu gêné car je ne connais pas bien leurs rites et je ne sais jamais comment me comporter. Certaines fois, dans d'autres temples, le regard sévère du prêtre brahman me donnait pas envie d'entrer. Par contre ici je me sens bien. C'est un pèlerinage qui est très fréquenté par les femmes qui viennent rendre hommage à la Mère. Trois cent mètre plus bas, un autre temple s'élève, mais celui-là est dédié au Fils, le Dieu Shiva. Là, le prêtre, m'offrira des oranges et les servants du chai. Tous les gens que j'ai rencontrés là-haut ont été d'une gentillesse et d'une amabilité et je remercie Shiva et sa Mère de m'avoir fait découvrir cet lieu sacré.

Le seul petit regret, c'est que la luminosité était très forte, et les montagnes enneigées légèrement voilées ce qui ne permet pas de faire des photos de qualité de l'Himalaya. Il faudrait venir tôt le matin. Le soir c'est trop tard, les nuages sont de retour.

Carnet de route d'un UPjiste - Un hiver indien - 11 - Petard du matin, reveil le pelerin

Carnet de route d'un UPjiste - Un hiver indien - 11 - Petard du matin, reveil le pelerin

INTERLUDE

« En quittant son propre pays et demeurant en terre étrangère, l'on doit acquérir la connaissance pratique de non-attachement » (Auteur inconnu)

Il est particulièrement difficile pour un occidental, d'être loin de ses proches et de ne pas avoir de nouvelles d'eux. Mais heureusement, aujourd'hui, il a internet qui vous permet de recevoir et d'envoyer des mails et par conséquent être au courant de ce qui se passe chez vous dans l'heure qui suit. Voilà plusieurs jours que je suis en Inde, et tout naturellement j'ai envie d'avoir des nouvelles de ma famille qui est restée en Suisse. Je me rends donc dans un Internet Café.

Voilà donc que je commence par introduire Madame Hotmail dans mon moteur de recherche. Quelques secondes plus tard, apparaît Monsieur Outlook, qui depuis quelques mois a épousé Madame Hotmail et qui vive sous le même toit pour le meilleure et pour le pire. Monsieur Outlook, très poliment, me demande d'introduire mon adresse E-mail, puis de taper mon code. Il n'y a pas de problème, car voilà des années que j'effectue cette même opération. Quelques secondes plus tard, m'attendant à voir apparaître mes mails, je constate qu'il y a quelque chose qui cloche. Monsieur Outlook, très sérieusement me fait savoir : « Verify your account ». Bien, je ne vois pas d'inconvénient à ce que vous vérifiez mon compte E-mail. Encore quelques secondes d'attente, j'ai le temps, je suis en vacances. Monsieur Outlook, me demande d'inscrire dans une case réservée à cet effet, les 4 derniers chiffres de mon téléphone portable. J'inscris les 4 derniers chiffres de mon téléphone portable, comme me le demande Monsieur Outlook. Je tapote sur « next ». Les secondes défilent, et Monsieur Outlook me prie d'introduire le code. Quel code Monsieur Outlook ? Monsieur Outlook, calmement, m'explique, que je dois introduire le code et les 4 derniers chiffres de mon téléphone portable. J'ai bien compris Monsieur Outlook, mais quel code je dois introduire ? Monsieur Outlook commence de perdre patience, et il m'explique, que le code vient d'être introduit sur mon téléphone portable.

- MONSIEUR OUTLOOK ! IL Y A UN PETIT PROBLEME, C'EST QUE MON TELEPHONE PORTABLE SE TROUVE DANS MA CHAMBRE À COUCHER EN SUISSE, ET QUE MOI, JE ME TROUVE DANS LES MONTAGNES EN INDE !!!!! EXPLIQUER MOI, COMMENT JE FAIS POUR SAVOIR QUEL CODE VOUS AVEZ INTRODUIT DANS MON TELEPHONE PORTABLE, JE SUIS À 8000 KM DE MA CHAMBRE À COUCHER ?

Monsieur Outlook ne pourra pas me répondre et me laisse désappointer devant cet écran imperturbable.

Monsieur Outlook, je pense que se serait plutôt à nous de « verify your account », car l'informaticien Edward Snowden,comme vous le savez, à confesser à la planète le joli rôle d'hyper-voyeur que joue la CIA et la NSA, en déclarant : « Je ne peux, en âme et conscience, laisser gouvernement américain détruire la vie privée, la liberté d'internet et les libertés essentielles pour les gens tout autour du monde avec ce système énorme de surveillance qu'il est en train de bâtir secrètement » Comme ça les américains, sous prétexte de lutter contre les terroristes, surveillent le globe entier via les réseaux sociaux. Monsieur Outlook, c'est pour vous donner bonne conscience, que vous décidez de « verify your account » au moment où je me trouve en Inde et que j'ai le plus besoin de mon compte E-mail.

Arrêtez vos conneries et arrêtez de nous prendre pour des idiots ! Ceci est aussi valable pour vos petits amis, les soi-disant géants de l'Internet, les Yahoo, Google, Facebook, Microsof, AOL, Youtube et j'en passe et des meilleurs qui sont également de sinistres collabos. Naturellement, tous démentent de peur d'y perdre des plumes, plutôt dire des milliards, et de voir leurs clientèles s'envoler.
Pour en terminer avec vos magouilleries, qu'est-ce qu'Edward Snowden sous-entendait quand il disait : « Vous ne pouvez pas savoir tout ce qu'il est possible de faire, l'ampleur de leurs capacités est horrifiante ». Je constate que l'avenir de nos enfants est entre de bonnes mains !
Le Seigneur est avec vous ! Et avec votre Esprit ! Que Dieu protège l'Amérique.

Vous avez rendu utile l'inutile, uniquement pour engranger du fric. Vous nous avez transformé en numéros, mais Monsieur Outlook, vous savez bien qu'un numéro ça n'a pas d'âme, qu'un numéro ça n'a pas de cœur. D'ailleurs Monsieur Outlook vous en avez un de cœur ? Vous avez les capacités et le pouvoir de communiquer avec nous en nous envoyant des conneries, mais nous, les numéros, quand on a besoin de vous, à quel numéro doit-on vous contacter ?

Moralité de cette histoire.

En faites Monsieur Outlook vous me rendez service. Les Sages de l'Himalaya nous disent : « Toutes choses qui peuvent sembler être des obstacles au développement spirituel peuvent être utilisées comme aide sur le Sentier. » Et pour cela, cette méthode est appelée « L'utilisation des obstacles comme aide sur le Sentier ».

J'ai beaucoup de choses à apprendre. Je voyage déjà sans montre, sans téléphone portable et maintenant sans E-mail. Je dois apprendre à me détacher de tous ces obstacles qui peuvent nuire à mon développement spirituel car il est dit : C'est quand la poule est au repos qu'elle produit beaucoup » Et quand on a la chance de pouvoir voyager, il faut profiter, l'esprit calme, d'acquérir des biens spirituels et se détacher des biens matériels.

Carnet de route d'un UPjiste - Un hiver indien - 12 - AFTER WHISKEY DRIVING RISKY Conduire c'est risque apres un whisky

Carnet de route d'un UPjiste - Un hiver indien - 12 - AFTER WHISKEY DRIVING RISKY Conduire c'est risque apres un whisky

GOOD LUCK IN THE ROAD

Les trois choses dont il faut savoir en Inde quand on part voyager en voiture, c'est : « Good horn, good brakes and good luck » ce qui signifie « Un bon klaxon, de bons freins et de la chance ».

Rouler sur les routes indiennes est un spectacle permanent et toujours un départ pour mille surprises. Cette année, j'ai opté pour les petits taxis Susuki plutôt que les bus encombrés qui s'arrêtent tous les kilomètres pour prendre des passages et qui entament les descentes vertigineuses sur-bombés.
Quand vous prenez le bus dans les montagnes indiennes, éviter de vous assoir à côté d'une femme, non pas par misogynie, mais parce que vous pouvez être sûr que dans les premiers virages, elle va vomir. C'est pour cette raison qu'elles se mettent toujours près des fenêtres et c'est peut-être la seule fois où les hommes sont galants et se déplacent vers le siège central. Vous observez un bus arriver à la gare routière, vous pouvez être sûr qu'il est crépi de vomi, mais chez les indiens c'est tellement naturel. Sur la route de Pithoragarh, mon taxi a embarqué une famille qui se rendait à un pèlerinage 10 km plus loin. À peine partie, l'enfant vomissait sur les genoux de sa mère, et 1 km plus loin s'était la grand-mère, tout ça sur fond de musique bolywoodiennnes.

On compte en moyenne 80 000 morts sur les routes indiennes par an. Pour éviter et prévenir les accidents le gouvernement a recours à un jargon publicitaire en mariant une forme populaire et à des visées didactiques. Ses bons conseils figurent tantôt en traits de pinceau jaunes sur des roches sombres, tantôt en lettres blanches sur des panneaux bleus. Je vous en donne un florilège :

LIVE FOR TODAY, DRIVE FOR TOMORROW - « Vivez le jour présent, conduisez en pensant à demain. »
KEEP YOUR NERVE ON A SHARP CURVE - « On se calme dans le virage en tête d'épingle ».
ACCIDENTS BREEDS WHEN YOU OVERSPEED - « Les accidents se multiplient quand sur le champignons tu appuies ».
MOUTAINS ARE A PLEASURE ONLY IF YOU DRIVE WITH LEISURE - « La montagne c'est le pied, seulement quand tu le lèves ».
LICENCE TO DRIVE, NOT TO FLY - « Permis de conduire, pas de voler » (Juste au bord d'un précipice)
WATHT'S THE HURRY ? RELAY, ENJOY AND PROCEED – « À quoi bon courir ? Sois zen, profite et ciurcule.

Sur les routes on rencontre énormément de camions qui approvisionnent les vallées reculées. Les camions, fleuris et peints, crachent une fumée abominable et leur moteur pétarade lourdement en donnant l'impression qu'il va caler à chaque changement de vitesse. Les chauffeurs sont généralement courtois, de la main ils font signe d'attendre ou de passer. À l'arrière du camion qui roule devant vous, souvent deux mots reviennent assez fréquemment, peint en lettres majuscules « HORN PLEASE » « Klaxonnez, s'il vous plaît ». Et mont taxi ne se gêne pas d'utiliser son klaxon puisqu'on lui demande si gentiment.
Il n'est pas rare, de rencontrer sur le bord de la route, des camions renversés ou bien en panne, l'essieu cassé tellement ils sont chargés. Très souvent les chauffeurs essayent de réparer eux-mêmes. En plein milieu de la chaussée, ils font une barrière de pierre autour de leur véhicule et travaillent pendant des heures, les pièces du moteur éparpillés autour d'eux espérant réparer avant la nuit. Parfois ça marche.

Je suis de retour à Almora, j'y avais laissé une partie de mes affaires au Kailas Hotel. Monsieur Shah m'a dit avant de partir pour Pithoragarh « Ferme la porte de ta chambre, prends les clés avec toi et tu me payeras quand tu reviendras ». La dessus il me tend une petite fleur rouge et me souhaite bon voyage. (Une petite pensée à nos hôteliers suisses, si commercialement aimable !)

La neige tombe sur Almora

Carnet de route d'un UPjiste - Un hiver indien - 13 - Le grand frisson a la fete foraine de Bageshwar

Carnet de route d'un UPjiste - Un hiver indien - 13 - Le grand frisson a la fete foraine de Bageshwar

NEIGE ET VERGLAS SUR ALMORA

Il a neigé durant la nuit sur Almora, une neige lourde qui a causé pas mal de dégâts, notamment aux arbres, cassant leurs branches sous le poids de la neige. S'ajoute à cela, une panne d'électricité qui depuis douze heures, paralyse la ville. Toute la nuit, les génératrices qui alimentent les principaux bâtiments administratifs, dont l'hôpital, nous ont bercés de leurs chants mélodieux.
Les coupures d'électricité sont très fréquentes en Inde, en tout cas dans la région où je me trouve en ce moment, c'est pratiquement tous les jours, surtout à la tombé du soir, quand la demande énergétique est très forte. L'Inde est un gros consommateur d'énergie électrique, le milliard d'indiens évoluent et devient de plus en plus gourmand. Cette nouvelle société de consommation émergeante, si elle ne se calme pas, risque d'avoir à résoudre des problèmes qui, dans un futur proche, deviendront insolubles.

Ce matin, je quitte à nouveau le Kailas Hotel. Partant pour Bageshwar, je vais saluer Mr. Shah afin de régler les formalités, il me dit de garder la clé de la chambre et pour le paiement on verra dans 4 jours, après mon retour. (J'ai une pensée pour les hôteliers suisses, sourire commerciale, complet veston qu'une flatulence risque de péter les coutures de leurs pantalons). Arriver près de la zone taxi, il y avait du monde qui se pressait autour des véhicules. Ce n'était pas pour prendre le taxi, mais pour recharger leurs téléphones portables sur l'allume-cigare, vu que la coupure d'électricité n'était pas terminée. Mon conducteur avait un branchement pouvant alimenter cinq téléphones portables.
Autre souci, la route ce matin était partiellement enneigée, voir à certains endroit gelées. Vu l'état des pneus de quelques-uns des véhicules, je me suis posé la question : « À quelle divinité devais-je m'en remettre ? » Sur le tableau de bord de mon taxi, trônait un Ganesha vert fluo devant lequel brûlait un petit bâton d'encens. La cause était entendue, je décide de remettre ma vie entre les mains de Ganesha pour ce voyage de 80 km vers Bageshwar. D'autant plus que Ganesha, le dieu à tête d'éléphant et au corps d'homme est « Celui qui efface les obstacles ». Sa devise est « No problem ». C'est un dieu bienfaisant et très populaire, qui est invoqué par ceux qui se déplacent sur les routes, par les marchands, les caravaniers, mais aussi les voleurs qui sont perpétuellement en danger.
Quoi qu'il en soit, l'effet Ganesha commençait à porter ses fruits, quelques rayons de soleil perçaient la brume matinale et venaient réchauffer le bitume enneigé. Les premiers dix kilomètres furent épiques car nous devions monter dans une forêt qui avait subi bien des dégâts, le petit col qui mène à Devi Kazar toujours dans l'ombre, n'avait pas encore totalement dégelé. Certaines voitures patinaient, d'autres se mettaient de travers et certains véhicules étaient immobilisés au milieu de la route, leurs chauffeurs tétanisés par la peur.
Si l'enneigement de la route était le côté négatif de la situation, le côté positif était que tout le long du parcours, les indiens construisaient des bonhommes de neige, dont certains étaient décorés comme des divinités. Une grande partie des indiens sont de grands enfants, un rien les amuse. Cette neige tombée durant la nuit était pour eux un évènement et la joie s'exprimait sur leur visage, malgré toutes les difficultés qu'elle pouvait engendrée. Chez nous c'est le contraire, dès qu'il nous arrive quelque chose qui perturbe notre quotidien, on pousse la gueule, moi en premier. Chaque fois que nous passions devant un bonhomme de neige, notre chauffeur klaxonnait et l'on nous répondait par de grands signes amicaux.
À partir de 1000 mètres d'altitude, il n'avait pas neigé, la route devint agréable. À part un des passagers à l'arrière du taxi qui a pratiquement vomi tous les 10 km sur fond de musique bollywoodienne, le trajet c'est très bien passé. No problem, merci à Toi Ganesha.

Carnet de route d'un UPjiste -Un hiver indien - 14 - Le sommeil, c'est sacre pour une vache

Carnet de route d'un UPjiste -Un hiver indien - 14 - Le sommeil, c'est sacre pour une vache

JOUR DE FETE À BAGESHWAR

Bageshwar est une agréable petite ville se trouvant au fond d'une vallée qui se situe au confluent de la Gomti et de la Sarju. C'est une ville où tout au long de l'année des pèlerins indiens viennent se recueillir dans l'ancien Bagnath Temple, un temple de pierre consacré au dieu Shiva, ornés d'impressionnantes sculptures. Important carrefour de transport, cette agglomération possède aussi des ghats (marches au bord de la rivière) où le pèlerin vient y faire ses ablutions. Des crémations ont lieu à l'endroit où les deux rivières se rencontrent, l'eau et le feu sont deux symboles indissociables de la vie religieuse de l'hindoue, depuis sa naissance jusqu'à sa mort. Qui dit pèlerins, dit aussi « marchands du temple », plusieurs bazars sont éparpillés dans toute la ville.

Ce que j'ignorais en arrivant à Bageshwar, c'est que la ville était en ébullition, car avait lieu l' « Uttrayani Mela Festival » une des plus importantes fêtes qui se déroule chaque année à la fin janvier. La ville était envahie par des milliers de personnes venant de tous les coins de la région. Les marchands avaient installé leurs étales partout dans la ville tandis que les bords de la rivière étaient squattés par une centaine de camelots qui avaient étalé leurs babioles partout où le terrain le permettait. On avait aménagé deux ponts pour rejoindre l'autre rive, contrôlée par la police, qui réglait le mouvement de foule qui s'agglutinait dans le désordre pour se rendre au « Luna Park » où les diverses attractions foraines les attendaient. Se déplacer dans cette multitude était particulièrement difficile.

Après avoir trouvé une chambre à l'hôtel Annapurna, (300 roupies, 4,80 frs) je suis allé faire un tour dans cette foire. Inutile de dire qu'une des grandes attractions de cette fête ce fut moi. Seul touriste étranger au milieu de ces milliers d'indiens, je ne suis pas passé inaperçu. Beaucoup d'Indiens voulaient se faire photographier en ma compagnie. On m'interpellait de partout, me demandant: «You comme from ?», « Switzerland », « Oooh ! Switzerland, very beautiful country». Les plus jeunes se moquaient de moi, les vendeurs voulaient me vendre leurs camelotes et les saddhus me courraient après me demandant « bakchich ! bakchich ! ». Par contre une chose m'a étonné, parmi toute cette masse, je n'ai vu qu'un mendiant qui se trouvait devant l'entrée du temple de Bagnath, qui ne quémandait même pas l'aumône, se contentent d'attendre qu'on lui donne une piécette dans le bol qui se trouvait devant lui.
En fin de compte j'étais heureux de me trouver dans cette foule bariolée, m'amusant de les voir s'amuser, de me dire qu'ils en ont de la chance de pouvoir encore se divertir avec cette candeur qui leur est propre. Mais pour combien de temps ? Leurs enfants, ont déjà un pied dans ce monde illusoire du marché de consommation dans lequel, nous autres occidentaux, avons vendu nos âmes au diable !

« Mais il doit apprendre qu'accumuler n'est pas réaliser. Ce qui le révèle à lui-même, c'est la lumière intérieure, et non les objets extérieurs. » Rabindranâth Tagore

Le lendemain, je suis retourné voir les attractions au « Luna Park »; il y avait moins de monde que la veille. Les fêtes foraines indiennes, c'est quelque chose d'incroyable. Moi qui viens d'un pays où pour ce genre d'activité les contrôles de sécurité sont d'une rigidité maladive, ici, en Inde, un fonctionnaire de l'Etat du canton de Vaud responsable de la sécurité, s'il voyait l'état des différents manèges, il demande immédiatement sa retraite anticipé, retire son deuxième pilier, va s'acheter un appartement dans les montagnes valaisannes pour pouvoir promener son chien qui laisse des merdes partout dans la rue du vieux village, pendant que sa femme regarde à la télé « Top Modèle » en se demandant si Brook, la quarantaine passée, enceinte du mari de sa sœur, va avoir une fille ou un garçon, ou peut-être des jumeaux.
Je suis moi-même sidéré par l'état du matériel sur lequel les indiens se divertissent. Et pourtant ça tourne, ça grince, mais ça tourne, ça branle, mais ça tourne, c'est rouillé, mais ça n'empêche pas de tourner. Il y a des forains qui ont des génératrices pour faire tourner leurs installations, d'autres qui sont branchés sur le réseau électrique de la ville. Comme il y a souvent des pannes de courants, ceux qui sont branchés sur le réseau, font moins d'affaires, car ils ont leurs attractions souvent immobilisées. Les gosses déjà installés, attendent que ça démarre ! Au bout d'un moment les parents perdent patience et retirent leurs enfants du manège demandant à être remboursés. Et c'est le commencent des palabres avec le forain. Les plus heureux sont ceux qui ont des manèges pour les petits, les carrousels n'ont pas de moteur, donc ils les tournent à la main, comme ça au moins ils ne risquent pas de tomber en panne.

J'ai eu envie à un moment donné de trouver un lieu calme. Je suis donc allé me promener sur la colline qui domine la ville et sur laquelle se trouve un temple. En montant, j'ai rencontré des policiers qui surveillaient à la jumelle le secteur où se déroulait la fête. Ils surveillaient d'éventuels trafiquants ou fauteurs de troubles, en les signalant à leurs collègues qui se trouvaient dans la foule.
Je me suis assis près du temple où l'on pouvait admirer une partie des majestueuses montagnes himalayennes, appréciant le calme qui régnait autour de moi. Ensuite je suis retourné à l'hôtel.
Durant une panne d'électricité, je suis descendu boire un chai dans le dhaba juste à côté de l'hôtel. Je regardais la colline où l'après-midi j'étais allé me promener. Une vingtaine de rapaces tournoyaient au-dessus de l'endroit où j'avais contemplé les montagnes, j'étais intrigué par le comportement de ces oiseaux de proie. Les indiens se sont mis eux aussi à regarder la colline en pointant leurs doigts en-dessous du vol des rapaces : un léopard des neiges et deux de ses petits venaient d'apparaître furtivement.

Carnet de route d'un UPjiste - Un hiver indien - 15 - La semeuse

Carnet de route d'un UPjiste - Un hiver indien - 15 - La semeuse

SEUL AU MILIEU DE LA MULTITUDE

Voilà bientôt 15 jours que je suis arrivé en Inde et je n'ai rencontré que trois touristes étrangers appartenant à ma race. En faites, je les ai entrevu, car ils étaient en train d'admirer un magasin de casseroles dans le bazar d'Almora, je n'ai pas voulu les déranger. Pas le moindre touriste occidental dans tout l'Uttaranchal, c'est assez surprenant, mais je suis le dernier à me plaindre de cette situation. Il faut dire aussi que tous les endroits que j'ai visités dans l'Uttaranchal ne sont pas adaptés au confort que recherche en général le touriste venant de pays européens ou nord-américains pour ne citer qu'eux.

Par exemple je n'ai trouvé qu'une seule banque dans toute la région, qui changeait mes francs suisses. La ICICI BANK d'Almora est la seule qui change la monnaie, la Bank of India, ne change que les Traveller chèque. Quand j'ai effectué mon change, on aurait dit que c'est la première fois qu'ils voyaient des francs suisse. Il m'a fallu trois quart d'heure pour changer 200 frs. Trois personnes ont trituré mes 2 billets pour voir s'ils étaient authentiques. Mais par contre tout le monde a été très aimable et très gentil en s'excusant pour toute la paperasserie qu'il me faisait subir. J'étais déjà content d'avoir trouvé une banque qui veuille bien faire le change car j'aurais dû écourter mon voyage dans l'Uttaranchal car je n'avais pas assez changé à Delhi. Le voyage nous apprend aussi à être patients.

Autre difficulté pour le touriste qui ne voyage pas en « bande organisée », c'est que tout est indiqué en hindi. Ici, à Bageshwar pas le moindre panneau inscrit en anglais. Les menus sur les cartes sont tous inscrits en hindi, si vous ne connaissez pas les plats indiens vous êtes mal barrés. Il y a 20 ans, j'aurais eu du mal à me faire à cette situation, mais heureusement j'ai évolué dans ce sens-là. Le grand progrès que j'ai fait, c'est de m'être adapté à la cuisine indienne et de l'apprécier. Avant j'étais « Continental food », je n'aurais pas tenu une semaine dans l'Uttaranchal. Aujourd'hui, dans un dhaba j'ai voulu essayé un plat à base de pommes de terre que je ne connaissais pas. Le cuisinier m'a averti trois fois qu'il était très fort car il contenait beaucoup de chili. Pour qu'un indien t'avertisse que le plat est fort, c'est qu'il doit vraiment être fort. Il était effectivement très fort, mais j'ai fini mon assiette. Après ça il ne faut pas embrasser votre partenaire, sinon vous lui brûler l'œsophage, faites exploser son estomac et lui pulvériser la tuyauterie et le pot d'échappement.

Par contre les avantages, c'est que les hôtels ne sont pas chères à cette saison. Le prix le plus élevé que j'ai payé c'est 7,10 frs et c'est l'hôtel « Uttaranchal Deep » « All types Rooms Are Available » à Pithogararh. Il ne faut pas être regardant sur la qualité des chambres qu'on vous offre, mais apparemment les indiens apprécies ce genre d'établissement, du moment qu'ils ont la télé.
Justement il se fait tard et mon moment de distraction, c'est l'heure de mon zapping sur les chaînes indiennes. Il y a tous et n'importe quoi. Si la télévision c'est le reflet de cette société indienne, je comprends pourquoi les Grands Sages sont partis se réfugier dans les recoins les plus reculés de l'Himalaya.

« Dans le désert, la jungle ou sur les hautes montagnes, l'adepte trouve la paix lui permettant la contemplation sans interruptions extérieures » Sirdar Ikbal Ali Shah

Carnet de route d'un UPjiste - Un hiver indien - 16 - Jeune paysanne de Baligath

Carnet de route d'un UPjiste - Un hiver indien - 16 - Jeune paysanne de Baligath

EN LONGEANT LA RIVIERE

Ce matin je décide de quitter les bruits assourdissants de la ville pour aller me promener dans la campagne environnante de Bageshwar. Depuis ma chambre d'hôtel, j'ai repéré un village qui est à environ 5 km et j'en fais le but de ma ballade. Pour y arriver il faut suivre la rivière Gomti par des petits chemins qui traverse des champs en escalier. Je pars toujours au hasard, je choisis en général un point qui domine la vallée, qui est souvent un temple ; quand je ne suis pas sûr du sentier que j'ai emprunté, je montre le temple à une personne que je rencontre et elle me m'indique le bon chemin. Les gens sont contents de t'indiquer le chemin et pour moi c'est rassurant, et même si on ne parle pas la même langue c'est un petit moment d'échange. Quand on part au hasard on ne peut pas être déçu puisque l'on s'attend à rien. Dès qu'on est loin du bruit des klaxons la campagne devient un vrai havre de paix.

Arrivé à environ 1 km du village de Balighat, j'aperçois les toits colorés d'un temple qui se trouvait sur une presqu'île de la rivière. Un prêtre était sur le balcon, il m'aperçoit et me fait signe de venir. Il m'indique le chemin que je dois prendre pour le rejoindre. Arrivé à la porte du temple je me déchausse, et constate qu'à part les deux prêtres, il n'y a que des femmes qui font leurs dévotions. Dans l'enceinte il y a plusieurs petits temples qui renferment chacun un dieu ou une déesse, le dévot va rendre son culte dans le temple où trône son dieu favori. Les Hindous pensent qu'être en présence d'un homme saint, d'un dieu, ou bien voir l'un ou l'autre, les toucher, leur rendre hommage, suffit à vous conférer une partie de leurs vertus.

Comme à chaque fois, je demande au prêtre à quelle divinité le temple est consacré. Il me répond que ce lieu sacré est dédié à la déesse Devi, épouse de Shiva. Décidément je fais tous le tour de la famille du dieu Shiva, après avoir connu sa mère au mont Dhwaj à Pithoragarh, voici maintenant son épouse qu'on me présente.
Je dois avouer que je m'y perds un peu dans la cosmogonie hindoue, pour quelqu'un qui n'a pas baigné dans ce monde de dieux et de déesses depuis sa tendre enfance, il n'est pas facile de s'y retrouver. Et puis l'hindouisme, est l'une des plus vieilles religions du monde, elle n'a pas de fondateur humain, même légendaire. Cette religion repose sur un vaste corpus de textes nommé : Véda. Ces textes sont réputés avoir été exhalés par l'Absolu (Brahman) à l'origine des temps et « entendu » par des sages appelés rishis, qui l'auraient ensuite transmis de bouche à oreille à leurs disciples.
À la différence de notre religion chrétienne, elle ne comporte aucun article de loi auquel les fidèles seraient tenus de croire sous peine de tomber dans l'hérésie. L'Hindouisme ne s'organise pas en une Eglise avec à sa tête un personnage comme le pape ou le dalaï-lama, elle n'a pas de hiérarchie. On compte aujourd'hui plus de 800 millions de personnes adeptes.

Après la visite de Devi Temple, je continus ma promenade et arrive à un petit hameau d'une dizaine de maisons. Voyant un magasin je m'arrête et demande s'ils ont du chai (Thé au lait épicé). Il s'empresse de me faire assoir et m'apporte au bout de quelques minutes mon thé. Il était délicieux, le meilleur que j'avais bu jusqu'à présent. Je sors mes roupies pour payer et l'homme me dit que c'est offert et qu'il refuse mon argent. Devant ce geste je suis confus et le remercie. Que de bonnes vibrations ! Que de bonnes vibrations !

Carnet de route d'un UPjiste - Un hiver indien - 17 - Erotisme d'un temple sacre, erostisme de la publicite

Carnet de route d'un UPjiste - Un hiver indien - 17 - Erotisme d'un temple sacre, erostisme de la publicite

EROTISME EPICE À L'INDIENNE

Pour ma dernière journée à Almora, je m'en vais flâner à Lalal Bazaar, une rue piétonne bordée de devantures richement sculptées, qui constitue un lieu de promenade agréable. Mes pas me mènent jusqu'au Nanda Devi Temple, datant de la période chand, qui est couvert de sculpture, dont certaines à caractère érotique à faire rougir une grenouille de bénitier.

C'est un paradoxe, l'Inde réprime la sexualité comme peu d'autres sociétés dans le monde, mais nombres de ses temples vénèrent l'érotisme et l'ont immortalisé dans la pierre.
Nous habitons la « Région du Désir », cette planète où ce sentiment, pour notre malheur, règne en maître. Les bouddhistes, particulièrement, l'affirment : Désir des biens du monde, désir de puissance et d'argent, désir d'immortalité, désir aussi du corps de l'autre. Notre but dans cette existence est justement de vaincre le désir, de se détacher de ce matérialiste qui nous emprisonne afin de nous délivrer de la souffrance.

« La roue est brisée. Le plan sans désir est atteint
Le lit du fleuve est à sec, l'eau ne coule plus
La roue brisée ne tournera plus
Ceci est la fin de souffrance. »
Udâra Sutta

Rien d'étonnant si Kama, la divinité de l'amour, à la fois cosmique et sexuel, est un des dieux les plus puissants et les plus anciens de l'Inde. Le Rig-Veda, le plus ancien texte rédigé en sanscrit, assurent même qu'il est le plus puissant des dieux.
L'Inde est aussi le pays des traités d'amour, dont le plus célèbre, le Kâma Sûtra. C'est sous l'empire de la dynastie Gupta (milieu du 2ème siècle apr. J.-C. – 585), apogée de l'Inde classique qui vit l'énigmatique Vâtsyâyana compiler cette antique traité de l'art d'aimer. C'est dans un univers oisif et raffiné où la bourgeoisie urbaine se vouait, avec ses serviteurs, entremetteurs, eunuques et prostituées, à réaliser tous ensemble, « Les trois but de la vie » : La Vertu (Dharma), la Prospérité (Artha) et l'Amour (Kâma), soit la vie rêvé d'une civilisation saturée de religion.
Bien loin d'un livre pornographique ou ésotérique, comme on le croit, le Kâma Sûtra se veut une étude « technique » des soixante-quatre positions de l'amour physique, hétérosexuel, impartial et systématique de cette dimension essentielle de l'existence. Les Indiens du 21ème siècle s'abreuvent encore de cette grande œuvre de civilisation.

Pour ceux qui sont blasés et qui ont déjà expérimenté le Kâma Sûtra Suisse, c'est-à-dire les positions du missionnaire, de la levrette, de la brouette et de la raclette, voici quelques façons d'épicer à l'indienne vos folles nuits d'amour.

Le bas du corps de la femme qui soulève ses cuisses est pris de travers par le garçon qui la pénètre ; c'est ce qu'on appelle la Grande Ouverture.

Entourant les flancs de la femme avec ses deux cuisses, les genoux sur le côté, il l'élargit. Cette posture exige de la pratique est appelé la Reine du Ciel.

Le garçon est debout, adossé contre un mur. La fille s'assied sur le siège formé par ses deux mains. Entourant son cou de ses bras, elle déploie ses jambes le long du mur, l'emprisonnant entre ses cuisses. C'est la Posture Suspendue.

Tenant enlacée par-derrière la femme qui lui tourne le dos, il la retourne. C'est la Tournante, qui demande de la pratique

Et pour terminer, la Pose du Clou, avec une jambe sur la tête et l'autre en extension, le garçon la pénètre. Mais attention cette position nécessite une certaine expérience, au risque de vous retrouver bloqué. La tête de votre assureur quand vous lui annoncez que vous êtes en arrêt de travail maladie à cause de la Pose du Clou.

« Je salue aussi les anciens sages qui ont exposé les conceptions de leurs temps concernant notre sujet (...) Parmi eux, Nandi, le compagnon de Shiva, mit à part les mille chapitres concernant la sexualité créant le Kâma Sûtra. »

Carnet de route d'un UPjiiste - Un hiver indien - 18 - Alors chef, qu'est-ce que tu nous mijotes aujourd'hui ?

Carnet de route d'un UPjiiste - Un hiver indien - 18 - Alors chef, qu'est-ce que tu nous mijotes aujourd'hui ?

GOODBYE, MISTER SHAH

C'est le départ d'Almora, je quitte le Kailas Hotel et son sympathique propriétaire Mr. Jawarhar Lal Shah. J'en avais fait ma base, laissant ma valise dans ma chambre afin de n'être pas trop chargé pour visiter la région du Kumaon dans l'Uttanranchal. Ce n'est pas facile de devoir dire adieu à une personne âgée de 96 ans qui se trouve proche du Grand Voyage. En tout cas je lui souhaite d'arriver centenaire comme son vieil hôtel qui porte le nom d'une montagne considéré par les Hindous comme la demeure de Shiva, le Kailkash au Tibet. Je rêve d'en faire un jour le tour avec les pèlerins tibétains, mais pas dans les conditions actuelles. Tant que la Chine aura la main mise sur le Tibet il n'est pas question que je mette un pied dans ce pays occupé.
Le Kailas hôtel porte les traces d'un passé qui n'a pas dû être triste. Il n'y a qu'à voir les peintures qui ornent les murs que les clients ont laissés. Pour certaines, copies de pochettes de 33 tours des années 70, pour les autres celles des dieux qui peuplent les montagnes de l'Himalaya, des paroles d'Amour et de Sagesse et des compliments pour l'amabilité et la gentillesse de Mister Shah qui a marqué ses hôtes par son ouverture d'esprit et sa bonté qui se lit sur son visage. C'est peut-être le seul banquier au monde que je connaisse qui me parait sincère et honnête, il mérite tout le respect, car sa confrérie ne peut pas en dire autant.

Mr. Shah me présente le portrait de son père. « Il est mort » qu'il me dit. Si le père était encore vivant et que son fils à 96 ans, alors là, je leur demanderais la recette de l'élixir de longue vie, et j'en achète tout de suite un litre.

Je suis venu à Almora pour deux raisons, premièrement c'est que c'est une des seuls régions des contreforts de l'Himalaya que je ne connaissais pas, et la deuxième, c'est ici, non loin de Kasar Devi Temple, où médita Swami Vivekananda, que passa une partie de sa vie le Lama Govinda, auteur du livre « Le Chemin des nuages blancs ». J'ai visité un petit temple tibétain qui lui est en parti consacré, en tout cas son portrait trônait en compagnie d'autres personnalités religieuses tibétaines. J'aime voir les endroits où des personnages qui m'ont marqué, ont vécu, afin de sentir l'esprit du lieu, de comprendre pourquoi ils sont venus s'installer dans cette région, qu'est-ce qui a pu les inspirer, etc. J'ai été rarement déçu, car j'ai trouvé souvent des réponses à certaines de mes interrogations. Cherche et tu trouveras, dit l'adage.

Grâce à eux, je n'ai pas découvert l'Inde des guides touristiques, mais une autre Inde, celle qui peut encore vous faire rêver. Il suffit de vous brancher sur certaines longueurs d'onde et de temps en temps vous recevez un message « apporté par le Vent des Himalaya».......
Grâce à tous ces mystiques, ces Maîtres de Sagesse, ces écrivains, ces explorateurs, ces peintres, ces aventuriers, j'ai parcouru le Cachemire légendaire qui recèle encore bien des mystères, le Ladakh, où seul, j'ai assisté à la danse des Mystères durant 2 jours dans la vielle gompa de Chamray, le Spiti, le Kinnaur, Shimla, ancienne capital d'été de l'époque coloniale, Mac Léod Ganj, résidence du Dalaï Lama et du Gouvernement tibétain en exil, la vallée de Kullu et notamment Naggar, où vécurent Héléna et Nicolas Roerich, une vallée où les esprits sont encore en activités, Rishikesh, Gangotri, Katmandou, Darjeeling, Kalimpong, Bénarès la sainte au bord du Gange, Jaisalmer au Radjasthan, etc.
Tous ces voyages m'ont fait découvrir un autre univers, un autre monde que je ne soupçonnais pas et ont changé ma perception et ma vision de l'esprit qui ont conditionné ma vie. Mais tout cela c'est personnel, on ne commente pas son voyage intérieur. Il y a autant de religions qu'il y a d'hommes et de femmes sur terre, chaque Être humain à son Chemin à parcourir, c'est à chacun de découvrir la voie qui le mènera vers l'Esprit de Vérité. Ce qui touche le Cœur, on le garde pour Soi, car s'y on se mettait à parler les gens ne vous croirais pas et vous passeriez pour un illuminé, sujet à la moquerie des imbéciles qui eux, ont tout compris et de haine pour ceux qui en ont fait un commerce.

Parler beaucoup est source de danger
Le silence est le moyen d'éviter l'infortune.
Le perroquet bavard est enfermé dans une cage,
D'autres oiseaux ne sachant pas parler volent partout librement

Trésor Précieux des Discours Elégants, Stance 118

Carnet de route d'un UPjiste - Un hiver Indien - 19 - Manœuvre militaire d'une unité du régiment du Kumaon

Carnet de route d'un UPjiste - Un hiver Indien - 19 - Manœuvre militaire d'une unité du régiment du Kumaon

RANIKHET, PASSE COLONIAL, PRESENT MILITAIRE

Ranikhet, dernière étape de mon escapade hivernale dans la région du Kumaon, avant de redescendre vers des cieux plus cléments au niveau de la température.
Ranikhet est une station climatique à 1849 mètres d'altitude. En quête de fraîcheur au plus fort de l'été, les Britanniques avaient construit des stations climatiques sur les contreforts de l'Himalaya. Certaines d'entre elles, ont survécu à l'Empire et conservé un cachet colonial et c'est le cas de Ranikhet.

Ici le paysage est superbe, tout à fait typique des montagnes himalayennes, couvert de cèdres déodars, de majestueux cyprès, de pins centenaires et de chênes. De Ranikhet, la vue sur les cimes neigeuses de la Nanda Devi (7816 m.), du Tsishul (7120 m.) et dans le lointain du Panchachuli (Cinq Cheminées) est encore plus éblouissante. (Même si je suis frustré au point de vue photo, forte luminosité et ciel voilé.) Ce n'est pas un hasard si dans les alentours, cette nature à receler dans le passé des abris et des refuges pour les sages, notamment à une trentaine de kilomètres, la grotte du célèbre Yogi Christ Babaji, le Maître immortel qui a initié en 1861, le grand adepte Lahiri Mahasaya.

Aujourd'hui Ranikhet, ce n'est pas la sagesse qui domine la ville, mais plutôt la force, car elle accueille en son sein le régiment du Kumaon. Partout les militaires sont présents et il est difficile de savoir ce qui est autorisé de photographier et ce qui ne l'est pas, la police militaire est présente partout et mon appareil photo constitue un sujet d'interrogation et des regards soupçonneux.

Je me souviens en 1999 d'avoir rencontré à Rishikesh un militaire de ce régiment qui effectuait un pèlerinage durant une permission, après s'être battu à Kargil dans l'un des nombreux conflits qui opposent l'Inde et le Pakistan. Les deux armées s'étaient affrontées pour un bout de rocher, dans une région montagneuse recouverte de neige située entre le Cachemire, le Pakistant et le Ladakh. Cette bataille de Kargil avait été un véritable massacre pour les deux belligérants et avait marqué les esprits, tant du côté indien que pakistanais. Le cinéma bolywoodien s'est même emparé de cet épisode tragique pour en faire un film célèbre à la gloire de ces soldats qui se sont battus héroïquement pour un bout de caillou dédié à la grandeur de l'Inde.
Le militaire, tireur d'élite dans son régiment, avec qui j'ai partagé un chai, n'avait rien d'un héros. Il y avait de la tristesse dans son regard, marqué de temps en temps par de long moment de silence. Il devait retourner dans la région de Kargil, ça ne l'enchantait guère car là-bas, ce qui se passait, ce n'était pas du cinéma.

Depuis la déchirure de l'Inde en deux, puis en trois lorsque le Bangladesh naquit dans le sang, le Pakistan est l'ennemi héréditaire. Inutile ici de discuter. Le matin, quand ils vont au toilette faire leur besoin, les indiens disent : « Je vais au Pakistan.»

Carnet de route d'un UPjiste - Un hiver indien - 20 - – Loin du bruit et de la pollution, forêts et montagnes sont devenues le refuge des Sages.

Carnet de route d'un UPjiste - Un hiver indien - 20 - – Loin du bruit et de la pollution, forêts et montagnes sont devenues le refuge des Sages.

THE TIMES OF INDIA

Aujourd'hui, c'est jour de fête en Inde, c'est le jour de l' « Indépendance de la République Indienne ». Le temps est mitigé et la grande partie des magasins sont fermés, il n'y a pas grand-chose à faire aujourd'hui. Comme demain j'ai un long trajet en bus jusqu'à Haridwar, la ville sainte au bord du Gange, j'ai décidé de me reposer et de ne rien entreprendre de spécial. J'achète le « Times of India », un des plus gros tirage en Inde, afin de me reconnecter au monde, avant de retrouver Rishikesh où je vais passer la deuxième partie de mon voyage.

AVALANCHE KILL'S SWISS IN J&K'S GULMARG
Vendredi 24 janvier, un homme de nationalité Suisse a été victime d'une avalanche à Gulmarg, station de ski au Cachemire indien. Les secours sont intervenus, mais malheureusement le skieur Suisse n'a pas pu être sauvé.

Pourquoi venir mourir sous une avalanche en Inde, alors que nous en avons pleins en Suisse ?

$2'500 BAIL FOR BIEBER AFTER DRUNK DRIVING ARREST
Justin Bieber, 19 ans, a été arrêté par la police à Miami Beach en état d'ébriété au volant de sa voiture. Le juge la condamné à une amende de 2'500 $.

Si Justin Bieber regarderait www.uneparjour.org il aurait pu suivre mes conseils : « AFTER WHISKY DRIVING RISKY » « Conduire c'est risqué après un whisky »

FRENCH FIRST LADY HEADING TO INDIA TO BACK CHARITY
Son mari président crée de la pauvreté et sa première dame crée des œuvres de charité pour venir en aide aux pauvres !

J'ai l'impression de lire « Le Matin », si je continus je sens que je vais me déclencher une grosse déprime avant de retourner dans ce monde si charitable. Mais la dernière page du « Times of India » me laisse perplexe ! Une page entière de publicité est consacrée à Narendra Modi, le pire candidat possible du BJP, le parti nationaliste hindou. Ce populiste autoritaire deviendra Premier ministre de l'Inde si le BJP, principal parti d'opposition, remporte les législatives de 2014. Premier Ministre au Gujarat, Narendra Modi est l'artisan des pogroms antimusulmans qui ont ensanglanté sa région sous son gouvernement en 2002. Il est soupçonné de les avoir commandités ou tout du moins d'avoir laissé faire ; résultat final, près de 2000 personnes sont mortes.
Ces massacres – peut-être en Inde les premiers de l'ère de la retransmission télévisée en direct – ont provoqué un type de réaction différent de la part des minorités : utiliser les bulletins plutôt que les balles. Une prise de conscience a eu lieu dans la population indienne modérée ; au lieu de s'abstenir simplement de voter pour le BJP, les gens se sont mis à voter pour le parti le mieux placé pour battre le BJP.
Cette page de publicité pour ce nationaliste me fait penser à nos partis nationalistes européens et suisses. Ils promettent tous la même chose afin de toucher un maximum d'électeurs assez crédules pour croire en des promesses que ces ordures ne tiendront pas : Lutter pour la corruption, lutter contre l'inflation, pour un gouvernement fort, pour la sécurité dans le pays, pour une éducation pour nos enfants, pour l'emploi des jeunes, pour l'honneur des femmes, pour la prospérité et la force de l'industrie indienne, etc.... La seule chose qu'il ne parle pas c'est de l'asile. L'Inde ne possède en fait aucune loi sur les demandeurs s'asile.

Carnet de route d'un UPjiste - Un hiver indien - 21 - Hari Ôm Mâta Mary ! Le miracle est arrivée jusqu'à Ranikhet

Carnet de route d'un UPjiste - Un hiver indien - 21 - Hari Ôm Mâta Mary ! Le miracle est arrivée jusqu'à Ranikhet

CHRISTIANISME À L'INDIENNE

En visitant le Mall de Ranikhet, j'ai découvert une église catholique, d'architecture européenne, encore bien conservé qui date de 1899, l'époque du colonialiste. On y célèbre encore le dimanche matin la messe. Juste au-dessus de cet édifice, on a reproduit la grotte de Lourde avec les statues de Bernadette et de Marie la Vierge Immaculée, qui est enfermée derrière une vitrine.
À une centaine de mètres plus bas, une autre ancienne église a été érigée, mais celle-là, est aujourd'hui occupée par une organisation caritative destinée aux veuves de militaires. Sa boutique d'artisanat vend des textiles, des bibelots, des pickles et des confitures. À la place de l'ancienne sacristie, une banque s'est installée. Quand les affaires du ciel ne marchent plus, on s'en remet aux affaires terrestres, l'argent n'a pas d'odeur et les voies des comptes en banque du seigneur ne sont pas impénétrables.

En parlant du christianisme en Inde, Gandhi disait :

« Malheureusement, depuis 150 ans, le christianisme en Inde est mêlé d'une façon inextricable à la domination britannique. Il est devenu pour nous synonyme de civilisation matérialiste et d'exploitation impérialiste – exploitation des races faibles par la forte race blanche. L'influence du christianisme en est devenue purement négative. Mais en débit de ceux qui le professent, il nous a fait quelque bien ; les écrits des missionnaires chrétiens ont stigmatisé certains de nos abus et nous a forcé à réfléchir.»

Le message évangélique s'est diffusé à partir de son berceau originel, la terre d'Israël, non de l'Occident vers l'Orient, mais dans deux directions opposées, vers l'Europe d'une part et vers l'Asie de l'autre. Certaines régions d'Asie furent christianisées avant l'Europe, le cas des chrétiens syriens du Kerala l'atteste. Des apôtres qui avaient suivi Jésus, quelques années après la crucifixion, sont partis en direction de l'Inde apporté la Parole de Vérité du Maître de Sagesse de Galilée. C'est le cas de Thomas et de Barthélémy.

Les Hindous chrétiens du Kerala non pas été convertis au christianisme après l'arrivée du navigateur portugais Vasco de Gama. Leur religion n'a rien de moderne et remonte à l'origine du christianisme. La tradition indienne raconte qu'ils ont été convertis il y a de cela dix-neuf cent ans, par l'apôtre Thomas, celui que l'on nomme l' « Incrédule ». Thomas en faites était avec Marie-Madeleine, l'un de plus proches disciples de Jésus, il était son alter ego, en lui disant : « Je ne suis plus ton Maître, puisque tu as bu et que tu t'es enivré à la source bouillante d'où moi-même je jaillis. » Quand Thomas arriva dans le Sud de l'Inde, après être passé par Taxila et le Cachemire, la population lui fit un accueil aussi cordial que celui que Vasco de Gama devait trouver plusieurs siècles plus tard. Mais les intérêts du navigateur portugais étaient bien différents de ceux de l'apôtre du Christ. L'Inde à des moines chrétiens qui ont gardé la foi en leur Sauveur à travers une succession apostolique ininterrompue de deux mille ans.
Autre constatation, vous ne verrez pas en Inde, la représentation du Christ, cloué sur la croix, agonisant et sanguinolent. Les indiens n'auraient pas accepté de vénéré une idole torturée et moribonde. L'image la plus courante, est celle où Jésus montre son Cœur au milieu de sa poitrine, là où il faut chercher.

L'Inde a toujours été une terre d'accueil au point de vu religieux. Au début du 21ème siècle, ce pays comptait 830 millions d'hindouistes, 140 millions de musulmans, 24 millions de chrétiens, 19 millions de sikhs, 4 millions jaïns et 8 millions de bouddhistes.
Elle est le berceau de l'hindouisme, du bouddhisme, du jaïnisme, du sikhisme et de plusieurs religions tribales aux rites chamanistes et animistes. Elle accueille depuis plusieurs siècle l'islam, le christianisme, le zoroastrisme et le judaïsme, religions qui, quoique venues d'ailleurs, y ont fait souche et s'y sont indianisées.

Malheureusement, depuis quelques années, cette tolérance ancestrale, est en train de voler en éclat et se dégrader dangereusement. Des hindous modérés et progressistes assistent impuissants au détournement de leur religion par des hindous fanatiques, violents et sectaires, animés par une seule idée : s'emparer du pouvoir.
Mère Thèrèsa, Prix Nobel de la Paix, de son vivant en a fait les frais. Cette femme, défenseur des lépreux et des déshérités, a été critiquée pour avoir convertit au christianisme les hindous les plus pauvres. Elle leur a répondu d'une voix paisible et souriante :
« Je fais tout pour que l'hindou devienne un meilleur hindou, le musulman un meilleur musulman, le chrétien un meilleur chrétien.... Si vous appelez cela convertir, alors oui, je convertis. »

Carnet de route d'un UPjiste - Un hiver indien - 22 - Attention, sortie d'éléphant !

Carnet de route d'un UPjiste - Un hiver indien - 22 - Attention, sortie d'éléphant !

JIM CORBETT, CHASSEUR DE « LEOPARDS MANGEURS D'HOMMES »

Après 11 heures de bus, coincé entre une indienne bien rembourrée du fessier et la fenêtre, je suis arrivé à Haridwar. Les 5 premières heures se sont bien passées, la descente vers la plaine par des routes sinueuses et le panorama sur les Himalaya, me fis oublier l'inconfort du trajet. La route emprunte durant une bonne heure, la « Corbett Tiger Reserve », premier parc national indien ouvert en 1936 par le légendaire chasseur de tigre anglais Jim Corbett. Vu la circulation, il n'est pratiquement pas possible de voir des animaux, quoique, le seul risque pour le bus, c'est de rentrer dans un éléphant. Partout des panneaux avertissent de faire attention à ces pachydermes.
L'initiative de Jim Corbett inspira le programme « Project Tiger » d'ampleur nationale qui débuta en 1973 et vit la création de 22 autres réserves. Cette célèbre réserve, est ouverte au visiteur accompagné de gardes du parc, du 15 novembre au 15 juin et c'est un lieu très fréquenté par les indiens. On peut y voir une faune variée repartie entre la prairie, les forêts de sala (saule local) et cours d'eau, notamment des éléphants sauvages, des ours jongleurs, des singes à face noir et longue queue, des macaques, des paons, plusieurs espèces de cervidés dont le chital tacheté, le sambar, le cerf cochon et le muntjac. Le parc accueille aussi des tigres, des léopards, des crocodiles agressifs, des varans, des sangliers et des chacals. Apercevoir un de ces grands félins est néanmoins une question de chance car la centaine de tigres du parc ne sont ni appâtés, ni suivis à la trace.

Jim Corbett est né en 1876 à Naintal. Passionné par les jungles de Kumaon, il tua son premer léopard à l'âge de huit ans et découvrit sa véritable vocation lorsque, après avoir assisté au massacre de centaines de canards, il fut dégoûté à tout jamais de la chasse. Corbett se jura de ne plus employer son fusil que pour libérer les collines de son pays natal de la menace des grands fauves. Son premier livre, Les Mangeurs d'hommes de Kumaon, raconte comme il traqua Chamapawat, la redoutable tigresse qui tua 434 villageois. Un an après la mort de Corbett, en 1955, le nom du chasseur devenu photographe et protecteur des animaux sauvages du Kumaon fut donné au parc.

Dans les années vingt, Rudraprayag s'est acquis une notoriété certaine avec un « léopard mangeur d'homme » que finit par abattre un des plus célèbres chasseurs de tous les temps, Jim Corbett.
C'est le 1er mai 1926 que ce colonel britannique eut finalement raison du redoutable fauve. Il terrorisait les villages de la région depuis huit ans déjà. On en parlait même dans les journaux du monde entier. La bête dévora, en l'espace de ces quelques années, plus de 300 personnes, non seulement des villageois désarmés mais aussi des pèlerins en route pour Kedarnath ou Badrinath. Le léopard évoluait sur une superficie de 700 km2 et pouvait traverser à la nage l'Alaknanda. D'une force phénoménale, il surprenait ses victimes dans les champs, voire les granges ; il était capable de traîner ses proies sur plusieurs kilomètres, ce qui rendait singulièrement difficile la recherche des corps déchiquetés.
Ayant déjà abattu des nombreux léopards dans tout le Garhwal, la réputation de Corbett le fit bientôt considérer comme un bienfaiteur et les habitants le supplièrent de s'attaquer à ce monstre, comme en témoignent les quelques lignes d'une émouvante pétition rédigée par un groupement de villageois :

« Nous, la population, nous trouvons en grande détresse. Par crainte de ce léopard, nous ne pouvons surveiller nos champs la nuit, si bien que les daims les ont presque entièrement saccagés. Nous ne pouvons aller chercher de l'herbe ou du fourrage et nous ne pouvons emmener brouter notre bétail... Votre honneur a tué beaucoup de léopards mangeurs d'hommes... Aussi, nous, la population, vous demandons de consentir à prendre la peine de venir ici et tuer le léopard (notre ennemi) et sauver la population de cette calamité. Pour cet acte de générosité, nous, la population, vous serons très reconnaissants et prierons que vous ayez longue vie et prospérité. »

Ce n'est qu'après dix longues semaines de patiente traque que Jim Corbett réussit à tuer le mangeur d'hommes.
Quand le fameux chasseur porta le coup fatal, ce haut fait fut mentionné – évènement rarissime – au parlement britannique qui reporta sa séance pour célébrer cette délivrance.

Depuis la ville de Ramnagar, le bus longe parallèlement le parc national. C'est une succession de villes et de villages poussiéreux et embouteillés qui s'étendent sur 200 kilomètres. Le ciel bleu a fait place à une brume qui cache continuellement l'horizon. La circulation est infernale et le bus effectue un slalom perpétuel, entre les voitures, les jeeps, les camions, les motos, les tracteurs, les chars à bœufs, les vélos, les piétons, les vaches et les chiens. Durant ces 11 heures de routes, pas une fois le chauffeur ne fera une manœuvre risquée ou aura un comportement agressif vis-à-vis de certains chauffards ou inconscients qui sont légions sur les routes indiennes.

Carnet de route d'un UPjiste - Un hiver indien - 23 - La nuit tombe sur Rishikesh

Carnet de route d'un UPjiste - Un hiver indien - 23 - La nuit tombe sur Rishikesh

RISHIKESH, LA « CHEVELURE DES SAGES »

À Rishikesh, j'entame la deuxième partie de mon voyage, plus tranquille, avec des températures plus clémentes. Si pendant les trois semaines que j'ai passé dans la région du Kumaon je n'ai rencontré aucun touriste, ici par contre c'est tout autre chose. Les touristes viennent du monde entier à Rishikesh, car c'est la ville par excellence du yoga. La ville c'est même auto-proclamée « capitale mondiale du yoga » et recèle une multitude d'ashrams, qui prolifèrent chaque année, où l'on dispense toutes sortes de cours. Situé au bord du Gange, de nombreux pèlerins hindous viennent également priés et rendre hommage au fleuve sacré. Touristes, pèlerins et sadhus se retrouvent au coucher du soleil pour la cérémonie du ganga aarti où l'eau et le feu font partis d'un rituel qui a lieu chaque soir sur les ghats. C'est également à Rishikesh que le Gange quitte les contreforts de l'Himalaya pour entrer dans la plaine et entamer son périple de 2000 km jusqu'au golfe du Bengale.

Il se dégage de la ville une ambiance très New Age et Baba Cool, et chacun y trouve de quoi satisfaire sa curiosité et ses envies spirituelles. On peut apprendre à jouer d'un instrument de musique indien sur le toit de son hôtel, s'essayer au différents yogas et techniques de méditation, découvrir les vertus curatives des cristaux et des plantes et les différents types de massages, psalmodier des mantras dans les temples ou tout simplement écouter des CD de musiques spirituelles en sirotant du thé ayurvédique avec un bon repas végétarien. Et pourquoi pas, pour ceux qui veulent planer en rêvant de la belle époque des années 70, fumer de la ganja avec des sadhus qui passent leurs journées à tirer sur des shiloms.

Si Rishikesh est devenue ce qu'elle est aujourd'hui, c'est en partie grâce aux Beatles, qui ont séjourné avec leurs compagnes en 1968 en faisant la une des journaux du monde entier. Ils passèrent deux mois dans l'ashram du gourou Maharishi Mahesh Yogi à Swarg Ashram, sauf Ringo Star et son épouse qui ne restèrent que deux semaine n'appréciant pas la cuisine végétarienne et s'ennuyant de leurs enfants restés en Angleterre. Ce séjour en Inde des Beatles fut bénéfique au point de vu musical, car ils composèrent en grande partie les chansons qui furent enregistrées sur le double album blanc. L'appât du gain du gourou Maharishi et son attitude envers certains disciples du sexe féminin leur enlevèrent leurs illusions sur la méditation transcendantale.

Il est des canailles même dans les ordres religieux
Des plantes vénéneuses croissent même sur les collines aux herbes médicinales

Subhâshita Ratna Nidhi Verset 112 - 113

Carnet de route d'un UPjiste - Un hiver indien - 24 - Coucher de soleil sur le pont de Swarg Ashram

Carnet de route d'un UPjiste - Un hiver indien - 24 - Coucher de soleil sur le pont de Swarg Ashram

À LA RECHERCHE DU MUSEAU DE VACHE

Chaque fois que j'arrive à Rishikesh, j'aime retrouver mes petits coins sympathiques, qui me font passer d'agréables séjours. D'abord il y a le Dev Ganga Guest House où j'ai ma chambre attitrée sur une terrasse qui domine le Gange et la petite ville de Laxman Jhula. C'est l'endroit parfait pour travailler et laisser vaguer son imagination, idéal pour l'inspiration et la création. Entre Laxman Jhula et Swarg Ashram, une petite route borde le Gange, parsemé tout le long de petites maisons perdues dans la végétation qui abritent des sages hindous ; là, j'ai mon Chai shop préféré où une foule de personnages hétéroclites, sadhus, pèlerins, touristes et gens du coin se rencontrent pour boire un excellent chai épicé avec finesse. Chaque jour c'est une histoire différente qui se déroule à cet endroit. Il y a aussi le Pyramide Café, qui se trouve sur les hauteurs de Laxman Jhula, loin des klaxons du Bazar et dont l'inscription du porche d'entrée vous met tout de suite à l'aise : « Welcome to the Pyramids. Leave your ego outside. » Ici tout est biologique et contrairement aux autres restaurants, règnent une hygiène qu'on ne trouve pas habituellement dans les établissements indiens, on peut dire aussi que les WC sont les plus propres de toute la ville, les occidentaux apprécient ce genre de luxe. Le thé Ayurvédique est un délice.
Pour terminer, il y avait le Ganga Ayurvédic Food Cafe, qui se trouvait au bord du Gange, à la sortie de Swarg Ashram, non loin de l'ashram des Beatles. Un restaurant qui faisait une cuisine indienne ayurvédique dont j'appréciais les saveurs, choisissant à chaque fois un plat au hasard en n'étant jamais déçu de mon choix. J'en parle au passé, malheureusement. Me réjouissant d'aller titiller mes papilles gustatives, j'ai eu la désagréable surprise de voir que le restaurant n'existait plus. En fait il était toujours là, mais enfoui sous une couche de sable de 1,50 à 2,00 mètres. Tout avait été dévasté par les crus du Gange qui ont eu lieu au début de l'été 2013, qui ont laissé de nombreuses séquelles dans la région. La cuisine en tôle, le magnifique jardin avec son petit temple, l'abri en bambous qui servait de salle à manger, sont en ruine, abandonnés, massacrés par le fleuve sacrée.

Le Gange où chaque goutte de son eau est sainte et sacrée, qui apporte le salut, offre la rédemption, donne l'absolution car s'y baigner lave de tout péché est un fleuve unique au monde. Il n'existe pas un seul fleuve sur notre planète pour lequel l'on ait imaginé autant de noms. On en dénombre mille. Rien d'étonnant à cela lorsqu'on sait que le panthéon hindou comporte rien que trente-trois millions de divinités. Pour les hindous, il est Ganga Mata, Mère Gange, Mère Divine car le Gange est d'origine féminine, et tous ceux qui l'invoquent choisissent des termes qui rivalisent de poésie.
En voici quelque florilège : Fille du Seigneur de l'Himalaya, Mélodieuse, Blanche comme le lait, demeurant dans les boucles de Shiva, Dissipant la peur, Immortelle, Eternellement pure, Gonflant les eaux des Océans, Enchanteresse, Porteuse de chance, Source de bonheur, Apportant la paix, Destructrice de la pauvreté, Effaçant les péchés, Mère de tout ce qui vit, Lumière parmi les ténèbres de l'ignorance, etc.....

Les géographes de l'Antiquité grecque et romaine en faisaient l'un des plus grands fleuves du monde après l'expédition en Asie d'Alexandre le Grand. Le Gange n'arrive cependant qu'au 55e rang mondial en ce qui concerne sa longueur, 2700 kilomètres de l'Himalaya au golfe du Bengale.
Difficile de doter d'une source géographique tout simplement un fleuve aussi complexe, descendu droit des cieux ! On la voudrait introuvable, cette source, perdue à jamais dans les étoiles, comme le dit la légende. Mais l'empereur moghol Akbar ne l'entendait pas de cette oreille à la fin du 16e siècle. Lui qui ne partait pas en campagne militaire sans ses porteurs d'eau du Gange décida de connaître l'origine physique du plus beau joyau de sa couronne : il envoya une expédition qui décrivit à son retour une montagne taillée en « museau de vache » (gomukh, en sanscrit) d'où jaillissait un torrent.
Un siècle plus tard, les Anglais tiennent à établir scientifiquement cet emplacement. Les premiers jésuites qui se sont aventurés dans la région pour y prêcher l'Evangile n'en n'ont ramené que des descriptions floues, aucun document n'est encore là pour satisfaire leur besoin de précision.
La Compagnie des Indes orientales dépêche donc une expédition officielle en 1808 dans l'Himalaya pour y repérer le lieu-dit Museau de Vache. La nature se rebiffe, les explorateurs rentrent bredouilles. Le premier Européen à atteindre officiellement le pied du glacier de Gomukh est un certain capitaine Hodgson : il le décrit dans son « Rapport d'une inspection au sources du Gange en 1817 ».
Les hindous n'ont que faire de cartes et de rapports ! Guidés par la seule tradition, ils pratiquent ce pèlerinage depuis fort longtemps. Toute cette région de l'Himalaya regorge de sanctuaires qui les attirent de très loin. D'anciens chemins relient, par la montagne le circuit sacré où la source du Gange n'est, étrangement, pas la destination la plus populaire. Une partie des pèlerins commencent leur périple à Jamunotri (3200 m), la source de la rivière Jamuna qui rejoindra le Gange à Allahabad. Ils passent à Gangotri puiser de l'eau du Gange pour l'amener au temple de Shiva à Kedarnath (3600 m). Ils finiront ce trekking religieux par le temple vishnouïte de Badrinath (3400 m.)

« Ainsi que les eaux du Gange passent rapidement et vont se perdre dans la mer, ainsi, celui qui marche dans le juste chemin de la compréhension parfaite arrivera à la cessation de la mort. »
Udânarvarga, précepte du canon tibétain

Carnet de route d'un UPjiste - Un hiver indien - 25 – Ne vous étonnez pas, on est à Rishikesh. C'est une manière de se gratter la tête en prenant son pied.

Carnet de route d'un UPjiste - Un hiver indien - 25 – Ne vous étonnez pas, on est à Rishikesh. C'est une manière de se gratter la tête en prenant son pied.

L'HABIT NE FAIT PAS LE SADHU

J'ai passé trois semaines dans le Kumaon sans jamais avoir été abordé par un mendiant ou un sadhu me demandant de leur donner des roupies. Par contre quand vous arrivez dans les villes saintes qui bordent le Gange, vous êtes assaillis par une foule de quémandeurs, tendant la main, visages décomposés par la misère, qui vous font pitié à tel point que vous ne pouvez pas résister à leur donner quelques roupies afin de soulager leur détresse. Le cœur allégé de quelques roupies, l'âme en paix par ce geste charitable vous continuez votre chemin pour rencontrer cent mètres plus loin, un autre mendiant qui a le visage encore plus décomposé que celui que vous venez à peine de quitter. Et là encore, sentant l'esprit de l'abbé Pierre et de Mère Thérèsa souffler en vous, vous soulagez encore une fois votre porte-monnaie de quelques roupies. À peine votre porte-monnaie ranger dans sa poche, que vous remarquez à vos pieds un enfant en guenille, visage un tantinet décomposé, tendant la main droite pendant que la gauche vous montre son ventre. Là, c'est l'esprit de Johann Heinrich Pestalozzi qui remonte en vous, cette âme de Suisse, généreuse et accueillante, prête à tendre les bras à tous les exilés qui demandent un peu d'humanité sur cette terre d'asile, et à nouveau une poignée de roupies s'envolent.
Le soir en rentrant à votre hôtel, dans une ruelle à peine éclairé, vous rencontrer par hasard, le mendiant qui avait un visage tellement décomposé que vous étiez prêt à appeler un prêtre pour qu'il lui donne l'absolution, marchant d'un pas alerte, le visage recomposé et souriant, rentrant chez lui, après avoir passé une journée harassante à mendier sur les bord du Gange.

L'Inde est le seul pays où un homme quelle que fût sa position, pouvait tout abandonner, prendre le bol du mendiant et partir sur les routes, sans que personne ne s'en scandalisât. Malheureusement, avec la surpopulation galopante et, à partir des années 1950, la montée massive du chômage, nombreux sont ceux, parmi les gens de condition moyenne, qui ont pris le bol de mendiant. Ainsi l'équilibre s'est trouvé rompu.
C'est justement ce genre de mendiant que l'on rencontre à Rishikesh, ayant revêtu pour la plupart la tenue orange des sannyasins et que l'on nomme faussement sadhu. Passant leurs journées à fumer de la ganja, ils n'ont pas le souci de la faim, car chaque jour des temples organisent la distribution de nourriture pour tous ces mendiants errants. Chaque fois que je reviens à Rishikesh, j'en retrouve quelques-uns et depuis nous sommes devenus complices et c'est un plaisir pour moi de leur donner quelque fois un petit coup de pouce. Leur vie est simple mais pas misérable.

Le véritable sadhu est un ascète, vêtu de tissu safran, qui à tout quitter pour se consacrer à la vie spirituelle. Ces sadhus, après avoir réglé leurs affaires personnels et accompli leur obligations de chef de famille, ont volontairement quitté leur femme, abandonné tout bien matériel pour se consacrer à la recherche spirituelle et devenir des moines errants vivant de la charité d'autrui. Les nourrir et les loger est un devoir. Tout Hindou de la caste la plus élevé
Doit normalement passer par quatre phases au cours de sa vie terrestre. Première étape, le jeune homme étudie sous la direction d'un maître. Seconde période, la vie d'adulte et la vie de famille gagnant de l'argent et le distribuant. Troisième époque, pendant laquelle, les enfants élevés, il vit comme un ermite dans la forêt avec son épouse. Quatrième et dernier stade, où il renonce à son ermitage et même à sa femme.... Vêtus d'une tunique orange, cheveux longs, barbe de même, chaussés de sandales en bois, ces renonçants portent un baluchon contenant le strict nécessaire, une natte pour dormir, un pot en cuivre empli d'eau sacrée et une timbale. Ils s'appuient sur un bâton. Sans âge, ces sadhus viennent de n'importe quel milieu social, on peut rencontrer des médecins, des avocats, des hommes d'affaires qui s'élancent de la sorte sur le dur Chemin de la foi.....

Nombreux sont les yogis, mais j'aime ces saddhus errants.
Le corps enduit de poussière, ils mangent peu,
Ne gardent pas un seul grain de riz dans leur bol.

Aucune nourriture dans leur bagage, seulement la faim
Aucune gourmandise chez eux :
Ils s'abreuvent à leur propre soif.

Ces ascètes ont vaincu leurs désirs
Dans leur errance ils ont trouvé la destination
Qu'ils cherchaient depuis si longtemps.
Partis à la poursuite de la vérité,
Ils l'ont trouvée en eux-même

Assis au bord de la route, je les attends,
Au souvenir de ces sanyasis j'ai les larmes aux yeux
Pour moi ils eurent tant d'attention.
Ils irradiaient.
Nombreux sont les yogis, mais j'aime ces saddhus errants,

Latif

Carnet de route d'un UPjiste - Un hiver indien - 26 - 1976, mon premier grand voyage en Guyane sur les traces de Papillon.

Carnet de route d'un UPjiste - Un hiver indien - 26 - 1976, mon premier grand voyage en Guyane sur les traces de Papillon.

WELCOME TO L'EGOLAND

Si vous venez à Rishikesh pour pratiquer des activités qui vous emmèneront sur les chemins nirvaniques, vous avez le choix. Il suffit de consulter les nombreux panneaux qui fleurissent partout dans la ville, qui vous aideront certainement à bien choisir. Afin que vous ne perdiez pas de temps si l'envie vous vient de visiter la capitale mondiale du yoga, je vous en donne un florilège :

Hatha Yoga - Kriya Yoga - Yoga Nitra – Anatomy et Physiology – Adjustement & Alignment of the body – Ayurveda Nutrition et Cooking Courses – Aruna Massage – Siyashu Massage – Trika Yoga – Thai Massage – Marma Massage – Stress Removal – Relaxation Techniques – Pranayama – Meditation – Asana Poses – Yoga Philosophy – Voice Caoching - Yoga Asana – Yoga Anatomy – Mudra & Bandha – Mantra Chanting – Breathing Techniques – Detoxification of Body – Breathing for Chakras – Ayurveda Marma Therapy Courses – Ayurveda Massage Therapy Courses – Ayur Yoga Teacher Training Course – Tarot Reading – Astro Reading – Aura Reading – Naturopathy – Refining the Postures – Dristi & it's Practices – Tantra-Kundalini Series – Transformational Kundali Yoga

Si vous hésitez vous pouvez encore jeter votre dévolu sur :

Yog-nitra Series – Vedangas – Yoga spa - Ayurveda Pulse Diaggnostic Consultation – Pantchkarma Treatments For Detoxification – Facial, Pedicure, Manicure, Wax – Classical Dance Kathak – Gas, Depression, Futness, Health, Sex Problems – Zen ki do – Agana Yoga – Vinyasa flow – Deep Tissue Massage – Refining the Postures – Bhandas et Pranayana – External Pranayana Series – Inner Pranaya Series – Ashtanga Vinyasa Yoga - Abhyanga Massages – Body Detoxification – Hydro Therapies – Herbal beauty Treatsments – Workshops on Reincarnation – Daily Yoga Classes – Yoga Therapy.

Il faut se rendre à l'évidence, vous n'atteindrez certainement pas le nirvana est une semaine, par contre, si vous arrivez à Rishikesh avec une bonne diarrhée, vous êtes sûr de repartir avec une bonne constipation.

De nombreux ashrams sont dispersés dans les alentours de Rishikesh où des gourous de toute obédience attirent leurs fans. Qui dit ashram dit aussi cohorte d'Occidentaux venus pratiqués des activités spirituelles, souvent déguisés, l'air pénétré, particulièrement indifférent quand vous les croisez et que vous avez l'outrecuidance de leur adresser un bonjour.
La vie communautaire dans ces centres à des règles de base afin que le pratiquant puisse se consacrer entièrement à sa quête du bien-être ; pas de fumée, pas d'alcool, pas d'activités lucratives pendant le séjour à l'ashram, repas strictement végétariens comme dans toute la région de Rishikesh et d'Haridwar. Une journée ça peut-être : Lever à l'aube pour pratiquer deux heures de yoga, petit déjeuner, quatre heures yagna, (rituel sacrificiel du feu), déjeuner, deux heures d'enseignements, pause thé, une heure d'aarti (rituel du soir), une heure de temps libre, dîner, méditation ou conférence. Une vraie journée d'un sportif de haut niveau qui s'entraîne pour les jeux Olympiques du salut.
Les occidentaux contrairement au indien ont un grave défaut, c'est que, dans tout ce qu'ils font, ils veulent obtenir des résultats le plus rapidement possible. Si une pratique de méditation ou de yoga ne leur conviennent pas, alors ils changent pour en essayer une autre. Difficile dans ces conditions de faire le vide dans sa tête et de se séparer de cette société de consommation. Si tu veux être le Soleil, alors soit l'humble planète nous dit un adage tibétain ou alors comme le dit si bien un proverbe lhassapa « On ne parvient au cinquième étage du Potala sans avoir commencé par le rez-de-chaussée. »

Pas loin de ma guest house il y a l'ashram de Omkarananda qui attire de nombreux touristes, mais très peu connaisse ce « saint » personnage emblématique, décédé depuis quelques années. Dans les années 70, swami Omkarananda a dirigé le « Divine Light Zentrum » à Winterthour et il a passé quelques années au pénitencier zurichois de Regensdorf. Il avait manipulé ses fidèles afin qu'ils posent une bombe devant la villa d'un conseiller d'Etat et avait également empoisonné les plants de tomates des voisins du « Divine Light Zentrum » qui lui occasionnaient des problèmes.
Tout ça pour dire, qu'il faut se méfier de la sincérité de certains gourous qui vous font miroiter monts et merveilles, qui profitent pour en faire leur fonds de commerce en racontant des bobards, mais qui en réalité s'intéressent plus à vos dollars. Il suffit de promettre le nirvana pour que les gens avalent plus facilement l'amère pilule de la crédulité et de la naïveté. Un précepte du canon tibétain dit : « Un dévot religieux montre de la faiblesse s'il échange les vérités sacrées contre de la nourriture ou de l'argent ».


Le diamant est perdu dans la boue ;
Tous vont à sa recherche
Certains vont vers l'Orient – ou vers l'Ouest,
Espérant l'y trouver.
Est-il donc égaré dans le fleuve ?
Ou bien dans les rochers ?
Kabîr ton serviteur, l'apprécie
A sa juste valeur
Chaudement abrité, il l'emporte
Dans un pan de son cœur.

Kabîr

Carnet de route d'un UPjiste - Un hiver indien - 27 - La grotte de Jésus et le Gange

Carnet de route d'un UPjiste - Un hiver indien - 27 - La grotte de Jésus et le Gange

LA GROTTE DE JESUS

À une vingtaine de kilomètres, en amont de Rishikesh, en remontant le Gange, est une grotte appelée Vashishta Guha, rendue célèbre par le sage Vashishta. Durant des siècles, ce lieu a servi de refuge et d'ermitage à de sages yogis menant une vie contemplative, dont le plus récent est le célèbre swami Purushattamananda.
À environ deux cent mètres en aval de « Vashishta Cave » se trouve une autre grotte connue sous le nom de « Grotte de Jésus ». Situé dans les flancs d'une falaise à pic, elle domine le Gange dont la vue sur le fleuve et les collines environnantes sont admirable. La grotte tire son nom de la tradition que Jésus a passé du temps à cet endroit et y a médité, pendant son séjour en Inde au cours de ses « années cachées ».
À la fin du 19ème siècle, Swami Rama Tirtha et swami Randas y vécurent à des périodes séparées. Tous les deux eurent la vision de Jésus méditant à cet endroit, bien qu'ils n'aient eu aucune connaissance antérieure au fait qu'Il ait vécu là.

Si une grande partie du monde chrétien ignore que Jésus a passé de nombreuse année en Inde, pour un grand nombre d'indiens ce n'est pas un secret.
En fait, nous les chrétiens, nous ne savons rien de Jésus depuis l'âge de douze ans, où il confondit les docteurs de la Loi dans le temple de Jérusalem, jusqu'à sa trentième année où il fut baptisé par Jean-Baptiste. Sur cette période les Evangiles sont restés muets. Nous trouvons un bref passage dans l'Evangile de Luc qui nous dit que Jésus est sensé « s'occuper des affaires de son Père » et d'aider Joseph le charpentier dans l'atelier familial sous les regards ébahis de sa mère qui regardaient son fils croître, se fortifier et se remplir de sagesse car la grâce de Dieu était sur cet enfant. Et puis, pourquoi pas, un jour Jésus en a eu marre de ce boulot, il jeta ses rabots et sa varlope et dit à ses parents : « Maintenant, j'ai trente ans, je me casse, je vais fonder une nouvelle religion ! » Et c'est ainsi que le christianisme est né.

Quoique qu'il en soit, plusieurs lieux saints de l'Inde conservent encore aujourd'hui la tradition de sa présence. À l'âge de douze ans, Jésus quitta le Mont Carmel en compagnie d'une caravane qui se rendait en Inde pour y parfaire ses enseignements qu'Il avait entrepris à l'âge de six ans au sein de la communauté Essénienne dont ses parents faisaient partis.

Mais ici se termine mon histoire, je ne tiens pas à me faire passer pour un hérétique, car la NSA et les oreilles de St Pierre nous surveillent, et comme beaucoup d'hommes et de femmes qui ont cherché la Vérité sur la vie et les enseignements de Jésus, ont été brûlés vifs, sur les bûchers de l'Inquisition, je ne tiens pas à terminer dans les feux de l'Enfer.
Mais sachez que le Vatican ne peut ignorer les voyages de Jésus en Asie. Dans sa célèbre bibliothèque qui autrefois était surmontée d'une sinistre épitaphe qui avertissait le curieux : « Intrates ipso facto excummunicatur » (Ceux qui entrent sont par le fait excommuniés), on y trouve de nombreux témoignages se référant à Jésus (Issa en Inde) qui ont été rapportés à Rome depuis le 17ème siècle par des missionnaires chrétiens de l'Inde, du Tibet, de l'Egypte et de l'Arabie. Mais pour cette noble Institution, les dévoiler, c'est remettre en question la vérité sur la véritable vie de Jésus l'homme, devenu Christ. Sur ce sujet, il préfère se renfermer dans un mur de silence. De quoi ont-ils peur ?

« Magna est veritas et prevalebit » « Grand est la vérité et elle prévaudra »

Carnet de route d'un UPjiste - Un hiver indien – 28 – Bûcher funéraire au bord du fleuve sacré

Carnet de route d'un UPjiste - Un hiver indien – 28 – Bûcher funéraire au bord du fleuve sacré

LE BÛCHER FUNERAIRE

En face de Swarg Ashram une fumée s'élève : celle d'un bûcher funéraire autour duquel des hommes, assis en tailleur, viennent rendre un dernier hommage au défunt.
Après leur mort, les hindous sont incinérés. Mais pas tous. Les bébés, les femmes enceintes, les sadhus, les lépreux, les victimes de la petite vérole et des morsures de cobras n'ont pas le droit d'être brûlés. On les enveloppe dans un linceul et on les jette dans le fleuve avec une pierre.

En Inde, lorsque le décès est constaté, la toilette du mort est faite soigneusement, il est habillé comme pour un jour de fête. On l'entoure de nourriture qui représente les aliments destinés à entretenir ses forces pour accomplir le « grand voyage » ; puis, après nombreuses prières pour que l'âme puisse partir sereine, on conduit le mort au bûcher où son enveloppe physique va brûler.
La suite, je l'ai emprunté à l'écrivain Dhan-Gopal Mukerjii qui décrit dans son livre « Village hindou Ghond-le-chasseur» une cérémonie funéraire :

Les charretiers apportent des piles de bois et pendant ce temps le prêtre chante et répète :

« Sans naissance et sans mort – immuable est notre Âme.
Qui s'imagine qu'elle meurt ignore la vérité :
Comment mourait-elle, celle qui jamais ne condescendit à naître ?
Au-dessus du changement, au-dessus de la Mort,
L'Âme est contemporaine de Dieu,

Les charretiers empilent les bûches et forment une haute plate-forme ; lentement et doucement ils placent le mort. Ils le couvrent de bois de santal, surmonté de bois ordinaire.
Un des parents le plus proche, accompli en personne les rites funéraires. Il allume un tison et marche sept fois autour du bûcher, priant ainsi, selon les instructions du prêtre :

Akassastu niralamva
Vaya bhoota nirasraya

Te voici dans les sphères célestes !
Ni le vent, ni la Terre, aucun des mondes vivants
Ne sauraient te retenir.

Va, va, au royaume de l'éternelle Vie, d'où tu étais venu !
Les ancêtres de ta race,
Les Divins Anciens t'accueillent.
Revêts le manteau de la splendeur divine !
Dans les vallées semées d'étoiles, auprès des fleuves de lumière, va !
Demeure à jamais là, où tous désirs sont accomplis.

Le parent applique alors le tison au bûcher funèbre et l'allume. La flamme s'élève très haut, tandis que le vent emporte la fumée.
Vers le milieu du jour, là où brûlait un feu ne se trouve plus qu'une poignée de cendres. Le parent la recueille et va la disperser dans le cours du Gange.

Va, va, sur le courant rapide et purificateur,
A la maison de Dieu, où tout est Paix et éternelle Vie !

Dhan-Gopal Mukerjii

Les cendres, jetées au fleuve seront ainsi sanctifié par l'eau sacrée. Les cendres seront régénérantes pour l'eau de ce fleuve, autant que régénérée par elle.

Dans les années nonante, j'ai passé plusieurs semaines à Bénarès. Tout bon hindou rêve de se rendre dans cette ville au bord du Gange pour y mourir et y être incinéré. Il y a deux emplacements où l'on brûle les morts. Le plus connu est au Manikarnika Ghat où les touristes sont emmenés par petits groupes pour contempler depuis le balcon d'un temple les bûchers allumé. Tels des voyeurs, ils observent les crémations avec pour certains un air de dédain, pour d'autres soulagés car ils s'attendaient au pire, et pour un petit nombre, ravis d'avoir réussi à braver l'interdiction de photographier. Le fin du fin à cette époque, c'était le « Guide du Connard » qui décrivait dans son guide pour potache parisien boutonneux, « Si vous sentez une odeur de poulet rôti, c'est que vous êtes arrivé à Manikarnika Ghat ».
Ne voulant pas passer pour un voyeur et voulant respecter la paix des morts, j'évitais soigneusement cette endroit.
Tous les soirs, au coucher du soleil, j'allais à Dasaswamedh Ghat, boire un chai dans un petit Chaishop très sympathique et delà j'observais la foule qui se pressait sur les ghats. J'y rencontrais certains soirs, des infirmières suisses qui venaient boire un thé après leur travail dans un dispensaire qui aidait les pauvres indiens de la ville, financé par des fonds suisses. Un jour, une des infirmières vint me trouver et m'annonça que sa sœur, avec qui j'avais bu un chai la veille, était décédée durant la nuit. En accord avec ses parents et les assurances, il avait été décidé de l'incinérer à Bénarès plutôt que de rapatrié le corps. C'était d'ailleurs les désirs de la défunte. Sa sœur venait me demander si je voulais bien venir avec les autres infirmières conduire le corps sur le bûcher de crémation. Moi qui ne voulais pas passer pour un voyeur en allant observé les morts brûlés, voilà que j'allais participer directement à une crémation. Ce fut une expérience très forte que je n'oublierai jamais ; durant les trois heures que le corps se consume sur le bûcher, vous avez le temps de cogiter dans votre tête et de penser à la mort. Tout autour de nous, d'autres crémations se déroulaient. J'étais étonné de la sérénité qui se dégageait autour de ses morts et je ne pouvais éviter de faire la comparaison avec nos enterrements dont l'atmosphère est beaucoup plus lourde. Au bout de trois heures, quand la boîte crânienne éclate, c'est la fin du rituel. Tout est accompli !
Deux ans après, je rencontre un copain de Genève et au cours de la conversation, j'apprends qu'il se trouvait à côté du mari de l'infirmière que j'avais emmené sur le bûcher, quand on lui téléphona de l'Inde pour lui annoncer le décès de sa compagne.

Carnet de route d'un UPjiste - Un hiver indien - 29 - Tea Time dans le demeure d'un sadhu.

Carnet de route d'un UPjiste - Un hiver indien - 29 - Tea Time dans le demeure d'un sadhu.

TEA TIME & CHAR DHAM

Ce matin le temps est couvert, le vent du nord souffle légèrement, nous apportant un peu de fraîcheur venant des montagnes enneigés de l'Himalaya. Voulant boire un chai, je trouve la petite baraque à thé au bord du Gange, fermé. Je décide d'aller me promener sur la plage bordant le fleuve. Passant devant un petit temple dédié à Hanuman, le dieu singe, le disciple d'un sadhu m'appelle et me propose de venir boire un chai avec son maître qui était en train de prendre son repas dans une pièce assez sombre qui lui sert de cuisine, de salle à manger et de chambre à coucher.
Le sadhu m'invite à m'asseoir et demande à son aide me préparer un thé au lait épicé. Pendant qu'il mange, il ne parle pas, alors je l'observe. Le repas se fait sans cuillère ni fourchette, il n'utilise que sa main droite pour se saisir de ses aliments. La plupart des indiens utilisent la main droite, et elle seulement pour manger. La main gauche est réservée à la toilette, et en particulier à la toilette intime. On suppose que cet usage est d'origine musulmane : la main droite est celle qui tourne les pages du Coran et qui ne doit pas être souillée.
Me voyant observer les murs de sa chambre, il m'explique qu'au début de l'été, lorsque le Gange à augmenter de cinq mètre, l'eau a envahi sa pièce et est montée jusqu'au plafond, emportant toutes ses affaires. Lui se trouvait à Gangotri, non loin des sources du Gange, où il réside l'été, et quand arrive l'hiver, à la mi-novembre, il redescend à Rishikesh.
Gangotri est un lieu très connu en Inde car il fait partit du pèlerinage au Char Dham, quatre temples dispersés au pied de l'Himalaya où beaucoup d'ascètes hindous vont vivre sur ces endroits sacrés.

Si la religion est l'opium du peuple, alors l'Inde peut-être baptisé « le pays au milliard d'opiomanes ». Cette nation possède d'avantage de lieux de culte que d'établissements scolaires, universitaires et médicaux. La plupart des grands lieux sacrés sont établis au bord d'un fleuve, quand ce n'est pas le fleuve lui-même, de la source à l'embouchure, qui paraît marqué d'une protection surhumaine. L'Inde préfère le fleuve à la mer. Elle voit dans l'écoulement de l'eau, porteuse de fertilité comme de menace, une réserve de sentiments et de symbole inépuisable. La mer ne dit pas grand-chose aux indiens. Ils ne l'ont jamais célébrée, ni conquise. Elle est plus un obstacle qu'une amie.
Dans l'Inde, on demande aux hommes et aux femmes d'être pleinement conscient, dans leur corps et dans leur âme, de leur étroite parenté avec tout ce qui les entoure ; on leur apprend à saluer le soleil levant, l'eau des ruisseaux, la terre fertile, comme des manifestations de vérité vivante qui embrase aussi l'homme. On leur demande de se mettre en harmonie avec cet Univers dont ils font partie.

Les hindous fervents effectuent le très long pèlerinage au Char Dham, quatre anciens temples marquant les sources spirituelles des quatre fleuves sacrés de l'hindouisme : la Yamuna (Yamunotri), le Gange (Gangotri), la Mandakini (Kedarnath) et l'Alaknanda (Badrinath).
La Yamuna, second fleuve sacré de l'Inde, provient d'un lac gelé aux pieds des glaciers du Kalinda Parvat, à 4421 m. d'altitude, 1 km au-delà du temple. Devant le sanctuaire jaillissent des sources chaudes autorisées à la baignade (bassins séparés pour les hommes et les femmes) et d'autres où le pèlerins font cuire des pommes de terre et du riz qu'il offre au prassad.(Nourriture offerte à un maître ou à un dieu et redistribuée aux assistants).
Le Gange qui prend sa source à Gaumukh (gueule de vache) où des dévots et des courageux se baignent dans ces eaux glacées sorties tout droit des glaciers. À côté se dresse le rocher sur lequel Shiva aurait vu le Ganga (Gange) couler entre ses cheveux emmêlés. Le temple se trouve à une quinzaine de kilomètre en aval de la source, à Gangotri. Dans un cadre magnifique à 3042 m d'altitude, le temple fut édifé par le commandant gurkha Amar Singh Thapa au 18ème siècle.
Kedarnath est révéré comme source de la Mandakini, mais son temple est avant tout dédié à la bosse de Shiva (qui avait pris la forme d'un taureau) laissa derrière lui lorsqu'il plongea dans le sol pour échapper aux Pandava. La véritable source de la Mandakini se trouve à 12 km en amont de Kedarnath.
Le temple fut érigé au 8ème siècle par le gourou Shankara, inhumé derrière le sanctuaire. 100'000 pèlerins envahissent chaque année le village laissant derrière eux pas mal de détritus. Le site est placé sous de si bons auspices que certains se jetaient autrefois du haut de la falaise derrière le temple dans l'espoir d'accéder instantanément au moksha.(le salut, la délivrance du cycle incessant des réincarnations).
Et le dernier de ce long pèlerinage est Badrinath, source de l'Alaknanda, consacré à Vishnu, est le plus populaire des temples du Char Dham. Il bénéficie d'un cadre exceptionnel à l'ombre du Nilkhanta couronné de neige. Il fut fondé au 8ème siècle également par le gourou Shankara, mais l'édifice actuel au couleur vive est beaucoup plus récent.
Ces quatre lieux drainent des centaines de pèlerins pendant la saison du yatra (pèlerinage), d'avril en novembre. Les dates exactes d'ouverture des sanctuaires sont annoncées chaque année par les prêtres locaux.

Trois fois j'ai voulu me rendre à la source du Gange à Gangotri. Trois fois j'en ai été empêché ! La première fois par un tremblement de terre dont j'ai ressenti les secousses à Dharamsala, à 400 km de l'épicentre. La deuxième fois, des émeutes dans le nord de l'Inde empêchaient les bus de circuler et donc de pouvoir se déplacer. La dernière fois je suis arrivé à Gangotri à la mi-octobre et l'on venait de fermer le chemin de Gaumukh, car la neige était tombée en avance. De nombreux touristes avaient été pris au piège et l'armée avait dû intervenir pour rapatrier les gens qui étaient bloqués. Certains touristes, notamment des russes, avaient outrepassé leurs permissions qui étaient valables jusqu'à Gaumukh et l'armée dû utiliser des hélicoptères pour aller les rechercher. S'ensuivit ensuite en Inde une grosse polémique pour savoir qui devait payer dans ce genre d'intervention, est-ce l'armée ou les touristes imprudents. Résultat, on interdit aux étrangers de se rendre à la source du Gange et je l'ignorais car l'interdiction datait de 10 jours en arrière. Je ne désespère pas d'entreprendre une autre année ce pèlerinage dans une quatrième tentative !

Carnet de route d'un UPjiste - Un hiver indien - 30 - Vache sacrée et sacrés déchets

Carnet de route d'un UPjiste - Un hiver indien - 30 - Vache sacrée et sacrés déchets

VACHE QUI RIT, VACHE QUI PLEURE

La vache a beau être sacrée en Inde, elle est moins bien lotie que la vache Milka, déesse des chocolateries Suchard.
Adorez les vaches sacrées ? Pas pour tout le monde. Selon un article du journal « The Times of India », de plus en plus de bovins sont kidnappés pour finir en bifteck dans les assiettes d'indiens de moins en moins religieux. New Dehli compte environs 40 000 vaches « sacrées », baptisées gao mata – vaches mères – car leur lait nourrit toutes les créatures. Ces ruminants déambulent librement dans la ville sans se soucier le moins du monde de la circulation chaotique. Des milliers de vaches ont été enlevées durant la nuit, par des malfaiteurs qui les revendent à des abattoirs illégaux. Ces gangs ne font pas de quartier. Au volant de véhicules boostés, ils n'hésitent pas à charger les voitures de police. Ces kidnappings reflètent le nouveau visage et le profond changement de la société indienne.

Les Hindous considèrent la vache avec le plus grand respect, lui reconnaissant un incontestable caractère sacré ! Pour le croyant, tuer une vache est aussi grave que le meurtre d'un brahmane, car Brahman (représentant de la puissance créatrice divine au sein de la trinité hindoue composée de Brahma, Vishnou et Shiva) a créé l'un et l'un et l'autre le même jour. Mais attention, la bouche de l'honorable ruminant n'est pas sacrée !
Lors d'une querelle entre Brahma et Shiva, la vache appelée comme témoin, mentit en faveur du premier. Pour la punir, Shiva, furieux décréta sa bouche impure. Sa bouse et son urine sont bien sur sacrées. Il arrive que des dévots, les mains en coupe, recueillent le liquide encore brûlant et le boivent d'un trait. Mais la médecine traditionnelle indienne ne préconise-t-elle pas justement l'absorption quotidienne d'un verre d'urine. Un autre breuvage purifie aussi l'âme et le corps : un mélange de lait, petit-lait, beurre clarifié, urine et bouse.

En parlant de bouse, il m'est arrivé une aventure il y a bien longtemps à Bénarès. Un jour, et se fut le seul, je décide comme beaucoup d'Indiens de marcher pieds nus dans les ruelles étroites de la vieille ville. Alors que je me promenais tranquillement, je sentis soudain une bizarrerie ! Mes pieds avaient marchés dans quelque chose de chaud et de moelleux. Je regarde et constate que je venais de mettre un pied en plein milieu d'une bouse de vache toute fraîche. Un sikh, les bras croisés, qui avait assisté à la scène me regarde et me dit le plus sérieusement possible : Lucky Man ! Sur le moment je n'ai pas tout de suite compris qu'est-ce qu'il avait voulu dire par « homme chanceux ». Et c'est plus tard que j'appris que marcher dans une bouse de vache par inadvertance portait chance ! Si un jour vous marchez dans un pâturage et que vous marchez sur une bouse de vache, au lieu de pester contre ces pauvres vaches suisses, allez vite jouer à la loterie à numéro.

En Inde, nourrir une vache constitue une bonne action, les soigner une meilleure encore : certains riches fidèles construisent même à leur intention hôpitaux et maison de repos. En plus du lait, les vaches donnent aux Indiens une autre richesse ; elles fournissent aussi des millions de tonnes de bouses, un gisement précieux sans cesse renouvelé que les Indiens pétrissent avec un peu de paille pour en faire des galettes servant de combustible ménager.

« En vérité, la vache représente la Mère de l'univers et elle est un idéal pour tous ceux qui sont doux, purs, désintéressés et innocents. C'est la vache qui donne le lait dont l'homme tire la crème, le beurre et le ghî. Elle est la mère des taureaux qui tirent la charrue dans les champs pour la nourriture de l'homme. Ses bouses elles-mêmes sont très utiles comme combustibles ; en Kathiawar, où il n'y a ni arbres ni forêts, il n'y a pas d'autre combustible que les pains de bouse de vache. Et, après sa mort naturelle, sa peau et ses os servent à faire des quantités de choses. Ô mère ! En vérité tu es vraiment Kâmadhenu (vache mythique qui exauce tous les désirs de celui qui la possède) ! »
Swami Ramdas

Carnet de route d'un UPjiste - Un hiver indien – 31 - Babu Das Babaji Maharaj prépare des chapatis, pains indiens sans levain.

Carnet de route d'un UPjiste - Un hiver indien – 31 - Babu Das Babaji Maharaj prépare des chapatis, pains indiens sans levain.

SE NOURRIR EN INDE

À Laxman Jhula, où je loge, il y a beaucoup de restaurant qui proposent des cuisines adaptées aux touristes qui proviennent de différents pays de notre planète. On y trouve de la cuisine italienne, française, israélienne, américaine, mexicaine, chinoise, népalaise, et pratiquement toutes les « boulangeries » font des spécialités allemandes (German bakery). Beaucoup de ces restaurants sont tenus par des népalais qui sont d'excellents cuisiniers et qui savent très bien imiter ces cuisines du monde. Si certains plats sont excellents, par contre d'autres sont une contrefaçon qui ne porte que le nom ; la pizza par exemple, dont la pâte est bien loin d'égaler son modèle italien. Pour certains touristes qui ne supportent pas la cuisine indienne épicée, c'est rassurant de pouvoir retrouver une cuisine « continental food » ; mais avec le risque d'attraper une gastro-entérite et de passer la moitié de ses vacances sur la cuvette de ses toilettes, du fait que les aliments ne sont pas toujours bien conservés et l'hygiène plus que douteuse, ce qui peut être gênant pour ceux qui pratique le yoga et qui, en plein exercice, on envie de lâcher une flatulence, serrant les fesses, alors que leur gourou leur demande de s'épanouir comme une fleur de lotus au lever du soleil.
Dès les années 1940, le restaurant a fait son apparition en Inde. Pour les migrants ou les célibataires au pouvoir d'achat peu élevé, il répond encore bien souvent à la stricte nécessité de remplir l'estomac.

L'apparition de fast-foods américains depuis une quinzaine d'années dans les grandes villes indiennes marque une profonde révolution dans les pratiques alimentaires. Cette modernité est en train de remettre en cause la symbolique rituelle de la nourriture, élément essentiel du rapport des hindous à leur univers et du système des castes.
Dans l'hindouisme, la préparation et l'absorption de nourriture font l'objet d'un grand nombre de règles et de prescriptions. Dans les textes sacrés, tels les Upanishad, la nourriture est généralement perçue à l'égal de Brahma qui symbolise le principe de la création de l'Univers. La nourriture est Brahma car elle est ce qui circule dans l'Univers à travers les corps, qui, fait de chair et d'os, deviendront nourriture à leur tour.
Dans ce monde organique, la nourriture est sensible aux conditions dans lesquelles elle a été préparée. Une fois ingérée, elle peut, selon les cas, transmettre pureté ou impureté au mangeur et déterminer ainsi son statut rituel. Les risques de pollution concernent davantage les individus de haut statut, notamment les brahmanes, qui se doivent de préserver leur pureté rituelle, tandis que ceux issus de la basse caste, considérés par définition comme impurs, sont moins vulnérables. Dans son acception hindoue, la nourriture représente ainsi une donnée essentielle dans le fonctionnement du système des castes, notamment fondé sur le principe idéologique du pur et de l'impur.
Un cuisinier de la caste inférieur suffit à polluer la nourriture et à remettre en cause le statut rituel du mangeur. De même, l'acte de manger est sérieux, voire dangereux, il est conseillé de se laver et de se changer avant de prendre son repas, qui est offert au préalable aux divinités domestiques. Il est aussi recommandé de manger seul, sinon avec une personne de caste semblable : le temps du repas n'est pas associé à un moment de convivialité, contrairement à ce qu'il est dans la culture occidentale.
Il y a quelques décennies encore, le non-respect des règles de pureté pouvait avoir de graves conséquences.

L'Inde est un marché de consommation de passer 1 milliards d'individu, et qui dit marché de consommation dit aussi : possibilité pour les grands trusts de s'en foutre pleins les poches ! Et dans ce cas-là, la pieuvre tentaculaire suisse de l'alimentaire, Nestlé, à très bien compris que l'Inde était un marché plus que florissant. En Inde, Nestlé est présente depuis 1962 et cette multinationale a mis dix ans à comprendre le marché de masse indien. Elle n'avait peut-être pas méditée la réflexion de Rudyard Kipling qui disait : « Ci-gît un fou qui avait essayé d'obliger l'Orient à se hâter. »
Dans les années 2000, Kentucky Fried Chicken et autres Pizza Hut essayent de convaincre les indiens à leurs nouvelles cuisines. Mais cette évolution a du mal à entrer dans les foyers, notamment lorsque les industriels occidentaux prétendent remplacer les repas traditionnels indiens par des repas étrangers.
Nestlé, l'une des premières à comprendre que pour pénétrer le marché indien, il lui fallait proposer des snacks et autres petits en-cas rapides, avait lancé en 1983 des nouilles instantanées Maggi. Son concurrent direct, le géant anglo-hollandais Unilever, avait essayé à la même époque de convaincre les Indiens de manger des pâtes en plat principal comme en Europe. Unilever échoua, alors que Nestlé triomphe en présentant ses nouilles comme un snack à déguster entre les repas et en mettant en scène, dans sa publicité, des enfants jouant à porter les nouilles à la bouche avec leurs mains (la plupart des Indiens mangent avec leurs mains).
Nestlé sert aujourd'hui d'exemple aux autres entreprises alimentaires, limant ses marges, donnant une saveur local à ses produits... et une certaine bonne conscience aux mères de familles, qui contrôle la moitié du budget du ménage.

Aujourd'hui, la cuisine indienne retrouve ses racines, la tradition revient au goût du jour et les chefs puisent dans le patrimoine régional pour faire évoluer les cartes. La cuisine indienne était considérée comme ringarde, mais c'est en train de changer.

Carnet de route d'un UPjiste - Un hiver indien - 32 - Maman langur et son bébé, singe à face noire et à longue queue

Carnet de route d'un UPjiste - Un hiver indien - 32 - Maman langur et son bébé, singe à face noire et à longue queue

LE REGNE ANIMAL

Je ne me lasse pas d'observer les animaux qui vivent avec les humains aux abords du Gange. Trois groupes cohabitent ensemble est vivent avec des codes bien précis. Il y a d'abord les vaches aux yeux doux, pacifiques, qui déambulent tranquillement aux alentours des temples et qui appartiennent à des ashrams qui les nourrissent et les vénèrent en temps qu'animaux sacrés. Les chiens errants, qui n'ont pas de maîtres et qui vivent en bande, qui ont un chef auquel ils se soumettent. Chaque bande à un territoire précis, qu'ils défendent et qui peut parfois se transformer en une lutte à mort si un chien d'une autre bande essayerait de s'en emparer ou alors de draguer les chiennes du clan. La dernière catégorie, ce sont les singes, les langurs à gueule noir et longue queue et les macaques rhésus à face et derrière rouge. Leurs comportements entre eux me captivent, car je trouve qu'ils sont presque plus humains que certains bipèdes à grande gueule qui se considèrent comme civilisés et qui se croient supérieurs aux lois de la Nature.

Les animaux respectent la nature et en observant leur comportement on peut même dire qu'ils lui rendent hommage. L'adoration du soleil levant et du soleil couchant est un fait commun chez les oiseaux et autres animaux. Le soleil est leur Dieu. Aussi, dès que va paraître le Maître du Jour, les aigles se mettent à tournoyer dans le ciel de l'Orient ; les singes s'immobilisent, silencieux au sommet des arbres ; les écureuils eux-mêmes interrompent leur éternelle chasse aux noix et restent tout tranquille sur leur branche jusqu'à ce que la venue de la lumière soit chose accomplie. Ils observent de la même façon le coucher du soleil. Le sentiment religieux est aussi nécessaire à l'homme qu'à ses frères cadets les animaux, ces âmes privées de la parole, mais dont le silence est plus éloquent que les discours humains.

Les hommes ont beaucoup appris des animaux, observant leur comportement, en constatant combien ceux-ci étaient proches des arbres, des végétaux et des éléments. Les animaux s'éloignent des zones menacées souvent bien avant que le danger n'apparaisse. Ils pressentent aussi les changements climatiques bien avant qu'ils ne deviennent visibles dans le ciel. Ces constatations permettaient à l'homme d'acquérir dans une certaine mesure les facultés de l'animal et d'élargir ainsi son propre champ de conscience. Il accueillait beaucoup d'informations sur les plantes médicinales en observant les animaux soigner leurs blessures ou leurs maladies avec certaines herbes qui s'avéraient tout aussi efficaces chez l'être humain.

« Si un homme essaie de s'élever et de se distinguer en bousculant et en piétinant les autres, s'il essaie de parvenir à un succès dans lequel il s'enorgueillit d'être plus que quiconque, il s'aliène cet Esprit. C'est pourquoi les Upanishads désignent ceux qui sont parvenus au but de la vie humaine comme « paisibles » et « un avec Dieu », entendant par là qu'ils sont en parfaite harmonie avec l'homme et la nature, et par conséquence dans une union avec Dieu que rien ne peut troubler. »
Rabindranâth Tagore

Carnet de route d'un UPjiste - Un hiver indien - 33 - Au coin d'un temple !

Carnet de route d'un UPjiste - Un hiver indien - 33 - Au coin d'un temple !

REFLEXIONS METAPHYSIQUES

Notre Esprit ne nous laisse jamais tranquille ! Il profite de ces rares moments de calme que vous vivez loin de chez vous, pour vous harcelez de questions.
Quand nous vivons au quotidien dans cet univers matérialiste où nous voyons des millions de personnes stressées qui foncent au travail, le regard tourmenté, téléphone portable à l'oreille, porte-document à la main, aiguillonnées par l'appât du gain, pensez-vous que dans ce monde-là on ait le temps de se poser des questions ? Est-ce qu'on se demande si à moyen terme le changement climatique finira par avoir des conséquences irréversibles sur les pizzas 4 saisons ? Dans un esprit troublé la connaissance ne peut fleurir ! L'obsession de notre système de consommation nous a conduits à l'abrutissement et à l'aveuglement dans cette centrifugeuse où nous vivons, nous empêchant de nous interroger sur les véritables questions existentielles fondamentales auxquelles chaque être humain devrait s'interroger.
Nous vivons à une époque où nous avons plus de connaissance mais moins de jugement ! Nous avons plus de liberté mais moins de joie ! Nous avons des hôpitaux ultra-modernes, plus de médicament, des assurances maladies mais moins de santé ! Nous avons de la nourriture à profusion mais nous nous nourrissons mal ! Nous avons conquis l'espace sidéral mais nous ne sommes pas fichus de conquérir notre espace intérieur !

Nous fonçons tout droit dans le mur du chaos mais ça nous est égal ! Dès que nous nous extirpons de ce monde fallacieux et que nous trouvons un peu de paix et de sérénité, alors votre Esprit en profite pour vous rappeler quelques lois de Mère-Nature qui ont été instaurés depuis la nuit de temps pour aider les hommes et les femmes à traverser ces vies terrestres. C'est alors que l'on comprend mieux cette phrase de Jésus, inconnu en Occident, gravée en caractères arabes sur un mur antique, qu'on a découvert en 1900 dans les ruines de la cité indienne de Fatehpur Sikri, construite par le sage empereur mogol indien Akbar le Grand, qui disait :

Jésus (que la paix soit avec lui) a dit :
« La vie est un pont. Traverse-le, mais ne t'y fixe pas ! »

Dans l'Evangile apocryphe de Thomas, on retrouve une parole de Jésus exprimée brièvement mais similaire dans le sens à celle de Fatehpur Sikri :

« Soyez passant »

Dans notre vie terrestre, face à l'Infini, nous sommes comme des passagers d'un bref voyage. Dans notre ignorance, nous avons oublié que nous sommes nés sur cette terre pour être en fin de compte des passants et non des gagnants. On n'est pas né pour rechercher la richesse et la puissance, car au point de vue spirituel, ses succès-là sont pour l'homme ses plus grands échecs. Le jour où survient l'heure fatidique de son départ de ce monde pour le « Grand Voyage » il est trop tard pour se poser des questions, et tout l'argent amassé dans cette vie n'aura servi qu'à nous perdre !

« Ã’ toi qui temporises et ne penses pas à la venue de la mort,
Te consacrant aux choses inutiles de la vie,
Imprévoyant es-tu, toi qui gaspilles ta plus grande opportunité.
Quelle erreur auras-tu commise si maintenant tu reviens (de la vie) les mains vides.
Puisque tu reconnais le Saint Dharma comme ta seule nécessité,
Ne vas-tu pas, même à présent, te vouer à sa pratique ? »
Extrait du Livre des Morts Tibétains

La plupart des êtres humains demeurent passifs, ne voulant pas se poser de questions, attendant quelque chose, mais ne savant même pas quoi, ils attendent qu'un miracle se produise en leur faveur, ils prient Dieu pour qu'Il vient à leur aide, mais quand ils nagent dans le « bonheur » ils oublient de penser à Lui. Si un homme n'a pas de but réel dans sa vie, de but qui soit supérieur à ceux que le monde connaît ordinairement, son existence ne peut, d'une manière qui le dépasse, qu'aller à la dérive. Il est pareil à un oiseau sans ailes ou un bateau sans gouvernail.

Quand on commence à recevoir des réponses à certaines questions que l'on se pose sur le but de notre existence, on découvre alors qu'une autre vie est possible, qu'un autre état d'être est possible et petit à petit la conscience se libère des fantômes du passé et sur la base de cette nouvelle compréhension on peut alors entrevoir le Chemin de Libération qui nous mènera vers Royaumes des Cieux comme nous l'a enseigné le Christ. Mais attention cette Voie de Libération ne s'acquiert pas dans une pochette surprise, le chemin qui conduit à toute vérité est parsemé d'épines........ à nous de contourner ces obstacles !

« Large, en effet, et spacieux est le chemin qui mène à la perdition, et il est beaucoup qui s'y engagent ; mais étroite est la porte et resserré le chemin qui mène à la Vie, et il en est peu qui le trouvent » (Mat. 6 :13-14)

Au fait, mon Esprit m'a harcelez de questions sur des réflexions métaphysiques ? Bizarre je ne m'en souviens plus.... J'ai déjà tout oublié. Bon, c'est l'heure d'aller manger.......

Carnet de route d'un UPjiste - Un hiver indien - 34 – Vu d'un couché de soleil de ma terrasse

Carnet de route d'un UPjiste - Un hiver indien - 34 – Vu d'un couché de soleil de ma terrasse

DIEU A-T-IL DES DOIGTS ?

Il y a des matins, après une bonne méditation, vous prend l'envie de lire. Alors vous choisissez au hasard un bouquin qui vous tombe sous la main. Et vous vous dites, tiens aujourd'hui je vais lire le Deutéronome ! Pourquoi pas ? C'est peut-être plus intéressant que de lire dans Le Matin les commentaires du chef de la police neuchâteloise, Olivier Guéniat, qui vous explique qu'aujourd'hui nous vivons dans un monde où la pizza arrive plus vite que la police. À force de vivre à proximité du Gange on devient un peu mystique.
Or donc je commence la lecture sur le fameux épisode de la traversée du désert par les Hébreux au moment où Moïse monta sur la montagne du Sinaï pour s'isoler quarante jours et quarante nuit sans boire ni manger.

Moïse, muni d'une bonne paire de Tricouni, d'un Alpenstock, d'un sac à dos avec un peu de manne descendu du ciel et d'un bon sac de couchage « Mammut », décide de gravir le Mont Sinaï pour aller s'isoler. En effet il a besoin de repos car depuis quarante ans il tourne en rond dans le désert avec sa tribu qui n'arrête pas de se plaindre : « On veut rentrer chez nous, on veut rentrez chez nous, tu nous avais promis la terre promise, elle est où ta terre ? » Moïse arrive donc après une longue marche au sommet de la montagne, et là, croyant trouver un coin paisible pour boire un petit Génépi, constate que « là-haut sur la montagne » c'est le boucan ! Il reçoit les commandements de l'Eternel au milieu des coups de tonnerre, du son de la trompette, le tout entourés des flammes de la montagne fumante.

« et l'Eternel me donna deux tables de pierre écrites du doigt de Dieu » (Deutéronome 9 :10)

Là j'arrête ma lecture car soudain me vient à l'esprit une réflexion de Nicolas Bouvier dans son livre « Histoire d'une image » (que Moïse n'a pas lu) aux Editions Zoé 2001 (à ne pas confondre avec les Editions Noé - 2001 av. J.-C.), qui se posait en quelques mots une question fondamentale à laquelle nous devrions tous méditer :

DIEU A-T-IL DES DOIGTS ?

Très bonne interrogation de Nicolas Bouvier qui nous porte à réfléchir sur le « qui est Dieu » qu'aujourd'hui encore divise une grande partie de l'Humanité. Dieu a-t-Il des doigts ou n'a-t-Il pas de doigts ? Je citerai St Augustin, car quand on veut paraître intelligent dans ce genre de débat on cite toujours St Augustin et non pas Seleucus, celui qui écrivit l'Evangile de Matthieu par exemple, qui fait vraiment ringard de nos jours, qui est réservé pour les masses populaires, donc ignorantes, qui ne passent pas leur vie dans les bibliothèques universitaires à se masturber l'esprit, prêt à bondir sur l'hérétique qui oserait contredire leurs théories pédantes, pompeuses et pontifiantes. Donc St Augustin nous dit :

« Quand tu penses à Dieu, tout ce qui peut se présenter à toi en forme corporelle, chasse-le, expulse-le, répudie-le, fuis-le ».

Pour St Augustin il est clair que Dieu n'a pas de doigts ! Peu de temps après que Jésus ait quitté ce monde pour des cieux plus cléments, deux courants du Christianisme se sont affrontés sur cette question de la Divinité. Les chrétiens issus de la mouvance gnostique, basé pour la plus part en Egypte et en Syrie qui pour eux « Dieu n'avait pas de doigt » et les chrétiens, juifs d'origine, qui ont adopté le Dieu anthropomorphe de l'Ancien Testament et qui pour eux « Dieu avait des doigts ». Résultat, les disciples du « avec des doigts » l'emporteront, condamnant et pourchassant les chrétiens gnostiques, partisans du « sans des doigts », les éliminant dans le sang, brûlant leurs écrits et par là même, obscurcissant le message d'Amour et de Sagesse que Jésus était venu nous délivrer.

« Lorsque l'Eternel eut achevé de parler à Moïse sur le Mont Sinaï, il lui donna les deux tables du témoignage, tables de pierre, écrite du doigt de Dieu. » (Exode 31 :18)

Après tout ce vacarme, Moïse redescend de la montagne avec les commandements et découvre avec horreur son peuple d'élu prosterné devant un veau d'or. Prit de colère, il brise les tables de la Loi. À peine venait-il de recevoir les commandements que déjà son peuple transgressait les Lois du Seigneur Dieu qui disaient (avec une voix caverneuse) : « Tu ne feras aucune image sculpté, tu ne te prosterneras pas devant ces dieux. » Fou de rage devant se spectacle d'idolâtrie, que va faire Moïse ? Il va tout simplement massacrer 3000 hommes nous dit la Bible pour les punir d'avoir transgressé la Loi, oubliant certainement le commandement « Tu ne tueras points ». La conscience tranquille après ce pieux carnage, Moïse reprend son Alpenstock et remonte sur le Sinaï pour recevoir à nouveau les tables de la Loi.

On veut nous faire gober que le Pentateuque fut écrit par Moïse, et néanmoins il contient le récit de sa mort. Mais bon, on est plus à une contradiction près. On nous demande de croire aveuglément à un Dieu qui a du sang sur les doigts et qui lui-même ne respecte pas ses propres commandements et qui aujourd'hui par l'intermédiaire de ces diacres en robes affriolantes (mettent-ils des slips ou ne mettent-ils pas de slip ?) bénissent les canons qui vont massacrer des enfants de Dieu. Combien d'hommes et de femmes sont-ils morts au nom de ce Dieu « Amour ».

En novembre 2007, George W. Bush est persuadé que Dieu lui a dit d'aller faire la guerre en Afghanistan et en Irak, déclare le ministère palestinien de l'Information Nabil Chaath dans un entretien rendu public hier par la BBC.
M. Chaath évoque sa première rencontre avec le président américain en juin 2003 alors qu'il était accompagné par le premier ministre palestinien Mahmoud Abbas. Selon lui, M. Bush a déclaré avoir reçu une « Mission de Dieu ». « Dieu m'a dit : George, va combattre ces terroristes en Afghanistan, et je l'ai fait », rapporte Chaath. « Et puis Dieu m'a dit, George va mettre fin à la tyrannie en Irak, et je l'ai fait. »
« Et aujourd'hui, à nouveau, je sens les paroles de Dieu qui viennent à moi : va donner leur Etat aux Palestiniens, leur sécurité aux Israéliens et la paix au Proche-Orient. Et mon Dieu je vais le faire. »
De son côté, Mahmoud Abbas, actuel président de l'Autorité palestinienne, a précisé que lors de la même réunion M. Bush lui a déclaré : « J'ai une obligation morale et religieuse. Donc je vous donnerai un Etat palestinien. »
Dieu, l'ami de Georges, quelle référence !

Dans l'Egypte ancienne, bien avant l'apparition de Moïse, on avait déjà une idée de la conception de Dieu ! Dans un discours entre Hermès et Thot, le premier dit :

« Il est impossible que la pensée puisse avoir une conception correcte de Dieu... On ne peut décrire au moyen d'organes matériels ce qui est immatériel et éternel... L'un est une perception de l'esprit et l'autre une réalité. Ce qui est perçu par nos sens peut s'exprimer en paroles ; mais ce qui n'a pas de corps, ce qui est invisible, immatériel et sans forme ne peut être saisi au moyen de nos sens ordinaires. C'est ainsi que je comprends O Thot, que Dieu est ineffable.»

Donc pour les Egyptiens, à l'époque des pharaons, Dieu n'avait pas de doigts !

Dans les archives du Vatican, se trouvent des écrits que l'Eglise nous cache parce compromettants pour sa pieuse Institution qui nous révèlent un Dieu qui n'est pas conforme à son dogme. C'est un extrait de l'Evangile Essénien, traduit par le chercheur Edmond Bordeaux-Szekely dans les années 1900, qui a pour titre : « La Vision d'Enoch, la plus ancienne Révélation ». Ecrit dans la langue de Jésus, l'araméen, la « Vision d'Enoch » est un véritable hymne d'Amour et de beauté dédié à l'Homme et à la Nature, qui dans sa pureté, nous révèle le Tout. (Attention je suis en train de m'envoler)


DIEU PARLE À L'HOMME

Je te parle
Sois en paix
Sache
Que je suis dieu


Je t'ai parlé
Quand tu es né
Je t'ai parlé
A ton premier regard
Je t'ai parlé
A ton premier mot
Je t'ai parlé
A ta première pensée
Je t'ai parlé
A ton premier amour
Je t'ai parlé
A ton premier chant

Je te parle
Par l'herbe des prés
Je te parle
Par les arbres des forêts
Je te parle
Par les vallées et les collines
Je te parle
Par les montagnes sacrées
Je te parle
Par la pluie et la neige
Je te parle
Par les vagues et la mer
Je te parle
Par la rosée du matin
Je te parle
Par la paix du soir
Je te parle
Par la splendeur du soleil
Je te parle
Par l'orage et les nuages
Je te parle
Par le tonnerre et la foudre
Je te parle
Par le mystérieux arc-en-ciel


Je te parlerai
Quand tu seras seul
Je te parlerai
Par la Sagesse des Anciens
Je te parlerai
A la fin des temps
Je te parlerai
Quand tu auras vu mes anges
Je te parlerai
Tout au long de l'éternité


Je te parle
Sois en paix
Sache
Que je suis Dieu

Carnet de route d'un UPjiste - Un hiver indien - 35 - - Music concert by Barunkumar Pal

Carnet de route d'un UPjiste - Un hiver indien - 35 - - Music concert by Barunkumar Pal

LA MUSIQUE INDIENNE

Hier soir, avait lieu un concert de musique classique indienne à Ram Julha avec le grand musicien Indien Barunkumar Pal. Il est un des pionniers dans l'introduction de la guitare hawaiienne dans le monde de la musique classique indienne. Il a adapté son instrument hawaiien pour pouvoir jouer les ragas indiens. C'est un disciple de Maître de sitar Ravi Shankar avec lequel il a donné plusieurs concerts. Il fait d'ailleurs partie de la faculté Ravi Shankar Center à New Delhi. À part l'ingénieur du son, un allemand, qui n'arrêtait pas de toucher les boutons et de nous envoyer des larsens à vous déchirer les oreilles, le concert était d'une grande qualité musicale.

Depuis notre plus tendre enfance, nous sommes habitués à écouter de la musique avec des harmonies, des rythmes, des sons. En Inde tout est différent, leur musique au début vous déstabilise complètement et beaucoup d'occidentaux ont dû mal à s'y faire pour entrer dans leur monde musical. Nous devons apprendre à changer d'oreille pour pouvoir apprécier cette musique qui remonte au temps védiques.
Les origines de la musique classique indienne provient des temps védiques, lorsque les poèmes religieux chantés par les prêtres furent réunis dans une anthologie intitulée le Rig-Veda. Au cours des millénaires, de multiples influences sont venues l'enrichir, aboutissant aux deux formes connues aujourd'hui : les musiques carnatique (du Sud) et hindoustani (du Nord). Du fait de leurs racines communes, elles partagent certaines caractéristiques : toutes deux basées sur le « raga » (thème mélodique et rythmiques servant de base é l'improvisation musicale) et le « tala » (séquence rythmique caractérisée par un nombre de temps défini).

L'accès à un concert de musique classique n'est pas facile. Nous pouvons être agacés, rebutés, avant le début d'un concert, par ces très longs accords des instruments, qui peuvent prendre une demi-heure ; étonnés, voire même ennuyés, par ces premiers moments, la patiente recherche du son, les silences soudains, l'apparente absence de rythmes ou d'énergie vous déconcerte. Le code que les musiciens ont entre eux vous échappe complètement. Contrairement à la plupart des concerts en Occident, un concert indien démarre très lentement au point d'être dérouté par ce long processus de développement musical. Vos paupières deviennent lourdes et des bruits de toussotements se font entendre dans la salle. Assis en tailleur, votre position devient inconfortable quand soudain, un son vous sort de votre torpeur, le tabla entre en action. L'intervention inattendue des percussions, qui frappent les mesures qui ne sont pas les nôtres et les têtes des indiens qui commencent de bouger par saccades de droite à gauche et de haut en bas vous rendent attentif que quelque chose va se passer. À partir de ce moment-là, la magie commence d'opérer, lentement vous glisser dans cette univers de la musique classique indienne qui vous transporte vers des horizons sonores inconnus.

Carnet de route d'un UPjiste - Un hiver indien - 36 - Le Gange prend son nom à Devprayag.

Carnet de route d'un UPjiste - Un hiver indien - 36 - Le Gange prend son nom à Devprayag.

BHAGIRATHI + ALAKANANDA = GANGE

Le Gange prend son nom à Devprayag. C'est au pied de ce village, véritable figure de proue bâtie sur un escarpement rocheux, que se rencontre la Bhagirathi qui jaillit à Gaumukh d'une caverne glacière et l'Alakananda, née du glacier de Nanda Devi (7800 m.). C'est au moment où ces deux cours d'eau se rencontrent que le Gange prendra son nom. Leurs sources sont sacrées comme l'est Mata Ganga. (Mère Gange)

Devprayag est un lieu symbolique entre tous, celui où deux rivières jeunes et vigoureuses mêlent leur courant rapide pour devenir ce fameux fleuve vénéré par les Indiens ! Les confluents sont sacrés pour les hindous : ils les nomment, prayag, ce sont des lieux de pèlerinages et de sacrifices. Ils s'y baignent sur les ghâts, ces marches de pierre descendant vers l'eau qu'on retrouve tout le long du fleuve. C'est sur ces escaliers que les barques accostent, là que les femmes lave leur linge et puisent l'eau, là que l'indien vient se laver, là que la vie rituelle se déroule.

À Devprayag, le courant est très fort, les pèlerins doivent s'accrocher fermement aux grosses chaînes scellées dans la pierre pour ne pas être emporté par les rapides.
Contrairement à d'autres endroits sacrés, l'endroit est clame. On ne vous accoste pas pour vous demander quelques roupies, pas de bidons en plastique pour recueillir l'eau sacrée en vente sur les ghâts, pas de boutiques souvenirs et les prêtres sont assez discrets.
À partir de là, le Gange va continuer sa route, zigzaguant entre une succession quasi ininterrompue de collines verdoyantes pour sortir, une cinquantaine de kilomètre plus loin, à Rishikesh et continuer son chemin jusqu'au golfe du Bengale.

L'Alakananda, deuxième source du Gange, naît une quinzaine de kilomètres au-dessus de Badrinath, haut lieu révéré entre tous que Vishnou aurait choisi pour se livrer à la méditation.
Grande divinité, avec Brahma et Shiva, de la trinité hindoue, la Trimurti, dieu universel et bienveillant, Vishnou préserve et fait évoluer la création. C'est à Badrinath qu'il sauva du déluge Manu, le premier homme. Faisant un jour ses ablutions, Manu vit arriver un petit poisson, incarnation de Vishnou, qui l'avertit de l'imminence d'un déluge et le pressa de construire un bateau. Lorsque survint la calamité, manu attacha ce bateau à la corne du poisson devenu gigantesque et ce dernier l'amena ici sur la montagne. Selon les conseils du poisson, manu n'en descendit qu'à la baisse des eaux. Voilà qui fait penser à l'arche de Noé....

Carnet de route d'un UPjiste - Un hiver indien - 37 - L'homme qui murmurait à l'oreille des vaches

Carnet de route d'un UPjiste - Un hiver indien - 37 - L'homme qui murmurait à l'oreille des vaches

PSEUDO-CREATEURS DU BONHEUR

La majorité des personnes qui viennent à Rishikesh pour apprendre une technique de yoga ou de méditation ont une démarche sincère. Ils recherchent le bien-être dans leur corps et une sérénité de l'esprit. Il est vrai que dans ce cadre idyllique il est plus facile de trouver la paix en soi que dans nos grandes villes qui sont loin d'être des havres de tranquillité. Il incombe à chaque être humain d'améliorer sa conscience spirituelle par le moyen qui lui convient. Comme le dit si bien le Bouddha : « Chacun est l'artisan de son propre salut ».

Quand on se promène dans les rues de Laxman Jhula et de Ram Jhula, on est frappé par le nombre de panneaux et de murs recouverts d'affiches qui font de la publicité pour les ashrams, pour un gourou ou un enseignant, pour une technique particulière, pour des cours intensifs de yoga ou de méditation. Il y a une sorte de surenchère dans ce foisonnement d'offres que ça devient parfois presque ridicule. Le visage de ses « maîtres » s'affiche partout, même au côté de politiciens véreux. Certains dans un fond de décors paradisiaque, d'autres au côté de la photo d'un Grand Maître disparu auquel il se réclame. Il y en a qui se pare d'une auréole au milieu d'un champ de fleurs à faire pâlir les fleuristes de chez nous. Il y a pour finir la nouvelle génération de beau professeur indien, dans une belle posture, qui met avant tout en avant son corps et qui attire une quantité de jeunettes qui auront peut-être la grande chance d'être choisies pour se balader avec leur petit gourou, cheveux au vent, sur leur belle moto « Royal Enfield » rutilante et pétaradante à travers les ruelles de Rishikesh.

Hier, en traversant le pont de Laxman Jhula, j'ai été interpellé par une énorme publicité peinte sur le mur d'un ashram : « New meditation technique ». Une nouvelle technique de méditation vient d'être mise au point, balayant 5000 ans d'histoire de yoga et relayant aux oubliettes tous ces Grands Instructeurs qui sont venus nous enseigner la Sagesse Universelle. Aujourd'hui, on sort de nouvelles méditations comme on sort un nouvelle Ipad, et les gogos font la queue pour essayer ces néo-techniques, alors que nous n'avons même pas encore intériorisé les anciennes expériences spirituelles qui sont reproductibles éternellement. C'est là le grand défaut des occidentaux, nous voulons des résultats immédiats par n'importe quel moyen, alors qu'en général pour arriver à ce que ses pseudos gourous nous promettent une vie entière ne suffit pas.

Le piège pour beaucoup de ces personnes qui veulent entreprendre une démarche spirituelle, dont la sincérité je le répète encore une fois ne peut être mise en doute, c'est qu'en suivant ces individus « tapageurs », ces pseudo-créateurs du bonheur, au lieu d'être conduits vers des issues, se heurtent à des impasses. Pour certains, perdre de vue le chemin qu'ils s'étaient fixés peut avoir de graves répercussions sur le plan spirituelle et psychique. Beaucoup d'occidentaux se fient aux apparences, aux déclarations spectaculaires et aux actions publiques « miraculeuses » en ignorant que les vrais miracles s'accomplissent d'abord en silence.

Un homme bête proclame ses capacités,
Un homme sage les tient secrètes en lui-même

Trésor Précieux des Discours élégants Stance 58

Si notre esprit n'est pas suffisamment aiguisé, nous pouvons facilement être abusés par des charlatans qui peuvent être pris à tort pour des Sages. Il est préjudiciable de laisser un tiers penser à notre place. Nous nous reposons sur des gourous où des thérapeutes pour qu'ils étudient la solution à nos problèmes après que nous ayons sorti notre carte Visa ou Master Card. Lorsque nous dépendons d'une personne, nous en faisons une idole et nous oublions que le véritable Maître qui nous guide est à l'Intérieur de nous-même. Il est inutile de se rendre en Inde pour trouver son Maître ou son guide, contrairement à ce que croient beaucoup de gens. Notre Moi est notre guide et notre Maître. Ni les Maîtres ni Jésus n'ont acquis leur savoir et leur pouvoir en parcourant le monde entier. Ils ont regardé en eux-mêmes, vers ce Moi, vers le Dieu Intérieur, et sont devenus des Maîtres. Shakespeare l'a très bien compris en disant que : « Souvent en nous-même résident les remèdes que nous attribuons au ciel ». Ces Maîtres n'excluent personne, mais ils ne peuvent donner ce qu'ils possèdent. Ils se contentent juste de nous indiquer la voie. Ils peuvent nous offrir leur aide précieuse grâce à leurs expériences, mais ils ne peuvent vivre à notre place. On atteint alors la véritable maîtrise lorsqu'on suit les instructions de son Maître Intérieur et que l'on ignore les opinions d'autrui. C'est ça le Chemin de Libération que le Christ est venu nous enseigner......

Je me permets ces petits propos moralistes car il y a bien des années j'ai organisé des séminaires touchant la spiritualité avec des « professionnels de la branche » et j'ai très vite compris le piège que pouvait représenter ce genre d'activité. C'est en se plantant qu'on devient cultivé.

Aux bains sacrés, on ne trouve que de l'eau
je le sais car je m'y suis baigné.
Les idoles sont en pierre muette,
je le sais car j'ai pleuré devant elles.
Les Puranas et le Coran ne sont que des mots ;
je l'ai compris quand j'ai levé le rideau.

Partout, la confusion règne
Védas, coran, lieux saints et œuvres du Malin –
Qui est l'homme ? Qui est la femme ?
Un pot plein d'air et de sperme.
Que reste-t-il le jour où le pot casse ?
Imbécile ! Tu n'as rien compris.

Auteur soufi inconnu

Carnet de route d'Un UPjiste - Un hiver indien - 38 - Sadhu Joyeux devant mon Teashop préféré où j'aime entendre le chant des oiseaux le soir au coucher de soleil.

Carnet de route d'Un UPjiste - Un hiver indien - 38 - Sadhu Joyeux devant mon Teashop préféré où j'aime entendre le chant des oiseaux le soir au coucher de soleil.

CHAI

C'est un pléonasme que de parler de « thé chai » puisque « chai » signifie justement « thé ». Dans plusieurs pays de l'Orient ou de l'Extrême-Orient, le mot « thé » correspond à « cha » ou « chai ». Les pays où le thé a été acheminé par voies maritimes emploient généralement un terme commençant par le vocable « té » et les pays où il a été transporté par terre utilisent le terme commençant par « ch ».

Le chai en Inde est une véritable institution, adoptée par l'ensemble de la population. Ce breuvage chaud et sucré ponctue allègrement tous les moments de la journée. Mais ça n'a pas toujours été le cas ! Cette boisson est devenue traditionnelle lorsque les colons anglais importèrent le thé depuis la Chine vers la moitié du 19ème siècle.

Cette boisson est aussi a de nombreux avantage au point de vue santé. Les nombreuses épices qui composent le chai réchauffent l'organisme et stimule la digestion. Elles procurent également un certain effet aphrodisiaque (La recette ! La recette ! La recette !), dispersent les gaz intestinaux et aident à combattre les bactéries. C'est pourquoi il est important quand vous voyager en Inde de boire beaucoup de chai.

RECETTE DU CHAI (Il y a plusieurs façon de préparer ce thé)

(pour 6 personnes)

- 1 cuillère à soupe de gingembre frais râpé
- 10 'capsules' de cardamome
- 2 clous de girofle
- 1 cuillère à café de cannelle
- 1 litre d'eau
- 4 dl de lait
- 1 dl de sucre
- 1/2 dl de feuilles de thé noir

Préparation de la recette :

Eplucher et râper le gingembre dans une casserole. Ajouter cardamome, clous de girofle et cannelle.

Verser l'eau et laisser cuire environ 10 mn.

Ajouter le lait et le sucre; laisser frémir 2 min.

Y mélanger le thé. Enlever la casserole du feu, laisser infuser environ 5 mn.

Filtrer les feuilles de thé et les épices. Servir directement.

Carnet de route d'un UPjiste - Un hiver indien - 39 - - Hanuman, le dieu-singe est le fils du Vent, Vâya. Il est le gardien des propriétés et tout fondateur d'un nouveau village se devait d'ériger sa statue

Carnet de route d'un UPjiste - Un hiver indien - 39 - - Hanuman, le dieu-singe est le fils du Vent, Vâya. Il est le gardien des propriétés et tout fondateur d'un nouveau village se devait d'ériger sa statue

PAROLES DU VIEUX RISHI

« Va de par le monde, mon fils, et apprends ce qui a été écrit par la nature. La nature est la plus grande école donnée à l'homme. La Nature n'élabore pas de théories. La Nature ne ment pas. La Nature est la vérité même. Chaque pierre a une histoire écrite sur ces parois tourmentées, et ces histoires sont vraies. Chaque brin d'herbe, chaque feuille, chaque buisson murmurent aux oreilles de qui sait écouter. »

« Le matérialiste force l'homme à accumuler des richesses, et ce même matérialisme le contraint, une fois qu'il les a accumulées, à les conserver, si bien qu'il n'a pas le temps d'améliorer sa spiritualité afin de se préparer au retour à la Grande Source. Il doit « naître à nouveau », se réincarner, afin de prendre un nouveau départ ».

Carnet de route d'un UPjiste - Un hiver indien 2014 – 40 - Krishna et Arjuna sont ensemble dans le char du corps humain, le « champ de bataille » de la vie.

Carnet de route d'un UPjiste - Un hiver indien 2014 – 40 - Krishna et Arjuna sont ensemble dans le char du corps humain, le « champ de bataille » de la vie.

BHAGAVAG-GÃŽTA, CHANT SACRE DE DIEU

« J'ai enseigné à Vivasvân, le deva du Soleil et Visvasvân l'enseigna à Manu, le père de l'humanité. Et Manu l'enseigna à Iksvâku.... Ce yoga a été transmis aux Rishis (Sages) par succession qui le connurent ainsi, mais avec le temps, ce Yoga, Ô Arjuna, a été perdu. Mais il a été de nouveau redécouvert et transmis par Krishna dans la Gîta. » (Chapitre 4 sloka 1-3)

En Occident, la Gîta fut introduite et connue en 1785, grâce à la traduction de Wilkins. Cette date marque le moment où le voile se déchira qui, depuis tant de siècle, dérobait à l'Europe la littérature sacrée de l'Inde.
La Bhagavad Gîta est incluse dans le 4ème chapitre du Mahabarhata, la « Grande Epopée », et comprend 700 sloka ou versets répartis en 18 chapitres. Le Mahabarhata attribue une origine divine à la Gîta et indique qu'elle fut perdue deux fois dans le cours du temps.
Le Mahabarhata, date vraisemblablement de 3000 av. J.-C. et il fut dédié par Vyasa « l'Ordonnateur », en l'espace de trois ans au Dieu à tête d'éléphant Ganesha, Dieu du Savoir, émanation de Shiva, Gardien des Mystères. La Tradition rapporte que Vyâsa n'est jamais mort, et qu'il veille dans son ermitage de Badari dans l'Himalaya entouré de ses Sages.

Le personnage principal de la Gîta est Krishna, éternelle incarnation de Dieu. Krishna est l'un des plus anciens Avatars connus. Son enseignement inspire encore des milliers d'Hindous et guide leur existence. Krishna naquit de la Vierge Devaki dans une hutte de bergers située dans une belle vallée des Himalaya, au pied du mont Merou, autre nom de Kapala ou Shambhala.
Il aimait toute chose, même les bêtes sauvages et, tout enfant, serrait souvent de jeunes tigres dans ses bras. Comme il grandissait, les Sages commencèrent à l'instruire, afin qu'il puisse exprimer toute la sagesse qui était en lui. Un jour, Krishna reçut l'initiation aux pieds du Grand Maître des Himalayas et il lui fut ordonné de détruire le mal dans le monde. Il partit alors pour les rives du Gange et du Jumna pour instruire l'humanité, jouant de la flûte pour secouer tous les hommes de leur torpeur dans le monde physique de « Maya », l'illusion.

Chaque fois que la Loi échoue
Et que
L'indiscipline se lève
Je m'astreins à une naissance nouvelle
Pour défendre le vertueux, pour détruire
Le malfaiteur
Pour rétablir la Loi, de temps en temps,
Je dois renaître.

Il y a des milliers d'années, ces mots furent proférés par Krishna dans la vallée du Gange pour éclairer les populations de l'Inde. Mais, comme les arbres, les religions s'étiolent et dépérissent quand la superstition s'y insinue, ainsi Krishna l'avait prévu : « L'humanité s'égare par sa folie, obscurcissant la connaissance. »

Ce qu'il enseigna est contenu dans ses dialogues avec le Prince Arjuna dans la Bhagavad-Gita. Arjuna le disciple de Krishna, c'est l'homme en lutte contre toutes les forces et tendances de sa nature et conscient de son potentiel divin.
Arjuna interroge Krishna qui lui répond en lui dévoilant la science de la réalisation spirituelle. Finalement, la Gîta se présente sous la forme d'un dialogue entre Krishna et Arjuna inséparables amis. C'est l'Atman, le Soi divin et le Jiva, le Moi individuel.

Krishna et Arjuna sont ensemble dans le char du corps humain, le « champ de bataille » de la vie.
Arjuna est le MOI tiraillé de gauche à droite par toutes les pulsions que lui impose le Dharma, c'est-à-dire la Loi Cosmique, le destin individuel qui conditionne le comportement de chacun. Nous sommes le lieu où la bataille se déroule au quotidien ! En nous tous les hommes se rencontrent, du plus haut au plus bas. Il ne s'agit pas de fuir en se bouchant le nez ou les oreilles, mais d'entrer dedans et de vaincre...

La Gîta énumère ensuite les ennemis d'Arjuna qu'il doit combattre pour être enfin imperturbable et bienheureux dans la lumière de l'Atman.
Voici l'interprétation de quelques-uns de ces noms :

- Bishma est la foi qui nous aveugle et la peur ancestrale inculquée par les religions, la société, et qui nous paralysent
- Les 5 Pandu sont les 5 Tattva qui forment les éléments de la matière
- Bhima est le Prâna cosmique mais aussi individuel, grâce auquel la vie circule dans le cosmos.
- Les Kaurava sont les actions qui sont accompli par le moi sous l'impulsion du désir afin de jouir du fruit de ces actions.
- Duryodhana est l'orientation perverse du mental
- Dhritarastra est le sens plus ou moins hypertrophié du moi de l'ego illusoire
- Samjaya est l'intuition, la vision intérieure transcendante (Jnâna)
- Drupada est aussi la perception intuitive, mais fugitive.
- Paramesvâsa le guerrier animé d'une foi ardente en la victoire
- Varâta la recherche continuelle des objets du désir.
- Sikhandin le sens intime du moi en tant qu'acteur de la vie
- Subhadrâ la tendance naturelle à faire du bien.

La Gîta pose le problème de la libération spirituelle et de la voie (Yoga) qu'il faut suivre pour y parvenir. Mais rien de facile dans cette recherche ! Dès que l'homme s'efforce de dissiper les fausses croyances, il entre sur la voie. La disparition des fausses croyances et des faux désirs est la perfection du Yoga. La Yoga consiste à empêcher le mental chilla), le singe qui saute de branche en branche, de prendre de multiple formes qui empêchent la concentration. Toute personne qui médite connaît au début les difficultés de la concentration.
Krishna encourage Arjuna par ces paroles :
« Dans ce système nul effort n'est perdu, et même un peu de ce Yoga sauvera un homme de grands dangers »
Krishna insiste sur la nécessité du détachement intérieur :
« Pour qui réalise le détachement intérieur, il n'est plus ici-bas, ni bien ni mal. Efforce-toi donc au Yoga. Le Yoga est dans les actes et la perfection. L'homme qui renonce à la réalisation de ses désirs infinis est exempt d'avidité, sans égoïsme, dépourvu d'orgueil, il parvient à la Paix intérieure »

C'est là ou Krishna révèle à Arjuna qu'il y a de multiples existences avant de parvenir à sortir du cycle des incarnations successives qui soumettent l'homme aux chaînes du karma.

« L'homme progresse par sa renaissance, dit Krichna, nombreux furent les renouveaux de ma naissance ô Arjuna ! Et tes naissances aussi ! Mais je connais les miens et les tiens, tu les ignores.»

À partir du 7ème chapitre, après que se termine le premier cycle de l'enseignement des techniques mentales de purification et de pacification, la Bhagavad-Gîta traite de la réalisation de la sagesse et de la Connaissance de l'Atman dans toutes ses manifestations. Et peu importe les Dieux que le disciple choisit. Brahman (l'Absolu, la Réalité Suprême) étant présent partout et sous toutes les formes.

« Je suis l'Âme Suprême, et je siège dans le cœur de tous les êtres humains. Je suis le commencement, le milieu et la fin ». (Chapitre 10 sloka 20)

Dans la recherche quotidienne des satisfactions et du plaisir provient la fausse idée qu'il faut faire ou posséder des choses pour être heureux, alors que la joie réelle, transformante et vivifiante, débordante de paix est dans le dépouillement extérieur et intérieur.
La Connaissance est simple « réveil » où « résurrection » qui dévoile l'essence du Soi. La Connaissance ne « produit » rien, elle révèle immédiatement la réalité. Cette Connaissance véritable est absolue et ne doit pas se confondre avec l'activité intellectuelle, psychique, elle survient par une révélation. Rien de divin n'intervient dans ce processus, tout est inscrit à l'Intérieur de notre MOI, il suffit d'avoir la volonté d'aller chercher pour qu'il nous soit révélé. La Connaissance c'est la Vie, l'Ignorance c'est la Mort. Dans cette recherche spirituelle, nous devons tous mourir pour ressusciter et nous libérer des chaînes de cette Ignorance.

Krishna est le septième avatar de Vishnou dans l'hindouisme. Sa légende présente de nombreuses analogies avec celle de Jésus-Christ : il porte même parfois le nom de Iézéus Kristna. Comme le Christ notamment, il aurait été mis à mort en même temps que deux autres personnes.

Carnet de route d'un UPjiste - Un hiver indien - 41 - L'Inde d'hier dans l'Inde d'aujourd'hui

Carnet de route d'un UPjiste - Un hiver indien - 41 - L'Inde d'hier dans l'Inde d'aujourd'hui

NE RIEN FAIRE !

Aujourd'hui le ciel est couvert et brumeux, il pleut sur Rishikesh, un temps excellent pour se consacrer à la lecture. Ne rien faire ! Quel bonheur ! Et dire qu'il y a des gens qui se culpabilisent s'ils ne font rien. C'est justement là le piège, car quand ils courent dans ce monde d'abrutis, stressés par l'inutile, quand ils mènent une vie trop remplie d'occupations, comment peuvent-ils devenir des êtres libérés spirituellement, comment peuvent-ils trouver un peu de Paix intérieure ?

Au fil des siècles, l'homme a élaboré des systèmes politiques et religieux, édicté des lois, conçus des pratiques commerciales, des méthodes d'éducations afin de prendre en charge les enfants dès leur plus jeune âge. Nous avons fait des découvertes scientifiques et technologiques pour enfin compte bâtir une prison faite de préjugés, de credo politiques, de doctrines religieuses, de nationalisme qui ont divisé le monde. Ils ont rendus les hommes esclaves du système matérialiste qui les a aveuglés, les empêchant ainsi de prendre conscience de leur véritable identité et du but que chacun doit atteindre dans son existence. Voilà la raison pour laquelle on culpabilise les gens qui ont envie de rien faire où alors de s'arrêter un moment pour réfléchir à la question : « Mais qu'est-ce que moi, petit poisson, je fous au milieu de ces requins ? »

Qui sort du moule dérange la foule !

Aujourd'hui, la mondialisation est une sorte de moule qu'une poigné d'individus cupides et malsains ont fabriqué pour y couler hommes et femmes de toutes les nations dans le but d'en faire des marionnettes numérotées, dépendantes d'un système politique, financier et religieux qui travaillent main dans la main, dans le seul but de s'enrichir et de dominer le monde. Le capitalisme est la nouvelle religion de notre planète, avec son temple à Wall Street où l'on vénère le dieu « Dollars ». Plus nous allons de l'avant plus nous sommes étranglés par ce dieu de la finance qui nous étouffe, nous empêchant de vivre une vie saine et libre.
Malheureusement beaucoup de personnes honnêtes et respectables sont prisonnières de ce système pourri jusqu'à la moelle. Si elles veulent gagner correctement leur vie, elles n'ont d'autre choix dans leur activité professionnelle que de vendre leur âme au diable. Le nazi Adolf Eichmann disait pour se justifier de tous ces crimes qu'il n'y qu'à « obéir aux ordres », ou « faire ce qu'exige le système », comme d'autres l'affirment aujourd'hui, en se pliant aux pratiques barbares de ces crétins de financiers de Wall Street.
Le slogan favori de tous ces guignols, aidés par ces lèches-cul de politiciens, proclamant que la propriété privée, la libéralisation des marchés, le libre-échange sont des libertés fondamentales, ne font en réalité que traduire la liberté de la classe qu'ils représentent d'exploiter le travail d'autrui, de déposséder les populations de leurs biens communs et de piller l'environnement à leur profit.
La Liberté ne se trouve pas dans l'obscurité, ni dans les palais brumeux de nos gouvernements, ni dans les gratte-ciels des institutions financières nauséabondes et encore moins dans nos temples et églises dogmatiques dont les enseignements religieux pourraient permettre à l'homme de se libéré, mais qui, au contraire, sont devenus le pire ennemie de cette liberté. Au lieu d'être libéré par une vision de la Vérité et de l'Infini dans la religion, l'imagination craintive, pusillanime et ratatinée des masses est devenue captive de la bigoterie. À n'avoir comme religion que le ventre et comme dieux les plaisirs du système de consommation, ne va pas nous sortir du pétrin dans lequel nous avons plongé.

« Le capitalisme est le racket légitime organisé par la classe dominante »
Al Capone

Profitant d'un moment d'accalmie, je m'en vais retrouver l'ami Victor pour boire un Chai et manger des petits gâteaux à la noix de coco. À peine arrivé au petit Teashop, le ciel se fait de plus en plus menaçant. Quelques gouttes de pluie commencent à tomber. Avec des pèlerins indiens nous nous abritons sous la bâche tendue entre l'arbre du Teashop et un poteau électrique. Elle est percée de partout, chacun se place d'une manière à éviter les filets d'eau qui suintent formant des flaques qui commencent à rendre le sol boueux. Un vent violent, soufflant par bourrasque, se met à gémir entre les arbres et les buissons qui nous entourent. Soudain un énorme fracas retenti, le tonnerre vient de tomber à une centaine de mètres. Apparemment ça n'a pas l'air d'effrayer les indiens. La bâche se remplie d'eau et menace de s'effondrer. Mais le ciel n'a pas dit son dernier mot, des grêlons plus gros que des petits pois se mettent à tomber provocant un léger vent de panique parmi nos pèlerins. Ils s'emparent des chaises en plastique pour s'abriter et courent se réfugier dans un autre abri qui se trouve vingt mètre plus bas, qui a l'air plus résistant que le précédent. Avec Victor, nous décidons de les rejoindre. Le spectacle de la grêle qui se fracassent tout autour de nous amusent les indiens qui n'ont pas l'habitude de voir ce genre de phénomène. Il n'y a plus qu'à attendre que les éléments de cette nature déchainée se calment, avant de rejoindre Ram Jhula où, sur la terrasse d'un petit restaurant dominant le Gange, nous irons déguster un Thali, plat typiquement indien qui réchauffe l'estomac. Quelle belle journée que ce ciel mouvementé nous a offert, ça change de ces ciels bleus !

Carnet de route d'un UPjiste - Un hiver indien - 42 - Comme Bernadette à Lourdes, un être m'est apparu près de la source de Tapovan.

Carnet de route d'un UPjiste - Un hiver indien - 42 - Comme Bernadette à Lourdes, un être m'est apparu près de la source de Tapovan.

UN PEU DE POESIE, DANS CE MONDE DE BRUTE

Je suis amoureux et je chante l'amour.
Semez des fleurs.
Pour qu'autour de vous le monde devienne un jardin.
Ne semez pas d'épines, car elles vous piqueront les pieds.

Nous ne formons qu'un seul corps :
Quiconque torture autrui se blesse lui-même.

Rahman, Maître soufi

Carnet de route d'un UPjiste - Un hiver Indien - 43 - J'ai comme l'impression que quelqu'un m'observe ? Je ne suis pourtant pas dans « Lost » !

Carnet de route d'un UPjiste - Un hiver Indien - 43 - J'ai comme l'impression que quelqu'un m'observe ? Je ne suis pourtant pas dans « Lost » !

SUPERSTITION

La promotion de la superstition en tous genres est une véritable industrie en Inde, et fait la fortune des plus rusés aux dépens d'un public trop ignorant ou trop crédule. Et ceux qui osent faire la lumière sur les tromperies de sages ou saints hommes autoproclamés, ceux qui démontent leurs prétendus miracles prennent de gros risques. Le Dr Narendra Dabholkar, célèbre militant contre la superstition qui proposait à des villageois indiens des explications scientifiques à la place de croyances comme la possession des femmes ou des enfants par des mauvais esprits, a été tué le 20 août 2013. Son assassinat est certainement l'œuvre d'entrepreneurs de la superstition dont les affaires souffraient de l'existence d'un public averti. Malheureusement le peuple peut aussi se révolter contre ceux qui s'éloignent de superstitions rassurantes. Vivre les yeux ouverts n'est pas toujours facile, surtout dans un pays où la pauvreté, l'ignorance et les inégalités sociales sont loin d'être vaincus.

Même le gouvernement à recours au paranormal pour détourner les Indiens des vrais problèmes. Cet automne un vieux sage à rêver d'un trésor caché dans la région de l'Uttar Pradesh, aussitôt les autorités ont ordonné des fouilles massives pour retrouver ce magot. C'est le journal « The New India Express » de Madras qui l'a révélé au mois d'octobre. Voici ce qu'écrivait le journaliste Shankhar Aiyar :

« Personne n'a encore parlé d'absurdité, mais c'est bien d'une absurdité qu'il s'agit. À l'heure où les jeunes fous de nouvelles technologies rêvent d'une gestion intelligente des affaires publiques, le gouvernement joue à la loterie [et a ordonné mi-octobre des fouilles archéologiques très importantes] sur la base d'un tuyau reçu en rêve par un sage concernant l'existence d'une réserve d'or enterrée quelque part par le maharaja Rao Ram Bux Singh au 19ème siècle. En 2013, à l'heure où Raoul Gandhi, l'arrière-petit-fils de Nehru [premier Premier ministre de l'Inde indépendante et défenseur de l'esprit scientifique], prend la tête du parti du Congrès, le gouvernement indien parie sur la communication avec l'au-delà.
On ne sait pas si quelqu'un a réfléchi à l'impact que l'affaire aura sur les institutions chargées d'apporter des réponses scientifiques au pays. L'Archeological Survey of India [ASI, agence gouvernementale chargée du patrimoine bâti], qui est censée être à la pointe des études historiques, se retrouve affectée à la prospection sur la base d'une prophétie onirique.
La situation géographique du trésor en question n'est pas sans ironie non plus. Unnao [ville de l'Etat d'Uttar Pradesh, dans le nord de l'Inde] fait partie des pires districts du pays. Il est classé parmi les plus pauvres dans India's Socio-Economic Fault-Lines.»

À la même période, dans ce pays où la pauvreté est loin d'être éradiquée, l'Inde a lancé une fusée emmenant vers mars une sonde destinée à y effectuer des mesures. Espérons qu'ils n'ont pas cru que la planète rouge était habitée par des petits martiens.

Carnet de route d'un UPjiste - Un hiver indien - 44 - Tout ce qui brille n'est pas or !

Carnet de route d'un UPjiste - Un hiver indien - 44 - Tout ce qui brille n'est pas or !

HARIDWAR « LA PORTE DE VISHNOU »

Ce matin j'ai quitté Rishikesh pour me rendre deux jours à Haridwar une ville sacré de l'hindouisme. Tout au long de l'année, une multitude de pèlerins viennent se baigner dans le cours rapide du Gange. Cette ville est parsemée de temples imposants anciens et modernes, de dharamsala, resthouses qui accueillent les pèlerins et des ashrams dont certains sont grands comme un village.
C'est une ville qui est aussi réputée pour sa médecine ayurvédique, science ancienne de la médecine traditionnelle indienne par les plantes. L'Ayurveda c'est développée entre le 5ème siècle av. J.-C. et le Moyen Âge. Tombée en désuétude à la suite des invasions musulmanes, désavouée par les Britanniques, elle retrouve son aura sous l'influence de Gandhi, même si l'intérêt qu'elle suscite est davantage lié à la recherche de bien-être qu'à ses qualités thérapeutiques.

Sur le plan spirituel, Haridwar revêt une importance bien plus considérable que Rishikesh. L'endroit le plus sacré de Haridwar est le ghat Hari-Ki-Pairi où les dévots viennent adorer l'empreinte du pied de Vishnou, le Hari-Ki-Charan, (Hari autre nom de Vishnou) que l'on conserve dans le temple de Gangadwara. On représente généralement Vishnou, le Créateur, avec quatre bras tenant, outre ce lotus, la massue, la conque et le disque solaire, l'arme divine qui anéantit les ennemis comme l'éclair. C'est au Hari-Ki-Pairi que le Gange, affirme la légende, sortit de la montagne pour entrer dans la plaine en se frayant un passage entre les orteils du dieu. En ce lieu hautement sacré, les pèlerins viennent se laver de leurs péchés dans le fleuve et donner de l'argent aux instances religieuses.
Une île artificielle rattachée par un pont à la rive droite, on découvre la tour Birla, surmontée d'une pendule à l'aspect plus britannique qu'indien. L'édifice commémore le souvenir de l'immersion à Hardwar d'une partie des cendres du Mahatma Gandhi dont la famille Birla s'était faite la protectrice attitrée. C'est d'ailleurs dans le jardin des Birla à Delhi que le mahatma fut assassiné le 30 janvier 1948.

Des foules se rassemblent chaque soir à Hari-KI-Pairi pour la cérémonie du « ganga aarti » (adoration au fleuve) et jettent des offrandes flottantes dans le Gange qui s'illumine de petites flammes vacillante. Au coucher de soleil, les cloches se mettent à sonner en rythmes, on allume des torches et des corbeilles en feuilles garnies de pétales de fleurs et d'une bougie allumée que les pèlerins vont déposer sur l'eau et regarder partir à la dérive. Ce rituel ancestral conserve encore aujourd'hui toute sa force.

Voulant justement assister à cette cérémonie depuis un pont qui domine Hari-Ki-Pairi, au moment où les cloches ont commencé à retentir, des policiers armés de mitraillettes sont arrivés et nous ordonnés de rejoindre les ghats, ceci pour éviter des attentats. Arrivé sur le ghat, des agents en uniforme bleu donnaient l'ordre sans ménagement de nous asseoir, d'autres nous racolaient avec un air autoritaire pour collecter des dons en échange d'un reçu. Bonjour la dévotion à Vishnou ! Face à ce cirque religieux, j'ai préféré quitter cet endroit, ne me sentant vraiment pas à l'aise et je suis parti déambuler dans les ruelles commerçantes d'Haridwar.

Carnet de route d'un UPjiste - Un hiver indien - 45 - Le barbier sur les bords du Gange

Carnet de route d'un UPjiste - Un hiver indien - 45 - Le barbier sur les bords du Gange

OÙ SE TROUVE LE PANDA DE MA FAMILLE ?

Quand vous vous promener près des ruelles de Har-Ki-Pairi, vous rencontrez de nombreuses familles qui viennent en pèlerinage à Haridwar de générations en générations. Elles logent plus ou moins à la même enseigne. La première chose qu'elles font, à peine arrivée, c'est d'aller trouver son panda.
« Où puis-je trouver le panda de ma famille ? » telle est la question que posent couramment les hindous en pèlerinage dans cette ville sainte. À la fois prêtre et guides pour les pèlerins, les pandas tiennent scrupuleusement à jour des registres généalogiques remontant parfois à plusieurs siècles. On peut les voir sur les ghats assis en tailleurs dans de petites cabanes en tôles alignées le long du Gange. Il suffit de fournir à un panda le nom du clan, de la caste, du village, de la région et de l'Etat dont on est originaire pour être dirigé vers le panda en charge du registre familial.
Ce panda notera alors la visite ainsi que les naissances, mariages et décès survenus depuis le dernier pèlerinage d'un membre de la famille. Jadis, les pèlerins résidaient avec leur panda de confiance, qui faisait à la fois office de banquier, de cuisinier et d'ange gardien. A l'heure actuelle, la pratique tend à se perdre, mais les pandas s'occupent toujours de nombreux rituels de crémation. Certains s'enrichissent même, car les pèlerins leur remettent de généreuses sommes d'argent et des objets de valeur ayant appartenu au défunt.

La religion en Inde est un véritable business ! La plupart des prêtres ne respire guère la vraie sainteté. Ils enseignent non pas parce qu'ils ont « vue Dieu », mais parce qu'ils font de cela leur gagne-pain. Pour eux, la religion représente un moyen de subsistance, ce qui est le cas d'un grand nombre de prédicateurs dans le monde entier. L'Inde compte des milliers de lieux de pèlerinage, et grâce à cela la religion fait vivre des millions d'indiens, on ne peut pas les blâmer de faire de l'argent sur le dos des dieux car sans eux, il y aurait plus de pauvreté et de misère humaine.

« Même si vous vous disputez au sujet d'Allah, de Krishna ou du Christ,
Les croyances ne sont que des os, juste bons pour les dents d'un chien.
Ce que l'âme désire, c'est une vision de Lui.
Qui n'a pas de nom – car tous les noms Lui appartiennent. »

Carnet de route d'un UPjiste - Un hiver indien -46 - Anciens ghats désertés par le Gange.

Carnet de route d'un UPjiste - Un hiver indien -46 - Anciens ghats désertés par le Gange.

DEPART DE L'UTTARANCHAL

Haridwar – New Delhi

Train no 12056 JANSHATABD

Dép. - 06 :25
Arr. - 11 :10

253 km

Booking Status / coach No / Seat No C1 / 0003

Ticket Fare** Rs. 420.00
IRCTC Service Charges# Rs. 22.47

Total Rs. 442.47 (6.70 Fr. Suisse)

Carnet de route d'un UPjiste - Un hiver indien - 47 - Om Namah Shivaya !

Carnet de route d'un UPjiste - Un hiver indien - 47 - Om Namah Shivaya !

OM NAMAH SHIVAYA

J'ai dit adieu aux dieux des Himalayas qui m'ont accompagné durant ce voyage, qui m'ont fait découvrir certaines facettes de l'Inde que je ne connaissais pas encore. Le voyage a été un voyage extérieur mais aussi intérieur, mais sur ce point je garde le silence, car ces choses-là ont les gardes dans son cœur.
Je n'ai pas fait le voyage que je pensais faire en partant de Suisse, car en hiver certains déplacements sont difficiles et de nombreuses routes sont fermées. Mais peu importe, quand on voyage seul, il ne faut pas programmer son voyage, il faut être à l'écoute de son Moi intérieur et suivre son intuition, et c'est là que l'on peut avoir des surprises. J'aime ces voyages désorganisés ! Ce déprogrammer de nos habitudes qui finissent pas nous endormir et nous éloignent des petits bonheurs de la vie.

Merci ä Shiva et à toute sa famille et à Mâta Ganga, dont l'esprit, par l'intermédiaire des hommes, m'ont accompagné durant ce voyage dans le Kumaon et le Garhwal et donc : Om Namah Shivaya

Le sens du mantra Om Namah Shivaya a été expliqué par Satgourou Shivaya Subramuniyaswami comme suit:
Namah Shivaya est le nom le plus saint de Dieu Shiva. « Na » est la grâce cachée du Seigneur, « Ma » est le monde, « Shi » représente Shiva, « Va » est sa grâce révélée, « Ya » est l'âme. Les cinq éléments, aussi, sont incorporés dans cette formule ancienne pour l'invocation. « Na » est la terre, « Ma » est de l'eau, « Shi » est le feu, « Va » est l'air, et « Ya » est l'éther, ou Akasha. Mais ces significations sont nombreuses.
Namah Shivaya a un tel pouvoir que la simple intonation de ces syllabes tire sa propre récompense à sauver l'âme de l'esclavage de l'esprit instinctivement perfide. Les Sages des Himalayas déclarent que ce mantra, c'est la vie, l'action, l'amour et que la répétition de ce mantra nous ouvre la sagesse intérieure. Namah Shivaya est devenu notre protection sûr."
Je ne perçois pas cette foule grouillante et ses bruits continuels des klaxons de New Delhi, comme en début janvier. Passer du bruit au silence et puis du silence au bruit c'est très pénible.

Les disciples lui disaient :
Le Royaume,
Quand viendra-t-il ?
Jésus répondit :
Ce n'est pas en le guettant qu'on le verra venir.
On ne dira pas : Voici il est là,
Ou il est ici.
Le Royaume du Père
Est répandu sur toute la terre
Et les hommes ne le voient pas.
Evangile de Thomas

Carnet de route d'un UPjiste - Un hiver indien - 48 - Départ d'Abu Dhabi par le vol EY 051

Carnet de route d'un UPjiste - Un hiver indien - 48 - Départ d'Abu Dhabi par le vol EY 051

LE RETOUR SUR LE SOL DE MA PATRIE

Dimanche 23 février 2014

DELHI – ABU DHABI / durée 4 :10

Dép. 04 :20 Delhi Indira Gandhi International Airport
Arr. 07 :00 Abu Dhabi

Vol Etihad Airways – EY 211

Changements d'avion nécessaire. Durée entre les vols = 2 :05

ABU DHABI – GENEVE / durée 7 :20

Dép. 09 :05 Abu Dhabi, Emirats Arabes Unis
Arr. 13.25 Genève, Suisse / De dieu, de dieu ! S't'aéroport de Genève !

Vol Etihad Airways – EY 051yeux.

Le seul véritable voyage,
ce ne serait pas d'aller
vers d'autres nouveaux paysages.
Mais d'avoir d'autres yeux.

Marcel PROUST

Carnet de route d'un UPjiste - Un hiver indien - 49 - FIN (du voyage)

Carnet de route d'un UPjiste - Un hiver indien - 49 - FIN (du voyage)